lullaby of spring (luciana)

the lullaby of spring

l'automne est bien installé; l'hiver est sur le point de lui emboîter le pas. pourtant, sur les terres du printemps, les fleurs et les arbres sont plus verdoyants que jamais; comme s'ils essayaient de contre-balancer la justesse du monde qui voudrait que ces terres se couvrent elles aussi de neige. comme si la mère choyait ses enfants chéris de cette saison si belle, pour que les printaniers puissent être enviés de tous ceux plongés dans l'esprit morose qu'apporte les fins d'années aux climats moins ensoleillés.

achille se trouve dans l'arrière-cour du palais de cordof. le ciel est nuageux et un vent chaud souffle; seul souvenir de ce que la cour du jour leur envoie sans ménagement. il est dans le parc, entouré de palissades en chêne et à l'herbe vert émeraude. c'est là que se trouve galant du mesnil, son élégante monture de pure race à la robe bai. sous l'oeil attentif d'ernest, couché derrière la barrière et sa tête posée sur ses pattes, le seigneur entraîne l'étalon au travail à pied. les conditions ne sont pas les meilleures: le vent agitant la cime des arbres qui entoure le domaine et les odeurs qu'il sème distraient galant qui voit sa concentration amoindrie. néanmoins, achille fait preuve de témérité. sa main face au poitrail de l'animal, il le force à reculer sans même le toucher. le cheval coopère, fait quelques pas docilement, et obéit à son maître lorsqu'il l'invite à trotter d'un geste du doigt et d'un claquement de langue. galant entame de longs cercles en soufflant des naseaux, mais une bourrasque plus forte et chargée de sable l'arrête dans son élan. il s'arrête net, le regard tourné vers la forêt remuante et drôlement impressionnante pour cette grosse bestiole à l'instinct de proie.

le jeune fae s'approche de son cheval et lui caresse l'encolure. « ça va, ça va. » il cherche à le rassurer mais galant ne paraît pas s'intéresser à lui. ce sont les aboiements d'ernest qui le surprennent et le font partir au galop à l'autre bout du parc dans un hennissement sonore. achille se retourne et voit le beauceron debout, agitant la queue dans tous les sens et ses prunelles dirigées droit vers l'escalier qui mènent au jardin depuis le manoir. achille lance un regard désemparé à galant qui observe la scène de loin, puis il s'élance vers les barrières qu'il escalade avant de poser ses fesses sur le plus haut des troncs. ernest regarde son maître, attendant son autorisation au départ. « allez, vas-y. » il n'en faut pas davantage à l'impressionnant chien pour partir au quart de tour saluer la nouvelle arrivée. « doucement ! » gronde-t-il en le voyant sauter sur luciana. ernest est un chien gentil et obéissant, et il a toujours adoré l'automnale. comme si son parfum de bois braisé l'envoûtait. mais sa joie n'est que le reflet plus ténu de celle du printanier de retrouver son amie. « ernest ! » achille saute de la barrière et rejoint au petit trot luciana et son chien. « excuse-le. il perd la boule quand t'es dans les parages » remarque-t-il gentiment, un sourire solaire illuminant son visage.

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tw: Ø @Achille de Péone

Elle n’a pas l’intention de rester bien longtemps, mais elle ressent le besoin de le voir et lorsque cette urgence se fait sentir, elle n’hésite pas à utiliser le tamisage pour se déplacer jusqu’à son ami printanier. Comme aujourd’hui, sur un coup de tête, puisque sa journée semblait ennuyante, pour seule compagnie que la solitude à Mercadal. Autant aller voir ce que fait son meilleur ami à cet instant, si elle peut s’octroyer un peu de son temps, si précieux depuis qu’il est devenu le seigneur de cordof.

Arrivée devant l’entrée du domaine, elle part aussitôt à la recherche du seigneur jusqu’à ce qu’on lui signale sa présence à l’arrière. Au moins n’est-il pas dans son bureau et existe-t-il une chance qu’il soit disponible pour passer du temps avec elle. Enthousiaste, elle parcourt la distance qui les sépare et l’aperçoit en compagnie de son superbe destrier et son chien.

Ce dernier cavale aussitôt dans sa direction dès qu’il la voit, loin d’être impressionnée par la bête, la jeune fae campe sur ses talons, s’assure l’équilibre avant d’affronter la tempête que représente Ernest. Luciana est habituée des chiens, sa famille étant très familiers avec ces derniers aux chenils, ils en possèdent partout et elle adore chacun d’entre eux.

