(fb) carry on through the storm (askel)

carry on through the storm

Le clan des Pics d'Acier aime bien prétendre être auto-suffisant. Ils ont du bétail, après tout, assez pour se nourrir confortablement, mais la viande n'est pas suffisante pour assurer une diète correcte et équilibrée. Ils auraient pu aller à Skogen pour faire les achats dont ils ont besoin — c'est la ville la plus proche, après tout, mais ils auront plus de chances de trouver ce dont ils ont besoin, et en quantités suffisantes, s'ils font directement affaire à Hvitsten.

Pas que l'accueil y sera beaucoup plus chaleureux. Les Illyriens ne sont jamais bien vus dans les cités hivernales, mais personne n'a vraiment le choix.

Ellinor a donné ses ordres. La demi-douzaine d'hommes qui l'accompagnent savent quoi acheter, en quelles quantités et où se retrouver une fois les achats faits. Ce sera sûrement leur dernière sortie avant que les blizzards ne s'installent pour presque six mois et les cantonnent à leur petite vallée perchée en haut des montagnes. Ils vont avoir besoin de provisions, et elle est déjà en train de froncer les sourcils au trou que ça va faire dans leur budget. Tant pis.

Il faudra qu'ils partent avant la nuit, mais elle a terminé ce qu'elle avait à faire en ville. Elle a décidé d'errer un peu dans les rues de la capitale, la tête à moitié mangée par une épaisse écharpe de laine qui ne laisse voir que ses yeux, pour le moment braqués sur les tours scintillantes du Palais de Givre, les sourcils froncés et les bras croisés sur la poitrine. Elle juge sévèrement ces tours qui brillent sous le soleil pâle qui a décidé d'illuminer leurs terres. Pas assez pour les réchauffer, toutefois. Jamais assez. Le froid tire douloureusement sur ses épaules et sur d'autres membranes qui, même invisibles, lui rappellent volontiers d'autres moments qu'elle aurait préféré oublier.

Avec un grognement d'inconfort elle fait rouler ses épaules, tourne la tête dans une tentative vaine de dénouer les muscles de sa nuque, et c'est uniquement pour cette raison que ses yeux tombent sur une tête blonde au loin. En temps normal, elle aurait levé les yeux au ciel et pesté silencieusement — elle ne le connaît pas, mais il a les cheveux assez courts pour qu'elle puisse apercevoir la pointe caractéristique de ses oreilles, et elle n'a que faire des Faes ou des hybrides qui leur ressemblent assez pour se fondre dans leur masse. Mais il y a une autre silhouette qui le suit, enveloppée de vêtements sombres dans une tentative futile de discrétion, et ça la pousse à une certaine curiosité.

Ellinor hésite jusqu'à apercevoir l'éclat caractéristique du soleil sur une lame. Puis elle se met en mouvement, tout en jurant silencieusement après le peu d'altruisme qui existe encore dans sa cervelle.

Pour une fois, sa petite taille et son absence d'ailes jouent en sa faveur. Elle se glisse dans la foule plus facilement qu'elle ne l'aurait imaginé, et il lui faut moins d'une quinzaine de secondes pour rejoindre la drôle d'ombre qui semble prête à enfouir son poignard dans les reins de l'autre. Alors elle rentre de plein fouet dans l'agresseur en devenir, assez fort pour finir par terre avec lui, mais elle ne lui laisse pas le temps de réagir — elle lui a déjà collé son poing dans la figure.

Il y a le crac ! sourd du cartilage qui se brise et le grognement à peine audible d'un corps qui tombe proprement dans les pommes. L'Illyrienne soupire, tire sur l'écharpe qui a glissé et menace presque de l'étrangler, avant que son attention ne se braque cette fois sur la cible. Un blondinet. Son visage lui dit vaguement quelque chose, mais elle n'arrive pas à le replacer.

« Fais attention à tes arrières, » qu'elle lâche finalement alors qu'elle se relève, en laissant le corps retomber au sol sans ménagement. Il a toujours sa dague dans la main, ce con. « Il avait l'air de t'en vouloir particulièrement. »

Sa bonne action du jour est faite. Helin doit se demander où elle est passée, et il y a encore du travail avant de rentrer... Pourtant elle hésite. Il a l'air jeune. « ... Ca va aller ? » qu'elle s'enquiert finalement.

Fichue conscience. A se demander pourquoi elle se réveille maintenant, mais il lui fait penser à un des jeunes du camp. C'est aussi simple que ça.

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PLAY | W/@Ellinor Løvendal — fin 836

