there are two sides to every question (ilya)

there are two sides to every question

@ilya ozerov — décembre 837

Les conseils d'Obéron ont toujours tendance à être bons. Ce n'est pas pour rien qu'on salue sa sagesse depuis qu'il est entré dans les rangs des Chevaucheurs.

Ninon commence à en avoir marre de rester sur la touche. Elle sait qu'elle a eu besoin de ce temps, nécessaire à sa convalescence qui a duré un peu trop longtemps à son goût — même si se retrouver avec un poumon perforé n'est pas une sinécure, elle le sait. Mais elle n'est pas habituée à l'inaction, encore moins à l'inaction couplée à une multitude de questions qui tournent, encore et encore, dans un coin de son esprit. Sôta n'est pas encore rentré de l'Aube pour la distraire avec l'entraînement qu'elle compte lui offrir pour qu'il devienne Chevaucheur à part entière, et la conversation qu'elle a eue avec le seigneur Fujihara refuse de la laisser tranquille.

Elle devrait faire quelque chose, pourtant. Ca fait quelques semaines maintenant, mais elle n'a toujours pas fait part de ses doutes et de ses questions à son confrère. Elle n'a aucun doute que le Beauchamp arriverait à trouver les réponses qu'elle cherche, pourtant, mais... mais elle n'ose pas, parce qu'elle est terrifiée de ce qu'il pourrait trouver, et de ce que ça voudrait dire pour ce qu'elle est.

Alors quand il lui parle du seigneur Ozerov, et des recherches qu'il fait pour démêler le vrai du faux dans la disparition du ministre nocturne, la divergente saute sur l'occasion. Elle a suivi l'histoire de loin, occupée qu'elle était avec d'autres enquêtes pour le compte de la guilde et avec Sôta, ne s'y est vraiment intéressée qu'une fois confinée dans un lit pour laisser le temps à son corps de se remettre. Tout est bizarre dans cette histoire, et Ninon a le pressentiment qu'en essayant d'en démêler les fils, ils risquent fort de mettre Evanor à feu et à sang.

Mais c'est son travail de Chevaucheuse. Alors un soir de décembre, elle quitte le quartier général de la guilde pour se tamiser dans un nuage d'embruns et atterrir en silence à Menelmorn, ses pas qui la dirigent immédiatement en direction de la maison seigneuriale. La sécurité y a été renforcée, elle s'en aperçoit d'un coup d'oeil — sans doute l'œuvre de la Dame de la maison, nécessité apportée par la tentative d'assassinat dont le seigneur a été victime et la naissance des héritières. Peu importe à Ninon, qui se glisse dans les ombres avec une facilité surprenante, ses pas étouffés par la maîtrise de sa magie de l'air, un sourire qui lui échappe en apercevant un garde se curer le nez près de la porte qui mène aux jardins.

Elle s'infiltre plutôt par une fenêtre. Ce n'est pas très difficile d'en déverrouiller une et de se glisser dans ce qui semble être un petit salon. La maisonnée est calme, la faute à l'heure tardive, mais ça l'arrange bien — la divergente furète un instant, tire la langue au portrait d'un ancêtre à l'allure sévère, pousse quelques portes et essaie de comprendre ce qu'elle trouve derrière. Une chambre impersonnelle, un autre salon, une bibliothèque... et finalement un atelier. Il est de notoriété publique que le nocturne est friand d'ingénierie.

C'est sans doute là qu'elle aura le plus de chances de se faire trouver.

Alors Ninon investit les lieux. Se perche sur un tabouret pivotant, alors que sa curiosité la pousse à refermer la main sur un minuscule oiseau fait de métal et de rouages soigneusement imbriqués. Elle l'observe un moment sous toutes les coutures avant de le reposer à sa place, s'intéresse finalement à ce qui semble être une monte à gousset à moitié démontée, et elle patiente, sagement, silencieusement.