Luciana lui accorde une attention particulière, flatte son encolure noir et feu tout en observant Achille s’approcher à grand pas dans leur direction, prêt à recadrer son fidèle Ernest qui n’en fait qu’à sa tête et tourne désormais autour d’elle en lui reniflant les pieds. “Bonjour Achille.” Dit-elle en premier lieu. “Tu sais bien que je serais déçue d’un autre accueil de la part d’Ernest. Les chiens m’apprécient, c’est l’héritage familial.” ajoute-t-elle en souriant et gratifiant la bête de gratouilles derrière les oreilles, le chien s’assoit et semble en redemander, Luciana se fait un devoir de le contenter.

Le sourire disparaît rapidement, nostalgique à la pensée de son petit frère, qui, plus que le reste de la famille, possédait une affinité particulière avec les chiens. Un frère pas si mort que ça. Secret qu’elle a appris récemment. “Je te dérange ? Ou aurais-je la chance de pouvoir jouir de ta compagnie aujourd’hui ? ” s'enquit-elle en regardant le cheval par-dessus son épaule. Elle camoufle ce qu’elle ressent, la déception des dernières années, du temps qu’ils passaient ensemble, de tout ce qu’ils se racontaient sans jugement. Tous ses moments lui manquent terriblement, plus que jamais elle a besoin de son ami.

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outfit tw: Ø @luciana monteserre

Le temps est peut-être capricieux ce jour-là; le vent souffle balaie les nuages cotonneux qui parcourent le ciel. Pourtant, à l'instant où Luciana fait irruption dans la cour extérieur de Cordof, c'est un rayon de soleil qui nimbe la verdure, lui offrant comme un tapis rouge pour l'emmener auprès du Printanier. Même si c'est Ernest qui ouvre la voie, se précipitant à toute allure vers l'Automnale, la joie d'Achille de retrouver son amie est tout aussi communicative. Il sait bien que la brunette n'est nullement impressionnée par les cabots, son père est un grand connaisseur de ces animaux, et elle vit à leurs côtés depuis qu'elle est gamine. C'est sans doute durant l'une de ses visites à Mercadal qu'Achille s'est épris d'amour pour les canidés. Ses visites, à l'époque, étaient courantes, dans l'espoir de le faire tisser des liens avec les Monteserre en vue de son futur rôle de Seigneur.

Après l'avoir saluée, Ernest continue sa fête et renifle Luciana sous toutes ses coutures. C'est à cet instant que son maître les rejoint. « Salut Lu' » fait le jeune Fae en étreignant doucement sa plus vieille amie. Ils se connaissent depuis qu'ils ne sont que des enfants; dans l'esprit d'un Achille si timorée, elle fait comme partie de la famille, et cela suffit à faire s'écrouler toutes les barrières physiques. D'autant plus qu'avec la saison sociale et leurs responsabilités respectives, ils se voient beaucoup moins qu'auparavant. C'est un manque dans le coeur du Seigneur; comme amputé d'une partie de son être lorsqu'elle est si loin. C'est si unique, si difficile à exprimer. Une émotion semblable, mais différente, de ce qu'il éprouve lorsqu'il est éloigné d'Ulysse ou Atalante.
En la libérant, il garde une main bienveillante sur son bras. « Je sais bien. Et puis, tu lui as manqué... Et à moi aussi. » Ses joues rosissent doucement, le Printanier peu habitué à l'évocation de ses sentiments à l'égard des autres.

« Tu ne me dérangeras jamais Lu ! » Elle fait partie des rares personnes à avoir une place importante dans son coeur. Luciana pourrait débarquer au beau milieu de la nuit qu'Achille la recueillerait les bras grands ouverts. Ernest en a terminé avec les salutations, s'assied entre les deux Faes, les observant chacun leur tour en attendant devoir lequel lui donnera une friandise en premier. Achille sort de la poche de son pantalon un biscuit et le tend au beauceron qui s'en va renifler au loin, conquis. Dans le dos de son propriétaire, Galant assiste à la scène, silencieux, les oreilles dressées. « Tu vas bien..? » Il se voulait moins suspicieux, mais il ne peut s'empêcher de notifier le pli entre ses sourcils. Son sourire pas aussi franc qu'il en a l'habitude. Elle a l'air pâlotte. Achille s'inquiète, un peu. Ou espère qu'il s'agit simplement d'une fausse alarme. Elle est peut-être juste fatiguée.