Askel traversa la cour du palais de givre d'un pas rageur. Derrière lui, il entendait les pas précipité de sa prêtresse et tandis que le tatouage qui les liait lui brulait le bras, il ne parvenait à voir autre chose que sa propre colère. Depuis quelques temps, leurs relations n'étaient plus ce qu'elles étaient, l'équilibre qui les liait s'était brisé lorsqu'elle avait utilisé les termes du pacte contre lui ignorant le temps et le deuil dont Askel avait besoin pour assurer sa propre position. Dernièrement, elle semblait d'une étrange connivence avec Arnvid et cela déplaisait fortement au jeune seigneur : les projets matrimoniaux de son oncle l'oppressait lui rappelant constamment l'instabilité de sa position que l'absence d'héritier donnait à son règne. Au fond de lui, Askel savait qu'Arnvid avait raison : il avait beau être jeune, cela n'avait pas empêché certains de ses barons de tenter de le renverser et ce, même si leur prétendant était lié par un voeu sacré à la Cour du Crépuscule. Bande d'idiot, avait songé Askel appartenant au rare groupe sachant qu'Aghnar n'aurait jamais pu être héritier de quoi que ce soit. Cependant, si la colère avait été étouffé par la lame d'Arnvid, par sa propre autorité et par l'anneau de la prêtresse, l'aîné continuait de le tanner, usant de cet exemple pour le forcer au mariage. Mauvaise tête ou simplement pas prêt, le neveu s'opposait pour la première fois au conseil de son tuteur, usant d'argument toujours plus élaboré pour esquiver les rencontres qu'Arnvid organisait, les poussant davantage dans les retranchements d'une dispute inévitable. Celle ci n'avait pas manqué lorqu'Askel avait mentionné sa jumelle, Revka, comme son héritière évidente au cas où il lui arrivait quelque chose. « Brynjolf a bien Sanna Asgeir, pourquoi Fornheim n'aurait pas Revka Stenström.» avait-il lancé attisant les cendres de la colère. C'était à ce moment que la crépusculaire avait prit une position qui avait mis Askel hors de lui, le conduisant à quitter le palais et à s'aventurer seul dans les rues de Hvitsen.

Il ne s'était jamais inquiété d'être seul auparavant : bien avant que le Fléau n'emporte ses parents, il avait eut la chance de pouvoir se soustraire, un temps, aux devoirs d'un héritier et de parcourir Evanor loin du cérémoniel pompeux que son nom impliquait. C'était sans doute pour ça qu'il troquait dès que possible les riches tissus de ses vêtements pour des habits plus simple, pour cela qu'il préférait le contact des tavernes à celui des Cours évanorienne et probablement pour cela qu'il avait coupé ses cheveux, s'éloignant petit à petit de l'image parfaite que sa famille avait cultivé jusque là, se forgeant sa propre personnalité malgré le mécontentement que cela procurait à son oncle. Mais au fond de lui, Askel savait que ces éclats n'était que le fruit de tout ce qu'il refoulait : il avait voulu profiter de ce dernier séjour à Hvitsen avant de se retirer sur ses terres pour l'hiver et se voyait contraint à de nouvelles discussions matrimoniales alors même qu'il se sentait perdu de savoir son âme soeur portant l'anneau des durast. Une information qu'il gardait pour lui seul, pour l'heure, et qu'il ne partageait même pas avec la concernée qui devait le prendre pour un fae de fin fond de campagne.

Il soupira. Etait-ce pour cela qu'il était perpétuellement sur les nerfs ? Il était si profondément plongé dans ses pensées qu'il ne remarqua pas la personne qui commença à le suivre alors qu'il s'éloignait des murs du palais de glace pas plus qu'il ne remarqua la jeune femme qui en fut alertée. Tout se passa alors très vite. Il lui sembla sentir une pression dans son dos, puis il y eut une collision, un bruit sourd à glacer le sang et il reprit conscience du temps s'écoulant lorsque la petite brune qui venait de coller son poing dans le visage d'une personne fort mal intentionnée, lui adressa la parole. Il était con. Un putain d'imbécile. Aux prises de ses disputes incessantes, il en avait oublié le principal : il restait un seigneur contesté. Plus par grand monde d'après la prêtresse grise, mais le coeur des nobles étaient si versatiles. « Je ... Merci.» trouva-t-il la force d'articuler après un instant de silence à la fois choqué et surpris. Elle venait de lui sauver la vie, et par la même de sauver Arnvid d'une possible crise cardiaque à l'idée que sa nièce prenne les rênes de la famille. « Il est ... ?» demanda le fae en regardant le corps de celui qui avait cherché à attenter à ses jours. Le peu qu'il en voyait ne lui disait rien et il était presque certain que ce n'était pas directement l'un de ses comtes ou barons : liés par un pacte, ils ne pouvaient attenter directement à sa vie. « Foutus assassins ...» pesta alors le blond tandis que sa magie se matérialisait lentement, neige fondant revenant vers ses doigts tandis qu'il se demandait s'il valait mieux le noyer ou l'achever avec des bulles d'air mal placée pour être sur qu'il ne se relève pas.

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@askel stenström — fin 836

Il a effectivement l'air jeune, même si c'est quelque chose de toujours compliqué à estimer — elle-même a l'air d'avoir une petite trentaine d'années, en dépit de la neuvième décennie qui approche doucement mais sûrement. Mais il y a quelque chose dans la façon dont il se tient, sur ses traits juvéniles aussi, qui la confortent dans son estimation. Elle ne lui donnerait pas plus de soixante ans, sans pour autant se douter qu'elle est très proche de la réalité.

Le remerciement est balayé d'un vague geste de la main. Elle n'a pas besoin de l'appréciation d'un Fae, encore moins d'un Fae noble, au vu de la qualité de ses fourrures et de ses tissus. Il peut s'estimer heureux qu'elle ait encore un fond de conscience et de compassion — il y a quelques mois de ça, sans doute qu'elle se serait contentée de détourner le regard et de faire l'ignorante, mais le blondinet lui rappelle vraiment Sørin, avec sa tignasse couleur de blé et son air vaguement grognon. Sørin a toujours été un de ses favoris parmi les gosses.

