Pastries and talk

ft @Rosalie Valois

Je bus une nouvelle gorgée de mon thé avant de reprendre un petit amuse-bouche. La timidité de Rosalie ne m'avait pas échappé. Mais c'était parfois bien plus agréable que de se retrouver face à quelqu'un de particulièrement loquace. Qui plus est, je ne me considérais pas comme très bavarde même si j'étais sans conteste plus à mon aise que la fae du printemps. 

J'aimais la sérénité et le silence. Aurëdant état notamment agréable pour ces deux derniers points. La rivière qui bordait le petit village le rendait si paisible de loin ; ses habitants se connaissaient presque tous entre eux. Je m'habituais peu à peu à cette nouvelle atmosphère mais je me languissais parfois de cette petite campagne calme.

« Je vous y accompagnerais volontiers. Que feriez-vous sans moi ma chère Rosalie ? » plaisantai-je lorsqu'elle mentionna de nouveau la cour du Jour.

Je raclai ma gorge péniblement lorsqu'elle me demanda si mon village me manquait. Un petit sourire embarrassé s'esquissa presque au coin de mes lèvres. 

« Pas le moins du monde. » rétorquai-je plus froidement que je ne l'aurais voulu.

Je n'avais pas réellement profité de la quiétude de mon village. J'étais une bête curieuse ; la fausse fae qui vivait seule avec sa mère. Il fallait être naïf pour s'imaginer que tous les habitants de la cour du Printemps acceptaient l'hybridité de leurs voisins. En outre, mes oreilles n'étaient pas assez pointues pour les Fae et l'absence d'ailes dans mon dos étaient mal vu par les Illyriens. En somme, je n'avais ma place nulle part. 
Je laissai un petit silence s'installer entre nous avant de reprendre. J'arrivais de mieux en mieux à prendre du recul sur mon passé difficile ; je pouvais presque en parler sans balbutier.

« Aurëdant est un village agréable et la rivière est magnifique... » commençai-je.
« Mais les gens comme moi ne sont pas les bienvenus. » avouai-je en haussant les sourcils.

[color=#232657][font=monospace][size=14]M’accompagner à la cours du Jour. J’eus un sourire en inclinant doucement la tête. Une escorte. Est-ce que c’était une bonne idée ? Il valait mieux être prudente… Surtout avec ma jambe, on ne savait jamais ce qu’il pouvait se passer avec elle. Mais j’espérais aussi qu’elle ne vienne pas uniquement pour veiller sur moi. Enfin… Pour me tenir compagnie…

« Mmh… sans aucun doute… des bêtises ! Mais je doute que Lys me laisse lui arracher sa secrétaire personnelle juste pour le plaisir. »

Je l’interrogeai un peu sur sa vie en buvant mon thé et en mangeait quelques douceurs. Elle n’aimait pas… son village. Je restais silencieuse en l’observant avec attention. Les gens comme elle ? Une hybride ? Je gardai le visage neutre, si elle était le fruit de l’amour il n’y avait aucun problème. Je plissai un peu le nez.

« Ils ont laissé leurs préjugés les empêcher de découvrir une personne tout à fait charmante. Ces idiots. J’espère que personne ici ne vous traite de la sorte à Cairlond. Je n’aimerais pas entendre qu’on vous maltraite alors que vous n’avez rien fait de mal à part être vous-même. »

Je secouais légèrement la tête pour moi-même, dégoûtée de la situation. Personne ne méritait cela… Personne. Je lui offris un sourire doux.

« J’espère que vous avez trouvé la paix ici. Et de délicieuses pâtisseries ! »

Je lui tendis un petit chou pour le déposer dans son assiette. Je ne poserais pas de question sur son père, ce n’était nullement une bonne idée. Je pouvais réveiller des choses trop douloureuses. Ce n’était pas vraiment la peine.

