Long time no see (Ulysse)
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Grand·e Fae de la Nuit
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Âge : 78 ans
Race : Grand fae, du bout de ses orteils jusqu'au bout de ses oreilles pointu.
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Statut civil : Célibataire,
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LONG TIME NO SEE | @Ulysse de Péone
Il ne lui avait fallu que six petits mois pour convaincre Karhai de rejoindre la Foi des premiers. Six mois durant lesquels Eros avait été parfaitement exemplaire. Il n’avait pas refait la même erreur une deuxième fois et n’avait pas entraîné le jeune mâle dans son lit comme il l’avait fait avec, jadis, un certain De Peone. Il s'était contenté de l’approche douce, toute en finesse, était devenu ami avec le jeune fae et l’avait encadré du mieux qu’il avait pu. Ça n’avait pas été trop difficile, l’étincelle de vérité était déjà bien allumé chez Karhai, qu’il avait seulement été nécessaire de lui présenter les informations une à une. Le Fae avait fait le reste, comprenant avec horreur à quel point la cour Crépuscule se jouais d’eux depuis le tout début. Il aimait bien Karhai, c’était un Fae vif d’esprit, drôle et plutôt dynamique. Sa curiosité n’avait eu d’égal que son intelligence et le mâle avait sincèrement aimé le recruter. Ils s’entendaient bien. Dans un autre contexte, peut-être qu’ils auraient pu devenir amis. Alors évidemment, Eros n’avait pas été surpris quand l’invitation était arrivée. Ceux qui n’avaient pas eu la chance de grandir dans la foi, possédaient rarement de proche déjà présent dans le culte. Quand Eros les recrutait, ils leur présentaient souvent des anciens du culte, des gens de bonne confiance et les choses se fessaient souvent d’elles-mêmes. Mais parfois, il était quand même invité. Peut-être parce qu’il tissait réellement des liens de confiance avec eux. C’était dans tous les cas, toujours particulièrement touchant de voir le fruit de son labeur récompensé et de voir un fae de retour dans le droit chemin.
La nuit tombait déjà lorsque le grand Fae se tamisa. Camouflé au milieu des arbres, le petit bâtiment semblait presque abandonné. L’usure du temps avait laissé sa marque sur les pierres grises et la végétation semblait presque y reprendre ses doits. C’était une vision magnifique, d’une beauté sidérante et Eros inspira un bon coup l’air humide et terreux, avant de murmuré son mot de passe contre la porte de bois massif et d’entrée dans le lieu qui semblait l’attendre. Comme d’habitude, Eros était toujours un peu en avance. Déposant son veston sur le bord d’un meuble a l’entré, il salua le Ro’eh d’un hochement de tête, le laissant a sa préparation cherchant sont jeune protégé du regard, le trouvant facilement assis sur une chaise, jouant avec ses doigts comme-ci ils avaient une vie propre. Quelques témoins semblaient déjà être arrivés et il les salua un par un, avant d’avancer d’un pas lent vers le jeune fae, lui ébouriffant les cheveux d’un geste presque fraternel, avant d’éclaté d’un rire rauque voire même gutturale.
- Ne me fais pas cette tête-là» lacha-t-il une fois son rire plus calme « Tout vas très bien se passer et tu le sais.»
