Flower time • Ulysse
:: Les terres d’Evanor :: LA COUR DU PRINTEMPS :: MAIRIL :: ROSEHALL
2 participants
Grand·e Fae du Printemps
Pseudo : Klemannt
Pronoms irl : Il/He/Lui
Faceclaim : a. taylor-johnson
Comptes : marjolaine & nehtë
Messages : 182
Aeskells : 31
Triggers : aucun.
Contents : Abandon d'enfant, maladie, deuil, mort, violence.
Pronom : IL/HE/HIM •
Âge : 78 • Soixante-dix-huit ans. Une trentaine d'années physiquement.
Race : HIGH FAIRY • Longiligne créature aux traits parfaits et à la beauté éclatante.
Cour : SPRING CHILD • Il est l'incarnation de ce printemps perpétuel dont son corps tout entier entonne la chanson.
Résidence : ROSEHALL • Manoir ancestral des seigneurs du Printemps adoptée depuis son couronnement. Autrefois CAIRLOND, demeure familiale.
Occupation : SUPREME • Tête couronnée de la cour du Printemps, chef des armées et maître des floraisons. Il commande, ils obéissent.
Statut social : GREEN BLOOD • Du sang bleu coule dans ses veines bombées d'énergie vitale. Une naissance auréolée de grâces et de noblesse.
Statut civil : LONELY FLOWER • Célibataire. Il a renoncé au grand amour comme à l'idée du mariage. Maintenant, que sa lignée est perpétuée, il demeurera ainsi, figé dans sa solitude tant aimée.
Orientation sexuelle : FLOWERING • Une sexualité sans frontière s'ouvre à lui, un champ de possibles où dansent une multitude de fleurs différentes et contraires. Néanmoins, séduction et frivolité ne sont pas innées chez lui.
Âme sœur : ALANA VUNDAHR • Un souvenir, un fantôme passé, une douleur endormie. Il avancera seul en dépit de la révélation qui lui fut faite par la Mère.
Allégeance : APPLE & SPRING • Servir le Printemps tout en maintenant l'intérêt Valois. Tel est son but.
Zone libre :
Aesthetic 1 :
Aesthetic 2 :
Aesthetic 3 :
Suprême
je règne sur ma cour
Printemps
fidèle à la cour du printemps
Terre
magie du printemps
Âme sœur
j'ai trouvé ma moitié
Arc-en-ciel
perso LGBTQ
Multicompte
j'me suis dédoublé·e
Team Lapin
j'écris des rps à gogo
Assis sur un fauteuil en velours vert, Ambroise écoutait avec attention l’ordre du jour énoncé par son secrétaire particulier, De la Haye, de sa voix monocorde et stricte. Un conseiller précieux dont Ambroise ne se défaisait qu’en de rares occasions, généralement mondaines, où le Fae n’avait pas grand intérêt à être présent. De la Haye était pourtant de tous les déplacements du Suprême du Printemps, tant que faire se pouvait, notamment à la capitale d’Evanor où il ne pouvait se fier à personne. Soudainement, Ambroise leva le doigt pour cesser la récitation qui tirait en longueur. Chaque matin, après un réveil aux aurores, et un déjeuner frugal, Ambroise recevait la liste des rendez-vous de sa journée. Une énumération qui semblait toujours s'étirer à l’infini. Un nom, pourtant, allait ce jour-là attirer son attention. De Péone. Ulysse de Péone. Un page qui avait autrefois servi le prédécesseur du Valois, puis Ambroise lui-même en lui donnant des tâches bien plus intéressantes que la seule échansonnerie. Il avait finalement renoncé à sa place à Rosehall quand son frère avait accédé à la seigneurie de Cordof, le nommant, au passage, trésorier du domaine. Ambroise ne l’avait pas revu depuis. Une audience, pourtant, venait d’être demandée de sa part. Ambroise arqua un sourcil et sourit avant de se replonger dans sa lecture. «
