Stayin' alive | Suni

Stayin' alive

tw: Ø | @Suni Sha'Hwang | janvier 838

sous les traits du docteur Ohara Sotaa:

Il a les traits tirés. La mine soucieuse. Ses lèvres sont pincées et il sent que ses épaules sont crispées. Il est fatigué. Épuisé. Ces derniers jours ont été éreintants. Tant physiquement que psychologiquement. L’assassinat en plein Starfall d’une Baronne de la Nuit a été un coup de massue pour toute la noblesse. Un cruel rappel à la réalité. Que tous, TOUS ne sont pas intouchables. Qu’il y a des failles. Des imperfections. Et que tôt ou tard, tout peut basculer. En un battement de cils. Ou un coup de lame dans le dos. Hase n’était pas présent, ce soir-là. Et c’était probablement une bonne chose. L’assassinat de sa sœur ainée, dans des circonstances relativement similaires, était encore trop frais dans sa mémoire. Sa perte et son absence encore trop douloureuses. C’est l’ensemble de la noblesse qui était, depuis, en alerte. Sur le qui-vive. Hase n’avait aucune information quant à ce qu’il s’était réellement passé, n’ayant eu que des échos lointains. Mais il avait cru comprendre qu’il n’y avait aucune piste privilégiée. Aucune âme interceptée. Le tueur courait toujours, en liberté. Tout comme les assassins d’Ayako. Etaient-ils les mêmes ? Hase ne pouvait s’empêcher de se poser la question. Et inlassablement, il ne trouvait pas la réponse.

Un profond soupir qui s’échappe d’entre ses lippes tandis qu’il sent l’épuisement prendre le dessus sur tout le reste. Il n’arrive plus à réfléchir correctement. Sa main reste suspendue au-dessus du croquis qu’il est en train de réaliser, incapable de s’abattre sur la feuille pour réaliser un dessin correct. Les traits sont grossiers, et le résultat n’est clairement pas au niveau de ses espérances. Alors, finalement, il capitule. Pose le crayon qu’il tenait entre ses doigts, attrape la feuille barbouillée de croquis ratés, puis la froisse pour n’en faire qu’une boule. Boule qu’il envoie droit dans la cheminée, pour qu’ainsi les preuves de sa défaite soient effacées. Il se perd de longues secondes dans la contemplation du papier qui brule jusqu’à devenir un tas de cendres, puis, en entendant l’horloge sonner onze coups, il ferme les yeux. Ses mains se perdent dans les poils de sa barbe naissante, qu’il frotte pour tenter de ne pas sombrer. Il est épuisé, et pourtant, il ne se sent pas de dormir. Pas encore. Il se surprend à toujours repousser le moment. Par craintes de voir ressurgir les cauchemars qui l’assaillent depuis qu’il a appris pour l’assassinat de la Baronne. Non pas qu’il craigne pour sa vie –bien au contraire cela pourrait s’apparenter à une libération– ; mais plutôt parce que ça fait ressurgir une culpabilité qu’il tente au quotidien d’enterrer et d’ignorer.