La question, en revanche, fait un peu tiquer Ellinor. Elle hausse un sourcil, s'autorise un souffle qui ressemblerait presque à un rire, avant de répondre d'une voix peut-être un peu trop sèche. Elle n'a jamais été particulièrement douée dans les relations sociales, de toute façon. « Assommé. Nez cassé, peut-être la mâchoire aussi. En général, quand tu chopes un assassin en flagrante tentative, c'est une bonne idée de lui tirer les vers du nez. Tu crois pas ? » Ou peut-être qu'elle est beaucoup trop pragmatique. L'Illyrienne ne sait pas vraiment, mais si quelqu'un essayait de la tuer, elle chercherait à savoir pourquoi avant de lui faire la peau.

Il faut dire qu'elle a un peu trop l'habitude qu'on essaie de lui faire la peau. Son propre frère n'a pas été le premier, et il ne sera sans doute pas le dernier.

Il ne fait que lui confirmer que quelqu'un veut sa peau, toutefois. Quelque chose qui aurait dû être un commentaire de passage, Elli suppose, mais elle se contente d'un haussement d'épaules en guise de réaction alors qu'elle glisse une mèche de cheveux bruns derrière une oreille. « Mm. Raison de plus de le garder en vie. Mais bon, j'suis pas dans tes bottes. » Un nouveau haussement d'épaules. Ses yeux montent vers le ciel pour en observer la luminosité. Elle doit avoir encore une petite heure avant de devoir retrouver ses hommes pour le chemin du retour. « J'peux toujours le traîner dans une allée et lui faire éclater la tête comme une pastèque si tu préfères. M'en fous, ça m'empêchera pas de dormir ce soir. »

Sa voix est totalement désintéressée, sans la moindre trace d'émotions, comme si tuer un homme était son pain quotidien. Mais elle n'a absolument aucune pitié pour ce genre d'individus — son peuple a sa fierté guerrière après tout, et jamais il ne lui viendrait à l'idée d'essayer de tuer quelqu'un en lui plantant un couteau dans le dos. Pas même Edvin, et pourtant la Mère sait à quel point elle peut le détester. Puis son regard vert se tourne vers le blondinet et elle le toise un moment. « Ou je peux t'accompagner jusqu'à... je sais pas trop. La prochaine zone de tamisage ? T'as pas de gardes du corps avec toi ? »

Ce qui lui semble complètement absurde. Un noble, cible de tentatives d'assassinat, qui se balade tout seul en plein milieu de Hvitsten ? Peut-être qu'il est tout aussi idiot que Sørin. Ca ne ferait que renforcer la ressemblance.

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PLAY | W/@Ellinor Løvendal — fin 836

Malheureusement, alors que l'assassin avait raté son coup, Askel sentait la colère retenue menacer d'exploser. Il eut une sensation de trop plein qui l’étouffait presque : tout cela c'était trop, trop de réprimandes, trop de conseils qu'il ne demandait pas, trop de pression sur ses épaules, trop de solitude qu'il ne pouvait apprécier à sa juste valeur, trop de personne qui lui en voulait pour des motifs aussi vide de sens que ne l'était les choix de ses parents. Il adorait Aghnar. C'était son frère et même s'ils ne partageaient le même sang, il le resterait à jamais. Mais par moment, il voulait juste retrouver ses parents pour leur demander s'ils avaient idée de combien ils avaient rendu son existence compliquée. Ses pensées hâtées, tantôt muselées car inconcevable même de lui même, se voyaient libérées par l'évènement soudain qui lui rappelait qu'il n'était en sécurité nul part. « Je sais de qui ça vient ...» soupira le jeune fae à la question de sa sauveuse. C'était bien là son grand malheur et il en tirait la certitude qu'il finirait par devenir paranoiaque si cela continuait ainsi. Askel savait que son oncle ne manquerait pas de faire appel à ses connaissance de l'ajah grise pour obtenir le nom du commanditaire. Peut être, si son humeur était toujours ombreuses après leur petite disputes, se chargerait-il de tenter d'obtenir l'information lui même avant tout. Le jeune homme qu'il avait été en aurait presque été peiné pour son assassin malheureux, mais celui qu'il était devenu savait qu'il ne pouvait se permettre d'avoir un trop grand coeur. Son envie de vengeance, de passer ses nerfs sur cet homme qui avait voulu lui prendre la vie pour le compte d'un de ces bannerets, le laissait brulant d'envies morbides. Seul le retenait la certitude qu'il n'en ressortirait pas le même et qu'il ne pourrait regarder Revka dans les yeux en se sachant coupable d'un tel geste. Il eut un rire sans joie, le regard fixé sur l'assassin inconscient avant de secouer la tête. « Je crois que c'est la première fois qu'on me dit de ne pas me montrer particulièrement sévère et assoiffé de sang ... » souffla-t-il alors. « Rien que pour cela, je vais me ranger à cette proposition. Même s'il aurait sans doute préféré que vous lui éclatiez la tête contre ce mur.» finit-il par dire avec un sourire cynique. S'attaquer à un seigneur était chose risquée, songea Askel. Comment le commanditaire était-il parvenu à contourner la règle qui le liait au Stenström demeurait un mystère qu'il laisserait aux prêtresses le soin de percer.