Ce n'est pas difficile d'entendre le claquement sonore d'une canne qui tape contre le parquet et qui se rapproche, même pour ses oreilles défaillantes. Pourtant elle ne bouge pas de ce tabouret, ne se retourne même pas vers la porte dans son dos quand la lumière s'allume dans la pièce, se contente de lever un nouvel automate miniature vers l'orbe lumineuse qui s'est activée pour en examiner les complexités. « Ilya Ozerov, » qu'elle murmure finalement. « Seigneur de Menelmorn, frère de Suprême, marié, père de famille... insatiablement curieux et en plein brouillard. Qu'est-il vraiment arrivé au ministre de la Nuit entre juillet et septembre ? » La langue de la divergente claque alors qu'elle repose l'objet qu'elle avait en main et tourne finalement la tête dans sa direction.

Sur son visage, ce sourire plein de mystère qui refait surface et qui va sans doute vite agacer l'esprit cartésien de son interlocuteur.

« Question épineuse. Une jolie fleur m'a confié que vous vous enlisiez dans cette affaire. » Obéron doit avoir les oreilles qui sifflent. Mais Ninon se lève finalement, souplement, pour s'approcher de lui — assez pour lui tendre une main, en guise de salutation. « Vous avez entendu parler des Chevaucheurs de Brumes ? »

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@Ninon Bayl'doren — décembre 837

Les journées se ressemblent tout en apportant son lot de nouveautés. Une routine avec toujours des réactions nouvelles et excitantes. Être père n'est clairement pas de tout repos et finalement, peu de choses vous préparent réellement à cela. Même s'il se sait particulièrement privilégié à être entouré et aidé dans ce moment intense de sa vie, le jeune Seigneur veut toujours faire les choses au mieux. Et beaucoup savent que "le mieux est l'ennemi du bien". A toujours vouloir faire plus, l'esprit et le corps se retrouvent rapidement sur les rotules. Mais chaque instant passé avec ses filles est une bouffée de bonheur. Aucun doute qu'il passe pour un papa poule complètement gaga au moindre nouveau son et nouveaux gestes qu'elles lui offrent.

Alors qu'il claudique de fatigue avec sa canne le long des couloirs de la demeure, il se demande si son père avait les mêmes pensées. Les mêmes impressions. D'aussi loin qu'il se souvienne, il n'a jamais réellement vu son père béat face à lui, mais il sait que le cerveau sélectionne les souvenirs et que le tri n'est pas toujours impartial. La pénombre de la fin de journée agrandit les ombres du manoir, les filles mises déjà au lit sous l'œil vigilant de Katia et Darya doit être à ses occupations. Il n'est pas encore facile de reprendre toutes les rênes du domaine, alors Ilya lui laisse encore une certaine latitude de manœuvre. Difficile de revenir sur des habitudes installées depuis une bonne année mais une part du Seigneur est confortée et rassurée de voir sa Dame prendre ses responsabilités à bras le corps. Passer de Capitaine à Dame ne fut pas une chose aisée même si certains points communs se trouvaient évident.

Alors, il profite simplement de cette nuit qui se profile pour prendre un peu de temps pour lui. Ses pas le mènent avec habitude et réconfort vers son atelier : son antre. Quelques projets laissés en suspens attendent son expertise et il est absolument ravi de pouvoir replonger dans ses calculs, ses engrenages et ses problèmes à chiffres à régler sans grande conséquences. Il a profondément hâte de poser ses fesses sur son tabouret tournant.

Enfin, il arrive et alors qu'il est sur le point d'entrer, il se fige. La main en suspens, alors que ses ombres lui murmurent à l'oreille. Par habitude, et depuis son agression, elles virevoltent autour de lui, à l'affût du moindre mouvement suspect. De la moindre anomalie. Alors, la présence de son atelier ne passe pas inaperçue. Il sait qu'elle est là, au milieu de ses affaires et ses cheveux se dressent sur sa nuque. Une menace ne prendrait pas la peine de se trouver sans trop bouger au milieu de son lieu le plus cher, mais ses ombres sont incapables de l'identifier. Pourtant, sa curiosité prend le dessus, le titille à se demander quel nouveau mystère se dresse devant lui.