Il a besoin d’un verre. C’est le seul constat qui s’impose tandis qu’il se lève de sa chaise et qu’il contourne son bureau où trônent des piles anarchiques de papiers et livres et tout genre. Il attrape son manteau et un gros foulard qu’il noue serré autour de son cou pour ne pas attraper froid, puis sort de la petite maison qui lui sert de lieu de consultations quand il se trouve à Elysium. Du Seigneur Liao Hase, il est devenu le docteur Ohara Sotaa, son changement d’apparence se faisant de plus en plus rapidement. Presque instinctivement. Il erre de longues minutes dans les bas-fonds de la Capitale, se perdant dans les allées principales et animées. Il sait qu’il n’est pas en sécurité par ici, mais en restant dans les artères nourricières il s’épargne de fâcheuses rencontres. Il traine la patte jusqu’au Port, où il pénètre dans une taverne nommée Le Pied À Terre. Il prend place directement sur une chaise au bar, et commande une pinte de bière. Un alcool léger, car il lui faut garder l’œil éveillé. En attendant qu’on lui prépare, Hase parcourt du regard l’assemblée. Il y a du monde, ce soir. Comme tous les soirs, probablement. Mais une chevelure de feu attire tout particulièrement son attention. Un demi-sourire amusé étire ses lippes, tandis qu’il attrape sa pinte après avoir donné quelques pièces. Il se lève pour s’asseoir à la table de la demoiselle, qui semble perdue dans ses pensées. « Lieutenant Sha'Hwang. Le nom claque, bien qu’il n’ait été que murmure pour ne pas attirer l’attention. Je ne pensais pas vous voir en vie. Et encore moins terrée dans une taverne miteuse. Il est probablement un peu dur dans ses propos, Le Pied À Terre n’ayant rien de miteux. Mais la Lieutenant a été habituée à mieux. Bien mieux. Ne vous enfuyez pas, qu’il ajoute en plaçant sa main gantée sur la sienne avant qu’elle puisse avoir l’idée de fuir et de se tamiser. Et rangez votre lame, qu'il devine avec une facilité évidente. Je ne vous veux aucun mal. Je suis un ancien ami. » Si on peut appeler ça comme ça. Pour prouver sa bonne foi, il dégage sa main de la sienne, lui laissant ainsi le choix ; bien qu'il espère avoir assez éveillé sa curiosité pour qu'elle décide de rester.

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TW: Ø | @Liao Hase | JANVIER 838

Ses doigts glissent sur les rebords du verre que lui avait servi Aslan. De coin de l’œil, elle observa Velinka prendre la commande d’un groupe de clients. Les journées où Suni se laisse traîner à une table du Pied à Terre sont rares. Sans prêter plus d’attention que nécessaire à la salle, la divergente s’amuse à modifier la couleur de ses ongles. Elle s’ennuie. L’évènement survenu à Velaris pendant la pluie des étoiles, menant à l’assassinat d’une Baronne, avait détourné les regards de l’intrusion dans la Tour de la Coupe. Le travail de Suni ces derniers mois, en plus de récolter les informations nécessaires à son lieutenant des Marchands de Sable, avait été de protéger ses compagnons s’assurant qu’aucun nom n’était mentionné nulle part. Pour l’instant, ils étaient tous protégés. Elle-même risquait, à son avis, la peine de mort, car c’était sa lame qui avait ôté la vie à l’initié de l’Ajah Verte. Travaillant sans relâche sous cette pression constante, on l’avait obligé aujourd’hui à se reposer et non pas seule, mais en compagnie d’amis, peut-être le seul moyen de vérifier qu’elle ne partait pas espionner à nouveau. Sylas l’avait presque cloué à ce siège du Pied à Terre, non pas sans un soupir affligé de la divergente. Elle avait autre chose à faire que de regarder toute la journée les clients entrer et sortir de l’auberge. Là encore, l’espionne essayait de tendre l’oreille pour glaner quelques informations des marins qui défilaient au comptoir. Jusqu’à ce qu’Aslan le remarque et l’envoie s’asseoir à une table au fond de l’espace dédié à la taverne. Suni détestait se reposer. Elle ne le faisait jamais. Elle travaillait toujours. La nuit, la journée, ne prenant de pauses que pour dormir ou s’autorisant parfois, une sortie avec Louve, un combat avec Aslan. Quelques heures seulement de répits avant de reprendre ses espionnages et surtout ne pas laisser son esprit dériver. Il avait donc été décidé d’un commun accord dont elle ne faisait pas partie, qu’on l’obligerait à prendre des jours de congés.

