Oblivion [multiple]

Note Ce rp est indiqué comme "multiple". J'ai écrit le premier post en surlignant en couleur des moments où vos personnages peuvent intéragir. A vous de venir ajouter les réactions de vos personnages comme bon vous semble dans un seul post. Tous ceux qui ont un lien fort avec lui ou avec Myrra sont les bienvenus. Je ferai peut-être un post final lorsque tout le monde sera passé. Merci

Oblivion

tw: mort - meurtre - enterrement / janvier 838

Oblivion is calling out your name
You always take it further than I ever can.
When you play it hard
And I try to follow you there
It's not about control
But I turn back when I see where you go.

Le croassement d'un corbeau s'élève au-dessus d'Ondiane, sous le soleil déclinant. Celui-ci n'est pourtant pas sinistre comme beaucoup le pensent. Merrill reconnaît cet oiseau, celui avec qui il a vécu bien des prises de becs. Il n'y a que cette corneille bien précise qui peut être présente en ce moment si particulier. Rune est, au même titre que les personnes présentes, venu pour un dernier adieu.

La cérémonie se tient sur le haut de la colline d'Ondiane, juste derrière le manoir qu'habite Merrill depuis tout juste une année. Un sentier traverse un petit bois, avant d'offrir une vue imprenable sur la vallée, jusqu'à Menelmorn où les montagnes se découpent en toile de fond à l'horizon. Au sommet de la bute se dresse un seul arbre; un endroit où le couple avait l'habitude de se rendre pour jouir de simplicité. Celle que Myrra tenait à coeur de rappeler à Merrill, lui qui avait tendance à voir les choses en grand maintenant qu'il portait le titre de baron.

Pourtant, même si d'autres silhouettes se dressent derrière lui, il se sent atrocement seul. Myrra n'est plus là pour l'aider à garder les pieds sur terre, ni pour l'amuser de son humour taquin. Myrra n'est plus à ses côtés et elle ne le sera plus jamais. On lui a volé sa vie il y a presque une semaine, mais aucun des jours n'a allégé la peine de son époux qui ne sait plus comment gérer la tristesse inouïe qui guide ses pas. Son coeur est incomplet, ses visions garnies de souvenirs cauchemardesques, sa tête remplie d'une colère incomparable. Il n'a pas su résister à l'envie de détruire une partie de son manoir, de ses propres mains, si bien que ses poings sont bandés ce jour-là. Ses cheveux sont simplement noués dans un chignon derrière sa tête, alors qu'il porte une tenue sombre, un costume qu'il sait qu'elle adorait.

Quand Merrill se détourne de l'horizon, il constate le monde venu. Il avait demandé à Darya de rester dans le raisonnable, il ne tenait pas à ce que la cérémonie soit un spectacle, mais il y a bien davantage de visages présents qu'il ne l'attendait. Le Baron prend place derrière l'humble petit autel décoré d'un bouquet de fleurs immaculées, la même qui est accrochée à une poche de son veston. Il lève les yeux au ciel pour contenir ces larmes qui ne cessent de couler, l'une de ses mains frottant sa joue à la barbe taillée. Lorsqu'il retrouve la foule du regard, les invités découvrent sa mine abattue, ses traits tirés, ses cernes creusées, sa pâleur.

« Hm. Je ne m'attendais pas à vous trouver si nombreux... Merci d'être ici. Ne vous attendez à rien d'exceptionnel. Vous savez, Myrra n'aimait pas le spectacle. Elle détestait toutes ces cérémonies guindées que je lui faisais subir, mais elle les acceptait pour me faire plaisir. Je ne peux m'empêcher de penser qu'elle serait encore là, si nous n'étions pas venus... » Une main passe sur son visage pour contenir son chagrin. « Myrra était une guerrière, elle se battait pour ses idées, tout en sachant rester humble. Je la connaissais depuis au moins vingt-cinq ans. Je l'ai rencontrée durant mon service militaire alors que je n'étais qu'un gamin. Darya se souvient encore à quel point notre paire était déjà électrisante à l'époque. Nos chemins se sont éloignés puis se sont retrouvés, et c'est cette distance qui m'a fait réaliser à quel point je l'aimais. Je l'ai épousée sur un coup de tête, et ç'a a été la meilleure décision de ma vie. Je suis en train d'apprendre qu'il ne faut pas perdre de temps avec les êtres que l'ont aime. Il faut chérir chaque instant, car personne ne sait quand viendra notre heure. » Une larme roule sur sa joue. Il a le sentiment de n'avoir perdu aucune seconde aux côtés de Myrra, pourtant il a l'impression de ne pas en avoir fait assez. Ils avaient toute une vie à construire ensemble... Et rien ne pourra jamais combler ces rêves qui ne seront jamais réalisés. « Si quelqu'un veut dire un mot... » Il se décale sur le côté et laisse la place à de potentiels volontaires de s'exprimer.

Rune se pose et s'installe devant l'autel pour assister lui aussi aux discours. L'oiseau n'a jamais été si paisible. Lui aussi se recueille, lui aussi est en peine. Sur le côté de l'autel se trouve le cercueil en chêne décoré de fleurs, où Myrra y repose paisiblement. Merrill l'a longtemps observée, s'imaginant qu'elle finirait pas sortir de son sommeil, mais c'est affligeant d'attendre d'un mort qu'il retrouve la vie... Merrill fait signe à trois hommes présents dans l'assemblée de venir l'aider à déplacer le cercueil dans le trou prévu à cet effet, à quelques pas de là. La tâche exécutée, l'illyrien dépose sur le dessus l'épée de Myrra. « Je tuerai celui qui t'a fait ça. C'est mon combat désormais. Repose en paix mon amour. » Les larmes ruissellent désormais sur ses joues. Rune sautille jusqu'à ses côtés, jette un regard au cercueil où repose sa maîtresse. Il croasse, lance un regard à Merrill, avant de s'envoler. Nul ne sait où il va, ni s'il reviendra.

