Wake me up when September ends (Ellinor)

Wake me up when September ends

PLAY | w/ @Ellinor Løvendal | 30 septembre 837

Plusieurs mois s'étaient écoulés depuis l'assassinat d'Aveline, scellant un peu plus l'accord tacite entre Edvin et Merrill lui offrant le poste d'éole du Cercle Ouest. Après des semaines de traque, tout s'était achevé dans une bataille épique où s'étaient mêlés les éléments. Son ancienne éole s'était bien défendue, fidèle à sa réputation de guerrière, tel était sont trépas, à l'image de son existence. L'illyrien avait vu la vie la quitter, presque dans ses bras : le soulagement mais une pointe de tristesse d'avoir dû tuer l'un de ses congénères. Notre homme commencerait à s'adoucir ? Certainement. Argella, son âme-soeur n'y était pas pour rien dans cette évolution, elle avait touché du bout des doigts ce coeur meurtri. Volontairement hermétique à tout attachement depuis ses nombreux échecs, il avait renoncé à se battre contre ce qui les liait. Qu'il le veuille ou non, il l'avait dans la peau, il ressentait le manque, viscéral, qui le rendait encore plus de mauvaise humeur. Inutile de dire qu'il n'était pas rare de le voir mettre aux tapis quelques grandes gueules du clan. Pour son plaisir mais aussi pour extérioriser l'angoisse qui le rongeait.

La cheffe du clan lui avait confié les rênes de son camp le temps de quelques jours pour une opération spéciale assez floue. Ses sourcils s'étaient aussitôt froncés quand elle évoquait cela et il y décelait sans mal une certaine dangerosité. Elle n'entrait pas dans les détails, preuve que ce n'était sûrement pas pour du tourisme. Il avait lui aussi été assez avare en détails lorsqu'il était parti traquer Aveline. Cela ne faisait qu'accentuer sa terreur de la voir revenir blessée ou pire encore, jamais. Cette simple idée le mettait hors de lui, le plongeant dans une détresse qu'il ne connaissait pas. Pas de cette intensité du moins. La nuit, il s'éveillait en sursaut et tâtonnait l'emplacement habituel de la jeune, dans l'espoir d'y sentir la chaleur de son corps, mais il n'y trouva qu'un froid glacial. Il songea à ce qu'elle avait du ressentir lorsque lui aussi n'était pas là. C'était une habitude il semblerait, entre eux. Maintenant que les rôles s'inversaient, Edvin accusait le coup : il se faisait un sang d'encre. Ne doutant pas des capacités de la jeune femme, c'était plus fort que lui.

Il tâchait de ne rien montrer de cette inquiétude auprès des membres du clan, dont la Seconde d'Argella dont le regard méfiant l'obligeait à garder la tête droite. Oh si elle pensait l'effrayer, c'était peine perdue. Malgré tous ses efforts, la plupart remarquèrent son humeur maussade, plus colérique qu'à l'accoutumée, preuve de son trouble. Ce matin-là cependant, ce n'était pas une journée comme les autres, c'était aujourd'hui que sa soeur viendrait. Invitée par ses soins - en ayant au préalable obtenu l'autorisation de la cheffe des lieux - Ellinor pouvait y répondre ou non. Il avait jugé le clan des Ombres Sauvages judicieux : lieu neutre qui n'était pas rempli de mauvais souvenirs ou d'amertume, c'était ici qu'ils pourraient avoir une discussion plus sereine. De toute évidence, le Lovendal n'était pas encore prêt à remettre les pieds aux Pics d'Acier. Il avait retrouvé ici, dans les montagnes de Hewn, une nouvelle famille, lui offrant une vie nouvelle, loin de la honte et du déshonneur qu'il s'était infligé dans sa cour natale.