Un soupir s’échappa des lippes de la divergente qui se résigna à prendre une gorgée de son verre. Un jeu d’échecs était posé sur sa table, parce qu’elle y avait joué avec Aslan pendant la pause du fae. Suni était maintenant concentrer dans la lecture d’un quotidien pour connaître les nouvelles du jour. Son esprit dériva vers la Cour du l’Aube et vers un Seigneur dont elle évitait généralement d’imaginer les traits. Il était la principale raison de son activité constante. Yukito Fujihara ne quittait jamais ses pensées bien longtemps et c’était une plaie avec laquelle elle avait appris à vivre. Dernièrement, le Seigneur revenait de plus en plus souvent dans ses pensées. Elle s’était inquiétée avec le drame survenu à la Cour de la Nuit et Suni avait cherché à savoir s’il avait été présent et surtout, surtout, s’il n’était pas blessé. Les rumeurs que la divergente avait entendu sur ses allers et venues à la Capitale avaient apaisé son esprit embrumé par l’inquiétude. Au fond, elle se fichait bien de la vie ou de la mort d’une personne de la noblesse, mais la victime avait été une illyrienne, mariée à un autre ailé et ils étaient barons. Suni appréciait voir d’autres races que celle des Grand-Fae au pouvoir, ça lui rappelait que la cause pour laquelle ils se battaient avec ses compagnons n’était pas veine. Elle considérait que ceux qui avait souhaité porter un coup à la noblesse ce soir-là, avaient agi avec une stupidité flagrante. Aucun bon message ne pourrait sortir de cet événement, si ce n’était que de la peur et une surveillance encore plus renforcée qu’elle ne l’était déjà, compliquant son travail.

Plissant les lèvres d’énervement, Suni but une nouvelle gorgée de son verre pour se détendre. Ses yeux parcourèrent les pages du quotidien, sans pour autant en lire les articles. La rouquine était trop occupée à être perdue dans ses pensées. Dans cette taverne où elle se sentait en sécurité, à tort, elle relâcha sa garde et ce fut la raison pour laquelle elle n’entendit pas l’homme s’approcher. C'est que son ancien nom qui vint percuter ses oreilles et la sortir violemment de ses songes. Lieutenant Sha’Hwang. Une voix qu’elle ne reconnu pas immédiatement mais qui lui sembla familière. Ses yeux se levèrent brusquement en même temps que ses doigts agrippèrent une lame, prête à être jeter à la gorge de son adversaire. Le fae était courageux, il se trouvait dans la tanière des Marchands de Sable. Elle était entourée d’amis et lui, d’ennemis. Sûrement, qu'il ne le savait pas. Du coin de l’œil, Suni remarqua que la silhouette d’Aslan s’était tendue. Le combattant avait remarqué la lame qu’elle cachait sous la table. Une taverne miteuse. Un ricanement sortit des lèvres de la métamorphe. Surprise face à l’œil aguerri de l’homme qui semblait la connaître et qui anticipait ses mouvements, Suni entrouvrit légèrement les lèvres. Un regard vers le comptoir laissa savoir que la situation était apaisée, contre toute attente, la divergente décida de ranger sa lame. Elle se recula au fond du siège pour s’éloigner de l’individu, l’œil toujours aussi alerte aux moindres mouvements. « Je ne vous reconnais pas. » Le ton était froid, cassant. Une lueur de réflexion s’alluma dans son regard. « Je n’oublie jamais un visage, encore moins celui d’un ancien ami. » L’ancienne lieutenante comprit. « Un métamorphe. Si vous êtes réellement la personne que vous prétendez être et qui semble si bien me connaître, pourquoi ne pas reprendre des traits qui me seront plus familiers ? » Qu’elle demanda avec un sourire glacial, parce qu’elle n’aimait pas ceux qui avaient trop de secrets. Suni le devinait facilement, l’homme qui lui faisait face possédaient de nombreux secrets.

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sous les traits du docteur Ohara Sotaa:

Il joue à un jeu dangereux. Où il serait facile, pour lui, de se brûler les ailes. Une hésitation, un mot de travers, et la Lieutenant pourrait abréger ses souffrances en un battement de cils. Parce qu’elle est redoutable. Carnassière. À ainsi le dévisager, sur le qui-vive. Prête à bondir au moindre signe d’alerte. Elle l’intrigue. De par sa présence dans cette taverne. Et, plus globalement, par sa survie. Cela fait bien des années, maintenant, qu’elle a déserté. Qu’elle s’est enfuie de l’armée et qu’elle s’est volatilisée dans la nature. Hase et elle n’ont jamais été particulièrement proches. Ils se supportaient parce qu’ils n’avaient pas le choix, le Grand-Fae s’étant toujours trouvé supérieur à la Divergente. Elle qu’il pensait défaillante. Cassée. Et qui n’avait pas sa place dans un rôle aussi haut gradé. Mais ça, c’était une autre histoire. Et ça appartenait, de toute manière, au passé. Elle avait prouvé son courage, sa loyauté, sa dévotion envers son Général. Mais elle avait fini par retourner sa veste. Par fuir et par disparaitre. Et à présent, elle était ici. Exactement comme dans son dernier souvenir. Aussi arrogante et sûre d’elle. Aussi susceptible que volcanique. Il la taquine. Comme avant. Se jouant de sa position, quand bien même elle pourrait la retourner à son avantage avec une facilité déconcertante. Il joue de cette aura mystérieuse qui joue en sa faveur. Se félicitant intérieurement d’avoir réussi à capter son attention.