Grand·e Fae du Printemps
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Résidence : [CORDOF] - dans la forêt humide au sud-est des terres printanières
Occupation : [TRESORIER] du domaine de Cordof
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Orientation sexuelle : [HOMOSEXUEL]
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Long time no see
@Eros Wintell | AVRIL 838
L’arrivée d’un nouveau membre dans le culte des premiers n’était pas un évènement de tous les jours. Encore moins lorsqu’il s’agissait d’un ami à lui. Ulysse lui avait promis, au printanier, qu’il serait là, près de lui, pour ce rite de passage. Il savait que tout le cérémonial qui tournait autour de l’intégration d’un nouveau membre était inquiétant, voire effrayant. Lui-même y était passé, il y a quelques années, jurant serment, offrant son allégeance au groupe. Il l’avait fait volontairement, éblouie par les promesses partagées, par l’idée d’un futur plus juste et plus pertinent. Il l’avait fait par amour, surtout. L’amour lui avait fait perdre la tête, et s’il ne regrettait nullement son intégration au sein des premiers – le crépuscule les menait en bateau depuis bien trop d’années ! – Ulysse ne pouvait s’empêcher de regarder avec une certaine amertume cette partie de sa vie. Il y avait cru, à ce moment. Il avait cru à quelque chose de plus grand. Pire, il avait cru à l’amour. A présent, il n’était plus certain qu’une telle chose puisse exister, pas pour lui, en tout cas. Il avait trop à faire, à Cordof, pour sa famille, contre une certaine partie de cette dernière. S’il s’accordait du temps pour s’échapper, se laisser aller dans les bras d’autres fae, rien ne pourrait jamais ressembler à ce qu’il avait vécu par le passé. Un passé qui revenait dans son esprit, un passé qu’il s’efforçait de fuir mais qu’il était certain de croiser ce soir. Un profond soupir s’échappa de ses lèvres, alors qu’il traversait les ruelles sombres mais néanmoins colorées de Cordof. Une cape passée par-dessus ses épaules, une capuche pour cacher son visage, Ulysse s’était glissé discrètement hors du palais, marchant d’un pas ferme et régulier jusqu’à la porte principale de la ville. S’il s’inquiétait quelque peu des personnes qu’il pouvait croiser ce soir – un fae en particulier, l’Ordre avait au moins eu l’idée de trouver un endroit discret, perdu dans la campagne printanière, d’où ils pouvaient tous se tamiser. Un choix judicieux, au vu de l’état d’urgence mis en place par leur Suprême au début de l’année en cours.
Arrivé devant une porte discrète, Ulysse prit quelques secondes, profitant du calme de la nuit, de la danse musicale des insectes, de l’odeur de terre et d’humidité. Après un nouveau soupir, il toqua fermement et donna le mot de passe. Quelques personnes étaient déjà rentrées, en avance. Il en connaissait quelles qu’unes, salua respectueusement l’officiant de la cérémonie de ce soir, avant de chercher le fae de la soirée. Il ne chercha pas longtemps, attiré immédiatement par le rire grave d’un autre printanier. Le de Péone soupira et roula de ses épaules, pour se donner du courage. Il ne pouvait pas arriver et manquer de saluer son ami, Karhai. Il était très frustrant de voir Eros Wintell à ses côtés. Le trésorier senti une légère pointe de jalousie lui chahuter l’esprit à cette vision. Il s’avança vers les deux hommes tout de même, refusant catégoriquement de se cacher. Il avait évité son ancien amant durant si longtemps, mais Ulysse avait changé. Il avait grandi, était devenu plus mature, plus conscient de lui-même, de ses forces et de ses faiblesses. Il avait pris la gestion du domaine, faisait partie de la Trinité de Péone. Il était allé questionner le Suprême sur ces plans, avait risqué l’estime qu’Ambroise Valois avait un jour pu avoir pour le page qu’il était. Tant de chose s’était déroulées depuis Eros. Tant de nouvelles, bonnes ou mauvaises. Ce soir, pour faire plaisir à Karhai, il pouvait bien se montrer ? Faire la conversation, échanger. Tout ce qu’il faisait lors des soirées mondaines, se cacher derrière un masque d’hypocrisie pour faire plaisir, s’attirer des faveurs, obtenir des ragots. Oui, ce soir, il ferait cela.
