enchanted woods (atalante)

enchanted woods

tw: avortement - avril 838 - @Achille de Péone

Atalante encourageait Epona, sa jument, à aller plus vite sur le sentier de la forêt. Alors que le vent claquait contre la peau de son visage, la De Péone était concentrée à éviter les branches d’arbres à sa hauteur. Epona galopait comme si une horde d’ennemis étaient à leurs trousses, sautant par-dessus bosquets et troncs d’arbres. La printanière voyait la silhouette d’Achille quelques mètres devant, il lui demanda avec un sourire si elle tenait le coup. Le bougre en profita pour talonner son cheval et accentuer sa vitesse. Un grognement sortit de la bouche d’Atalante qui d’un geste avec ses rênes, dirigea sa jument vers un second chemin qu’elle savait plus court. Ces bois, ils les connaissent par cœur. Les courses de cheval c’étaient leur petit plaisir avec son frère aîné, Ulysse n’appréciant pas autant cette occupation. Dès qu’elle le pouvait, la printanière s’échappait avec Achille. Elle se souvenait d’une fois, où elle était tombée de son cheval, ne réussissant pas à éviter l’une des branches d’arbre sur son chemin. Cet accident lui avait valu un poignet cassé et une légère commotion. Leur père avait été fou de rage mais les deux frères et sœurs ne s’étaient pourtant jamais assagis. Talonnant Epona, la danseuse accentua sa vitesse sur la dernière ligne droite. Ce fut avec frustration qu’elle aperçut Achille qui descendit tranquillement de sa selle près de la rivière. Un grognement sortit de sa gorge et elle força sa jument à ralentir puis caressa sa robe quelques secondes. C’était une belle course malgré la défaite. « Tu as gagné ! » Le ton était faussement vexé. Atalante descendit de sa jument puis la laissa boire l’eau fraîche de la rivière. Epona pouvait vagabonder à sa guise tant qu’elle restait à une distance respectable. Un sourire s’afficha sur le visage d’Atalante lorsqu’elle s’approcha de son frère et leva sa main en l’air pour claquer dans la sienne. « C’était une excellente idée ! » Dit-elle d’une humeur joyeuse. « Même si t’es parti avec… 3 secondes d’avance ! » Blague-t-elle, mauvaise perdante.

Atalante contourna son aîné pour s’asseoir sur un tronc d’arbre près de la rivière. La printanière observa quelques instants les alentours et elle se délecta du silence de la forêt. Jamais elle ne lasserait du calme apaisant de Cordof. Les nouvelles restrictions ne rendaient pas les déplacements faciles. Ces dernières semaines, ses allers-retours à la Capitale d’Evanor avaient été nombreux et elle avait également rendu visite à sa meilleure amie, à Cairlond. Son visage s’illumina, ce jour-là, quelques rumeurs étaient parvenues à son oreille et l’occasion de les partager avec son aîné de s’était pas encore présentée. « Ulysse a une aventure avec Lupin Valois. » Souffla-t-elle, d’un air mutin. La plus jeune des De Péone observa son aîné quelques instants. Elle se doutait qu’Achille aimait la gent masculine sans pour autant l’affirmer parce qu’ils n’avaient jamais réellement discuté de leur préférence. « Rosalie a surpris Ulysse au piano, en serviette, alors qu’ils allaient commencer quelques ébats. Tu imagines… Le pauvre, Ly’ a dû être tellement gêné. » Un rire léger s’échappa des lippes d’Atalante. C’était peut-être pour elle, le moyen d’amener un sujet préoccupant. Jamais, jamais, ses frères ne seraient forcés de donner des héritiers si cela voulait dire forcer des relations. La De Péone avait conscience de la pression sociétale et familiale mais à eux trois, peut-être pourraient-ils trouver le moyen pour casser ces codes ? Elle se refusait à les voir déchirés sentimentalement. Elle-même, n’avait que trop souffert après sa stupide décision. Mais comment annoncer, maintenant, qu’elles ne pourraient pas porter de triplés ? Qu’il serait même peut-être difficile, de donner un héritier ? Pas aujourd’hui. Atalante n’était pas prête à avouer ce mensonge, qu’elle vivait comme sa trahison envers ses frères et à énoncer les stupides raisons qui ont motivé son avortement. Encore moins, à énoncer les conséquences. Un soupir s’échappa de ses lèvres pendant qu’elle fixait le sol, soudainement pensive.