Il secoua la tête à sa question, se rappelant de la manière, qui lui apparaissait désormais comme bien stupide, dont il s'était soustrait à Arnvid, à Nausicaa et au reste de la garde de Fornheim. « Ils sont au Palais de Glace. Je me sens bien misérable de vous demander escorte jusque là bas.» confessa le jeune fae avec embarras. Il était certain que son oncle lui passerait l'envie de recommencer : seigneur ou non, Askel redevenait presque un enfant lorsque Arnvid commençait à le réprimander, ce qui ne manquerait pas d'arriver s'il apprenait que son neveu avait failli rencontrer la Déesse plus tôt que prévu. Il se pencha une dernière fois sur l'assassin, gelant l'humidité autour de ses jambes pour le ralentir s'il venait à reprendre connaissance, le temps que sa garde vienne le chercher pour de plus ample questionnement. Lorsqu'il se releva, toussotant de faire un si bas usage de sa magie, il prit le temps de la regarder pour la première fois. Elle n'était pas fae, c'était désormais certain, songea-t-il face à la forme arrondies de ses oreilles, ce qui expliquait sans doute sa rapiditié et son agilité face au danger : il ne connaissait que peu d'ailés, illyrien ou hybride, mais il en avait croisé quelques uns lors de son service militaire. « Vous savez, beaucoup ce serait contenté de détourner le regard. Je vous suis redevable, sincèrement. » Quoi qu'il détestait l'idée d'avoir une dette envers qui que ce soit, il préférait nettement le fait d'être en vie, ce qui n'aurait peut être pas été le cas sans son intervention.

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@askel stenström — fin 836

Je sais de qui ça vient. Quelques mots simples, à peine soupirés, qui attirent pourtant l’attention d’Ellinor immédiatement. Ses yeux se braquent sur le visage du Fae avec une intensité soudaine, bien éloignée du désintérêt soigneusement façonné qu’elle lui accordait jusque là. Elle ne s’intéresse pas beaucoup à la politique fae, qu’elle considère comme un panier de crabes indigne de son attention plus volontiers accaparée par le bien-être de son propre clan, mais même les Pics d’Acier ont entendu parler des semaines de terreur qui ont secoué les terres dépendant de Fornheim, et du mécontentement des familles vassales de la famille Stenström.

Elle doit retenir le juron particulièrement vulgaire qui menace de lui échapper quand elle réalise, enfin, exactement qui elle a en face d’elle. Le gamin ne lui dit pas quelque chose juste parce qu’il ressemble à Sørin — c’est le Seigneur Stenström en personne qu’elle a sous le nez, et l’information, aussi soudaine que brutale, lui donne envie de cogner dans quelque chose. Elle aurait dû le laisser dans sa merde, vraiment elle aurait dû continuer son chemin et prétendre qu’elle n’avait rien remarqué, vraiment. Sa vie serait restée la même, mais il a fallu que sa conscience se réveille et la pousse dans un rôle de baby-sitter de bébé Seigneur, aussi temporaire soit-il, et l’espace d’un instant Ellinor a envie de hurler sa frustration vers le ciel chargé qui surplombe leurs têtes.

Puis Askel — Askel Stenström, de tous les Faes que ça pouvait être — se fend d’un rire sans joie qui lui rappelle un peu trop ses propres inflexions de voix, et d’un coup, toute sa colère disparaît. Un gamin aussi jeune ne devrait pas avoir autant de cynisme dans la gorge, et l’illyrienne se retrouve à froncer les sourcils, et à l’observer un peu plus encore, la bouche tournée dans un pli… vaguement soucieux, peut-être.

Ca fait des décennies qu’elle ne s’est pas inquiétée pour un quasi-inconnu. C’est une surprise de s’inquiéter pour un Fae, Seigneur de surcroît, mais les mots qu’il lui adressent sont prononcés sur un ton qu’il n’aurait pas dû adopter avant de longues décennies. « Peut-être que tu devrais changer de conseillers, alors, » Ellinor finit par commenter ; son propre ton est teinté d’une trace d’humour, pour une fois, même si c’est un humour acerbe et abrasif qui ne plaît pas à tout le monde, et qu’elle n’a pas pratiqué depuis longtemps. Le dernier commentaire lui arrache un éclat de rire surpris qui ressemble à un aboiement rauque, et elle finit par secouer la tête légèrement. « Tant pis pour lui. Il avait qu’à être plus discret s’il ne voulait pas finir entre les mains de l’ajah grise. Ou mieux, ne pas accepter ce boulot du tout. »

Le sort de l’assassin ne l’intéresse que peu, finalement. Il est déjà scellé, à moins qu’il n’arrive à disparaître dans la foule de Hvitsten une fois qu’il aura repris ses esprits, mais Stenström est déjà en train de parer à cette éventualité ; la magie qu’il utilise picote contre la peau des bras d’Ellinor, un picotement rassurant après la sensation froide des dons aubéens qui hante encore ses cauchemars. L’illyrienne repousse la pensée avec un froncement de sourcils, préfère se concentrer sur le maintenant… et sur la situation du gamin. En dépit de sa proposition d’éclater la tête de l’inconnu, elle sait déjà qu’il est hors de question qu’elle laisse le blondinet traîner tout seul dans les rues de Hvitsten. Encore moins maintenant qu’elle sait qui il est. Foutue conscience.