« Et votre mère est couturière, n’est-ce pas ? Ou je confonds, j’ai un doute affreux ! »

Je n’étais pas très douée pour retenir ce genre de chose.

Pastries and talk

ft @Rosalie Valois

J'esquissai un léger sourire ; Lys était bonne avec moi et j'étais presque certaine qu'une petite escapade à la cour du jour en agréable compagnie ne l'embêterait pas. 

« Votre inquiétude me touche mais je vous rassure, personne ne me traite mal à Cairlond. Je pensais à tort que mes origines seraient un frein pour me trouver une profession ici et j'ai été ravie de constater que ce n'était pas le cas. » avouai-je.

Au départ, j'avais imaginé que la famille Valois fermait les yeux sur mon hybridité par embarras. Je m'étais sentie redevable de leur bienveillance et de leur silence. Cependant, j'avais compris qu'il y avait une forte probabilité que ma condition les indiffère, qu'ils me voient simplement comme Cecily et non comme la progéniture d'une fae et d'un illyrien. 
La réaction de Rosalie m'avait surprise et sa sollicitude me touchait grandement. Ma propre mère n'avait jamais prononcé ces mots ; toujours fidèle à elle-même et à son caractère flegmatique.

« Je suis très bien ici, je vous remercie pour votre prévenance. Et les pâtisseries sont exquises ! » ajoutai-je en reprenant une gourmandise.

Rosalie me demanda si ma mère était bel et bien couturière et je lui répondis d'un hochement de tête approbateur. Je devais bien admettre qu'elle excellait dans ce domaine. Même si son échoppe rencontrait un franc succès, je ne manquais pas de lui apporter un coup de main de temps à autre.

« Oui en effet. Sa boutique commence à se faire une réputation et je suis très heureuse pour elle. » déclarai-je avec sincérité.

Si tout se passait bien à Cairlond pour elle, c’était le plus important. Elle était en sécurité et Cairlond pourrait être aussi son foyer… en quelque sorte. Les printaniers étaient souvent relativement ouverts, et les Valois… J’avais envie de dire que j’étais la mal placée pour dire. Ma mère avait eu quatre enfants de quatre pères différent. Mais c’était autre chose. Un frein avec ses origines ? Elle était juste roturière après tout.

« Le Printemps est une terre d’accueil… À Cairlond vous serez en paix. Personne vous fera de mal. »

Mais c’était autre chose pour l’instant. Il fallait profiter aussi du moment dans ce salon de thé. Les pâtisseries.

« Les pâtisseries sont les bijoux de l’art culinaire. »

Fis-je tranquillement avant de la questionner un peu sur sa mère. Qui était visiblement couturière, je ne m’étais pas trompée, Cairlond avait déjà une couturière pour faire nos robes, mai visiblement sa mère commençait à avoir une réputation.

« C’est heureux de voir que toute votre famille est à l’abri du besoin et est accepté par tous. Je suis rassurée que vous vous sentiez ici comme chez vous. C’est le plus important. Dîtes moi si vous avez des demandes ou des questions ! »

Après tout il fallait aussi répondre à ses interrogations.

Le printemps était une terre douce, accueillante, c’était du moins mon point de vue. On connaissait aussi la réputation de la famille Valois : nous avions un seigneur bâtard après tout ! Moi-même j’en étais une ! Ce n’était pas rien ! Mais Cecily n’avait plus à s’inquiéter, elle était là et en sécurité, personne ne lui ferait du mal. J’attrapais un des sablés pour le croquer avec plaisir, chantonnant légèrement, joyeux dès qu’il s’agissait de manger du sucré. Tant mieux si elle savait qu’elle était en sécurité ici. Tout irait bien pour elle maintenant. Je hochais simplement la tête à ses mots.

Je restais surprise à ses mots, reposant le morceau de biscuit sur la petite soucoupe de ma tasse en porcelaine. Une perle rare ? Pour une joaillière c’était amusant ! Mais je n’avais rien fait pour mériter cela ! Le fronçai très légèrement les sourcils.

