brown eyes, green eyes • neven

brown eyes, green eyes

PLAY | w/ @Marjolaine de Bussy

Il avait longtemps pesé le pour et le contre. Les quelques mois passés à Elysium ne l'avait guère enchanté pour l'attrait de la ville. En vérité, il n'avait pas été enchanté du tout : il détestait être le centre de l'attention et la très bonne -ironie- idée qu'il avait eut d'accepter la proposition maritale d'Assya l'avait propulsé soudainement sur le devant de la scène. Le comble pour un espion, avait murmuré Fantôme un soir où elle s'était glissé sur le balcon de sa chambre du palais de la capitale, riant à demi des malheurs de son éole. Neven, lui, ne riait pas car derrière l'évidente mauvaise humeur dont il gratifiait tout le monde, il y avait l'attachement naissant. Un attachement qu'il n'aurait pas du avoir et la principale concernée n'avait pas manqué de le lui prouver. L'affection était une faiblesse bien dangereuse dans ce monde et mêler le travail et le plaisir faisait rarement bon ménage : il en avait eut la preuve. Il y avait eut une dispute. Puis une convocation bien trop officielle à son gout et moins d'une heure plus tard, il se tamisait vers Velaris. Il n'y avait eut d'au revoir pour personne, et son départ, autant que le communiqué qui avait suivit, avait surprit plus d'une personne. Dès lors, Neven avait été assailli de question que son regard assassin ne parvenait plus à faire taire et c'était après plusieurs jours compliqué qu'il avait décidé de quitter son travail, posant un congé à la caserne pour partir se réfugier à Menelmorn. Dans le calme relatif de la demeure Ozerov -ironie plus grande encore que de trouver du répit dans la demeure d'enfance de celle qui avait été sa fiancée pendant presque une année- Neven avait prit le temps de réfléchir, le temps de décider. Il ne pouvait plus rester à la Cour de la Nuit, plus pour l'instant et quitte à se faire oublier, il comptait réactiver de vieux contacts trop longtemps délaissé.

C'était ce qui l'avait mené à revenir à Elysium. Une part particulièrement puéril de sa personne voulait prouver à Assya qu'il n'avait définitivement pas besoin d'elle, espérant presque la blesser comme elle l'avait blessé lui, en s'affichant, si tôt, au bras d'une autre. Mais la part la plus raisonnée de sa personne savait aussi que cela amorcerait plus facilement son départ vers la Cour de l'Eté. Dans ce couloir du palais, Neven attendait sa cavalière, conscient que, bientôt, il réitèrerait la scandaleuse surprise de l'année passée. Adrielle était en retard, mais ce n'était pas grave, il n'avait pas particulièrement hâte de se jeter dans la mêlée de la noblesse évanorienne malgré la présence de Darya et Merrill. Il ne faisait que rendre service, se répétait-il encore et encore, il ne faisait que rendre service et montrer qu'il n'avait rien à faire de l'hypocrite compassion qu'on lui offrait depuis la rupture de ses fiançailles. Il ruminait ses pensées lorsqu'il fut interrompu. Neven n'était pas particulièrement croyant : il avait baigné depuis le plus jeune âge dans les histoires religieuse des faes autant que dans les légendes illyrienne, parfois contradictoires. Malgré tout, il était difficile de ne pas reconnaitre la figure hautaine de la Prêtresse Immaculée, cheffe incontestée des prêtresses blanches. « Prêtresse. » la salua-t-il avec un mouvement de tête, raidit par sa présence. Ce n'était pas qu'elle le dérangeait particulièrement, mais il n'était pas à l'aise avec ses femmes du Crépuscule et les dangereux pouvoirs qu'elles pouvaient manipuler. Certaines lisaient dans les pensées, d'autre pouvaient espionner aussi bien que ses meilleurs zéphyrs et avec bien moins d'effort ... Tout ceci le mettait profondément mal à l'aise. « Vous savez, vous n'avez pas besoin de me sortir des Seigneurs et tout le bordel ... » lui dit-il, glissant un regard en coin vers sa figure pâle, qui l'était encore plus de la couleur, ou plutôt de l'absence de couleur, qu'elle portait. « Je ne suis pas un noble après tout ... » ajouta-t-il à voix basse. La famille avait perdu sa noblesse près de 4 générations plus tôt, dans un scandale qui avait secoué la cour de la nuit et le cercle des baron nocturne. Une noblesse que l'hybride ne cherchait par particulièrement à retrouver. Il aurait pu user de son statut auprès d'Assya pour recouvrer son titre, mais la perspective d'être celui qui accomplirait les désirs les plus profonds de son grand-père suffisait à lui donner envie de faire tout l'inverse. « Êtes vous en quête d'un cavalier ? » lui répondit-il avec un sourire amusé. Les prêtresses étaient peut être les seules femmes de la soirée qui n'avaient pas besoin de s'enquérir d'un accompagnateur pour ne pas être le sujet de toutes les discussions. « En vérité, j'attends quelqu'un mais ... Elle se fait désirer. » finit-il par dire. Il ne manquait plus qu'on lui pose un lapin pour finir l'année en beauté, songea l'hybride avec amertume. S'il savait qu'Adrielle viendrait, il ne doutait pas qu'on se pose cette question en le regardant là, tout seule dans ce couloir. « Vous ne semblez pas avoir particulièrement envie de rejoindre la fête. » Il en avait croisé d'autre, des prêtresses, gloussant par paire ou par groupe, se hâtant entre la grande salle de réception et le lieu mystérieux où se déroulait le rituel de régence : il était étonnant, à ses yeux du moins, de la voir se promener toute seule.