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tw: Ø @Achille de Péone

L’étreinte est agréable. Sans savoir qu’elle en avait besoin, elle referme ses bras autour du printanier, humant son odeur des boutons de roses en éclosion, la rosée du matin et l’herbe fraîchement coupée. L’étreinte est rassurante, lui permet de retrouver ses repères qui ont été salement piétinés ces derniers temps. Comme une certitude que, quoi qu’il arrive, il sera toujours là pour elle. L’inverse lui serait insupportable. Il s’éloigne d’elle, à son grand regret, mais garde son bras entre ses doigts.

Elle lui a manqué. Elle sourit, pour de vrai, sincèrement touchée par son aveu. Puis hausse les épaules à la suite de ses propos. Fille de Suprême, sœur du Seigneur de Mercadal, elle connaît les sacrifices que nécessite leur devoir. “Tu es gentil, mais nous savons aussi bien l’un que l’autre que ce n’est pas aussi simple.” Elle ne tient pas vraiment à être responsable de la négligence du seigneur, même pour le si peu de temps qu’elle passe avec lui, s’il a autre chose à traiter, elle s’effacera. Consciente que leur temps libre ne dépend pas uniquement de leur volonté, des urgences doivent parfois êtres traitées rapidement.

Loin d’être idiot, printannier perspicace il voit immédiatement que quelque chose la tracasse tandis qu’il donne une gaterie à son fidèle Ernest. “Je vais…” Bien Incapable de lui mentir, les mots restent en suspens. Elle ne va pas bien, ses nuits tourmentées en sont la preuve. “Je ne vais pas t’accabler de ce qui me pèse sitôt arrivée, je suis déjà bien heureuse d’avoir ta compagnie. Allons nous promener, profiter des dernières floraisons de ton domaine, je sais que tu adores ça. Ou nous avachir dans tes luxueux canapés avec du bon vin et des encas. Si Galant n’y voit pas d’objections.” Un coup d'œil vers le superbe cheval pour appuyer son trait d’humour avant de revenir sur son meilleur ami.

“Dis donc je te trouve bien découvert pour cette saison automnale, essaierais-tu de défier ma saison ? Tu n’y gagneras qu’un coup de froid. Comment vas-tu, toi ? Je ne t’ai pas trouvé à la saison sociale.” Cordof étant située à quelques lieues seulement d’Elysium, elle s’attendait à le voir. Peut-être aurait-elle soulagé son cœur plus rapidement, plutôt que de se pâmer pour les beaux yeux d’un orfèvre. “Non pas que tu ai manqué beaucoup d’événements d’importance, la saison s’est révélée plutôt ennuyante. Et décevante.” Elle espérait que son père serait l’élu pour cette année.

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Depuis qu'elle est arrivée, Achille ne perd plus son sourire. Pourtant, celui-ci se réduit un peu quand il se rappelle que Luciana est bien plus terre à terre que lui. Le Seigneur n'avait strictement rien prévu de sa journée, si ce n'est entraîner Galant à faire du travail au sol. Une fois de plus, il omet ses responsabilités pour se consacrer à ses seules passions. et aussi parce qu'elles sont les seules activités qui le ressourcent vraiment. L'Automnale à ses côtés est tellement volontaire et responsable, il reconnaît bien là le tempérament réputé des Monteserre. Luciana l'incarne parfaitement. Elle est radieuse. « Pourtant, j'aimerais que ça le soit. » Il hausse les épaules néanmoins, soupirant. Depuis qu'ils ont pris de l'âge, rien n'est plus comme avant. Il a l'ennui de la simplicité de l'enfance.