Il ne remarque pas le regard qu’elle a échangé avec le barman. Encore moins le fait qu’il semble avoir des connivences avec elle. Qu’ils puissent être amis. Parce qu’Hase n’est pas un soldat. Qu’il en a certes reçu la formation, mais ça s’est très vite arrêté là. Hase n’a pas les réflexes que d’autres, comme Suni ou encore Aslan, peuvent avoir. Il est paisible, nonchalant, dans cette position qu’il croit supérieure alors qu’en réalité il est cerné de toutes parts. Les dangers sont nombreux. Partout. Mais il ne s’en rend pas compte. Excès de confiance ? Simple naïveté ? À Suni de jauger, pour mieux juger. Mais en attendant… Hase se conforte dans sa position, portant sa bière à ses lèvres. Il en boit une longue gorgée, avant de reposer la pinte en douceur. Il laisse planer le doute de longues secondes, observant sa consœur avec une lueur d’amusement dans le regard. Parce que tout ça n’est qu’un jeu. Qu’une pause dans sa vie des plus chaotiques. Qu’une parenthèse qu’il ne voit pas comme sérieuse, n’arrivant pas à admettre qu’il puisse être en danger de mort –quand bien même c’est on ne peut plus la réalité–. Il se surprend à être confiant. Conquérant. Sur un terrain qu’il pense sien, ou au pire neutre. S’il savait… Il se liquéfierait probablement. Pour mieux disparaitre dans un nuage de fumée colorée.

Son sourire s’élargit quand finalement elle comprend. Qu’elle le qualifie de métamorphe. Ses traits aubéens facilitent forcément les choses. Le lien se faisant plus évident. « Je ne peux pas, qu’il énonce dans un premier temps d’une voix posée. Calme et gorgée de sérénité. Mon vrai visage ne peut pas être révélé en ce lieu. Ce serait bien trop dangereux. Quand bien même je doute que la plèbe locale soit très aux faits de la composition de la noblesse Aubéenne, je préfère ne pas prendre de risques. » Il se doit de se fondre dans la masse. Même si, au final, les menaces semblent faibles. Hase a fait très peu d’apparitions en public ces dernières décennies. Il se fondait dans la masse avec une facilité déconcertante. Mais ça, c’était avant le Fléau, Ayako, et son nouveau statut de Seigneur. Depuis, il s’est évertué à être plus présent. Et devant les possibilités d’une nouvelle attaque contre les Liao, il se doit d’être discret. Invisible. « Je ne suis pas Fujihara, si c’est la question que vous vous posez. Mais vous avez cerné l’idée, et vous vous rapprochez. » Elle brûle, la déserteuse. Et elle ne devrait plus tarder à comprendre qui il est. En attendant, il reporte à nouveau la bière à ses lèvres, attendant patiemment son nouvel essai.

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TW: Ø | @Liao Hase | JANVIER 838