Cachant le trouble qu’il pouvait sentir poindre dans le creux de son estomac, il s’avança vers les deux fae. « Ulysse ! Je suis si content que tu sois venu ! » s’exclama Karhai d’une voix douce et musicale. Un sourire éclaira le visage du noble, réflexe acquis depuis quelques années. Le fae s’était levé, et les deux printaniers s’enlacèrent comme deux amis de longues dates, ce qu’ils étaient. Karhai était un musicien hors pairs, qui jouait souvent à Cordof, avec Ulysse comme partenaire. Une amitié loyale qui s’était développée avec le temps. Une amitié loin de la politique et des difficultés du quotidien. Une amitié faite de rêves et de musique. Ulysse s’éloigna de son ami, le gratifiant d’une tape dans le dos. « Je suis ravi d’être ici, comment tu te sens ? » s’enquit-il. Son regard bleuté glissa un instant vers Eros, avant de se reposer sur le visage de Karhai. « Qu’est-ce que le Vel Meshia'h Wintell t’a raconté ? » demanda-t-il, le ton léger, avant d’ajouter, dans le même esprit. « Il faut toujours se méfier de ce qu’il peut te dire. » souffla-t-il, sur le ton d’une confidence amusée. Le regard pétillant, Ulysse nota la tension présente dans les épaules de Karhai se défaire légèrement. La boutade en était une, pour le futur cultiste, et s’était tant mieux. « Tout ira bien, mon ami, j’en suis convaincu. » ajouta-t-il, sur un ton plus sérieux, alors qu’une odeur d’encens commençait d’ores et déjà à emplir leurs narines. Ulysse était honoré d’avoir été invité, c’était la première fois qu’il assistait à cette cérémonie depuis la sienne. Il était soulagé de ne pas devoir ingérer un sérum de vérité, bien soulagé de ne pas être à la place de Karhai, cette nuit-là. Un geste du Ro’eh indiqua à tous que l’heure était presque là. Le de Péone poussa du bout de ses doigts son ami vers le vieux fae. Tout seul, près d’Eros, son sourire perdit en éclat. « J’espère que tu ne vas pas le lâcher, lui aussi. » souffla-t-il, le regard porté sur Karhai, fuyant celui, profond, bleuté, de son ancien amant.
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LONG TIME NO SEE
@Ulysse de Péone | 838
Ulysse.
Un tout petit nom de rien du tout. Un de ceux, qui devrait ne vouloir rien dire, mais qui encore aujourd’hui, trouvait en Eros, cette puissance dévastatrice de lui couper le souffle, tout en le piquant à vif. Combien de temps, depuis que ce nom avait franchi ses lèvres pour la dernière fois ? Il ne savait plus. Ou du moins, il avait espéré ne plus s’en souvenir.
Huit longues années, et pourtant, lorsque son regard trouva le visage familier de son ancien amant, il se crispa de tout son long. Passant une main rapide dans ses cheveux laissant l’autre se faufiler dans sa poche de pantalon, reprenant à grande vitesse, cette apparence nonchalante qu’il abordait presque toujours. Pour lui, il était hors de question de montrer, ne serait-ce qu’une once d’émotions contradictoires. Huit ans, c’était long, et pourtant, Eros avait l’impression qu'hier encore, il léchait son essence à même sa peau. Un frisson interne le glaça alors que l’irritation le traversait de toute part.
Visiblement, Karhai et Ulysse étaient ami. Le jeune fae avait presque bondi de sa chaise, le regard luisant de bonheur, avant d’aller s’enliser dans une accolade beaucoup trop longue. Quelque chose dans cette scène était particulièrement dérangeante, peut-être était-ce du a l’affection palpable qui régnait entre les deux homme et qui pour le coup, retourna le cœur d’Eros. Comment ils en étaient venus à avoir cette relation sans même qu’ils en entendent parler ? N’avait-il pas suffisamment laisser traîné ses oreilles un peu partout ? Une pique d’agacement le grignota de nouveau alors qu’il s’empêchait furieusement de rouler des yeux vers le plafond. Il n’y avait évidemment qu’Ulysse de Peone, pour lui voler sont souffle tout en lui tapant royalement sur les nerfs. Ne les lâchant pas du regard, Eros se contenta d’afficher un sourire doux, cachant derrière lui, l’envie grandissante de rentrer chez lui sans demander son reste.