Merrill se redresse et laisse les personnes présentes venir le saluer. L'homme que connaissent tous ceux présents est bien loin. On voit sur son visage l'épuisement, dans son regard la colère. On sent dans son corps la faiblesse, on sait qu'il sera changé à jamais lorsque les larmes roulent par dizaines, inarrêtables. L'éole a perdu sa boussole, il est égaré entre la rage et l'affliction, ne sait pas gérer ces émotions qui le dévorent de l'intérieur.

Pourtant, cette cérémonie l'aidera à reconnaître ses véritables alliés. Des piliers de sa vie qu'il ne doit pas oublier ni mépriser. Merrill n'est pas seul, et il le comprend dans cet instant, aussi douloureux que nécessaire.

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every other shadows watching
looking for the next unlucky heart

OBLIVION

tw: enterrement | @Merrill Odegaard | jan. 838

sous les traits d'une Fae de l'Automne:

Ombre parmi les arbres, elle se tient à l’écart de la petite foule qui s’est formée au sommet de la colline. Elle observe, de loin, silencieuse. Le cœur lourd et l’air grave. Elle ne se sent pas à sa place parmi tous les invités. Se demande, d’ailleurs, si sa présence n’est pas en réalité une mauvaise idée. Elle prend un risque, Louve, à ainsi refaire surface. Elle qui s’était jurée de laisser son ancienne vie derrière elle et de ne jamais regarder en arrière. Elle avait tiré un trait sur les Stormvaengir et sur Merrill, quand bien même ça lui avait déchiré le cœur. Mais c’était ça ou la mort, et, au final, elle avait préféré se persuader qu’elle n’avait pas le choix. Qu’à présent ils étaient l’ennemi et que pour survivre il fallait fuir. Elle serait bien mieux sans eux ; et inversement. Seulement, quand la nouvelle de l’assassinat de l’épouse du Baron Odegaard s’était répandue comme une trainée de poudre, Louve n’avait pas hésité. Il fallait qu’elle soit là. Qu’elle vienne. Pour lui montrer son soutien. Son amour. Envers et contre tout. C’est bien ce qu’ils s’étaient promis, pas vrai ? Pour toujours et à jamais. Alors oui, il y avait eu des hauts, et plus récemment de nombreux bas. Mais elle ne pouvait pas tourner le dos à Merrill. Pas, en tout cas, en pareilles circonstances.

Louve ne connaissait pas très bien Myrra. Les deux femmes ne s’étaient croisées à chaque fois que brièvement. Mais elle se souvient de la manière dont Merrill la couvait du regard, et Ô combien il était heureux et épanoui à ses côtés. Louve, elle n’y connait rien à l’amour. Pas plus en ce qui concerne les Âmes Sœurs. Mais elle a vu Merrill changer avec Myrra. Devenir meilleur. Et l’imaginer, à présent, devoir vivre sans elle… Ça lui enserre le cœur et ça lui tort les boyaux. Il ne méritait pas ça. C’est le seul constat qui s’impose.

Le vent lui porte les paroles de Merrill. Lointaines, enrouées. Elle n’entend pas tout mais en comprend le principal. Il ne lui en faut pas plus pour qu’elle pince les lèvres, consternée. Elle ne l’avait jamais vu aussi affecté. Aussi brisé. Mais comment aurait-il pu en être autrement ? Louve a perdu beaucoup de choses, et a connu bien des souffrances. La perte d’un être cher, à l’image de Myrra, lui reste cependant encore inconnue. Elle ne peut donc qu’imaginer, et tressaillir.

Les prises de parole s’enchainent, jusqu’à ce que finalement elle devine que le corps soit mis sous terre. Des silhouettes se dessinent jusqu’à Merrill. Accolades, étreintes, simples regards compatissants et affligés. Les échanges s’enchainent, sans jamais vraiment durer. À l’abri des regards –car tous sont focalisés sur la personne de Merrill– Louve hésite. Se demande si elle ne devrait pas s’avancer et rejoindre le petit groupe. Se fondre dans la masse d’inconnus qui ont connu Myrra et qui viennent lui rendre un dernier hommage. Pour l’occasion, elle a emprunté les traits d’une Fae de l’Automne, collant ainsi avec les origines de Myrra. Dans un moment pareil, personne ne poserait de question, elle pourrait ainsi s’approcher et… Et quoi ? Il n’y a rien à dire. Strictement rien. Louve doute de l’utilité de sa présence. Se demande si, au final, elle ne ferait pas plus de mal que de bien. Et c’est face à cette hésitation que finalement elle renonce. Une autre fois. Merrill est entouré des siens. De sa famille. C’est probablement mieux ainsi.

Alors qu’elle s’apprête à rebrousser chemin et à disparaitre pour de bon, un bruissement d’ailes lui fait tourner le regard. C’est Rune qui s’est perché sur une branche juste à côté d’elle. Il l’observe, patient. Comme s’il savait, même à travers le masque, qui elle était. Doucement, Louve s’approche. Jusqu’à caresser du bout des doigts le corps de l’emplumé. Un pâle sourire qui se dessine sur ses lèvres. Au moins lui ne l’a pas oubliée. Elle sort d’un pan de sa cape un petit bracelet en cuir. Des fils tressés avec patience. Rudimentaire, élimé par le temps, mais gorgé de souvenirs. Merrill l’avait offert à Louve, il y a bien longtemps de cela. Et même si elle avait hésité à de nombreuses reprises à le balancer dans le fleuve ou à le bruler, elle l’avait finalement gardé précieusement avec elle. Dernier vestige de celle qu’elle était dans le passé. De cette petite Masha qui considérait Merrill comme son frère et qui aurait donné sa vie pour lui. « Tu lui donneras quand ce sera le bon moment, qu’elle murmure à la corneille en lui tendant le bracelet. » Cette dernière l’attrape entre son bec puis, après un bref croassement, s’envole sans demander son reste. Louve l’observe disparaitre entre les arbres, puis après un dernier regard vers Merrill et vers l’attroupement, s’évapore à son tour.

