[EVENT] Les fils du destin

les fils du destin

FEVRIER 838 (INSCRIPTION | FLOOD EVENT )

Des portes s'ouvrirent sur une grande pièce circulaire. Au centre de cette dernière, une imposante table ronde autour de laquelle on avait disposé seize fauteuils : huit pour les huit tours qui composaient les piliers de la foi, sept pour les sept temples des cours du continent. Le dernier était réservé à la Prêtresse Mère, laquelle venait de faire son entrée. Vêtue d'une robe dorée, cette dernière s'installa à la place qui lui était dévolue, son visage impassible ne regardant aucune des quinze Hautes Prêtresses présentes. Ce ne fut que lorsqu'elle fut assise que ses comparses s'autorisèrent à en faire de même, d'un seul mouvement comme muées par une seule pensée. Elle en fut satisfaite : malgré tout ce qui venait déranger son sommeil, savoir que ses quatorze représentantes continuaient de respecter un protocole vieux d'au moins une ère était plutôt encourageant.

« Mesdames, des temps exceptionnels exigent des rencontres exceptionnelles. Puisse, notre séance du jour, apporter paix et sérénité au sein de notre ciel. »

Guère sa meilleure ouverture, mais elles s'en satisferaient, songea-t-elle tandis qu'elle balayait finalement du regard la table et ses occupantes. Elles formaient un public disparates de couleurs et de fonctions. De la blanche Immaculée à l'éclatante Ecarlate, des robes obscures de la Nocturne aux fins tissus de l'Estivale. Elles étaient toutes là.

« Nous avons réunis ce conseil en faisant appel à vous, représentantes choisies parmi vos pairs, les premières d'entre toutes, et nous sommes prêtes à entendre vos doléances et vos avis. Puisse La Mère, dans sa grande bonté, vous offrir la force de défendre vos opinions dans ce concile unique. De vous dépend l'avenir, de vous dépend la continuité de notre existence en tant que Cour respectée et respectable. »

Alors, elle se cala dans son fauteuil, son oeillade les surplombant toutes de quelques centimètres. Elle savait que s'opposaient deux factions, deux manières de pensées. En d'autres temps, elle n'aurait sans doute pas prêté attention aux progressistes qui ramenaient constamment dans la discussion des désirs déjà maintes fois évoqués au cours des siècles. Cependant, aucune Prêtresse Mère n'avait vécu l'enchainement des évènements qu'on lui avait imposés depuis son investiture. Alors, elle s'était mise à douter. Si elle devait demeurer dans les histoires, elle refusait que cela soit comme la Prêtresse Mère qui n'avait pas su empêcher le Crépuscule de sombrer.

les fils du destin

évènement — février 838

C’était sans inquiétude ni appréhension que Marjolaine avait accueilli la nouvelle de ce conseil crépusculaire exceptionnel. Là était sans doute le minimum que la Prêtresse Mère pouvait bien faire après la violation de la Tour de la Coupe. Double avait été l’injure. La première jetée sur la cour du Printemps, qui n’avait pas été capable d’une quelconque façon, de prévoir, de connaître puis de contrecarrer cette attaque qui s’était soldée par un vol, menu certes, mais symbolique. Et la seconde sur la cour du Crépuscule, qui, visée de la sorte, démontrait qu’elle n’inspirait pas plus de crainte ou de respect : elle était une cible, malgré sa sacralité. La Prêtresse des prêtresses n’avait eu d’autre choix que de réagir à sa tour, et ainsi, de convoquer celles sans qui ce continent partirait à vau-l'eau. Ses fidèles obligées, ses petites mains, ses prêtresses des temples et hautes prêtresses des tours, toutes ici réunies pour statuer sur les défis qui se tenaient devant l’ordre. Seule une aveugle-sourde, pouvait ignorer le fait que les crédos de la cour vacillaient, non seulement à la demande du peuple mais également par une forme de grogne interne qu’il fallait soit écouter ou étouffer. Quoique Marjolaine fût plutôt partisane de l’étouffement, elle n’était pas seule décisionnaire. Prêtresse Immaculée qui se rêvait Prêtresse Mère à la place de la Prêtresse Mère, elle savait sa supérieure dans une situation délicate qui pourrait à jamais entamer sa gouvernance. Une joie. Une jubilation. Un risque pour toutes. Que se passait-il lorsque la foi perdait son mystère et son cérémoniel ? Le conseil devrait en décider.