Sans se joindre davantage à l’effusion, Eros piquait du bout des doigts des fils imaginaires sur sa manche, comme s’il récupérait quelques poussières pouvant dénaturées son apparence impeccable. Puis, retournant à la scène, le coup d’œil rapide d’Ulysse, le figea sur place, alors qu’il l’observait taquin, blagué sur le fait de devoir se méfier de ce qu’Eros disait. Si Karhai avait éclaté de rire sans avoir compris tous les enjeux de l’humour doux-amer du Noble. Eros, lui, avait ricaner, ses prunelles s’étant assombries comme si une tempête se préparait en leur intérieur. Se contentant de son air amusé, le Vel Meshia’h tourna la tête autour d’eux, regardant ou en était les préparatifs, ceux-ci étant presque terminés.
Autour d’eux, l’agitation se faisait sentir et le Vel Meshia’h retrouva son sourire confiant, alors que comme un poisson dans l’eau, il faisait l’état de la situation. L’odeur des encens embaumait l’air et il se sentit grisé par la vague d’énergie communicative qui glissait en lui. Le Ro’eh indiqua que l’heure était arrivée et Karhai alla le rejoindre laissant uniquement les deux anciens amants l’un à côté de l’autre. L’ambiance sembla s’épaissir alors que le visage de marbre, Eros tendit l’oreille à ce qu'Ulysse lui soufflait. L’espace d’une fraction de seconde, sa bouche s’arqua légèrement dans une moue amusée.
« Tu dramatises » souffla-t-il tout bas pour que seul Ulysse puisse l’entendre, un très rapide sourire moqueur aux lèves alors qu’il reprenait à peine audible «Je n’ai pas besoin de faire ça… Il est exceptionnel.»
Il ne clarifia pas leur relation, laissant planer le poids de ses mots et les sous-entendus dans l’air. Sa voix avait été si calme et posé, qu’Eros se félicita de son calme intérieur. Se demandant combien de temps, il disposait avant qu’Ulysse ne soit suffisamment embêté pour prendre la décision de s’installer ailleurs. Cette idée était autant plaisante qu’irritante. Eros porta finalement son regard sur son jeune cultiste qui à genoux devant le Ro’eh buvait les paroles de celui-ci.
«J’ignorais que tu étais encore fâché, depuis quand es-tu devenu si émotionnel ?» Ajouta-t-il à demi-voix, une petite dose de provocations, avant de tourné son regard sur la situation.
Durant toute la cérémonie, aucun d’eux ne pourraient s’approcher de Karhai. Et bien qu’ils étaient tous dans la même pièce, chacun d’eux, c’était positionné suffisamment loin pour libéré un espace autour du jeune Fae. C’était une question de sécurité. Eros avait lui-même été témoin d’une cérémonie plus tumultueuse ou l’initié avait paniqué. Les répercussions avaient été dramatiques, personne n’était mort, mais un des cultiste avait été blessé. Par chance, la situation avait rapidement été maîtrisé. Observant la distance qui les séparait de Karhai, Eros, recula d’un pas, appuyant une de ses mains sur le torse d’Ulysse pour le repoussé de quelques pas, faisant de même. «On est trop proche, c’est dangereux.» Murmura-t-il d’une voix autoritaire, passant une main distraite dans ses cheveux alors qu’il reportait de nouveau son regard sur la cérémonie qui commençait enfin. Le Ro’eh ayant pris place, la coupe de liquide de vérité dans la main qu’il tendit aux jeunes initiés.