Installé dans sa chaise en lisant quelques courriers et autres paperasses du jour, un garde l'interpella pour le prévenir que sa jumelle était là. Il ne saurait dire pourquoi, mais son coeur se serra, cette scène lui rappelant bien trop ce soir où elle avait débarqué au clan familial pour lui arracher sa place. Un traumatisme encore vif, marqué au fer rouge dans sa chair et surtout dans son âme. D'un air patibulaire, il sentit ses ailes trembler de nervosité tandis qu'il sortait de sa tente pour la rejoindre à l'entrée. La même tronche, les mêmes sourcils froncés, il n'y avait aucun doute sur leur lien de sang. "Ellinor." La salua-t-il, il l'invita à le suivre d'un mouvement de tête. Autour d'eux, les autres ailés reprenaient leurs activités après qu'Edvin ait lancé un regard noir aux trop curieux.

Une fois dans la tente, il y avait quelques mets disposés sur le bureau, amenés exprès pour l'occasion, ainsi que du vin. "Je te sers à boire ? C'est pas de la piquette si ça peut te rassurer." Le brun se montrait un peu plus bavard et plus ouvert : seuls les idiots ne changeaient pas, non ?

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Wake me up when September ends

PLAY | @Edvin Løvendal | 30 septembre 837

Les montagnes de Hewn n'ont pas la beauté rude et anguleuse des Pics d'Acier, mais l'endroit est agréable, elle doit bien l'admettre.

Ellinor n'a pas vu son frère depuis mai, depuis cette discussion trop pleine d'émotions qu'ils auraient dû exprimer bien plus tôt, depuis cette offre qu'elle lui a fait de revenir à la maison, même pour quelques jours. Elle ne s'attendait pas à ce qu'il accepte — ça l'aurait étonnée qu'il remette les pieds aux Pics d'Acier, pas avec tout le bagage émotionnel que ça impliquerait, pourtant... pourtant, elle est un peu déçue, elle doit l'admettre. Une déception qui ne reste pas très longtemps, qu'elle accepte avec une bonne dose de philosophie qu'elle n'aurait pas montrée il y a dix ans de ça, et qu'elle range tranquillement à sa place. Tant pis. Peut-être qu'ils auront l'occasion de se revoir un jour, mais l'illyrienne ne va pas forcer les choses.

L'été s'est écoulé. Un été tranquille, si on omet le décès du Suprême de l'Hiver, mais ce n'était plus qu'une question de temps. Ellinor garde un œil sur la politique hivernale plus pour rester au courant de ce qui se passe que par véritable intérêt, fait la moue à l'annonce de l'avènement de Sanna Asgeir, mais rien d'intéressant. Le camp se porte bien, et c'est la seule chose qui l'intéresse vraiment.

Septembre arrive. Et avec lui, une invitation.

L'écriture d'Edvin n'a pas changé — c'est toujours un enfer de déchiffrer ses pattes de mouche, mais c'est une constante qui la fait sourire alors qu'elle décrypte les mots couchés sur le papier à la lumière d'une bougie, un soir. L'automne se fait sentir dans l'air de plus en plus glacial, et son frère lui propose de venir passer quelques jours aux Ombres Sauvages, le clan avec lequel il a fini par s'installer au cœur du territoire nocturne, d'ici la fin du mois.

Elle a hésité. Longuement. Avant de finalement se dire que merde, c'est l'occasion rêvée, et il faut bien commencer quelque part pour espérer combler le canyon qui s'est creusé entre eux au fil des décennies.

C'est pour ça qu'elle est là aujourd'hui. Elle s'est fait connaître auprès des gardiens du lieu après une ascension périlleuse mais gratifiante et elle patiente, assise sur un banc, le visage fouetté par un vent froid et les yeux braqués sur un trio de jeunes qui s'adonnent à quelques acrobaties aériennes, haut au-dessus de sa tête. La vision la rend mélancolique, la bouche tordue dans une expression d'envie pure et douloureuse. Par la Mère, ce qu'elle donnerait pour retrouver l'utilisation de ses ailes...

C'est comme ça qu'Edvin la trouve, et Ellinor est tellement plongée dans sa contemplation qu'elle sursaute au son de sa voix et manque de finir les fesses par terre en renversant le banc sur lequel elle est posée. « Putain, tu m'as fait peur, » qu'elle ronchonne. Juste un peu, avant que ses sourcils ne se froncent à sa mine patibulaire. Pas que ça change beaucoup de d'habitude, et pas qu'elle espérait un grand sourire et une étreinte, mais il a l'air bien tendu, pour quelqu'un qui est chez lui.