Oblivion

tw: mort - meurtre - enterrement / janvier 838

Les opales sombres de l'illyrien se posaient sur la silhouette de son ami aux traits creusés par la détresse dans laquelle il se trouvait. Perdre son âme-soeur de la sorte était certainement une sentence pire que la mort. Et par réflexe, Edvin serra discrètement la main de celle qui se trouvait à ses côtés @Argella Storgaard qui portait leurs enfants. La possibilité qu'elle lui soit arrachée lui paraissait impensable, intolérable. Il n'osait imaginer ce que ressentait l'Odegaard et dans ce méandre de tristesse, il tâchait de se montrer présent. S'il ne connaissait pas Myrra, il avait suffisamment de raison pour se tenir là, en ce jour funeste qui lui serre le coeur. Tout comme les autres convives, nul rire, nul sourire mais des visages fermés. Dans sa tenue sombre, l'assassin sentait pour une fois, le froid du vent fouetter son visage, lui qui y était pourtant insensible. Un froid aussi glaçant que la mort.

Puis vint le moment du discours. D'une voix brisée, Merrill prenait la parole, les remerciant pour leur présence avant de décrire celle qui avait partagé sa vie des années durant. Une guerrière qui se battait pour ses idées, une description que le Lovendal ne connaissait que trop bien. Celle-ci faisait écho à la cheffe du clan des Ombres Sauvages à qui il adressa une oeillade appuyée. Une chose était sûre, la Mère se montrait cruelle, arrachant à Merrill le bonheur de vivre d'amour, eux qui étaient si jeunes. Ils avaient la vie devant eux, désormais réduite à néant. L'émotion à son comble, sa main se serrait dans celle de l'argentée, il laissa la parole à d'autres, Edvin ne se sentait aucunement légitime à évoquer Myrra, n'ayant jamais pu vraiment lui parler. Rien de bien étonnant avec ses activités peu recommandables. Par la Mère qu'il détestait ce genre de cérémonie, lui qui pourtant donnait la mort aisément - il portait sur la conscience les vies qu'il avait fauché et toutes l'avaient mérité, selon lui. Pas Myrra. Pas elle.

Merrill fit signe à trois hommes dont Edvin de porter le cercueil. Il s'exécuta sans un mot, la mine déconfite, des cernes sous les yeux. Il reposa ce dernier sur son épaule - que c'était lourd...songea-t-il tandis qu'ils s'avançaient dans le silence vers l'endroit où elle reposera. Engoncé dans les entrailles de la terre, il jeta un coup d'oeil désolé au cercueil avant de s'en éloigner. Vint le moment des salutations, Edvin se contenta d'une tape sur l'épaule suivi d'un enlacement amical. Les mots ne suffiraient pas à apaiser sa douleur, le soldat de l'hiver était de toute façon incapable de parler tant il avait la gorge serrée. Pour autant, dans son étreinte, il avait chuchoté à son ami et allié. "On retrouvera le coupable." Une promesse tacite qu'il comptait mettre ses Zéphyrs à contribution dans cette quête de vengeance. Envers et contre tout.

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winter soldier

Some call our realm a world of shadows, but that makes it sound so unpleasant. The twilight there holds a serene beauty. You have seen it yourself as the sun sets on this world.

Oblivion

tw: mort - meurtre - enterrement / janvier 838

Le soleil décline au-dessus des collines d’Ondiane. Dana se tient dans l’assemblée, silencieuse, le visage fermé, dans une robe sombre sans aucune fioriture, au coton épais et aux manches longues. Ses doigts tremblent légèrement lorsqu’elle observe Merrill, une mine abattue, le visage tiré et les cernes creusés. Ses lèvres tremblent lorsqu’elle l’entend s’adresser à l’assemblée. La Volyn ne connaissait pas beaucoup Myrra, mais Merrill est cher à son cœur, avec les années il est presque devenu comme un frère. Sa gorge se serre lorsqu’elle le voit se passer une main sur le visage. Les larmes au bord des yeux, Dana tente de ne pas pleurer. Le spectacle de cette douleur sur les traits de son ami est insupportable dans son esprit. L’impuissance s’empare de la nocturne qui aimerait avoir le pouvoir d’effacer tout son malheur. Elle aimerait soulager ses épaules affaissées, redorer son merveilleux sourire, rallumer ce scintillement pétillant dans les yeux de l’Odegaard. Mais c’est impossible. Myrra s’était envolée pour toujours. Le dos droit et crispé, Dana écoute les discours qui s’enchainent, son regard alterne entre ceux qui parlent et la silhouette de Merrill. Que c’est douloureux.

Trois hommes se lèvent dans l’assemblée pour aider Merrill à porter le cercueil de Myrra. C’est à ce moment que Dana cesse de retenir ses larmes, qui coulent silencieusement sur ses joues. La boule dans la gorge elle suit du regard le cortège funèbre. Elle reste en retrait. Dana sait que son frère est là, présent pour son ami, elle sait qu’elle ne peut rien faire de plus qu’être présente dans cette assemblée. La nocturne ne peut qu’espérer que le temps aidera Merrill à se battre, à continuer de vivre, malgré la perte de cette moitié d’âme. Ses pensées la ramènent à des temps douloureux, ceux de la perte de Taryn et des pleurs de Neven. Ses pensées l’amènent vers Aslan, qui se trouve à Elysium et elle n’ose imaginer, la douleur que sa disparition causerait. Ses larmes continuent de couler, silencieuses, discrètes, alors que l’illyrien pose l’épée de Myrra sur le dessus de son cercueil. Son corps tremble légèrement de tristesse, face à la détresse de Merrill.