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@Eros Wintell | AVRIL 838
A l’instant même ou Karhai s’était dirigé vers le Ro’eh, le masque du de Péone s’était fissuré. Son regard s’était assombri, ses traits s’étaient durcis. Se trouver près d’Eros était compliqué, troublant, énervant. Il était encore en colère, le trésorier, frustré d’avoir été utilisé comment avait pu le faire le Wintell. Il en voulait à son ancien amant, il s’en voulait à lui-même. Il s’en voulait d’avoir été si naïf, si épris du printanier. Quelle erreur, il avait commis. Quelle erreur, qu’il ne referait plus jamais. Du moins l’espérait-il, dans son âme, dans son cœur. Cette histoire qui s’était écrire entre eux, personne ne l’avait jamais lu. Sa propre fratrie n’était pas au courant. Par amour, Ulysse n’avait rien dit. Par amour, Ulysse avait espéré, patienté. Mais l’amour n’avait jamais été réciproque et le rouquin l’avait appris à ses dépens. Eros s’était éloigné, et Ulysse s’était retrouvé seul, incapable de parler de toute cela avec ses proches, incapable de faire autre chose que de prier la Mère, s’impliquer encore plus dans le culte des premiers. Une chose au moins, qu’Ulysse ne regrettait pas. S’être éloigné du crépuscule et de leurs mensonges pour rejoindre ce qu’il pensait être le culte de la vérité. C’était bien la seule chose positive qu’il retenait de sa relation avec Eros. La seule chose qui lui avait permit de garder la tête sur les épaules, la tête froide et l’esprit vif. Peut-être était-ce la Mère qui avait poussé à leur séparation, pour qu’Ulysse devienne le fae qu’il était censé devenir ? Ambitieux, mature, pragmatique et soucieux du travail bien fait. Il avait changé depuis sa rencontre avec le Wintell. Son monde avait changé et la vision qu’il avait de celui-ci aussi.
Se retrouver si près, après tant d’année était plus qu’énervant, plus que troublant. C’était frustrant. Frustrant d’être si près d’un fae qu’il avait aimé – qu’il aimait encore ? – sans ne pouvoir rien faire, le cœur étreint dans un nuage de colère et de tristesse. Depuis des années, ils s’étaient évités, depuis des années, Ulysse ne l’avait vu que de loin, s’agaçant de ses minauderies avec les membres de la haute société, de ce masque dont Eros savait se parer pour plaire. Il s’était lui-même occupé l’esprit, occupé le corps, succombant à d’autres bras, mettant un point d’honneur pour oublier, s’affranchir de ce passé pour se construire un futur. Son regard glissant très subtilement vers le visage d’Eros, se questionnant silencieusement s’il était possible de vraiment l’oublier. Le voulait-il ? Après tant d’année, avait-il, ne serait-ce qu’une fois, ressenti ce qu’il avait ressenti dans les bras du Wintell ? Un frisson lui remonta la colonne vertébrale et il croisa les bras, contrarié de ses propres pensées avant de reporter son regard sur la scène devant eux.
Une scène qu’il n’écoutait pas, puisque la voix mordante d’Eros parvint à ses oreilles. Dramatiser ? Ulysse retint un soupire et s’empêcha de serrer les points. Le Wintell avait toujours été un provocateur averti. Toujours les bons mots pour instiller le doute dans l’esprit d’un pair, ou la frustration, la colère. Le de Péone se força à rester immobile, de marbre. Lui aussi, savait jouer. Il avait appris, avec le temps, à minauder, à provoquer. Il savait tout ce qu’il avait besoin de savoir, ayant appris sur le tas, en écoutant, en espionnant. Pour que ces propres paroles fonctionnent, cependant, il lui fallait rester de marbre, s’imaginer échanson : irréprochable et professionnel. Quoiqu’Eros puisse lui dire, Ulysse ne devait pas se sentir blessé, ne devait pas laisser le feu qui brûlait son cœur l’enflammer tout entier. Personne ne viendrait l’éteindre. Il aurait pu partir, il aurait même dû. Aller s’installer plus loin, à l’exacte opposé de là ou se trouvait le Wintell. Après tout, il n’était pas ici pour discuter avec Eros, mais bien pour témoigner de la bonne initiation d’un ami proche. Exceptionnel, comment le disait si bien le Vel Meshia’h. « Un fae droit dans ses bottes, en qui on peut avoir confiance. Exceptionnel, c’est le mot. Des fae comme Karhai, il y en a peu. » répondit-il, dans un souffle, l’ironie au bord des lèvres, la provocation brûlant dans son regard. C’était facile, trop peut-être, mais pas désagréable. Les sous-entendus, Ulysse les maîtrisait tout aussi bien que son adversaire, et ne manquait jamais de les utiliser. Sa tante était sa principale cible, depuis quelque temps, mais puisqu’elle n’était pas disponible à l’instant, Eros devrait bien faire l’affaire.