La réponse mitigée de son amie fait plisser son front. Elle est si attentive aux goûts d'Achille. En sa présence, il sent son coeur comblé. Galant, sentant qu'il est concerné par la conversation, redresse l'encolure, la bouche pleine de l'herbe émeraude qu'il était en train de brouter. Son propriétaire se retournant et le trouvant ainsi, il comprend que l'étalon ne sera pas contre une pause dans son entraînement. « Je crois qu'il n'y verra pas d'inconvénient. » Puis revenant face à la brunette, il passe sa main dans son dos pour l'accompagner vers les escaliers qui mènent au château. « M'est avis que ce sont les canapés et le vin qui te feront le plus plaisir. »
« Ho, je n'avais pas froid. Courir après un cheval qui ne veut pas travailler, ça réchauffe. » Suite à son commentaire, il referme pourtant quelques boutons de sa chemise. La mention de la saison sociale lui fait esquisser une moue peu convaincue. « Je n'y étais pas. Ce sont Ulysse et Atalante qui ont représenté Cordof cet été. Je- Je ne suis pas vraiment rassuré de m'y rendre, depuis les évènements de Beltane. Et tu sais, tous ces évènements mondains... Ce n'est pas tellement pour moi. » Il soupire. « Ils m'ont rapporté la nouvelle. L'heure de ton père finira bien par arriver. » Il dit cela platement, sans le penser vraiment. S'il éprouve pour Luciana des sentiments singuliers, son père est un tout autre personnage. Drôlement sévère et impressionnant... Il ne sait pas ce qu'un tel tempérament pourrait apporter à Evanor. A vrai dire, il apprécie les choix de la Mère de se tourner vers les caractères plus tempérés des Ethelil, ou d'Ozerov pour l'année précédente.

Ils s'avancent dans la cour et avant de gravir les escaliers, Achille arrête son amie. « Regarde ! » Bordant le mur du château, des roses grimpantes gravissent les briques. Certaines sont rouges, mais d'autres sont noires, jaunes, ou roses. « J'avais ramené des plans de la roseraie de Mercadal. Elles ont éclos tout récemment. » Mais certains boutons sont encore fermés, alors il sélectionne une tige de la couleur favorite de Luciana, la cueille. Il en retire les épines et sa paume libre passe au-dessus du bourgeon. La rose s'ouvre, déploie ses pétales. Sa couleur est saisissante. Fier, il la tend à l'Automnale. « Pour te remercier de ta visite. » Phrase accompagnée de son sourire le plus éclatant, le coeur léger.

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Il la comprend si bien, il sait au premier regard lorsqu’elle est tracassée et réciproquement, mais elle ne saurait même pas par quoi commencer dans ce qui la trouble tant depuis ses derniers mois. Luciana va bien oui, seulement beaucoup de choses sont venues bouleverser ses certitudes au cours de cette saison sociale, une confiance rompue, elle ne sait plus que croire. Trahie par sa propre famille, un secret lourd à porter désormais, une promesse formulée qu’elle a bien du mal à tenir tandis que son frère semble bien caché.

Elle est distraite, tente un trait d’humour en demandant l’assentiment d’un cheval qui semble davantage intéressé par autre chose. Achille lui confirme que Galant ne veut pas travailler, Luciana sourit, les chiens ne font pas des chats. Sachant très bien qu’il préfère le grand air aux bureaux encombrés de rapports à traiter, il croulerait sûrement sous les responsabilités s’il ne pouvait pas compter sur Ulysse et Atalante. Achille est un esprit libre. Étrangement, elle connaît bien mieux le printanier qu’elle ne connaît ses propres frères.

Tandis qu’elle l’interroge sur son absence à la saison sociale, il devine très bien qu’elle aurait souhaité voir son père être à l’honneur pour succéder à la Nuit, ce à quoi elle répond par un haussement d’épaules penaud. Elle aurait davantage voulu qu’Achille soit à ses côtés cet été, même si elle a profité de la compagnie d’Ulysse et Atalante, ils ne sont pas Lui. Ils n’ont pas le même effet apaisant de son meilleur ami. Ils se rendent donc à l’intérieur, reconnaissante silencieuse qu’il ne lui impose pas une promenade même si elle l’aurait accompagné, elle souhaite avant tout sa compagnie pour elle seule, à l’abri.

Il l’arrête brusquement dans leur avancée, elle s’arrête juste à temps pour ne pas lui rentrer dedans et observe ce qu’il lui présente. D’abord, elle fronce des sourcils, reconnaît les bourgeons et les couleurs qu’au bout d’un certain temps, surtout parce qu’elle ne s’attendait pas à en trouver en dehors de ce qui est censé être sa maison. Les couleurs chaudes de l’automne, les couleurs de son blason, de sa cour, ici dans le printemps, demeure ancestrale des de Péone ?