L’illyrien se redresse et les personnes dans l’assemblée s’avancent pour le saluer. Pour dire quoi ? Dana ne sait pas. Que peut-on dire ? Rien. La fatigue se ressent sur le visage de Merrill, la colère s’observe sur son regard. C’est au tour de Dana de faire face à son ami, cet ami si cher à son cœur. Sa gorge se serre soudainement, elle a l’impression que tous les mots du monde ne suffiront à pas à guérir la déchirure de l’âme du guerrier. D’un geste tremblant, elle le prend doucement dans ses bras, elle le serre aussi fort qu’elle le peut comme pour lui donner tout l’amour dont elle dispose même si elle sait, que ce ne sera pas suffisant. Rien ne sera suffisant. « Je suis là n’importe quand. » C’est tout ce qu’elle peut chuchoter à son oreille. C’est si banal, si ridicule. Elle se sent bête. Elle lui dit tout de même. Puis elle s’éloigne, laissa la place à une autre étreinte, à d’autres mots. Ses épaules tremblent légèrement sous le poids de la tristesse du moment, sous le poids de cette terrible soirée sur les collines d’Ondiane, au soleil déclinant.

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tell me that you want me — And I'll be yours completely, For better or for worse ;; @kodaline, astra

oblivion

tw mort, meurtre, enterrement — janvier 838

Elle aurait préféré qu'il pleuve à verse. Au moins la météo aurait reflété les émotions qui se bousculent sous son crâne et les aurait illustrées bien mieux que les mots n'y arriveront.

Le deuil lui étreint la poitrine, mais ce n'est rien devant la façon dont Merrill semble s'effriter à vue d'œil, n'a plus rien du gaillard grande gueule et imbu de lui-même qu'elle a vu grandir, qu'elle a à moitié élevé, vraiment. Darya se tient droite, rigide, la colonne vertébrale coulée dans de l'acier faélique, ses galons militaires qui brillent sous les derniers rayons de soleil qui éclairent Ondiane — hors de question qu'elle se pointe comme une Dame, elle est militaire et le restera, et surtout Myrra mérite au moins ça. Darya garde le dos droit et le visage fermé, la mâchoire serrée dans une ligne dure et têtue, les yeux braqués droit devant. Sur Merrill qui s'effrite sous son regard, sur Myrra dans son cercueil, sur ce putain de ciel trop bleu et trop guilleret pour l'ambiance pesante d'un putain d'enterrement, sur l'injustice de tout ça.

Foutu monde de merde.

Elle peut entendre Lev renifler un peu plus loin. Lui ne cache pas ses larmes, les yeux rouges et gonflés, le menton qui tremble clairement. Darya n'est pas certaine de ce qui se bouscule en elle en cet instant — elle ne sait pas si elle veut vomir, éclater en sanglots ou s'enfuir le plus loin possible pour se mettre des œillères et prétendre que tout va bien. Alors elle ne fait rien de tout ça, préfère plutôt s'emparer de la main organique d'@Ilya Ozerov et de la serrer assez fort pour lui faire mal, sans doute aucun.

Les discours arrivent. Darya se tait, parce qu'elle a toujours été plus douée avec les poings qu'avec les mots, mais Lev ne se fait pas prier — retrace en quelques mots simples la carrière de Myrra, comment il l'a vue s'épanouir avec le temps. Sa voix chevrote franchement, et la mâchoire de l'hybride se serre tellement que ses dents grincent.

Mais elle garde le dos droit. Parce qu'il faut bien que quelqu'un reste droit et inamovible comme les montagnes qui surplombent Menelmorn, et s'il faut que ce soit quelqu'un, autant que ce soit elle. Elle s'effondrera plus tard, loin des regards, dans l'intimité de son propre esprit. Pour le moment, elle se doit d'être un roc sur lequel Merrill pourra s'appuyer autant que nécessaire.

Elle ne sort de son immobilisme qu'au moment d'emporter le cercueil, parce que Darya n'est pas douée avec les mots, mais les gestes parlent bien plus. Une dernière pression sur la main d'Ilya et elle rejoint le cortège, les muscles qui grognent, le visage assombri d'une fureur mal contrôlée — mais Myrra mérite au moins ça, mérite d'être accompagnée jusqu'au bout.

Aurait mérité tellement plus que mourir comme ça.

C'est fait. Myrra Valle reposera à l'ombre d'un arbre, sur les collines d'Ondiane. L'envie de vomir fait place à une envie de hurler jusqu'à ce que ses cordes vocales se brisent, mais Darya ne se fend que d'un reniflement à peine audible, le pli de sa bouche qui se marque d'une amertume désagréable.