L'illyrienne ne fait aucun commentaire, toutefois, et se contente de le suivre en faisant la grimace aux trop curieux qui s'attarderaient encore. Yep, définitivement de la même famille, qu'elle entend au détour d'une conversation, juste avant que la toile de tente ne se referme sur eux et les coupe du reste du monde pour quelques heures. Elle n'y prête plus d'attention, trop occupée qu'elle est à scruter la pièce du regard, la curiosité évidente sur ses traits.

« Ah, euh... je veux bien, merci. Juste un verre. » Le commentaire sur la qualité du vin lui tire un sourire amusé qui fait beaucoup pour détendre les traits de son visage, le genre de sourire qu'elle n'a pas partagé avec lui depuis longtemps, et c'est avec une bonne dose d'hésitation qu'elle finit par s'asseoir, sans même penser à retirer sa lourde cape de voyage bordée de fourrure. « C'est bien, ici, » elle murmure finalement. Sa voix s'est faite pensive, peut-être aussi un peu mélancolique, mais le sourire qu'elle adresse à Edvin est sincère. « Tu sembles avoir trouvé la perle rare. »

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PLAY | w/ @Ellinor Løvendal | 30 septembre 837

Etait-ce une bonne idée de l'avoir invité ? Il l'ignorait. En terrain neutre, au moins n'aura-t-il pas dans le coeur l'amertume de la défaite qu'il aurait ressenti aux Pics d'Acier. L'ailé était encore incapable d'imaginer s'y rendre, ce lieu dans lequel il avait grandi n'était que source de sentiments négatifs : colère, douleur, trahison, déshonneur. Tous les souvenirs heureux s'étaient envolés au profit de cette dernière soirée durant laquelle il crut mourir. Ses pas l'avaient mené jusqu'ici, dans les bras de son âme-soeur. Le camp d'Argella lui avait permis de recommencer sa vie, d'avoir droit à un nouveau départ loin du tumulte de son existence passée, loin de la honte qu'il s'était infligé. Ici, il avait changé, devenant l'homme qu'il aurait dû devenir plus tôt. Il aura fallut des décennies pour que les enseignements de son connard de père ne soient reniés, remis en question par la force des choses et la mort qu'il avait côtoyé de près. Certes, Edvin Lovendal n'était pas parfait et ne le serait jamais mais il était conscient de ses faiblesses. Tel un phénix, il avait su renaître de ses cendres, pour le meilleur et le pire.

Des mois auparavant jamais il n'aurait songé être l'entremetteur d'une nouvelle entrevue avec sa soeur jumelle. Pire encore, il avait même souhaité sa mort lorsqu'elle lui arracha sa couronne, celle qui lui revenait de droit. Depuis lors, l'eau coulait sous les ponts : il acceptait son sort et avait su rebondir non sans l'aide précieuse de la cheffe du clan des Ombres Sauvages. Absente depuis plusieurs jours, elle laissait le pauvre hivernal aux abois. Ses tentatives de le cacher étaient vaines pour les plus aguerris, dont Irhyna. Par fierté, il ne l'avouera pas de vive voix, s'il avait dû évoluer, sa fierté elle, restait là.