Bon. Eh bien, il saurait se défendre.

Ses doigts s'agitent alors que ses ombres allument les orbes lumineuses et chaleureuses de son atelier, quand il pénètre dans la pièce. Tout son corps se tend alors qu'il scrute l'intruse : pas très grande, fluette mais visiblement très à l'aise dans son corps ... Et sur son tabouret. Rien que cette vision le fait tiquer et il serre les dents. Elle prend la parole et fait sa descriptions succincte ponctuée par une question : « Bien, vous avez la base de ma biographie. ». L'intruse tient l'un de ses automates dans sa main et Ilya a comme l'impression d'une personne non-désirée qui touche à vos affaires. Irritant au possible. Encore plus quand elle pose des questions qui dérangent. « Mais si vous vouliez me poser d'autres questions pour l'étayer, il vous suffisait de prendre rendez-vous avec mon secrétaire. ». Il prend appui sur sa canne, en restant debout, droit comme un "i" alors qu'il analyse ses quelques paroles. Une jolie fleur ? Cela n'est clairement pas anodin, même si l'idée qu'il farfouille partout pour éclaircir certains points de sa vie et des intrigues de sa cour n'est un secret pour pas grand monde. Sa capacité à remuer la fange et se mettre dedans n'est clairement pas inconnu du monde. En tout cas, cela semble intriguer cette intrigante.

La dernière question lui fait arquer un sourcil face à la question. « Leur réputation les précède. Même si elle comporte de nombreux visages. Je n'ai, malheureusement, pas encore eu la joie d'étayer ou d'éprouver cette réputation. ». Il la scrute avec une forme d'intérêt même si la méfiance est toujours de mise : « J'en déduis facilement qu'au contraire, vous, vous semblez bien les connaître. Je ne suis pas étonnée que toute cette histoire ait pu attirer votre attention. ». Avec une forme de satisfaction, il ne répond pas sciemment à la question. En même temps, il ne la connaît pas. Alors, déballer toutes ses connaissances et ses recherches, ainsi que ses frustrations, elle pouvait toujours rêver. Ou du moins, pas comme cela.

Elle allait devoir montrer patte blanche.
Et arrêter de toucher à ses affaires.

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@ilya ozerov — décembre 837

Il n'a pas l'air ravi de la voir ici. Ninon ne peut pas vraiment le blâmer — sans doute qu'elle aussi, elle grincerait des dents si quelqu'un entrait par effraction chez elle pour tripoter ses affaires sans permission, mais l'occasion était trop parfaite, et surtout elle se doit de rester le plus discrète possible depuis les événements de septembre dernier. Elle n'a aucun doute qu'on connaît son apparence générale et possiblement son statut de divergente ; mieux vaut faire profil bas, donc, et éviter la lumière.

C'est bien pour ça qu'elle ne s'est pas embêtée à prendre de rendez-vous officiel avec lui.

L'ironie dont il fait preuve est rafraîchissante, toutefois, et lui tire un grand sourire ravi, suivi d'un hochement de tête. « J'aurais pu, oui. Mais je travaille mieux dans les ombres que vous connaissez si bien. » C'est bien pour ça qu'il ne connaît les Chevaucheurs que de réputation, comme il l'admet si bien. Elle semble avoir titillé sa curiosité, toutefois, si elle en croit la façon dont il hausse un sourcil, si elle en croit la lueur de curiosité qui anime maintenant son regard.

Bien. C'est un début, alors.