« Je n’ai rien fait pour mériter ces compliments, Cecily. »

Fis-je d’une voix douce avant de l’encourager à me poser des questions. Pas forcément sur moi, mais sur la vie en général ou sur tout ce qu’elle voulait. Je relevai les yeux vers elle à sa question et fis tourner ma petite cuillère dans mon thé en réfléchissant à sa question.

« Hé bien… Je me suis aperçu que je savais… jouer avec le métal, et ma sœur s’était un peu moquée de moi en disant qu’avec le métal je ne pourrais jamais capturer la beauté de la nature. Et même que c’était bizarre. Ma mère l’avait fait taire, mais je crois que j’avais été piquée au vif et bien décidée à lui prouver l’inverse. Et je me suis prise au jeu. J’ai découvert que j’adorais cela autant que peindre… Et ainsi de suite… Tut simplement ! »

Ma sour était une casse pieds internationale mais on faisait avec, n’est-ce pas ?

Pastries and talk

ft @Rosalie Valois

Je soupirai ; comment la faire accepter les compliments sans qu'elle ne doute de ces derniers ? Je n'étais pas certaine d'avoir déjà lié une amitié aussi sincère avec quelqu'un d'autre et - il y a quelque temps encore -, je n'aurais pas songé pouvoir réaccorder ma confiance avec autant de facilité. J'étais heureuse que Rosalie m'ait donné tort sur ce point.

« Votre sœur semble être un personnage particulier. » avouai-je en espérant ne pas la froisser en parlant de sa sœur en des termes si peu flatteurs.
« Vous devriez sans doute la remercier pour ses encouragements. » plaisantai-je en constatant l'obstination de Rosalie.

J'étais fille unique et, parfois, j'imaginais la vie que ma mère et moi aurions pu avoir si mon père était resté. En toute franchise, je pensais sincèrement que ma mère ignorait de qui il s'agissait et que mon existence était ignorée par mon géniteur. Sans doute ma famille était bien plus vaste mais je n'avais jamais été désireuse d'en apprendre davantage. Il avait toujours été question de ma mère et moi, seulement nous.

« Vous peignez également ? J'aimerais beaucoup voir vos peintures un jour si vous me le permettez. » remarquai-je en reprenant une gorgée de thé.

Je n'avais jamais excellé dans les matières artistiques. Je n'avais pas moults talents en réalité ; j'avais la main verte, une voix harmonieuse selon ma mère, un don certain pour le clavecin et une jolie calligraphie (pour une secrétaire, c'était un atout indéniable). J'avais essayé l'équitation également mais ma formation dans cette discipline avait touché à sa fin plus tôt que prévu à la suite d'une mauvaise chute ; les chevaux ne m'appréciaient pas.

J’éclatais d’un rire léger à sa remarque sur la « particularité » de ma sœur. Elle pouvait aussi bien dire « casse-pieds » ! Mais Circé… Je l’aimais de tout mon cœur, même si j’avais plusieurs fois eu envie de l’étrangler pour qu’elle se taise ! Et de préférence avec ses cheveux bruns qu’elle aurait sûrement teints d’une autre couleur. Enfin !

« Particulièrement pénible ! Vous pouvez le dire ! Mais je perdais volontairement mes deux mains pour sauver sa vie. Et il y a des jours où c’est moi qui aimerais qu’elle se taise ! »

Je bus une gorgée de thé chaude avec un sourire avant de manger une nouvelle pâtisserie joyeusement. J’allais finir par avoir mal au ventre à en manger autant ! Mais qu’importe ! C’était bien trop délicieux pour ne pas en profiter. Puis je n’en mangeai pas souvent ! Il fallait bien profiter ! Non ? La remercier pour ses encouragements ?!

« Par la Mère ! Non. Elle risque de prendre la grosse tête et d’ainsi ne pas cesser de m’agacer et de me retarder dans mes affaires ! »

Elle voulait voir mes peintures ? Je hochais la tête.