Le début d'après-midi bien entamé, Ambroise quitta son interlocuteur actuel pour passer à son prochain rendez-vous. Une audience, qui, une partie de la matinée, avait occupé son esprit. De Péone. Une maison Printanière qui était intrinsèquement liée à celle des Valois, une maison voisine, une maison alliée… Et désormais, une maison sujette. Ambroise avait le souvenir d’enfants jouant aux côtés de son fils. Des enfants, qui, désormais, dirigeaient le fief de Cordof et assureraient son futur. Un futur dernièrement assombri. Une autre affaire était dans l’air, celle de l’attaque de la Tour de la Coupe. Une attaque qui avait engendré une série de mesures sans précédent en réponse à cet assaut blasphématoire. Des mesures, qui, Ambroise l’imaginait, avait motivé la visite d’Ulysse qui viendrait certainement exprimer la position de sa famille sur le sujet. Restreindre les allées et venues, contrôler les expéditions et les réceptions de marchandises… Le Printemps s’était transformé en forteresse. Telle était la vision d’Ambroise : affirmer sa Suprématie grâce à son bras armé, et bien que sa cour n’était pas une nation militaire, l’armée pouvait se révéler dissuasive. Un caillou dans la chaussure de ceux qui voudraient désormais s’en prendre au Printemps, et donc à lui, par extension. Ambroise remonta une galerie des glaces qui menait au jardin d’hiver. Un gigantesque ouvrage de fer entièrement vitré, accolé à la façade sud du château, où poussaient des essences et des plantes venues principalement des cours de l’Été, de l’Aube et du Jour. Une oasis sous cloche qui s’ouvrait sur un jardin plus traditionnel, composé de rosiers et de nombreux arbustes fleuris, grâce à des nombreuses accès à doubles battants. Deux pages ouvrirent les portes qui reliaient la serre à la galerie intérieure, laissant Ambroise pénétrer sous la serre. «
Grand·e Fae du Printemps
Pseudo : Rosie
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Aeskells : 133
Triggers : violences conjugales | maltraitance animale
Contents : manipulation
Pronom : [IL]
Âge : [49 ans]
Race : [GRAND-FAE]
Cour : [SPRING]
Résidence : [CORDOF] - dans la forêt humide au sud-est des terres printanières
Occupation : [TRESORIER] du domaine de Cordof
Statut social : [NOBLE]
Statut civil : [CELIBATAIRE]
Orientation sexuelle : [HOMOSEXUEL]
Âme sœur : [LOUVE]
Allégeance : [TRINITE de PEONE]
Aesthetic 1 :
Aesthetic 2 :
Aesthetic 3 :
Noble
je suis de l'élite
Printemps
fidèle à la cour du printemps
Terre
magie du printemps
Arc-en-ciel
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j'me suis dédoublé·e
Foi des premiers
Je vénère les premiers faes
flower time
tw: Ø - frévrier 838 - @Ambroise Valois
Depuis le début de l’année, Ulysse, comme le reste des nobles du Printemps, devait s’arranger avec l’état d’urgence décrété par leur Suprême. Les déplacements devenaient complexes, surveillés, contrôlés. L’export de marchandise plus long à mettre en place, et donc plus couteux. L’attaque de la Tour de la coupe à l’automne avait fait bouger le printemps, et les fleurs, si belle et si fragile, avait laissé la place à la puissance de l’armée, forte, sécurisante, mais qui empiétait sur la belle vie menée jusque-là. Fervent utilisateur de son pouvoir de tamisage – Ulysse ne montait à cheval que lorsqu’Atalante et Achille lui forçait la main – il se retrouvait particulièrement embêté. Oh, il pouvait se tamiser, mais devait sortir de chaque ville avant, marcher, passer les contrôles, à pied. S’il devait choisir entre marcher et monter à cheval, le choix était très facilement fait : il monterait, ne serait-ce que pour s’éviter la longue marche qui séparait la porte principale de Mairil du palais du Suprême Printanier. Balancer par le rythme calme du pas de son Pur-Sang, Ulysse avait dépassé les contrôles sans problème. L’audience qu’il avait demandé au Suprême Valois – et qui surtout lui avait été acquise – n’avait d’ailleurs aidé qu’un petit peu. Le Noble était ce qu’il était, de haut rang, irréprochable, avec des papiers en règles et l’envie de refaire le monde. Lassé de la nouvelle situation, des problématiques que cela engendraient pour leur petit domaine, Ulysse avait osé franchir le pas, demander une audience pour plaider sa cause. La lourdeur administrative pesait, et le de Péone était davantage connu pour son audace que pour sa patience.