Mais il est jeune. Et si Ellinor méprise volontiers la noblesse fae dans le meilleur des cas, Askel Stenström est jeune. Il a encore le temps de montrer s’il sera l’une des rares exceptions, ou si elle pourra le mettre dans la même case que tous les autres. Même si l’idée de devoir s’approcher du Palais des Glaces lui fait volontiers froncer le nez. « Ce n’est pas toi qui demande, c’est moi qui propose. Profites-en, je suis dans un bon jour. » Elle est déjà en train de sortir une petite orbe lumineuse de sa poche, toutefois — un vif-argent, adressé à Helin, pour la prévenir qu’elle aura du retard sur le planning prévu. Parce qu’elle se doute parfaitement que se pointer en compagnie du Seigneur de Fornheim en personne va attiser des questions auxquelles elle devra répondre, surtout au Palais des Glaces.

Par la Mère, ce qu’elle déteste l’idée. Mais l’orbe disparaît, à la recherche de sa destinataire, et c’est seulement à cet instant qu’Ellinor remarque le regard insistant qu’il pose sur elle. En réponse, elle se contente de hausser un sourcil vaguement moqueur. « Quoi, pas l’habitude des oreilles rondes ? Même les illyriens ont besoin de faire des courses de temps en temps. » L’ironie dégouline de ses paroles, bien vite tempérée par les remerciements qu’il lui adresse. Oh, il ne dit pas merci, mais c’est tout comme — et l’idée qu’il lui doive quelque chose est suffisante pour la repousser dans son sérieux habituel, les sourcils qui se froncent, la bouche qui reprend un pli sévère. « Ne me remercie pas aussi vite, messire. » Le titre claque dans sa bouche, annonce au Fae qu’elle sait parfaitement qui il est. Le tutoiement reste, cependant. En dépit d’un visage juvénile, Ellinor approche sa neuvième décennie, et pourrait facilement être sa mère.

C’est peut-être cette réalisation qui la pousse dans un élan d’honnêteté aussi soudain qu’étrange. « Il y a quelques années de ça, j’aurais fait partie de ceux qui détournent le regard. Peut-être même que je l’aurais aidé à te transpercer les reins. » Le ton d’Ellinor est brusque, mais elle a planté ses yeux dans ceux d’Askel, et elle finit par lâcher un petit soupir avant de se détourner dans la direction du Palais des Glaces. « Tu me dois rien. Ou si tu veux vraiment payer une dette imaginaire, essaie de rendre les choses plus faciles pour les clans illyriens sur ton territoire, je suppose. Des vivres sont jamais de refus. » Une pause. Clairement, elle n’a pas envie de s’étendre plus sur le sujet. « Tu veux rentrer maintenant ? »

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PLAY | W/@Ellinor Løvendal — fin 836

« J'y penserai ...» lui répondit-il avec un ricanement malicieux à l'idée de la tête que ferait Arnvid si son neveu l'écartait. Il serait capable de monter la prochaine rébellion lui même, songea Askel avec une certaine gravité. Il ne gardait pas son oncle à ses côtés comme l'on gardait un ennemi à l'oeil, mais il ne voulait pas avoir à le faire. Le visage de l'hivernal se rembrunit. La réalité était souvent moins simple que les stéréotypes le laisser penser. « Oui et non ...» finit-il par dire, conservant sans réellement le vouloir un certain mystère dans la voix. Il était certain que sa nature de fae ne l'aidait pas à côtoyer au quotidien des ailés mais contrairement à certains de ses compatriotes, ce n'était pas par volonté de les laisser à l'écart, il ne savait juste pas comment interagir avec et n'avait guère eut le temps de s'attarder sur la chose. Pour autant, il en avait connu certains, une poignée tout au plus, durant son service militaire ou pendant les rares visites que certains opérait à Fornheim pour se ravitailler. Sans doute trop peu pour affirmer contre le groupe dans son ensemble ou même à titre individuel. « C'est plus compliqué mais disons que j'ai peu l'occasion de voir des illyriens dans mon entourage proche. » Il ne comptait pas Aghnar comme un illyrien. Principalement parce que son physique ne rappelait en rien les origines maternelles lorsqu'il décidait de les cacher, mais surtout parce que ce dernier n'avait jamais été élevé parmi les clans de l'hiver, et quoi qu'il fut souvent bougon et taciturne, il n'en restait pas moins celui qui avait partagé son enfance. En outre, l'Hiver n'était pas la région la plus propice à l'entente entre les races : contrairement aux nocturnes qui se mêlaient volontiers les uns aux autres, il restait trop de chemin à parcourir chez eux pour qu'une telle présence lui paraisse naturelle. Il n'aurait probablement rien eut contre, tout comme il n'avait rien contre l'idée de laisser Sanna à la tête de Brynjolf ou d'annoncer la légitimité de Revka à lui succéder. Mais ce que Einar Asgeir eut pu faire en tant que Suprême, Askel se savait encore trop novice dans son rôle de Seigneur pour l'imposer. Viendrait un temps, s'il ne se faisait pas zigouiller avant, où il aurait assez de poids et d'assurance pour que son autorité et ses décisions ne soient contestées mais pour l'heure il devait prendre son mal en patience, subir les stéréotypes de tout un chacun en essayant d'y survivre, en observant qui, lorsqu'il serait assez fort pour s'imposer, aurait sa place dans son conseil. Le souvenir de l'homme inconscient à quelques mètres s'imposa à lui : on disait des illyriens qu'ils étaient la forme la plus brute et primaire, comme s'ils demeuraient inaboutit. Askel n'était pas certain de cela et préférait voir leurs différences non pas comme une échelle de civilisation mais bien comme des cultures différentes, valorisant des choses différentes. « Mais ils me paraissent plus fiables que certains faes en ce moment ...» poursuivit-il, sa mine sombre affichant la méfiance de plus en plus grande qui naissait dans son coeur envers son propre peuple à mesure que le temps passait. Au moins, les illyriens assumaient-ils leur désir de se débarrasser de quelqu'un quoi qu'ils en furent pas liés au pouvoir par un quelconque pacte. Il considérait les quelques mots de l'illyrienne avec une certaine réflexion : sans doute y avait-il bien trop de fierté dans le coeur des ailés pour qu'ils fassent part de leurs problèmes mais, quoi qu'ils penses des allégeances envers les faes, certains demeuraient sur son territoire, et pour ce qui se passait sur ses terres, il pouvait agir. « Si je ne me fais pas découper, je verrais ce que je peux faire. » lui dit-il avec un hochement de tête, ignorant encore comment prendre la chose mais considérant qu'elle ne lui mettait pas le couteau sous la gorge, il pouvait se permettre quelques temps de réflexion sur la manière d'aborder cela. Pour Askel, la chose n'aurait réellement de portée que soufflée à l'oreille du Suprême mais il doutait que nombreux soient ceux qui sollicitait encore Hvitsen, attendant le dernier souffle du Asgeir et le choix de son successeur.