Il danse autour du pot, ne répond pas clairement à la question qu'elle a posée. Ca lui tire un sourire amusé, parce que c'est le genre de choses qu'elle fait régulièrement et qui a tendance à agacer son entourage. Sans doute que si elle n'avait pas les yeux sur Sôta, si Ilya Ozerov n'avait pas été seigneur et père de famille et handicapé moteur, elle lui aurait proposé une place au sein des Chevaucheurs. Mais avec des si, elle serait capable de mettre Elysium en bouteille, et elle n'aime pas s'attarder sur le champ des possibles.

« Il est vrai que ma guilde s'intéresse à cette histoire. » Admission tranquille qu'elle fait partie des insaisissables Chevaucheurs. Peut-être qu'il l'avait deviné, peut-être qu'il tentait juste de la piéger avec ce votre attention soigneusement balancé, mais Ninon n'est pas là pour tourner autour du pot trop longtemps, pour une fois. « Tout ça est bien étrange, hm ? L'homme disparaît au beau milieu de la soirée d'ouverture de la saison sociale, ne donne pas signe de vie pendant deux mois, et quand on le retrouve enfin, c'est sur son cadavre qu'on tombe. » Ninon se détourne de lui, va plutôt s'intéresser aux lèvres qui s'alignent dans une bibliothèque qui couvre tout un mur. Elle n'y touche pas, se contente d'en déchiffrer les titres — mécanique des fluides, ingénierie, chimie, physique. Quelques tomes sur l'histoire d'Evanor, aussi, mais principalement des livres de sciences. Ca ne l'étonne pas trop, si on considère la réputation du jeune Seigneur.

Pas son style de lecture du tout, mais elle reste impressionnée par la quantité accumulée. Clairement, Ilya Ozerov est un érudit.

Mais là n'est pas le sujet. Elle ne s'est pas infiltrée dans la demeure ancestrale de Menelmorn pour mener une analyse complète de son caractère, mais bien pour lui offrir son aide, et donc celle de sa guilde, pour démêler les fils de cette situation. « La personne qui a fait ça a bien masqué ses traces... Un peu trop bien, d'ailleurs. Vous ne croyez pas ? » Peu importe qui c'était, cette personne a su disparaître dans la nature. Ca la pousse à se demander si l'assassin n'aurait pas eu de l'aide.

De l'aide haut placée. Assez haut placée pour faire disparaître la moindre trace. Elle n'est pas certaine d'apprécier les implications de cette pensée.

Mais avant de s'attarder sur cette possibilité, Ninon se tourne de nouveau vers lui. Lui adresse un nouveau sourire, se fend d'une petite révérence peut-être vaguement moqueuse, parce que son respect se mérite, et pour le moment Ilya n'a pas encore réussi à se l'attribuer, même si l'aplomb dont il fait preuve face à elle et à cette intrusion qu'elle a provoquée le fait monter de quelques crans dans son estime. « Je m'appelle Ninon, » elle annonce finalement, tranquillement. « Vous pourrez féliciter votre femme pour les améliorations qu'elle a faites quant à la sécurité du lieu, j'ai eu du mal à trouver un endroit par lequel me faufiler. Mais ne vous inquiétez pas, je ne me suis pas approchée de vos appartements privés. » Ni de la chambre de leurs filles. Sans doute qu'elle aurait déjà fini avec la tête séparée du corps si tel avait été le cas, ou bien avec une flèche entre les deux yeux, courtoisie de la Dame des lieux elle-même.

Puis son attitude se fait bien moins ésotérique, bien plus sérieuse et factuelle cette fois, le sourire qui disparaît de son visage pour faire place à des sourcils froncés et à une tête penchée, sa bonne oreille tendue dans sa direction. « Moi et les miens sommes prêts à vous aider à démêler toute cette histoire. Moi, surtout — j'ai du temps libre, et l'impression que vous avez besoin de ressources sur lesquelles vous n'arrivez pas à mettre la main. Ce n'est pas un blâme, simplement une constatation. » Après tout, il est un Seigneur. Une figure politique d'Evanor, sur qui les projecteurs sont volontiers braqués, surtout depuis son mariage avec une hybride qui a fait les gorges chaudes des plus conservateurs de ce fichu pays.