Il avait laissé son cheval au bon soin des palefrenier du palais royal. Guidé – bien que cela ne soit guère nécessaire – par un page, qu’il avait un jour été, Ulysse parcourait les couloirs du palais, le regard vif et l’air tranquille. Venir questionner un Suprême sur ces intentions : est-ce que cet état de siège était vraiment nécessaire ? Combien de temps allait-il durer ? ; n’était pas dans ses habitudes. Avec Gédéon Beauchamp, l’idée ne lui serait même pas venu en tête, mais, avant d’être le chef des Armées du Printemps, et plus encore, Ambroise avait été un mentor, un exemple. Lorsque les de Péone se rendait à Cairlond, jouant avec le récent seigneur, le suprême actuel. La relation des deux maisons – Valois et de Péone – avait toujours positive. A présent sujette, la maison de Péone espérait tout de même un petit geste, ou tout du moins l’obtention d’information. Ce n’était pas grand-chose, mais cela pouvait le devenir. Ulysse se devait de mettre en œuvre toute la diplomatie qu’il avait appris au fil des années, que cela soit à la cours de Rosehall, ou caché derrière les hauts murs de son domaine.
Ulysse fut reçu avec déférence, bien plus que ce qu’on ne lui avait jamais donné lorsqu’il était page. Le bas de l’échelle. Si le trésorier avait énormément appris pendant cette période, il pensait toujours qu’il aurait pu faire plus. Echanger, discuter. Tout aurait été meilleur que de resservir le seigneur du moment en vin rouge. Durant cette période – expérience pourtant prestigieuse que beaucoup rêvait de vivre – le jeune fae s’était retrouvé dans un monde qu’il était bien loin d’imaginer. Loin de Cordof, il avait quitté durant quelques années le confort et la tranquillité de son domaine pour apprendre, ouvrir ses yeux encore naïfs à ce monde bien plus complexe. Alors qu’un jeune fae – page, sans doute – le laissa attendre dans une serre magnifique, Ulysse poussa un petit soupir. Il n’était pas revenu ici depuis longtemps, depuis le fléau, la mort de son père. En d’autres circonstances, il aurait pu revenir, sous les ordres du suprême, mettre ses compétences à l’épreuve, apprendre, plus encore. Mais la Mère avait rappelé Célestin de Péone, et les trois chatons que le patriarche avait protégés jusque-là, s’étaient retrouvés en charge du domaine. Perdu dans ses pensées, Ulysse approcha ses mains d’une plante gigantesque, aux feuilles trouées de manière régulière. Il connaissait cette espèce, en ayant lui aussi plusieurs dans son cabinet. Jamais ses protégées n’avaient atteint une telle taille cependant, et il sentit presque une pointe de jalousie poindre dans sa poitrine. Pourtant, il était évident que personne – sauf le Palais de Verre de l'Aube – ne pourrait jamais rivaliser avec les Jardins d’Hiver de Rosehall.
Nostalgique de ses années passées à la capitale, Ulysse parut presque surpris à l’arrivée d’Ambroise, avant de reprendre ses esprits. « Votre Suprématie », salua-t-il, accompagnant ses mots d’une légère révérence, quelques degrés tout au plus. « Ne vous en faites pas, cela m’a permit de rattraper le temps passé loin d’ici », avoua-t-il, un petit sourire au bord des lèvres, le regard brillant encore d’une pointe de mélancolie. Servir du vin n’avait pas été la meilleure partie de sa vie. Tout le reste, en revanche, Ulysse le chérissait. En tant que page, les gens l’oubliait. Il avait écouté, il avait entendu. Dans l’ombre de son occupation, le de Péone avait observé, s’était fait une idée de la politique. Et puis, il ne fallait pas non plus se leurrer, c’était également à Rosehall qu’il avait rencontré Eros Wintell. Et si l’autre printanier ne faisait plus partie de sa vie, l’idée des ces moments qu’ils avaient passés ensemble était encore bien présente. Le de Péone jeta un dernier regard à la monstera, et reporta toute son attention sur Ambroise. « J’espère que votre précédent rendez-vous a été productif, tout comme je souhaite celui-ci. Merci de me recevoir. » La politesse, Ulysse trouvait toujours cela ridicule, mais il en connaissait la nécessité. Si certains seigneurs ou suprêmes étaient relativement conciliant, d’autres l’étaient moins. Avec le temps, s’adaptant aux personnes avec qui il échangeait, Ulysse avait appris à tempérer son impatience, à enrober ces mots de savoir-faire, et surtout, de savoir être.