Quand elle s'approche enfin de Merrill, embarqué dans une étreinte par Lev qui lui a sûrement contusionné les côtes, elle se contente de l'observer un long moment en silence. Ce n'est qu'au bout de plusieurs secondes qu'elle l'enlace à son tour — une étreinte longue de plusieurs minutes, où elle se permet de le bercer comme s'il était de nouveau ce gamin de huit ans, haut comme trois pommes et déjà grande gueule, le menton appuyé au sommet de son crâne. « Je te jure qu'on trouvera le connard qui a fait ça. » Le ton de sa voix a des accents de serment qui se teintent de quelque chose de bien plus sombre — la même détermination d'acier, dangereuse, qui a longtemps fait sa réputation. « On le trouvera, et je le tiendrai par les bras pendant que tu l'éviscères lentement. »

Un soupir, un peu tremblant. Puis Darya finit par lâcher Merrill, uniquement pour attraper son visage entre ses deux mains et appuyer son front contre le sien avec toute la douceur du monde. « Menelmorn t'es grand ouvert, Merrill. Et ne pense même pas à disparaître quelque part dans les bas-fonds d'Elysium, sinon je viendrai te chercher par les plumes pour te ramener ici et t'obliger à passer quelques jours avec tes nièces. Compris ? » Il a promis d'être là pour le premier envol de Milena, après tout.

Une petite tape sur sa joue. Rien qui ne fasse mal, simplement un rappel, gentillet, qu'il a encore des choses à voir en dépit de cette tragédie.

Mais c'est tout ce qu'elle s'autorisera aujourd'hui.

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magic in my bones

if you wanna start a fight you better throw the first punch, make it a good one.

Oblivion

tw: mort - meurtre - enterrement / janvier 838

Cela faisait déjà un moment qu'Ilya n'avait pas assisté à pareil événement. Pas pour des personnes qui se voulaient proches de lui. Pas depuis le Fléau.

Pourtant, il se tient là, au bras de sa femme et âme-soeur, parce qu'il ne peut en être autrement. Même si la douleur et l'envie de se trouver à des kilomètres lui labourent l'estomac, il se doit de se tenir aux côtés de celui qu'il considère comme l'un de ses plus proches amis depuis quelques années déjà. Celui à qui il doit une dette de vie. Celui qu'il a permis d'occuper la place qu'il occupe actuellement dans leur société si arriérée.

Et pourtant, rien que d'y penser lui retourne le coeur et une part assez rationnelle de lui ne peut que lui murmurer qu'il porte une part de responsabilité dans tout cela. Sans sa tentative d'assassinat, son sauvetage et l'anoblissement de Merrill qu'il avait poussé de toutes forces, peut-être sa femme, son âme soeur n'aurait-elle pas été prise pour cible ? Et si tout cela relevait d'y mise en garde ? D'une façon de leur rappeler à tous que ce monde était régit par des lois merdiques qu'ils ne devaient pas transgresser ?

Un mélange de peine et de culpabilité qui le clouent sur place et l'empêche de participer activement au moindre discours. Oh non, Ilya ne veut surtout pas prendre la parole et sa bouche reste fermée alors qu'il veut se faire le plus discret possible.

'C'est de ta faute'

Et même cette pensée le torture de rapporter cela à lui alors que son ami souffre le martyre. Lui-même ne saura pas ce qu'il ferait s'il venait à perdre celle dont il tient le bras à cet instant précis. Sa prise se fait d'ailleurs plus fort rien qu'à cette pensée, alors que ses yeux bleus embués de larmes se posent sur elle. Non, il ne saurait clairement pas ce qu'il ferait.

Alors, est-ce que la peur aurait son dernier mot ?

Le discours de Merrill est déchirant mais il le sait nécessaire, et même s'il n'eut pas l'occasion de tisser des liens aussi fort avec elle, Ilya se souvient avec tendresse des situations rocambolesques et de leur rencontre. Un souvenir désormais.

Son état ne lui permet pas vraiment s'assister les personnes qui viennent porter le cerceuil, mais il laisse les plus compétent s'en charger, laisse sa femme d'une caresse prendre cette place qui lui revient de droit. Une larme coule dans une discrétion absolue sur le visage du Seigneur dont les traits sont tirés, mais il attend avec patience son tour pour approcher de son ami. Juste derrière Darya qui le prend dans ses bras dans une étreinte longue et maternante. Ilya s'appuie sur sa canne quand elle lui laisse la place et qu'il pose une main soutenante et sincère sur l'épaule de celui qui fait bien presque au moins une bonne tête de plus que lui. Un sourire en coin se fait quand même présent quand il se fait l'écho des paroles de Darya : « Tu sais à quel point elle ne blague pas. Surtout que tu sais que je suis là aussi, et te retrouver serait un jeu d'enfant. ».

Néanmoins, il se fait tout à fait sérieux quand il reprend : « Nous ne pouvons pas complètement sécher tes larmes et ta peine, mais nous sommes là. De la façon que tu jugeras le mieux, nous sommes là. Tu sais que la moindre chose te sera accordée, parce que tu es notre ami et que nous t'aimons. ». Autant être franc et le fae se surprend lui-même de pareille confidences.

Mais dans certaines situations, celles-ci son nécessaires.
Ce moment en fait partie.

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Oblivion

tw: Enterrement, mort, meurtre | Janvier 838 Outfit Inspo 1 2

"Runnin' out of all these alibis
(When they ask me how I'm holding up)
I can feel me caving in
And now all that I can say

It is, it is, it is what it is
All the things I couldn't change
I lay with someone else's sins
Let my soul just fly away
All the way up to heaven's light
I pound those gates with no reply" ♪

La lumière faiblissante se dépose avec justesse sur la petite assemblée voûtée. L’air de janvier est frais ce soir, après plusieurs jours de beau temps. Comme si la mort, en ce jour commémorée, avait déposé une chape de brume froide sur la colline et ses alentours. Esmeraldian observe avec gravité les silhouettes crispées par le malheur, le ressentiment et l'abattement. Elle pose des yeux encore plus attentifs sur la carrure de son ami, son allure, l'absence qui a l'air de l'habiter alors qu’il fait dos à l’assistance.
La Chevaucheuse a été entraînée à disparaître. Ainsi, immobile, sombre, elle se confond parmi les troncs et le feuillage. Invisible pour les yeux, indétectable pour ces faes, ces hybrides et ces illyriens, qui ne possèdent pas le pouvoir de l’Aube qui permettrait de la débusquer. Et si elle se trompe, si quelqu’un parmi eux l’a remarqué : personne ne vient la déloger. Tout comme elle ne délogera pas cette automnale qui, comme elle, reste à l’écart.
Cela ne l’aura pas empêché de veiller quelques minutes sur les gestes de l’inconnue, sans savoir si elle tenterait quoi que ce soit, prête à intervenir au moindre signe d’hostilité. Mais rien ne vient troubler l’étrange quiétude de ces funérailles, et Merrill entame son discours, ramenant son attention à lui.