Ulysse ne faisait pourtant pas le fier. Si son ton était calme, son esprit était en proie à un tourbillon de questionnement et de doute. S’était-il passé quelque chose entre Karhai et son mentor ? Eros procédait-il avec tous ses protégés comme il l’avait fait avec Ulysse ? Le de Péone aurait voulu enfermer son visage dans ses paumes de mains, il en aurait voulu crier, se décharger de toute la tension qu’il avait dans les épaules. Il resta pourtant silencieux, le regard fixé en avant, sur son ami, s’attendant à une autre provocation de la part d’Eros. Une provocation qui lui tira un rictus contrarié. Par la Mère ! Il lui était vraiment impossible de rester de marbre. Cette voix, cette intention, ces provocations. Tout chez Eros lui donnait envie de hurler, de fuir, de rentrer à Cordof et s’enfermer dans la détresse qu’il avait ressenti des années plus tôt. C’était impossible, infaisable. Ulysse s’urgea au calme et resta quelque seconde silencieux, le regard porté sur Karhai, soucieux du déroulé de la cérémonie de son ami. Il devait rester concentrer, le de Péone, se souvenir des raisons de sa présence ce soir. Ce n’était pas pour Eros qu’il était là. Plus jamais. « Tu t’accordes beaucoup trop d’importance. » souffla-t-il, sur le même ton que celui d’Eros. Il aurait dû s’éloigner, mais ne bougea pas pour autant, figé sur ses pieds. Il voulait partir, mais il voulait aussi rester. Dang, la Mère le mettait dans de sacrer situation depuis le début de l’année. D’abord Louve, maintenant Eros. Qu’espérait-elle de lui ? Qu’attendait-elle ? Ulysse s’apprêta à approfondir ses mots, quand une main se posa sur son torse. Le contact de la main d’Eros sur son torse noua son estomac. Ils étaient proche, de Karhai, certes, mais entre eux également. Là était le danger, Ulysse pouvait le sentir. La main d’Eros retirée, le de Péone pouvait toujours sentir son contact, malgré ses vêtements, malgré le mouvement bref. On est trop proche, c’est dangereux. S’il s’éloigna de l’initié, le trésorier ne s’éloigna pourtant pas du vrai danger. Il refusait de le laisser gagner, avait l’impression qu’un pas en arrière serait confirmer à Eros tout ce qu’il avait pu dire. Qu’il était fâché, qu’il laissait parler ses émotions plus que sa raison. C’était une réalité qu’Ulysse ne voulait pas admettre. Alors, comme il pouvait le faire lorsqu’il se sentait impuissant, face aux regards de Calypso, face au mépris d’Ajax, il redoubla d’audace. Il attrapa la main d’Eros avant que celle-ci ne s’éloigne de trop. Si la cérémonie d’initiation de son ami commença enfin, Ulysse n’y prêta plus attention. Son visage s’était toujours vers celui de son ancien amant, ses prunelles claires s’accrochèrent aux siennes. Il s’était rapproché, jusqu’à ce que son épaule frôle la sienne. « Un danger, pour qui ? » souffla-t-il, la voix légèrement plus grave qu’à son habitude, se répétant en boucle à quel point Eros lui avait fait du mal, à quel point il l’avait brisé, en l’abandonnant sans explication valable. Se répéter tout cela serait-il suffisant à ne pas sombrer de nouveau ? S’il avait évité le Wintell depuis des années, il y avait bien une raison. Mais peut-être qu’à travers ce rapprochement, cette provocation, Ulysse pouvait espérer comprendre ce qui s’était passé.
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