Elle avait vu ses consœurs arrivées les unes à la suite des autres et prendre place dans leurs appartements au sein du Palais des Mirages. Elle. Elle était chez elle. Suprême des Blancs et des Blanches. Maîtresse du Chaudron. Seconde inavouée de la Grande Prêtresse Mère. Tout ceci était son quotidien. Son environnement. Sa demeure. Elles étaient toutes invitées en définitive. Des invitées plus ou moins les bienvenues. Marjolaine avait ses préférences, bien entendu, comme dans toutes les familles, il y avait des membres que l’on se passerait bien de voir. Une famille. Le Crépuscule était sa famille, quoiqu’on en dise. Et elle la défendrait bec et ongles. Elle était là pour cela. Elles étaient toutes là pour cela, en théorie.

Elle avait attendu patiemment que la Prêtresse Mère fasse son entrée, observant silencieusement les autres femmes de l’assemblée. Un regard perçant pour certaines d’entre elles, indifférent pour beaucoup et amical pour aucune. Toutes étaient des politiciennes. Toutes lutteraient pour un combat personnel, pour leur objectif tacite du jour. Marjolaine, elle, n’avait personne d’autre, aucun être cher, elle n’avait que le Crépuscule. Sans doute, était-ce en ce sens qu’elle était la plus impartiale de toutes. Elle ne servait ni Suprême, n’était issue d’aucune famille noble. Elle avait pour unique univers cette tour du Chaudron, et pour unique supérieure la Prêtresse Mère. Elle était unique entre toutes, car elle n’appartenait à aucune terre, à aucun royaume, comme le Crépuscule devait l’être. Indépendant. Impartial. Incorruptible. Or. Aucune de ses sœurs ne collectionnait toutes ces qualités. Hormis elle. La Grande Blanche. L’Immaculée. La Prêtresse Mère fit son entrée, prit place, bientôt imitée par l’ensemble de l’assemblée, et avec une déférence mi-réelle, mi-feinte, Marjolaine écouta attentivement tout en observant discrètement les autres membres de l'assemblée.

Résumé:

Les fils du destin

Si la plupart des Prêtresses sont arrivées la veille pour participer au Concile de ce matin, Han Kai s’est refusé le plaisir de déserter la Tour du Pendule avant que l’heure ne soit proche. Ainsi, elle a mis les pieds dans la zone de tamisage du Palais à peine une vingtaine de minutes avant l’heure de début, emmitouflée dans une longue cape grise doublée de fourrure immaculée qu’elle laisse désormais glisser sur ses épaules. Elle affiche son habituel visage d’une jeunesse à la longue chevelure dorée, celle que tous reconnaissent comme la Prêtresse Implacable. Contrairement à la plupart de ses sœurs, Kai a le privilège de ne dévoiler son véritable visage qu’à une poignée de personnes, la magie de l’aube coulant dans ses veines, et lui permettant d’effectuer son travail plus efficacement dans l’ombre. Ses sœurs savent que Han Kai n’est pas la secrétaire de l’Implacable, mais elle ne dévoile le visage de Kai que lorsque toutes les Hautes Prêtresses se sont glissées dans la salle, lorsque les portes sont scellées pour leur permettre d’échanger dans la discrétion.

L’heure est sombre. Déjà cet été, les échos de la démission de la Générale Ash’han qui a travaillé de concert avec le Suprême de l’Automne durant plus d’une décennie l’a mise sur le pied d’alerte. Elle avait espéré mettre la main sur la divergente pour se l’allier, mais elle a rapidement compris que de l’information a coulé lorsque ses espions lui ont rapporté que l’ancienne générale a eu une rencontre à l’abri des regards avec Dugu Wanyin, sa cousine de sang. Kai sait tout ça, parce qu’elle a subtilisé les souvenirs dans l’esprit de Rym Ash’han elle-même. Sachant que plusieurs adeptes de l’ajah grise tournent autour du Suprême de l’Automne, l’Implacable se doute que la faille doit résider en l’un d’entre eux, mais sa prudence l’empêche de confronter qui que ce soit. Du moins, pour l’instant.

La nouvelle des événements survenus à la Tour de la Coupe n’ont rien de plus reluisant. Elle s’est rendue elle-même sur place pour interroger les témoins. La prêtresse verte égorgée n’a bien sûr été d’aucune aide. Les souvenirs de l’enfant retrouvé endormi dans une des pièces du quatrième étage étaient illisible, le gamin ayant été trop effrayé pour se souvenir du visage de celle qui l’avait rassuré. Seule sa voix demeurait dans l’esprit de l’Implacable. Les sœurs rouges qui se sont battu contre les hommes dans l’antichambre de la coupe ont pu voir le visage d’un des deux hommes. Lorsqu’ils ont tenté de retrouver Owen Jur’atkin, ils se sont cependant frappés à un mur, puisque personne à Elysium ne semble avoir revu le voyou depuis le soir de l’attaque.