Et le palpitant aubéen se serre, à cette mine défigurée par la tristesse, le manque de sommeil, l’atrophie du manque. Esmée déglutit en prenant peu à peu conscience de tout ce qu’il endure. Cette moitié d’âme arrachée qui l’a destituée d’une partie de lui. Pendant un court instant, il lui semble que l’ailé ne pourra plus jamais sourire et ça la rend malade. Et pourtant ses mots sont empreints de respect envers celle qu’il a aimé, ils en apprennent un peu plus à la divergente qui n’a pas connu la baronne. Un sourire léger quand à sa description : Myrra avait l’air d’être une femme bien. Un être juste et flamboyant.
Elle avait l’air parfaite pour toi, pense la fae en observant l’illyrien qui termine et invite quiconque à prendre la parole.

Mais le silence est pur, solennel. L’aurorale ne saurait dire si quelqu’un à parlé ensuite ou non, elle a l’impression que le plus important a été dit. C’était un couple fier et solide, et quelqu’un les a séparé pour toujours. Le ciel donne l’impression qu’il est prêt à craquer, à déverser une pluie qui n’en finira jamais sur le domaine d’Ondiane. Mais il n’y a que les yeux des uns et des autres qui s’embrument, quand le cercueil est porté jusqu’à sa dernière demeure. L’épée de la guerrière est déposée avec soin, laissant Esmée deviner une énième fois à quel point elle devait être forte.
La Vanserra aurait détesté finir ses jours ainsi, après avoir combattu fièrement pendant des années. Elle se serait retournée dans sa tombe, d’avoir été forcée de quitter ce monde après un coup dans le dos, après avoir été aussi heureuse. Et elle est prête à parier que Myrra aussi.

Tout ce que la fae envie à la défunte, c’est d’avoir connu l’amour, d’avoir pu le célébrer. Et d’être aussi bien entourée, même dans la mort. Esmée n’est pas certaine de pouvoir jamais en dire autant. C’est de la haine et de l’amertume qui semble guider les uns et les autres. Trop loin pour pouvoir entendre les murmures privés qu’échangent Merrill et ses invités, elle devine sans peine les promesses formulées, leur contenance. Et l’aubéenne est partagée à ce sujet. Ses doigts sont trop tachés de rouge pour qu’elle puisse oser prôner la non-violence en réponse à cet acte odieux. Et de toute façon, ce serait inutile. Elle sait son ami trop passionné, trop fougueux et malheureux pour renoncer à se venger. Une personne de plus à rajouter à la liste de ces ennemis qu’il a juré d’anéantir, ne saurait l’arrêter. Alors qu’il suive ce but, si ça lui permet de s’accrocher.

Esmée n’est qu’une présence qui tient à être là pour soutenir son ami qui souffre. En aucun cas, elle ne l’empêchera de se livrer à ce combat. Le soutiendra même, comme l’ont promis tant d’autres en ce jour funeste.

La fae s’était tenue à l’écart tout du long, prenant part à la cérémonie sans se mêler à tous ces inconnus qui méritaient sans doute plus amplement leur place. Un à un, elle avait tenté de les reconnaître, certains avaient été présents ce soir-là, d'autres non. Puis, après un moment, chacun d’eux s’était retiré pour laisser au baron le temps de se recueillir encore un peu. Esmeraldian aura attendu qu’il soit laissé seul devant la butte de terre pour s’approcher en silence.
Un pas après l'autre, leur son léger étouffé par l’herbe fraîche, la fae s’avance lentement jusqu’à atteindre Merrill. Elle ne marque pas sa halte tout à fait à ses côtés, rien qu’un peu en retrait comme le serait une ombre de début d’après-midi. L’aurorale reste sans mot dire, pour observer cette sépulture qui a poussé sur la colline. La nuque toujours baissée en signe de piété, mais aussi à cause de ce poids sur ses épaules. L’ambre se pose sur la terre fraîchement battue.
De chair et d'os, la fae a pourtant l’air fantomatique. L’absence de paroles, de gestes brusques, le silence de son arrivée, son invisibilité durant toute la cérémonie... Comme un esprit qui ne fait que veiller sur cet ailé qui lui est cher. Sa veste noire camouffle l’hanfu blanc qu’elle arbore. Couleur symbole de la mort chez les siens, mais qui pourrait froisser ceux qui n’auraient pas connaissance de cette pratique. Elle l’avait couvert pour ne pas être remarquée, par conformité aussi même si elle, au fond, saurait. Son habituel ruban rouge a disparu ce soir, par respect. Dian pose un genou à terre, fleurit la tombe d’une chrysanthème d’araignée immaculée. Elle reste une minute ou deux sans bouger, en attente d’un geste de son ami, d’une requête d’être seul s’il le désirait. Ne fais ni promesse ni ne dit mot. Elle n’adresse à la Mère qu’une prière silencieuse.