Tâchant de faire fi de sa mauvaise humeur, le brun à la mine patibulaire se rendait à l'entrée du camp, là où attendait Ellinor. Sa démarche était lente - plus qu'à l'accoutumée, preuve d'une certaine nervosité. Il se laissait du temps pour savoir comment l'appréhender, comment chasser ses doutes et le traumatisme de son éviction qui s'était fait dans le sang. Car oui, la dernière fois qu'elle était venue dans un camp, ce n'était pas pour une visite de courtoisie et même si les circonstances différaient, il ne pouvait s'empêcher de faire un terrible parallèle. Assise sur un banc, elle sursauta lorsqu'il l'interpella de sa voix forte et lointaine, comme si elle s'extirpait d'un rêve ou d'un cauchemar, il ne saurait dire. Sa surprise l'étonna, lui faisant hausser les sourcils avant de l'inviter à la suivre. Leur conversation n'avait pas à avoir lieu au beau milieu d'oreilles indiscrètes, non pas que les illyriens présents n'étaient pas dignes de confiance, mais il ne se jugeait pas suffisamment proche de ces derniers pour aborder de tels sujets. Une évidence en tout cas pour tous : ils étaient bel et bien des jumeaux. Le même froncement de sourcils, le même regard sombre.

La tente avait été aménagée pour sa visite : il avait rangé les piles de papier et de lettres, afin que soient disposés des mets et du vin. Preuve une fois de plus que l'hivernal l'avait pris avec sérieux et ne voulait pas faire mauvaise impression. Laissant sa soeur s'asseoir où bon lui semble, il sortit deux verres pour les remplir et lui tendit l'un d'eux. Une fois cela fait, l'assassin s'installa dans un fauteuil face au sien. Il avait trouvé la perle rare, assurément, et cela ne put que le faire sourire, le genre qu'il ne réservait qu'à Argella, l'amour. Quelque peu gêné, il se grattait la nuque, évitant son regard. "Ouais, j'ai eu de la chance de tomber sur eux. Ils m'ont accueilli quand je n'avais nul part où aller, je leur dois tout." Ses mots n'avaient pas de rancune, simplement des faits. Après sa défaite, il avait tout perdu. Probablement qu'il aurait survécu ailleurs mais la Storgaard lui avait donné une nouvelle raison de vivre. "Tu es la bienvenue quand tu veux en tout cas et la prochaine fois, tu rencontreras la cheffe, elle te plaira." Elles étaient de la même trempe songea-t-il. "Et toi ?" Ses opales se posaient sur sa jambe blessée lors de leur dernière rencontre. De toute évidence, du chemin avait été parcouru entre eux. Le canyon se réduisait peu à peu pour ne devenir qu'un fossé, fragilisé toutefois.

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PLAY | @Edvin Løvendal | 30 septembre 837

Était-ce une bonne idée d'avoir accepté l'invitation ? Ellinor n'en sait fichtre rien, espère simplement que ça pourra être un pas dans la bonne direction, que ça permettra de combler, juste un peu, l'abîme béant qui s'est creusé entre eux avec les années et l'influence de leur père. Elle ose espérer, pour une fois, qu'elle a pris la bonne décision en venant jusqu'ici à son invitation. Qu'ils ne vont pas le regretter tous les deux.

C'est aussi pour ça qu'elle attend à l'extérieur plutôt que de débarquer sous la toile de tente comme elle aurait pu le faire. La dernière fois a mal fini, pour lui en tout cas — le jour de ce duel qu'il a perdu, elle n'a pas attendu d'être annoncée pour se planter face à lui et lui balancer le défi à la figure. Elle n'est pas là pour ça, aujourd'hui, mais bien pour prendre de ses nouvelles, et peut-être commencer à réparer les pots cassés.

C'est clair, au premier coup d'œil, qu'il est stressé. Peut-être ont-ils pris des chemins divergents, mais Ellinor reste sa jumelle, et Edvin pas assez bon comédien pour réussir à la flouer. Ses pas sont lourds, étrangement lents, et la ligne de ses épaules est tendue, les seules preuves dont elle a besoin pour constater sa nervosité. D'autres qui le connaissent moins se contenteraient de mettre ça sur son habituelle attitude patibulaire, mais Ellinor le connaît... depuis leur naissance, vraiment, et certaines habitudes qu'il a créées dans l'enfance n'ont pas disparu avec les années.