Le geste, pourtant si innocent, bouleverse la jeune fae tandis qu’il fait déployer les pétales pour en révéler toute sa splendeur. Dans cette fleur, elle y voit bien plus que de la simple végétation, c’est une part d’elle-même qu’il a emporté en son fief. Luciana sent l’émotion lui tordre la poitrine, les larmes lui monter aux yeux, consciente du ridicule de la situation elle fait de son mieux pour ne pas fondre en larme, mais le sourire désarmant d’Achille a raison d’elle. “Je suis désolée. C’est… Je suis ridicule.” Sanglote-t-elle dans un flot de larmes qu’elle ne peut plus retenir, accumulation de tant d’émotions qu’elle garde en elle depuis trop longtemps.

Son acte attentionné est innocent, aucune préméditation, un passionné, amoureux de ce que sa saison a de plus beaux à offrir et qu’il a emporté avec lui. “C’est que… Tu es la première personne qui me fait un aussi beau cadeau depuis…” Elle déglutit, ses doigts viennent sans cesse essuyer des larmes qui ne cessent d’inonder ses pommettes. Elle se maudit d’être aussi sensible, au milieu de cet escalier, se maudit d’effacer le sourire désarmant de son ami. “Par la Mère que j’avais besoin de ta présence cet été.” Souffle-t-elle entre deux sanglots intarissables. “J’ai l’impression que tout mon monde s’écroule, je ne suis plus qu’une spectatrice de mon existence.”

Cependant, elle fournit l’effort de s’emparer de cette fleur en reniflant de manière fort peu digne pour ravaler un énième sanglot. Cette fleur, elle souhaiterait qu’elle ne se flétrisse jamais, qu’elle reste aussi belle et glorieuse. “Aitor est vivant.” Finit-elle par avouer dans un souffle. “Ils m’ont menti, ils me mentent depuis tellement longtemps Achille.”

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La fleur au creux de ses mains, Achille contemple Luciana qui la découvre. Même si personne n'est au courant de manière officielle pour son homosexualité, beaucoup s'en doutent. Et ce n'est pas une raison qui l'empêche de trouver des femmes magnifiques. Des femmes comme Luciana. Il se souvient que, depuis qu'il la connaît, il la contemple. Elle a toujours été une enfant pleine de vie, souriante et forte, malgré les aléas de sa vie. Le petit Printanier n'a cessé de l'admirer, n'a cessé d'aimer caresser ses cheveux, sentir son parfum, et quand il y songe, elle est bien la seule femme à qui il accorde autant d'attention en omettant Atalante. Elles sont sans doute aucun les deux femmes de sa vie.

Si bien qu'il se sent démuni quand les larmes dégringolent de ses mirettes. Ses pupilles écarquillées, il a un léger geste de recule à cause de la surprise. Luciana pleure à chaudes larmes, ses excuses font rire doucement Achille devant la douceur de cette situation. Il l'a sentie tourmentée depuis son arrivée, mais de là à partir en sanglot quand il lui offre une rose ? « Ah bon ? Euh, je- » Les mots lui manquent, et il se sent stupide avec la fleur entre ses mains. Ses iris bleutés vont des pétales aux joues ruisselantes de sanglots, totalement perdu et désoeuvré face au flot d'émotions de sa meilleure amie. « Viens. On a le temps. Asseyons-nous. » Il passe son bras par-dessus ses épaules, l'accompagne en s'installant sur les marches de l'escalier. Luciana ne cesse d'essuyer les larmes sur son visage, mais elles ne cessent pas pour autant de se déverser.

Oh par la Mère, qu'est-ce qu'il culpabilise tout à coup. Il la dévisage, se demandant qu'est-ce qui a bien pu se passer durant l'été pour qu'elle soit autant à bout. Il cherche des réponses à travers ses réponses sans points finaux, essaie de comprendre quels peuvent être les sujets de ses tourments. « Quoi ? Mais... Mais enfin, comment ça..? » Achille ne sait plus que bégayer. Luciana lui prend la fleur des mains, la garde entre ses doigts tremblants d'émotions.
« Aitor ? » Ses yeux papillonnent, incrédules. Ce prénom ramène Achille à des souvenirs lointains. Il se souvient du petit garçon, plus jeune de quelques années. Il l'avait rencontré en rendant visite à Luciana, quand ils n'étaient encore que des gamins. Un garçonnet timide, toujours fourré dans les jupes de sa mère, bien différent de ses frères et soeur. Achille se retrouvait beaucoup dans la personnalité de son jeune frère, jusqu'à ce que l'irréparable soit commis. Un accident où il perdit la vie... Mais ça n'a jamais été vrai, visiblement. « Qui t'a menti ? Tes parents ? Mais enfin, pourquoi ils auraient orchestré la mort de ton frère..? » Le décès d'Aitor a ébranlé la famille Monteserre, il se souvient encore du profond désarroi de Luciana, et des années qui lui aura fallu pour s'en remettre... Pour autant que l'on puisse se remettre d'une telle perte. Tous ces efforts fournis pour rien, puisque vraisemblablement, Aitor n'est jamais mort.