Néanmoins, malgré toute la reconnaissance qu'il avait et toute la semi-indifférence qu'elle lui offrait en retour, Askel conserva une part de méfiance. Ce n'était ni par sa nature, ni par la facilité déconcertante avec laquelle elle avait mis l'assassin hors de nuire mais plutôt par quelques phrases, disséminées de ça de là et qu'il lui rappelait qu'il avait certes été au bon endroit et au bon moment, mais pas que. « Bon et bien je suis fort soulagé que vous ayez été dans un bon jour ET que cela me soit arrivé aujourd'hui et pas y a quelques années.» commenta-t-il d'une voix neutre, peu enchanté à l'idée de partir dans un débat mais démontrant qu'il écoutait bien la fausse modestie qu'elle lui rendait face à ses remerciements. Ses yeux se reposèrent sur elle, pleins d'une gravité qui lui était désormais quotidienne. « J'aime la vie et ne pas avoir à y renoncer trop tôt. » S'il était une chose que tout ceci avait eut le bon ton de lui faire comprendre, c'était combien, malgré leur résistance et leur longévité, ils demeuraient fragiles. Du vivant de ses parents, Askel avait eut la chance de jouir d'une certaine liberté et de l'insouciance de son jeune âge. Si la déesse l'avait voulu, il aurait sans doute continuer de visiter Evanor ainsi, glissant de cour en cour, profitant de sa jeunesse avant que le devoir ne le rattrape. Au lieu de cela, ses parents étaient morts, il était devenu seigneur et plus rien ne serait jamais comme avant. Il s'arrêta soudainement. « Ça vous dérange d'attendre deux minutes ? Je fais le fier mais ...» Ses yeux se baissèrent sur sa main montant au niveau de son visage, secoué de quelques tremblement. Il ignorait si c'était la peur face à l'imminence de sa mort, empêchée de justesse, ou la rage d'être encore pris pour cible malgré tout ce qu'il avait pu faire. Peut être un mélange des deux, songea l'hivernal avec amertume. Mais il était certain que s'il rentrait au palais tremblotant comme un louveteau apeuré, cela ne ferait que renforcer l'emprise d'Arnvid et des autres sur sa personne, sur son pouvoir. « Je veux pas qu'ils me voient comme ça.» confessa la fae. Car au delà du pouvoir qu'il ne manquerait pas de perdre, de l'image brisée du seigneur qu'il s'était construite suite à la répression de la rébellion, il songeait à Revka, à ses autres soeurs et à l'inquiétude inhérente à la famille. Il devait garder son masque autant pour se protéger que les protéger eux, sans quoi, l'entièreté du noml de Stenström pourrait être balayé d'un revers de main.

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@askel stenström — fin 836

« Mm. » Ellinor la taiseuse est de retour, bras croisés sur la poitrine et le visage fermé, les yeux braqués sur les hautes tours du Palais des Glaces qui scintillent dans le soleil pâle de cette journée. Ca ne l'étonne pas qu'il soit si peu habitué à la présence d'illyriens dans son entourage ; les Faes hivernaux qui passent du temps en compagnie des ailés sont rares, après tout, pour la plupart des militaires, et même dans ce contexte les relations sont loin d'être au beau fixe. S'il a été cajolé au creux de la maison seigneuriale de Fornheim, ça ne l'étonne pas qu'il ait eu peu de contacts avec d'autres ailés au cours de sa courte vie. « Peut-être qu'il faudrait changer ça. » Une simple suggestion. Il en fera ce qu'il veut.