Elle le suit, toutefois, le regard trop curieux qui observe le campement autour d'elle, le visage qui se froisse dans une expression tout aussi patibulaire que celle d'Edvin quand elle croise les regards des autres illyriens qui se doivent sans doute se demander qui elle est et ce qu'elle peut bien faire ici. Mais personne n'essaie de l'accoster, et c'est tout aussi bien ; elle se glisse sous la toile de tente à la suite de son frère avant de se laisser aller à sa curiosité encore une fois, le nez levé, le regard qui s'attarde autour d'elle.

Il semble avoir trouvé la perle rare, oui. Elle le lui dit franchement, tout en acceptant le verre qu'il lui tend, rempli d'un vin à la couleur riche qu'elle hume un instant avant d'en prendre une gorgée. Il n'a effectivement pas lésiné sur la qualité.

Le sourire sur le visage d'Edvin lui serre un peu le cœur. C'est un sourire... presque tendre, le genre de sourire qu'elle n'a pas vu sur son visage depuis très longtemps et qui lui met du baume à l'âme autant qu'il la rend un peu nostalgique, même s'il ne lui est pas directement adressé. Ellinor soupire un peu, se fend d'une petite grimace franchement désolée quand il raconte en quelques mots simples mais justes qu'il n'avait plus rien quand elle l'a détrôné. La culpabilité est évidente sur ses traits, dans la façon dont son dos se raidit, mais elle ne rebondit pas — se contente de pencher le nez sur son verre de vin, sans trop oser le regarder, d'un coup.

Ils auraient pu faire tellement mieux. Si leur père n'avait pas été ce qu'il est, s'ils n'avaient pas laissé les années et l'amertume étioler ce qu'ils avaient...

Mais il ne s'attarde pas dessus, embraie sur autre chose. Une invitation ouverte, qui la surprend un peu — mais pas autant que l'affection franche et sincère qu'elle reconnaît dans sa voix quand il parle de la cheffe, et qui lui fait hausser un sourcil. « La cheffe, hein ? » Le sourire qui tire au coin de ses lèvres est clairement taquin, mais elle ne le provoque pas plus que ça. Préfère faire jouer sa jambe à la question qu'il pose, et au regard appuyé qu'il lui jette. « Ca va. Je me suis remise avec le temps, même si c'était pas très agréable de pas pouvoir marcher pendant un mois. Mais rien de vraiment grave. » Du moins en ce qui concerne les blessures physiques.

Celles psychologiques... Elles ont encore du mal à s'apaiser. Ne s'apaiseront sans doute jamais. Les cauchemars continue d'agiter ses nuits, comme le prouvent les cernes creusés sous ses yeux, mais ce sont des cernes dont elle ne se débarrassera jamais, elle le sait.

Ellinor préfère ne pas en parler, dans tous les cas. Se contente de se caler un peu mieux dans son fauteuil, engoncée dans sa cape de voyage, la fourrure qui lui chatouille le nez alors qu'elle observe un moment le vin au fond de son verre, les sourcils un peu froncés. « Le clan va bien. On a eu quelques naissances cet été... On fait les derniers préparatifs avant que les premiers blizzards arrivent. Le cycle continue. » Une vie tranquille. Mais ses sourcils restent froncés, un pli qui se forme entre ses yeux alors qu'elle songe encore à une autre missive qu'elle a reçue, un jour ou deux après celle d'Edvin. « Le seigneur de Skogen veut me rencontrer, aussi. Mais... je sais pas encore si je vais accepter. J'hésite un peu. »

Peut-être qu'elle veut quelques conseils, en lui disant ça. Qu'elle lui demande son avis sans vraiment lui demander non plus, l'arrondi de ses oreilles qui vire au rose vif sous la gêne, son regard qui l'évite soigneusement alors qu'elle se penche pour attraper un des mets proposés et le fourrer dans sa bouche sans aucun savoir-vivre, comme la sauvage qu'elle a longtemps été. « Enfin bref. Je... suis contente de te voir. Ca m'a fait plaisir que tu me proposes de venir. » Une pause. Puis l'instant d'émotion est dissipé par le vague ricanement qui lui échappe. « Même si ton écriture est toujours aussi déplorable. »

Ils sont plus habitués à se railler qu'à dire ce qu'ils ont sur le cœur, de toute façon.

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