Elle ? Elle n'est rien de tout ça. Simplement une trace d'encre sur un registre de l'ajah blanche, une autre sur un registre d'orphelinat, et rares sont ceux qui vont être capable de relier Fujihara Honoka à Viessa, et Viessa à Ninon Bayl'doren. « Nous souhaitons juste que vous nous donniez les informations que vous avez et qui nous auraient échappé. En échange, je vous donnerai le nom de la personne responsable une fois que je l'aurai débusquée, et vous en ferez ce que vous souhaitez. Si cela vous convient, évidemment. »

Le deal lui paraît plus que raisonnable. Libre à Ilya de le prendre ou non.

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@Ninon Bayl'doren — décembre 837

L'intruse ne se fait aucunement menaçante et son air tranquille semble bien démontrer qu'elle n'est là que pour discuter. Du moins, c'est ce que ses premières observations offrent à Ilya. Une part de ses muscles se détendent quand il comprend que ses premières alertes sont à laisser de côté. Une autre émotion prend alors le dessus sur toutes les autres : la curiosité. Ce n'est pas tous les jours qu'un membre d'une étrange organisation secrète vient frapper à votre porte pour avoir des informations ou des conseils. Même la méfiance reste en arrière-plan, le jeune Seigneur retombe dans ses travers à essayer de comprendre pleinement la situation. Néanmoins, il sait que trop en donner et surtout aller trop vite pourrait faire capoter toute l'expérience : alors il écoute.

Les faits sont établis avec une certaine exactitude, tels que lui-même les avaient consigné d'une certaine façon. Depuis quelques-temps déjà certaines personnalités de la nuit semblent pris pour cible de façon totalement non coordonnées. Avant d'en être lui-même victime, l'insouciant ne porta jamais son regard dessus. Depuis, cela l'obsèderait presque. Et durant ces deux dernières années, son enquête était restée au point mort. Juste quelques informations sur une organisation aubéenne traitant de recherches secrètes sur de pauvres illyriens. Une certaine forme de pas en avant dont il avait mis au courant sa sœur qui s'était empressée d'en avoir le cœur net. Mais depuis plus rien. Insaisissable. Et si cette Chevaucheuse peut lui apporter les réponses qu'il désespère à trouver ?

Il hoche la tête à l'énonciations des faits pour compléter : « Aussi étrange que ma propre tentative d'assassinat si vous voulez mon avis. Le point négatif serait que pour lui, ça ne s'est pas fini aussi bien. ». Le ministre n'a pas eu la chance d'avoir un Merrill Odegaard à la rescousse. L'intruse continue son petit tour d'inspection ce qui continue d'agacer quelque-peu le jeune Seigneur qui a l'impression d'être étudié au peigne fin par une inconnue. Toujours aussi droit sur sa canne, il n'a pas bougé d'un millimètre quand il répond à sa question : « Je suis aussi circonspect que vous. C'est du travail de professionnel ou bien couvert par quelqu'un d'affluent. ». Les premières hypothèses sont posées et démontrent en partie le peu d'information dont il possède. A moins qu'il ne laisse une sorte d'incertitude planer.