Plus tard. Ce n'est ni l'endroit ni le moment de le harceler avec ce genre de considérations, et ce n'est pas comme si elle avait le bras assez long pour le forcer à quoi que ce soit dans tous les cas. Il a beau être jeune, il est parfaitement adulte, et Ellinor n'est qu'une inconnue qui l'a sorti d'un mauvais pas. Il n'a aucune raison valable de l'écouter, et encore moins de raisons d'appliquer les conseils qu'elle pourrait lui offrir.

Alors elle lui propose plutôt de le raccompagner. Et réalise très vite que ce ne sera pas pour tout de suite. Askel a les mains qui tremblent, et la voix tout aussi incertaine quand il admet qu'afficher cette faiblesse en public ne lui amènera pas que de la compassion. L'illyrienne l'observe un moment d'un regard perçant, avant de finalement se fendre d'un petit soupir qui trahit beaucoup de choses — une touche de regret, peut-être, la fatigue profonde qui l'habite toujours autant, et surtout ce sentiment de responsabilité qu'elle semble avoir envers lui et qui va la pousser à lui coller aux bottes jusqu'à ce qu'il soit de retour entre les mains de sa famille. Elle n'avait pas vraiment prévu de jouer les nourrices aujourd'hui, mais tant pis. Elle fait assez confiance à ses subordonnés pour qu'ils mènent le ravitaillement à bien, sans qu'elle soit derrière leur dos à leur donner des ordres.

« Suis-moi. » La main d'Ellinor se referme sur celle, encore tremblante, du jeune Seigneur. Le contact est entièrement alien pour elle tant elle est étrangère à la sensation d'une peau contre la sienne, peu importe à quel point le geste peut être platonique. La paume d'Askel est tiède contre ses doigts, horriblement calleux en comparaison, et la sensation lui loge une boule douloureuse dans la gorge alors qu'elle réalise à quel point elle a été privée de beaucoup trop de choses au cours de sa vie. Mais elle se tait, retient l'émotion qui lui serre la gorge brutalement, et détourne soigneusement le regard alors qu'elle l'entraîne à sa suite dans les rues de Hvitsten.

Elle ne le lâche pas une seule seconde.

La capitale hivernale lui est majoritairement inconnue, mais elle y a quelques bonnes adresses, et celle du Wopeldinger Fou reste sa préférée. La taverne ne paye pas de mine de l'extérieur, se veut clairement destinée à une clientèle issue des castes les plus moyennes de la société de l'Hiver, mais la nourriture y est excellente et les prix plus qu'abordables. C'est là qu'elle emmène le jeune Seigneur qu'elle pousse dans une chaise sans lui demander son avis, avant de s'avachir face à lui et se débarrasser des couches de laine et de fourrures qui la recouvrent.

Son insensibilité au froid naturelle ne s'est jamais vraiment remise de son passage à l'Aube. Un comble pour une Hivernale, vraiment.

La salle est quasiment vide. Tant mieux, ça fait moins de monde à surveiller du coin de l'oeil ; une fois à peu près défroquée et plus libre de ses mouvements, Ellinor se cale dos au mur à sa droite, une main qui passe dans ses cheveux en bataille pour les repousser de son visage. « Commande ce que tu veux. Je suis d'humeur généreuse, aujourd'hui. » De son côté, elle a faim, et les effluves de viande braisée qui parviennent de la cuisine font gronder son estomac de façon particulièrement bruyante. Puis un silence, une certaine hésitation, les yeux gris de l'illyrienne qui balaient la pièce avant de se rediriger vers Askel. « Si tu veux en parler... ça se voit comme le nez au travers de la figure qu'il y a des trucs qui te pèsent, et je suppose que je suis un parti neutre dans l'histoire. » Son épaule se hausse. A lui de prendre l'offre ou de la rejeter — dans tous les cas, il a au moins besoin de quelque chose de chaud dans le ventre, et d'une petite heure pour penser à autre chose qu'à sa propre vie.

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with a thousand lies

When you walk away, nothing more to say, See the lightning in your eyes — See 'em running for their lives.

carry on through the storm

PLAY | W/@Ellinor Løvendal — fin 836

Ils devaient apparaitre comme un duo particulièrement étrange, si ce n'était mal assortis mais Askel accueillit l'ordre avec un soulagement insoupçonné, imaginant sans mal la réaction de son oncle s'il le voyait revenir tremblotant comme un enfant. Alors qu'il se laissait guider à travers les rues, il songea qu'il commettait peut être une erreur : mais puisqu'elle avait sauvé sa vie un peu plus tôt, cela ne changerait pas grand chose si elle l'emmenait droit dans un piège. Si sa vie se terminait ici, c'était premièrement parce qu'il l'avait bien cherché : qui suivait de parfaits inconnus dans la rue ? Et ensuite parce que c'était certainement son heure : il y avait même quelque chose d'assez ironique dans l'idée qu'elle n'ait fait que retarder d'une heure son trépas. Contre toute attente, ce ne fut guère dans un piège, ni dans l'une des rues enneigé qu'elle finit par s'arrêter. En vérité, Askel aurait été bien en peine d'imaginer quoi que ce soit, encore chamboulé qu'il l'était par la violence de sa révélation précédente. Il continua de la suivre, silencieux comme une ombre, hébété comme s'il avait prit un coup sur le coin du bec et se contenta d'hocher la tête et d'obéir aux ordres. Lorsque le propriétaire de l'établissement s'éloigna, il risqua un regard vers elle dont l'humeur généreuse, selon ses propres mots, le surprenait. Elle semblait différente de la femme qui avait assommé son assassin en pleine rue et qui, détachée, semblait se moquer qu'il vive ou qu'il meurt. « Est-ce je dois m'inquiéter pour la suite ? Je veux dire ... Vous avez pas l'intention de me zigouiller si soudainement vous changez d'humeur ? » demanda-t-il de son humour douteux habituel. Quoi qu'il venait de démontrer des instincts de survie douteux, Askel savait qu'il courrait assez vite s'il faisait face à un danger. Toutefois, de danger, il n'en ressentait guère et se laisser aller à un énième hochement de tête tandis que sa généreuse hôtesse se montrait soudainement plus empreint de bienveillance.