Le jeune Seigneur désoeuvré serre l'Automnale contre lui. Son bras toujours par-dessus ses épaules glisse sur son bras pour l'attirer plus proche, dans l'espoir de lui donner autant de réconfort qu'il lui est possible. « Lu'... Je suis tellement désolé... J'aurais dû être là... » Et au lieu de ça, il se tapissait dans l'ombre de Cordof, loin de toute festivité, abandonnant son amie si chère à son coeur à son triste sort. Il s'en veut, vraiment, terriblement. « Excuse-moi... Raconte-moi... » C'est comme s'il l'implore, son visage se perdant dans ses mèches brunes, inspirant son parfum qui lui avait tellement manqué.

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tw: Ø @Achille de Péone

Cette fleur est désormais un symbole à ses yeux. Cette fleur, elle aimerait qu’elle soit éternelle. Une fleur aux couleurs de l’automne au sein de la cour du printemps, à Cordof plus précisément, mais elle n’en accorde pas moins d’importance. Mais alors que ses larmes se mettent à couler sans tarir, elle aperçoit le désarroi de son meilleur ami. Elle a beau bredouiller quelques mots, la situation n’en est pas plus claire pour lui. Elle doit se ressaisir et il l’invite à le faire en les installant sur les marches du fief, à l’abri des regards, mais n’importe qui pourrait leur tomber dessus.

“Non, ce n’est pas de ta faute, tu ne pouvais pas prévoir que mes parents me feraient cette grande révélation et je crois qu’ils ne m’en auraient même pas parlé s’ils n’étaient pas tombés sur Lui. Ce n’est pas ce que je voulais dire, je sais très bien que n'est pas friand des mondanités, j’aurais du venir te voir ici, mais je… le cherchais.”

Elle s’était pourtant juré de garder ce secret, mais force est de constater que ce mensonge lui pèse trop. Elle comprend pourquoi ses parents ont préféré taire la vérité, elle ne l’aurait pas supporté, pas plus qu’aujourd’hui. Ça ne rend pas le mensonge plus facile à encaisser aujourd’hui, du haut de ses 54 ans, en fae adulte. La jeune Fae pousse un soupir tragique avant de reprendre ses explications sans se laisser submerger par son chagrin.

“C’est un divergent. Il a subi le même sort qui leur est réservé. Cesare…” Il est plus facile de dissocier la situation en faisant mention de son père par son prénom, comme si ça lui permettait de ne pas accuser son père directement. “A préféré orchestré un accident de chasse qui lui a coûté la vie, plutôt que de reconnaître à la face du monde que son dernier fils a développé d’autres pouvoirs. Et par la même occasion il a accusé ma mère d’adultère pour se décharger de toute responsabilité.” Il a détruit sa femme et leur couple si complice pourtant, Siena est resté malgré tout, pour préserver l’unité de leur famille, mais Luciana se demande jusqu’à quel point elle a souffert de la situation, des accusations.

Achille la serre tout contre lui, elle s’y laisse totalement aller, détendue, pose sa tête sur son épaule tandis que ses sanglots s’apaisent eux aussi. “Son ego a fait de lui un monstre.” Lâche-t-elle dans un dernier soupir chevrotant. Elle a beau faire des efforts pour lui pardonner, une voix insidieuse lui souffle qu’il est responsable de nombreux autres mensonges et secrets. Comme le départ de son général, Rym. “Ou bien est-ce le pouvoir ?” Elle relève un visage attristé pour l’observer avec intensité. “Je sais que je ne serais jamais une Grande Dame, mais toi, ne te laisse pas transformer ou appater par le pouvoir. Vous oeuvrez en trio, heureusement tu as Ulysse et Atalante, grâce à eux tu garderas la tête sur les épaules.”