Enfin, doucement, Esmée prend la main de Merrill. D’abord en glissant ses doigts dans la paume de l’ailé, puis en la pressant un peu plus franchement. “Je suis là”, que signifie ce geste qui est si inhabituel pour elle. Qui est si inhabituel entre eux, tout court. Et le crépuscule qui menaçait, tire finalement le rideau sur la journée, et sur cette période de la vie de l’illyrien endeuillé.

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Oblivion

tw: mort - meurtre - enterrement / janvier 838

Argella glissa un regard sur Edvin tandis que la pression de sa main dans la sienne se faisait plus importante. Il n'était pas difficile de savoir à quoi il pensait tandis que l'instant solennel appelait au recueillement et au souvenir. Argella n'avait que peu connu Myrra. Connaitre était même un grand mot pour celle qui ne quittait que trop rarement ses montagnes mais elle avait vu Merrill changer à son contact et le bonheur qui avait été sien lorsqu'il évoquait son automnale âme soeur, devenue épouse, n'avait d'égal que la tristesse qu'il arborait aujourd'hui. Elles appartenaient au même cercle, des zéphyrs du nord, mais elles ne s'étaient que peu fréquentée, trop peu, songea Argella tandis que, remettant toujours à plus tard l'opportunité de réellement échanger avec la jeune baronne d'Ondiane, elle s'en voyait désormais privée à jamais. Elle était triste pour Myrra, certes : les circonstances de son décès étaient aussi terribles que prématurées. Mais triste, Argella l'était encore plus pour Merrill. Elle répondit à la pression des doigts d'Edvin par une caresse du pouce tandis que sa main libre venait dessiner l'arrondis de son ventre, révélant le petit illyrien qui grandissait sous le tissus noir de sa robe. Sans Merrill, sans Myrra, peut être n'aurait-elle pas pu être la, son bras contre celui de l'hivernal, le réconfort de la protection que sa présence lui apportait lui permettant de vivre sereinement sa grossesse. Sans eux, elle n'aurait peut être pas échappé aux milices faes traquant les intrus de la Tour. Elle déglutit en songeant au funeste destin qui avait fauché la légion écarlate à la Tour du Pendule, à cet enfant qu'Edvin n'aurait jamais su qu'elle attendait, à ce futur qui n'aurait simplement jamais existé sans eux, sans elle.

Edvin la lâcha, rejoignant Merrill pour aider à porter le cercueil, délaissant l'argentée qui demeura seule avec ses pensées. Ils étaient nombreux à s'être déplacés que ce fut pour rendre un dernier hommage à une amie ou pour soutenir le mari endeuillé : peut être était-ce la beauté de la chose, songea l'illyrienne en regard tristement le Odegaard, dans cet instant où la moitié de son âme venait de lui être arraché, il n'était pas seul. Elle en fut quelque part soulagé quoi qu'elle se doutait que le chemin du deuil serait long pour le baron désormais veuf, empreint de tristesse et de colère, d'oubli et de revanche. Dans son état, Argella ne pouvait réellement suivre la procession et se contenta de faire ses adieux de loin, murmurant dans le vent :

Et puissent les étoiles te guider vers des vents plus cléments, vers des cimes plus accueillantes, et des batailles plus glorieuses.

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┗ THE WINTER STAR ┛

The ones who'd been gone for so very long she couldn't remember their names, they spun her around on the damp old stones spun away all her sorrow and pain

Oblivion

tw: mort - meurtre - enterrement / janvier 838

La mort était d'un incroyable ennui. Elle se répétait encore et encore, surprenant par sa soudaineté et non par sa nature. La mort était la seule entité qui prenait sans distinction. Jeunes, vieux. Hommes, femmes. Faes ou illyriens. Elle venait sans se soucier d'une quelconque justice, sans s'inquiéter de la désolation qu'elle laissait derrière elle.

Il n'avait pas attendu le jour de son départ lorsqu'il avait été question d'annoncer à Adrielle qu'il prolongeait son séjour dans la Nuit. La mort de la baronne d'Ondiane avait du parvenir jusqu'à Elysium et il ne doutait pas que l'estivale soit déjà au courant des tragiques évènements de Starfall. Quelque soit l'existence qu'il envisageait d'avoir, partir aurait été renier ce qu'il avait été, ce que ces gens étaient pour lui. Partir aurait été le reniement de sa propre personne. Et, paradoxalement, il avait faillit le faire. Car la peine de Merrill réveillait tant de chose en lui, parce que même une fois le deuil accomplis, l'on oubliait jamais totalement l'être aimé qui nous avait laissé seul dans ce monde. Aux lendemains du drame, Neven s'était surprit à revivre une autre mort, une autre peine : des années plus tôt, c'était lui qui étreignait le corps de sa compagne en suppliant toutes les divinités de ce monde de mettre fin à ses souffrances. Et puis, il avait fallut du temps. Du temps pour ne plus l'appeler à travers la maison, du temps pour ne plus la voir à chaque coin de rue, du temps pour se faire au froid de son absence dans leur lit. Des années et pourtant, il lui semblait que cela remontait à la veille tandis qu'il revivait par procuration la période la plus sombre de son existence. Son salut, il l'avait trouvé auprès de ses proches, de sa famille qui ne l'avait jamais abandonné, des trois éoles avec qui il bâtissait un monde dont Taryn aurait été fière, de Darya qui s'assurait qu'il ne se perde pas lui même. Il avait finit par se relever, par imaginer de nouvelle chose, par s'ouvrir de nouveau. La blessure de l'absence de Taryn ne disparaitrait jamais, mais elle était une douleur devenue supportable, une douleur qui lui rappelait ce qu'ils avaient vécu ensemble. Mais Taryn n'était pas son âme soeur et l'histoire était jonchée de conte de bonnes femmes dans lesquels on prétendait que la perte d'une moitié était la pire de toutes les souffrances.