Enfin l'inconnue se présente. Dans une forme pour le moins moqueuse mais avec quelques codes dont Ilya ne fait que peut de cas, il hoche la tête et lui répond avec une petite pointe d'ironie face à la situation : « Enchanté. ». Le nom sonne étrange dans ses oreilles, en contraste avec les possibles origines aubéennes que ses traits laissent supposer. Un faux nom pour couvrir ses traces ? Ou des origines plus fous encore ? « Un nom bien printanier qui vous sied. » le compliment est sincère même s'il laisse planer ses interrogations. Un sourire de fierté barre son visage alors que son regard balaie la pièce comme s'il couvait sa demeure : « Je lui transmettrai. Même si je pense que l'intrusion d'une étrangère dans ses murs risquent surtout de la faire sortir de ses gond et de doubler encore plus le nombre de gardes. A moins qu'elle ne réduise leurs pauses. Ils vont vous détester. ». Son ton est badin surtout qu'il sait que cette chère Ninon doit s'en préoccuper comme de ses premières chaussettes. « Et si vous aviez tenté nos appartements privés, vous seriez déjà morte. », un constat et en rien une menace. Elle ne serait pas ici à lui parler, ça il en est certain.

Voilà maintenant le temps des négociations. L'envoyée se fait plus claire dans ses intentions et Ilya se détend quelques peu en s'approchant de son poste de travail. S'asseyant sur le tabouret adapté, il écoute sa proposition avec attention. « Vous avez des occupations bien étranges et intéressantes pour votre temps libre. » répondit-il d'abord. « Je ne peux que comprendre, résoudre des mystères et des problèmes, je passerais mes journées dessus. Mais, en effet, je manque quelque-peu de temps pour m'y atteler pleinement. Et plus je semble m'approcher, plus la forme se défait de part ma trop grande visibilité et une part de moi sait que remuer ce genre de chose peut aussi apporter son lot ... D'ennuis. ». Euphémisme. Ilya ne sait pas encore tout à fait pourquoi, mais il a un mauvais pressentiment.

Et cela depuis tant de temps déjà.

La proposition semble tenir la route et une part d'Ilya souhaite lui faire confiance. « Je ne vous connais pas, malheureusement. Mais si vous souhaitez ma mort, je ne serais probablement plus déjà de ce monde. ». Encore une fois un constat. Mais les pires manipulations ne commencent-elles pas comme cela. Pourtant, il tente un coup de poker : « Mais cela m'intéresse. Je n'ai, malheureusement, qu'assez peu de choses à vous révéler. Je connais celle qui m'a fait ça. » dit-il en levant sa main mécanique, « Une victime de plus manipulée par un groupe qui faisait des expérimentations sur des illyriens et des hybrides, à l'Aube. Un groupuscule visiblement peu enclin à laisser les Grands Faes se mêler à ce qu'il considère pire que du bétail. Mais ça, vous devez probablement déjà être au courant. ». Cette même main mécanique vient frotter et tenir son menton dans une position de réflexion. « Je ne sais pas si tout cela semble lié, mais j'y vois certaines formes de similitudes. Ou une connexion. Je ne connaissais pas beaucoup l'ancien Ministre de la Nuit. Les informations de base sont publiques : il a été nommé par la précédente Suprême, donc clairement plus proche des Lantsov que de notre famille. Il ne nous portait donc pas dans son coeur et je sais qu'Assya prévoyait de le faire remplacer. ». Un léger doute commence alors à pointer dans son esprit et le met subitement extrêmement mal à l'aise. Il se redresse et regarde Ninon dans les yeux : « Je dois justement aller voir ma soeur demain soir. Je compte me charger de cette partie par moi-même. Si elle sait quelque-chose, elle me le dira. ». Naïveté teinté d'un espoir fraternel d'espérer que sa sœur n'ait rien à voir avec tout cela. « Au-delà de cela, il fut très secret sur ses propres positions, je n'ai pas eu beaucoup l'occasion de discuter avec lui, je le déplore. De votre côté, avez-vous déjà commencé à ... Fureter ? ».

Sa réflexion se poursuit et il se dit, qu'avec un peu de chance, la Chevaucheuse pourrait compléter quelques zones d'ombres ou apporter un oeil nouveau à tout son cheminement. La réputation de sa guilde la précède et une part d'Ilya sait qu'il aurait profondément en savoir plus encore ...