brown eyes, green eyes

PLAY | w/ @Marjolaine de Bussy

Il eut un petit rire face à la question de la prêtresse, se demandant quel air il devait bien avoir de l'extérieur. Il se souvenait d'une rencontre des plus désagréable avec une fae de l'automne, laquelle lui avait trouvé assez d'aisance pour se plaindre de sa présence et pourtant, il était vrai que tout ce tapage, tout ce luxe d'une soirée réservé à la plus haute noblesse le mettait profondément mal à l'aise. Il avait beau connaitre les raisons qui le poussait à assister à cette farce de soirée mondaine, il ne pouvait s'empêcher d'entendre le rire de son grand-père, de voir son sourire victorieux tandis que l'indigne et incapable petit-fils avait fait bien plus pour le nom qu'il ne l'aurait espéré. « Pour être honnête, mon aise serait sans doute très loin de ce palais et de cette ville, mais j'ai fais une promesse et je suis un homme de parole. » confessa-t-il. Il y avait aussi quelque chose de l'ordre du fierté mal placée : la majorité de ses amis se trouvaient dans ce hall et nul ne savait que d'ici peu, il ferait une entrée aussi remarquée que l'an passé. Mais la mention du retard de sa compagne du jour ne manqua pas de faire réagir l'Immaculée. Guère de manière outrée toutefois quoi qu'elle se permit de défendre une comparse féminine, arrachant à l'hybride, un sourire amusé. Il retrouva toute la politesse hérité de cette éducation oubliée pour s'incliner face aux arguments de la blonde. « Certes non, vous avez raison, prêtresse. » Il se demandait quelle serait la réaction de la belle estivale en arrivant : il ne la connaissait pas réellement et ils se rendaient mutuellement service en se servant l'un de l'autre, elle en s'assurant de ne pas apparaitre seule à la sollicitation de sa soeur, lui en s'offrant une invitation toute trouvée pour démontrer que la rupture de ses fiançailles ne le touchait pas le moins du monde. Fieffé menteur, sonna la voix grave de son esprit à son oreille.