On a beau avoir la certitude que cela ne s'arrêtera jamais, peu importe combien l'on essaie, on ne peut pas courir pour toujours. Et finalement, c'était ainsi que l'histoire se terminait.

Il rejoignit Merrill et Edvin, compensant par les actes, son silence depuis Starfall. Il n'y avait rien qu'il pouvait dire qui ne l'avait pas déjà été et il se contentait d'hocher la tête de temps à autre, approuvant les paroles des amis communs, les promesses de vengeance quoi qu'il doutait que cela soulage le vide qu'elle avait laissé. Les condoléances ne trouvaient leur chemin qu'une fois la stupéfaction passée mais lorsque le brouillard s'estomperait, sans doute cette mobilisation d'amis, cette affection que tant et tant lui portait finirait par atteindre son coeur. D'ici là, ils ne pouvaient qu'être présents et respecter ses choix : si solitude il voulait, s'assurer qu'il ne fasse pas de bêtises, si changement il désirait, lui offrir le refuge de l'âme. Lorsque son tour vint, Neven posa une main sur l'épaule de l'illyrien mais il garda son silence habituel, se contentant d'un regard lourd de sens : s'il voulait en parler, s'il voulait une simple présence et une bouteille bien pleine, s'il voulait juste la paix d'un silence. Il était là.

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┗ the starless king ┛

There's just one thing I hope you know, I loved you so 'cause I don't even care about the time I've got left here, the only thing I know now is that I wanna spend it with you, with you nobody else here. Tonight is gonna be the loneliest you'll be the saddest part of me. A part of me that will never be mine.

oblivion

Lettre envoyée en Février 838

Le regard d’acier d’Aslan se fixa quelques longues secondes sur la flamme de la bougie qui l’éclairait. Il s’était retiré dans sa chambre, fuyant le chaos joyeux qui régnait au rez-de-chaussée du Pied à Terre, pour s’installer à son bureau. Une plume dans la main, le combattant ne savait pas par ou commencer. Le début, certainement, mais comment. Perdu dans ses pensées, il revoyait quelques images du passé. Il revoyait ses années de soldat, sa vie d’avant, celle éclatante qu’il avait passé sous les étoiles. Plus encore, il revoyait ses compagnons soldats, un en particulier. Les jours ou Darya laissait au nocturne la dure responsabilité de formée Merrill lui revenait en tête. A ses souvenirs, un petit sourire éclaira le visage d’Aslan, en pleine échange spirituel avec son passé. Il se souvenait de la hargne de l’Illyrien, de sa force, de son feu intérieur. Face à l’activité débordante du jeune combattant, Aslan s’était d’abord retrouvé démuni. Comment gérer tant d’énergie ? Comment motiver le gamin à se poser, à réfléchir ? Rien n'avait préméditer le nocturne à une telle expérience, et pourtant… Il avait apprécié, il avait grandi en même temps que l’Illyrien, s’était retrouvé autant maître qu’élève. Aslan avait développé un profond respect pour l’homme que Merrill était devenu, et lui devait d’ailleurs son démarrage à Elysium en tant que mercenaire. Passé la surprise et la peur violente de perdre Dana, une tristesse insondable l’avait inondé. Apprendre la perdre de la moitié de Merrill l’avait bouleversé. S’il n’avait que peu connu Myrra, il ne pouvait qu’imaginer les blessures du cœur de son ami. Bien qu’Aslan évite de se perdre dans les sentiments d’inquiétudes et d’angoisse qui lui venaient à la mention même de la cour de la nuit, il ne pouvait s’empêcher de penser à son ami, à ce qu’il avait perdu, à ce qu’il devait ressentir. Sans pouvoir être présent, et sans savoir si ces mots pourrait un tant soi peu apaiser le cœur et l’esprit du mercenaire baron, Aslan avait décidé de prendre la plume. Perdu dans son esprit, la lumière de la lune éclairant la nuit d’Elysium, la plume d’oie qu’il avait entre les mains commença à tracer son chemin.

Mon chère Merrill,
J’ai appris avec regret et grande tristesse ce qui s’est passé lors de la nuit des étoiles. Si je ne prétends pas connaître Myrra, je ne peux qu’imaginer la détresse que tu dois ressentir en cet instant. Aucuns mots ni aucuns actes ne pourront apaiser la douleur de cette perte, mais j’espère que tu sauras t’entourer de tes amis pour affronter cette épreuve.
Ne te perds pas dans la douleur, ni dans la folie vengeresse, fais honneur à Myrra et n’oublie jamais ce que vous avez pu vivre ensemble. Il m’est impossible de me rendre à Ondiane, mais sache que mes pensées vont vers toi en ces moments difficiles et que ma porte te reste toujours ouverte, quelle que soit la raison.
Reste fort, pour Myrra, pour toi.
A bientôt,
Amitiées,

Aslan Ghafa

️ sobade.

Aslan avait laissé son cœur guider sa plume. Il s’imaginait sans mal le regard fermé de son ami, la détresse dans son regard. Il n’imaginait également que trop bien la haine de retrouver le fae qui avait tué son âme sœur. Aslan espérait de toute son âme que le jeune Illyrien qu’il avait connu n’irait pas se perdre dans une vengeance folle, dans une course au coupable. Le combattant espérait que Merrill allait se souvenir de leurs années passées ensemble, de l’amour qui les avait liés. Aslan connaissait Merrill, Baron d’Ondiane, comme un homme bien entouré, protecteur autant que protégé et ne doutait pas de la présence de ces nombreux amis auprès de lui. De son côté du monde, loin du Baron, Aslan ne pouvait que lui adresser tout son soutien.

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-- With your courage I escaped my fear. You learned to say what's on your mind. Now we make our loving memories. Living heart to heart, glowing like an open fire