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-- Don't let me fool myself, as I often do. If you watch over me, I'll watch over you. I won't let you go somewhere you can't find your way back.
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Ambroise observa le visage impubère d’Ulysse de Péone. Une frimousse qu’Ambroise avait particulièrement bien connue de par la proximité de sa maison avec celle des De Péone. Cairlond demeurait l’agglomération la plus grande à proximité de Cordof, lorsqu’on excluait Elysium, mégalopole des mégalopoles. Ambroise avait vu grandir les enfants De Péone aux côtés de son fils unique, Lysandre, et si sa mémoire était bonne, nombre d’entre eux comptaient parmi les amis proches de son fils. Une maisonnée intéressante que celle De Péone quand on connaissait leur fonctionnement interne : contrairement aux autres familles de la noblesse, le pouvoir seigneurial était partagé en une trinité qui assurait l’ensemble des fonctions qui, historiquement parlant, pesaient normalement sur une seule personne. Homme comme femme, indistinctement. Ambroise avait longtemps considéré cette forme de fonctionnement comme une étrangeté, qui, parfois, surpassait le droit d'aînesse au profit de cette triarchie sacrée. Néanmoins, maintenant, qu’il occupait la fonction de Suprême, il comprenait tout l'intérêt de ce trio : scinder un pouvoir qui pouvait pousser à la mégalomanie. Un maître et deux conseillers pour assurer que le sens des choses et des priorités ne disparaissait pas à mesure que le pouvoir s’installait. Après tout, en considérant la durée de vie d’un fae, le pouvoir, s’il n’était pas fulgurant à corrompre, finissait par ronger tout à chacun… Aussi sûrement que la rouille réduisait le fer en poussière. Le pouvoir avait la même incidence. Il grignotait l’âme pour ne laisser qu’un corps à la tête couronnée.
Esquissant un sourire, Ambroise fit signe à Ulysse de s’asseoir. Sa chevelure de feu détonnait dans tout ce vert. Un vert intense, dense, une forêt silencieuse, un havre de paix où Ambroise aimait parfois se perdre, notamment la nuit, lorsque les plantes se mettaient à chanter. «
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tw: Ø - frévrier 838 - @Ambroise Valois
A la remarque du Suprême Printanier, Ulysse hocha la tête. Un échanson, perdu parmi les autres. Invisible aux yeux des grands de cette cour qu’il admirait. Il ne regrettait pas cette période de sa vie, durant laquelle il avait beaucoup appris. Mais servir du vin au Suprême n’était pas ce dont il avait espéré en arrivant à la cour. Malgré tout, il l’avait fait. Quittant son domaine pour la première fois de son existence – il n’était jamais allé plus loin que Cairlond, à cette époque -, il avait pu découvrir la vie de la noblesse. Près de la table du suprême, il avait été à porter d’oreille, guettant chaque conversation. Il en avait entendu des choses, mais n’avait jamais laissé transparaître son intérêt. Toujours droit comme un « i », il s’était toujours montré irréprochable, professionnellement. Jamais une goutte de vin n’était venue tâcher les nappes des tables qu’ils assistaient. Précis, poli, souriant, même. Il avait appris à mentir, feignant la politesse, feignant d’apprécier ce travail qu’on lui avait confié. Mais Ulysse ne se plaignait pas de cette période, il avait grandi là-bas et usait de ce dont il avait appris pour sa vie actuelle. Gérer un domaine, même avec Achille et Atalante, restait complexe. Les triplets de Péone étaient jeunes, forcés à accomplir leur destinée bien trop tôt. C’était là l’une des plus grandes conséquences du Fléau. Des jeunes seigneurs appelés à régner. Célestin de Péone les avait formés, du mieux qu’il avait pu, mais ils leur manquaient encore tellement de chose à savoir, tellement de chose à accomplir. Ulysse avait parfois l’impression qu’il y aurait toujours quelques choses à régler, à préciser, à expliquer. Heureusement que lui, il aimait cela.