Chassant l'intruse et sa désagréable vérité sous-entendue, Neven s'intéressa au monologue de l'Immaculée et à son positionnement des plus neutres en ce qui concernait la régence. Il était rare de voir un crépusculaire faire montre de tant de distance face au reste du monde : à l'écouter, il aurait presque pu avoir un regain de foi envers la Cour religieuse et pourtant, les personne qui, comme Marjolaine de Bussy, présentait une vocation véritable était bien trop rare. Plus habitué à voir des prêtres et prêtresses défendre leurs propres intérêts, le discours sonnait si étrangement à ses oreilles qu'il en venait presque à douter de sa sincérité. Pour autant, il y avait une véritable indifférence dans le regard de l'Immaculée à l'idée qu'une cour, quelle qu'elle soit, puisse obtenir la régence qu'il était forcé de constater que les paroles, ou du moins une bonne partie du discours, était forcément la vérité de ses sentiments. « Voilà de fort sages paroles, je doute d'avoir jamais vu l'une de vos comparses aussi empreinte d'objectivité. Vous êtes le modèle même de la dévotion crépusculaire, ma dame. » fit-il remarquer. Car le chauvinisme ne disparaissait pas aux serments : le fait d'être à la tête de la Tour du Chaudron, domiciliée à l'année à Elysium l'aidait peut être à conserver sa neutralité, mais il doutait que toutes eurent la même impartialité. Quand aux Hautes-Prêtresses des Temples, la question ne se posait même pas. Il avait suffisamment côtoyé la nocturne du temps de sa vie au palais des mirages pour se demander si elle ne considérait pas avoir été désigné par la Mère plus qu'Assya elle même. Pour sur qu'il y aurait un regain de foi soudain si les sept saisonnières et astrales se pensaient choisies plus que ne l'étaient leurs suprêmes respective. « Ne vous laissez vous pas aller à quelques paris de temps à autre, afin de pimenter la soirée ? » demanda-t-il malgré tout : la préférence était compréhensible et quoi qu'elle ne semblait guère porter sa cour natale en bonne grâce, elle avait peut être des gouts surprenants en la matière ?

Courageuse ou insolente, elle poursuivit, s'éloignant de ses propres intentions pour revenir à celle de l'hybride. Pourquoi était-il ici s'il n'avait d'appétence pour ce monde ? Un sourire en coin se dessina sur les lèvres du brun tandis que l'Immaculée venait gratter là où tous ne manqueraient pas de mettre le doigt d'ici quelques minutes, quelques heures, quelques jours. « Ouch, me voilà touché en plein coeur. » répondit-il, énigmatique tandis que que la question, bien vaste, n'avait trouvé de réelle réponse en son fort intérieur. Il était encore en lutte et si sa cavalière tardait trop à venir, la part revêche de sa personne ne manquerait pas de quitter le palais, et la cité, aussi prestement qu'il s'y était rendu. Mais la promesse faite à Meyya, l'idée qu'Adrielle l'attendrait, le dérangeait. Maudits principes, foutues promesses qu'il s'engageait à tenir. « J'imagine que vous ne serez pas la seule à vous poser la question ce soir, et en vérité, je crois que je me la pose moi-même. » reconnut l'ailé sans se départir de son assurance de façade. Le masque de la nonchalance était bien plus simple à porter que le nuage de doute qui obscurcissait sa conscience. « L'ennui ? La vengeance puérile de voir ma si chère ex-fiancée se décomposer en me voyant ? Un nouveau grand amour qui m'a fait céder à remettre les pieds dans un nid de vipère ? La curiosité de savoir de quel côté la Mère se trouve ? Ou peut être une addiction soudaine et insoupçonnée au pouvoir ? » Il énuméra des raisons, plausibles comme ridicules, d'un ton égal empreint d'un flegme qui lui donnait un air ennuyé. Pour autant, son regard d'obsidienne brillait face à l'intérêt nouveau que la conversation éveillait. « Quel serait votre hypothèse ? » demanda l'hybride avec un sourire malicieux.