« Il n’y a aucun problème, vous le verrez dans Cairlond, j’ai peint certains portraits et paysages qui sont dans les couloirs. J’imagine que vous pourrez les repérer. Sinon j’en ai plusieurs dans mon atelier. »

J’avais du courrier à faire pour Dana.

« Mais je pourrais sans doute vous montrer quelques croquis également. Peut-être faire un portrait de vous pour votre mère ? »

J’aimais toujours avoir de nouveaux visages à dessiner et peindre. C’était si amusant !

Pastries and talk

ft @Rosalie Valois

En dépit de la contrariété que sa sœur lui inspirait, Rosalie ne semblait pas être particulièrement rancunière ; bien au contraire. Elles semblaient être liées par un lien particulier que je ne pourrais jamais comprendre. Ma mère était comme une sœur à certains égards ; nous n'avions pas une vaste différence d'âge en outre et elle s'était toujours montré particulièrement familière avec moi. Cependant - et pour une raison qui m'échappait -, elle se révélait parfois méprisante et hautaine. J'avais pourtant toujours tout fait pour être une enfant docile et obéissante.

« Ma foi, il faudrait que je rencontre votre sœur un jour ! » constatai-je.

Je finis par avoir l'estomac plein. Ces pâtisseries avaient été un vrai régale mais il m'était impossible d'en avaler davantage.
Si certains portraits de la printanière étaient à Cairlond, il n'aurait pas été surprenant que je les ai déjà vu sans même savoir qu'il s'agissait de ses œuvres. Je devrais sans doute m'attarder davantage sur les murs des corridors la prochaine fois.

« Aussi surprenant que cela puisse paraître, personne n'a jamais fait mon portrait ! J'en serais enchantée. » avouai-je. La vanité ne me sied pas beaucoup mais - pour parler sans détour - je ne devais pas être désagréable à regarder.

J'étais curieuse de savoir à quoi je pourrais ressembler sur une toile. Mes talents dans ce domaine se résumaient à esquisser des bonhommes en forme de bâtons donc j'étais impatiente de voir si Rosalie avait un joli coup de pinceau.

Rencontrer ma sœur ! J’eus un rire amusé, je n’étais pas toujours sûre que rencontrer ma sœur était la meilleure idée du monde ! Elle pouvait être absolument casse-pieds ! Mais si on aimait bien sûr les ragots… Elle était la meilleure des personnes du monde ! Mais qu’importe ! Il fallait juste s’habituer un peu. Rencontrer ma sœur.

« Préparez-vous quelques dizaines de ragots ! Et de quoi noter tous ceux qu’elle pourra vous donner. »

Je proposais de faire son portrait pour sa mère. J’aimais profondément faire des portraits, mais pas réaliste. Je voulais que ce soit des portraits correspondant à la personne, ses passions, ses envies, son caractère. Tout ce que je devais faire, c’était discuter avec la personne et l’écouter tranquillement également. J’eus un sourire amusé.

« Je ne fais pas des portraits classiques, mais je suis sûre qu’il vous plaira ! Généralement, les gens aiment bien ce que je dessine d’eux. Mais nous aurons le temps d’en discuter à mon atelier. Cela serait sans doute plus simple. Même si je n’ai pas autant de couleurs que dans la nature ! Mais je me débrouille relativement bien. »

Pour peindre. Elle pourrait admirer un peu ce qu’il y avait dans mon atelier, il y avait toujours quantité de chose dans tous les sens, même si c’était parfaitement rangé. Cependant, il était l’heure d’y aller ! Je déposais de quoi payer sur la table en finissant ma tasse.

« Je crois que nous devrions rentrer. J’ai du travail et vous aussi ! Je ne voudrais pas vous mettre en retard et que Lys vous gronde ! »

Je saisis ma cane pour me lever et invitais mon amie à en faire de même.