Lieutenant Sha’Hwang. Les mots prononcées plusieurs minutes plus tôt hantaient son esprit. Ce titre, donné au sein même du Pied à Terre, chez elle, semblait de mauvais augure. Comme une malédiction. Un fantôme du passé venu remuer le fragile équilibre qu’elle avait retrouvé dans sa vie. Elle n’était plus lieutenante de rien. Elle était une ombre, une lame. D’un sens moral bien différent de celui qu’elle avait respecté pendant les cinquante années passées à l’armée de l’Aube. Les émeraudes de ses yeux fixaient l’homme aux traits aubéens d’une lueur féroce. Un sourire en coin, discret, s’afficha sur les lèvres de la divergente lorsque l’inconnu acquiesça sur sa métamorphose, sans pour autant révéler ses traits. Prenant une mèche de ses cheveux de feu pour la rouler doucement entre ses doigts, Suni ne perdait pas une miette du discours de l’aubéen. La fossette apparue sur sa joue s’effaça aussitôt qu’elle perdit son sourire. La noblesse Aubéenne. Une panique soudaine, plus profonde, gronda au creux de son estomac et ses yeux se posèrent sur chaque visage présent autour d’eux. Seul moment où elle s’autorisa à quitter l’inconnu des yeux. Parce qu’un seul autre visage aurait été plus important. Mais Son Seigneur, n'était pas présent. Même dans l’hypothèse où un métamorphe aurait modifié les traits de Fujihara Yukito, elle l’aurait reconnu. Une attitude. Une lueur dans le regard. Suni eut à peine le temps d’enregistrer l’information, de la digérer, d’y penser. Les phrases s’enchainaient et le nom qui fut prononcer suffit à glacer son regard d’une violence brute. Les doigts qui jouaient avec sa mèche de cheveux se figèrent. « Je sais que vous n’êtes pas Fujihara Yukito. » Le ton employé ne revêtait aucune douceur. « Comme je sais qu’il n’est pas dans cette pièce. Aucune des personnes présentent dans cette pièce ne possèdent ne serait-ce qu’un quart de sa prestance. » Ce n’était pas une insulte pour les autres. Suni respectait chacun de ses compagnons. Ils étaient tous de redoutables à leur manière, d’armes forgées par la dureté des vies vécues. Simplement, elle connaissait Fujihara mieux que personne. L’aura qu’il dégageait dans une pièce était si particulière à ses yeux, qu’elle la reconnaitrait entre mille.

Lèvres pincées, Suni détaillait à présent l’inconnu. Songeuse, elle se mura dans le silence en réfléchissant aux paroles prononcées. Aux indices divulgués. Lors de sa vie à l’armée, elle avait rencontré de nombreux membres de la noblesse Aubéenne. Une majorité. Étant l’ombre de Yukito, elle l’avait suivi dans de nombreux événements. La familiarité avec laquelle l’inconnu l’avait abordé signifiait cependant qu’ils ne s’étaient pas seulement croisés le temps d’une soirée. Le titre qu’il lui avait donné, reflétait une ancienne appartenance à l’armée. La façon dont il avait prononcé le nom de famille de Yukito, avec tant de familiarité, laissait penser qu’ils étaient proches. Un nœud se noua dans la gorge de la divergente, qui lentement, mettait les pièces du puzzle en ordre. D’une perspicacité redoutable. Un rire rauque s’échappa de ses lippes, mélange de surprise et d’horreur. « Je ne nous aurais pas qualifier d’anciens amis. » Dit-elle, la voix sarcastique. « Liao Hase. » Murmura-t-elle en se penchant vers lui. « Ou devrais-je dire Seigneur Liao, à présent ? » L’ajout était moqueur, malgré la conscience que Suni avait de la douleur que le fae face à elle avait dû traverser ces dernières années. Il avait perdu presque toute sa famille. Suni se recula sur le dossier de son siège, fixant toujours Hase d’un regard menaçant. Elle se fichait bien de son nouveau statut. Pour la première fois depuis le début de la conversation, la divergente porta son verre à ses lèvres, laissant la brûlure de l’alcool apaiser l’anxiété cachée. Que faisait-il au Pied à Terre ? Avait-il un message concernant Yukito ? Une peur léthale s’emparait lentement de l’esprit de l’aubéenne. Sa main était à deux doigts d’empoigner son couteau. « Si vous arrêtiez de jouer ? » Le ton, cette fois, se fit menaçant. « Si vous me disiez que ce vous faites ici, dans cet accoutrement, à discuter avec une ancienne lieutenante, désertrice, que vous méprisiez pour son rang supérieur au votre au sein de l’armée ? » Chaque mot était d’une sincérité désarmante. Ses lèvres brulèrent d’autres questions qu’elle ne prononça pas. Comment allait Yukito ? Était-il venu à sa demande ? La divergente ravala ses envies pour se concentrer uniquement sur Liao Hase.