Le jeune noble s’était installé dans un fauteuil en osier, tout en répondant à la question d’Ambroise. « Mes années au palais m’ont beaucoup appris, et je vous en serais toujours reconnaissant, à vous et feu votre prédécesseur. » remercia-t-il, poliment, accompagnant son geste d’une brève inclinaison de la tête. Il le pensait sincèrement, le jeune homme. Un sourire se dessina sur son visage, alors que le suprême mentionna le seigneur de Cordoff. « La Trinité de Péone se porte à merveille. » dit-il. Parler de son frère, Achille, seigneur seul, ne lui convenait peu. Ils étaient trois, et ne pouvaient être que trois. Achille était l’aîné, certes, il portait le titre de seigneur et représentait les Cordoff dans les discussions officielles. Tout était cependant réfléchis à trois, la communication autour de leur famille, les directions politiques à prendre, la gestion du domaine. Ils avaient chacun leur rôle, et se complétaient comme les pièces d’un puzzle. « Achille prend son rôle très à cœur, et nous l’aidons du mieux que nous pouvons, avec Atalante. Nos décisions se prennent à trois, pour la plupart. » expliqua-t-il, enrobant la vérité de bonne volonté. Il se demanda silencieusement si le suprême ne savait pas déjà tout cela. Ulysse continua néanmoins, sachant pertinemment que le fonctionnement de sa famille pouvait parfois paraître comme excentrique aux yeux du monde. « Lorsque je n’échange pas avec mon aîné, je m’occupe de la trésorerie du domaine. J’ai toujours aimé les chiffres. » compléta-t-il, sourire aux lèvres.
Bien évidemment, il lui fallait entrer dans le vif du sujet. S’il ne piquait pas une suée d’anxiété comme son aîné à chaque fois qu’il devait parler avec un seigneur ou un suprême, Ulysse était bien au fait de la situation. Il n’était pas seigneur, aux yeux du monde et les de Péone n’avait que peu de poids politique. Ils étaient jeunes et manquaient d’expérience. Nombre des nobles le regardaient de haut. Ulysse devait faire attention à ce qu’il pourrait dire. Bien que l’idée de critiquer les mesures du suprême lui était bien évidemment venue en tête, il était cependant hors de question qu’il le fasse en face de lui. Ulysse pouvait cependant se renseigner, essayer de réellement comprendre ce qui avait poussé Ambroise à de telles décisions. Il se força à ignorer le froncement du front de son suprême et prit la parole d’un ton calme et contrôlé. « Effectivement, et je vous remercie encore de m’accorder du temps sans aucun sujet précis. » concéda-t-il, marquant une courte pause avant de reprendre. « J’espérais échanger avec vous au sujet de l’Etat de Siège sur la cour du printemps. Cela fait presque trois mois qu’il a été mis en place, prévoyez-vous le conserver ainsi ? » demanda-t-il, regrettant peut-être la tournure de sa phrase. Mais il ne souhaitait pas tourner autour du pot ; comme le suprême l’avait si bien souligné, ils courraient tous les deux après le temps. Evidemment, la version officielle pour cet état d’alerte était l’attaque de la coupe, mais Ulysse avait le sentiment que les mois étaient passés, et qu’il y avait surement autre chose qui motivait Ambroise. S’il n’irait pas lui poser la question directement, il se questionnait tout de même. Il n’ajouta pas que cet état de siège faisait perdre un temps précieux à un bon nombre de Fae, et qu’il alourdissait – et c’était bien là le cœur du problème – les temps de livraison. « L’exportation de produit à l’extérieur de notre cour est quelque peu chahuteé par ces nouveaux délais, et certains clients se tournent vers des alternatives plus proche, moins cher et plus rapide » ajouta-t-il finalement, justifiant les questionnements posés et l’intérêt qu’il portait au sujet. Ulysse ne remettrait jamais ouvertement en cause la décision de son suprême, encore moins s’il s’agissait d’Ambroise, fae qu’il avait croisé assez souvent pour qu’il en éprouve un certain respect, voire même plus. Mais Ulysse n’irait jamais avoué qu’il avait eu, dans sa jeunesse, un petit crush sur le père du seigneur actuel de Cairlond. Et là n’était certainement pas le sujet de leur conversation. Néanmoins, il avait posé sa question et pourrait au moins revenir à Cordoff avec des réponses, ou l’impression d’avoir essayé d’avancer. Il espérait tout de même pouvoir comprendre les motivations de son aîné. Y avait-il autre chose, dans cet état de siège, que l’attaque de la coupe ? Ou bien le Valois espérait-il, à travers cette démonstration de force, marqué son règne ? Ulysse ne saurait le dire. Si c’était le cas, il ne saurait établir pourquoi. Comme quoi, malgré tout, il lui restait encore beaucoup de chose à apprendre.
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