Il hésita un instant : l'histoire était semi-connue et la raconter de son point de vue ne ferait que mettre en lumière la grande faiblesse de Fornheim, lui. Ceci dit, songea Askel, il était certain qu'il n'avait plus à douter de passer déjà pour un incapable au mieux suicidaire, au pire totalement idiot. « Vous allez trouver ça ridicule, vous savez ... » grogna-t-il. Pour quelqu'un dont la vie était un combat perpétuel, les états d'âme d'un petit seigneur fae devaient paraitre bien futile. Il prit une grande inspiration, cherchant comment expliciter son histoire sans la faire trop longue, redondante, pleine d'un détail ennuyeux au possible. « Si je devais résumer la chose : je suis contesté car j'ai un frère aîné que beaucoup considère comme plus légitime mais ... Il n'est pas un candidat possible à la succession de Fornheim alors quand ils ont comprit qu'ils devraient faire avec ... Moi, certains barons de mon père ont décidé de se rebeller. » commença-t-il, évitant de préciser que le dit frère ne l'était pas réellement mais qu'il s'agissait là du grand secret de famille, que ce dernier était un hybride ce qui expliquait qu'il ait l'air bien plus approprié pour le rôle et qu'il en tremblait pas comme une feuille au milieu d'un Hvitsen inconnu. « J'imagine qu'ils ont du se dire qu'en nous faisant assez peur, nous forcerions le Crépuscule à annuler les voeux prononcés par mon frère et que les choses rentreraient dans l'ordre mais ce n'est pas ce qu'il s'est passé. » Il imaginait aussi la déception de ceux qui n'étaient plus là pour en témoigner. Toutefois, il n'était pas certains que, même victorieux, les barons eurent eut gain de cause : au delà de l'absolutisme d'un Crépuscule qui ne souffrait aucune défection, Aghnar était bien trop droit pour céder face au chantage. Il se demanda si Arnvid aurait changé son épée de fourreau si les barons lui avait demandé de prendre le pouvoir plutôt que de réclamer Aghnar et l'idée de se voir trahis par le Stenström lui glaça le sang. « Considérant que je suis à peine considéré comme un adulte, mon oncle est encore en charge d'une forme de conseil, il a décidé que la meilleure façon de régler la chose était de rappeler que les pactes d'allégeance sont moins efficace qu'un bon coup d'épée en travers du cou. Et parce que je suis le Seigneur contesté ... Il a fallut que je me joigne au carnage. » Et il en faisait des cauchemars encore et encore. Il fallait toute la magie de la prêtresse qui ne le quittait jamais pour lui permettre de retrouver son calme, pour espérer dormir d'un sommeil sans rêve. De cet évènement, Askel en avait conçu une forme de dégout pour la violence gratuite et les bains de sang. Si son service militaire lui avait donné de quoi se battre, cet évènement lui avait rappelé l'importance de bien choisir ses combats. « Certains sont rentrés dans le rang. Tous, si on en croit le calme apparent de Fornheim mais ... Il semblerait que certains continuent de vouloir faire passer un message : un petit coup de couteau dans le rein ne fait pas qu'un mal de chien mais permet d'accélérer l'accession d'un nouveau Seigneur. » Un ricanement triste accompagna ses mots : mettre toutes les chances de son côté, imaginait le jeune homme. Après tout, les proches d'un seigneur étaient ceux qui avait le plus de chance de se voir promu si ce dernier devenaient Suprême : la trahison était réelle, sa contestation n'était pas qu'une histoire de santé du fief et de jeunesse de son dirigeant mais une bataille d'influence ou destituer le fils d'Harrald Stenström était moins couteux que de tenter de s'en faire aimer. « J'imagine qu'avec la santé déclinante d'Einar Asgeir, ils doivent se dire qu'il faut se hâter ... On ne sait jamais, la Mère pourrait avoir un sévère coup dans le nez et décider de trouver ça rigolo de m'envoyer à Hvitsen. » ironisa-t-il tout en décrivant son pire cauchemar. Il n'aspirait pas au pouvoir, pas encore : il savait que son devoir était envers Fornheim et la famille, mais il peinait à faire le deuil de ce qu'il avait du laisser derrière lui pour endosser ce rôle. « Je vous avais dis que c'était ridicule. Pour vous qui avez l'habitude des combats j'imagine qu'un petit seigneur qui est hanté par le fait d'avoir tranché deux trois tête, ça doit être risible. » finit par conclure l'hivernal avec une lassitude évidente : après tout c'est ainsi qu'Arnvid aurait réagit.

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wanting makes us weak

and if i only could, make a deal with god. and get him to swap our places. be running up that road, be running up that hill. be running up that building. ஃ