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Le rire de son frère était la plus douce des mélodies. Atalante adorait être avec Achille lorsqu’il était si détendu, loin des regards d’autres personnes ; son frère était beau lorsqu’il était lui-même. Il ne s’en rendait pas compte, mais le monde pourrait être à ses pieds. La danseuse le regarda un sourire doux sur le visage, acquiescent à sa remarque. « Un véritable papillon, libre de voler où le vent l’emportera. » Le ton est tendre. Ses pensées dérivent vers Ulysse, un papillon magnifique et fragile sous ses airs, un fae au caractère fort mais au cœur délicat. Atalante éprouve un profond respect pour ses deux frères même si elle n’est pas toujours en accord avec leurs décisions. Quoiqu’ils puissent penser des actions des uns et des autres, tant qu’ils se disaient la vérité et qu’ils se soutenaient, rien de mauvais ne pourrait survenir. Ils étaient trois contre le monde, là où la majorité était seul. Le silence s’installa pour la deuxième fois entre les deux nobles. La printanière observe le visage de son frère, une ombre est venue se poser dans ses yeux mais elle n’en saisit pas le sens. Le commentaire sur Ulysse lui met la puce à l’oreille. Achille ne s’est jamais épanché sur ses sentiments ou ses penchants mais peut-être que c’est une discussion qu’il était temps d’avoir. Atalante, avec le secret qu’elle gardait depuis plusieurs mois, ne se sentait pas la plus légitime pour aborder la question de leurs amours et de la descendance, mais il fallait le faire et un jour, elle devrait révéler la vérité à ses frères.

Un soupir s’échappa de ses lèvres en entendant les questionnements de son aîné. Son cœur fit un bond, puis sa vitesse s’accéléra. Atalante avait bien vu le sourire gêné de son frère mais la volonté de poursuivre cette discussion. Pourtant elle ne dit rien, repensant à une sombre période. Doucement, la danseuse descendit de son tronc pour venir s’asseoir aux côtés de son double. Sans prévenir, elle posa sa tête sur son épaule, parce que ce contact physique lui donnerait le courage des prochains mots. Le silence s’étira quelques instants où seuls les souffles réguliers des chevaux endormis et les bruits de la forêt se faisaient entendre. Relevant la tête, Atalante tritura ses doigts afin de se confier, parce que si elle exigeait la même chose de son frère plus tard elle devait au moins se prêter à l’exercice. Même si elle ne révélait pas toute la vérité. « Non. » Souffla-t-elle, riant nerveusement. « J’aurai pu en réalité… mais… c’était une histoire courte et intense. » Son cœur se serra, elle pensa à la réaction de l’homme, à la peur dans ses yeux et à la porte qui se claque. Puis il y avait eu son avortement, son infection. Tout s’était entremêlé et quand il était revenu pour s’expliquer, ça avait été trop tard. Atalante essaya de retenir ses yeux qui se remplissaient de larmes. Pourtant, cette histoire était loin derrière elle mais se confier à son frère, de manière si intime, faisait remonter des sentiments oubliés. « Une erreur, qui s’est très mal terminée et qui n’aurait jamais dû exister. » La danseuse prit une grande inspiration en reposant la tête sur l’épaule de son frère. « Je n’ai pas voulu vous inquiéter pour mes propres bêtises, puis ce n’était pas si important. La gestion du Domaine prend tellement de place que ce n’était pas la peine d’en rajouter. » Qu’elle expliqua rapidement pour éviter plus d’interrogations, espérant que son frère ne capterait pas sa voix tremblotante et les non-dits qui s’y cachaient. Elle ne laissa pas le temps à la situation d’empirer et reprenant sa constance habituelle, affichant un sourire cachant les cicatrices de son cœur, elle reprit en riant : « J’ai rencontré un Seigneur de l’Aube à un gala de charité la semaine dernière. C’était une bonne soirée mais il ne s’est rien passé de bien croustillant. » Son air fut soudainement pensif se rappelant cette discussion intéressante qu’ils avaient eu. Un coup de coude à son frère elle continua : « Ma vie sentimentale n’est pas très intéressante. Ulysse semble avoir le monopole des aventures ! » Haussant les épaules, Atalante éclata d’un rire cristallin. Puis, observant son frère d’un regard malicieux, plus détendu, elle osa une question particulièrement indiscrète. « Et toi ? Tu n’as personne dans ta vie ? Pas de coup de cœur ? » Sourire sur le visage, Atalante attendait patiemment quelques confidences de son frère aîné.