C’est avec un brin d’impatience et d’irritation que l’Implacable a pris place dans la salle, prêtant une oreille attentive aux paroles prononcées par la Prêtresse Mère en observant les traits de ses sœurs, incertaine de comment certaines d’entre elles peuvent espérer une révolution crépusculaire alors que tout semble s’écrouler lentement. Elle a toujours été ferme quant à sa propre position : les Suprêmes règnent pendant que les Hautes Prêtresses veillent pour que le pouvoir ne leur monte pas à la tête, pour que les désirs de la Mère continuent d’être honorés et que la paix règne. Après tout, ça n’est qu’après l’avènement de leur cour qu’Evanor s’est installée dans une ère de paix. Leurs sacrifices sont nécessaires pour l’équilibre du monde…

Résumé:

Février 838 avec les Prêtresses ∙ code par alcara

les fils du destin

évènement — février 838

C’était en plein cœur d’Elysium que l’on avait aperçu la Prêtresse Erudite pour la première fois depuis longtemps. Hopassë n’était pas de celles qui appréciaient immodérément les mondanités, bien au contraire, notamment lorsque celles-ci donnaient l’occasion aux excès. Hopassë n’était jamais excessive sauf peut-être dans le sérieux qu’elle donnait à son travail, et en cela, l’excès ne pouvait être considéré comme un défaut à ses yeux. Elle avait à charge de veiller à l’instruction du monde et à la collecte du savoir, à sa pérennisation, et le cas échéant, à son effacement. Hopassë avait toujours considéré que son travail trouvait son sens sur le terrain, au quotidien, près du simple et du bienheureux, près de ceux qui du savoir tiraient leur bonne fortune, leur épanouissement et leur révélation. C’était près de la Cité de la Sapience qu’elle avait débutée ses déambulations matinales, observant tous ces jeunes gens, qui, le savoir au creux de la main et la volonté d’apprendre près du cœur, avaient pris le chemin des écoles et des universités. Elle avait ainsi regagné à pied le palais des mirages, silencieusement, à pied.

C’était dans les appartements qui lui avaient été préparés qu’elle avait pris la décision de se changer, quittant sa simple tenue jaune d’oratrice pour la fastueuse robe de Prêtresse Érudite, tout en dorures et en pierreries. Plus que le faste, c’était le cérémonial qui était important pour Hopassë : elle n’était pas du commun, et elle ne devait pas l’être, elle devait être entourée de magie et de mystère pour satisfaire le peuple, pour satisfaire son besoin de croire en quelque chose de plus grand, de plus beau, de transcendant… C’était cela qu’elle était venue défendre aujourd’hui. La foi qui élève et qui réunit, en dépit des critiques, en dépit du temps qui passe, en dépit des mémoires qui oublient et des paroles qui leurrent. Qui était plus légitime qu’elle pour parler des textes sacrés et des piliers manuscrits qui avaient élevé leur cour là où elle était aujourd’hui ? Personne. Pour sûr qu’elle ne se laisserait pas déposséder. Pas plus qu’elle ne laisserait la foi se trahir. Elle n’était pas partisane des changements, pas partisane de l’évolution. Elle était partisane de la fidélité et du sens, en bonne lectrice, en bonne écrivaine, en bonne oratrice. Hopassë était persuadée que certaines de ses sœurs avaient perdu le sens de leur tâche, le sens de leur dévotion, et elle serait là pour leur rappeler. Elle était persuadée qu'une foi s’embrassait ou elle finissait, tôt ou tard, par vous consumer.

Prenant place autour de la table, ses pensées vagabondèrent un instant, son regard se porta sur la Prêtresse Nourricière, visiblement affligée. Elle pouvait l’être. Elle avait failli à sa tâche de conserver l’intégrité de sa tour. Elle avait baissé sa garde et son erreur avait coûté la vie à une de ses filles… Toute l’assemblée était en deuil aujourd’hui, l’ensemble du Crépuscule même. Entendant les mots de la Prêtresse Mère, Hopassë se laissa inspirer par eux pour bientôt prendre la parole à son tour et convaincre ses sœurs du bien-fondé de ses arguments, de sa position et de celles qui appelaient à ce que la Raison et la Tradition triomphent du conseil de ce jour.

Résumé:

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évènement — février 838

Breena n'accorda qu'un regard las aux gardiens de la Tour tandis qu'on lui ouvrait les portes, l'accueillant dans cet espace étrange qui semblait couper du monde. La nonchalance de l'automnale avait toujours été : quoi que passionnée, elle avait toujours semblé profondément ailleurs, même du temps de son service auprès des soeurs grises alors même que se glisser dans l'esprit des autres était un exercice des plus euphorisants. Elle avait toujours été ainsi : à demi hautaine, comme transcendée par la magie que son anneau d'hématite lui offrait et à demi ennuyée, presque agacée des devoirs que sa fonction impliquait. Elle se souvenait de ce qu'une soeur originaire de la Cour de l'Automne avait dit une fois, alors même qu'elle n'était encore que novice : peut être était-ce le sang automnal qui refusait de se laisser dompter, de se plier sagement aux ordres. C'était la colère grondante, la rébellion innée, l'incapacité de demeurer sagement à sa place. Durant toute son éducation, Breena avait refoulé cette part d'elle, se contentant de pression plus ou moins appuyé sur les silex qui s'enroulaient à ses doigts, le bouillonnement s'exprimant somatiquement dans les tics nerveux qui mettait une partie de son entourage sous tension. A présent, elle ne battait plus inconsciemment de la jambe et ne se rongeait plus les sangs à contenir ce qu'elle était. Et elle appréciait, sans doute plus qu'elle ne l'aurait du, le pouvoir qui était sien.

Abandonnant sa cape bordé de fourrure que la météo perpétuellement automnale d'Arvandor imposait, Breena révéla sa robe d'un orange satiné, d'une teinte presque d'un doré sombre semblable aux flammes de sa magie innée, au feu des brasero du temple qui était sien. Son regard parcourut les femmes déjà présentes, notant la tension qui régnait dans la pièce alors même que les hostilités n'avaient commencé. Et pourtant, Breena comprenait. Ce qui se jouait ce jour était bien plus qu'une rencontre de courtoisie entre prêtresses : de leurs échanges dépendraient l'avenir des générations futures de prêtres et prêtresses, peut être même l'avenir de la Foi toute entière, si elle s'en tenait aux murmures qu'elle avait pu entendre de ça, de là. Et soudainement, la conversation qu'elle avait eut avec Azalée, plus d'un an auparavant, semblait bien lointaine face à l'ampleur de ce qui avait suivi : elles n'étaient plus dans le jardin de l'Aulne à débattre mais entourées de leurs consoeurs pour se disputer le bout de gras d'une Cour qui se permettait de donner des leçons sans même les respecter.

A ses propres opinions s'ajoutait des préoccupations plus politiques et les échanges, encore courtois, qui avaient lieu dans la salle du conseil de la Maison des Bois. Nul doute que la Prêtresse-Mère, ou les Hautes-Prêtresses de Tour, ne pouvait imaginer le grondement qui résonnait et les conséquences qu'une vision buté et passéiste pourraient avoir. Entre deux Cours, Breena se sentait prise au piège : l'allégeance de voeux prononcés plus de quarante années auparavant rencontrant les idées de la femme qu'elle était devenue. A ses yeux, il y avait trop d'évènements venant fragiliser leur position pour ne pas prendre la peine de les écouter, pour ne pas se remettre en question.

Résumé:

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┗ the fire priestess ┛

I'M SCARED OF THE LOVE I HAVE FOR YOU. BECAUSE I KNOW IT WILL RUIN ME. AND I ALSO KNOW, I WILL LET IT.

les fils du destin

événement — février 838

Les cheveux soigneusement bouclés sans aucune mèche qui ne s'échappe de sa place, les cernes soigneusement masqués par une couche de maquillage, Azalée s'observe un long moment dans le miroir qui lui fait face pour s'assurer que tout est parfait. L'observateur curieux pourrait croire qu'elle s'est préparée pour un dîner mondain en présence de la plus haute noblesse d'Evanor, mais les fleurs soigneusement brodées en fils colorés le long de ses manches et de sa jupe disent tout le contraire.

Une réunion des plus importantes prêtresses du Crépuscule, après la tentative de vol avortée à la Tour de la Coupe, ne veut dire qu'une chose — la salle de réunion qui leur sera réservée à Elysium va se transformer en arène. Et même si le combat ne tirera aucun sang, il n'en sera pas moins violent.

Glaïeuls, primevères, cistes. Des fleurs pour représenter le courage dont elle va avoir besoin, parce qu'il est plus que temps que les choses changent, et que l'immobilisme buté de l'institution la plus importante de ce fichu pays n'a plus lieu d'être. Pas après tout ce qui s'est passé sur les quatre dernières années. Après une dernière hésitation, elle passe son pendentif de lapis autour de son cou. Le décolleté de sa robe ne lui permettra pas de le cacher, mais ce n'est pas plus mal. Qu'elles se rappellent, qu'avant d'être la Haute Prêtresse du Printemps, elle appartenait à l'ajah bleue. Que les mensonges ne sont pas à l'abri, à portée de ses oreilles.

Elle tamise dans un nuage de couleurs orageuses qui sent l'acidité, n'accorde pas un seul regard aux protecteurs rouges postés pour garder l'entrée de la Tour du Chaudron. Elle est l'une des dernières à arriver, et si elle se dirige immédiatement vers sa consœur Nourricière, avec qui elle a eu bien plus de contacts en trois mois qu'au cours des trois dernières années, pour échanger quelques mots rapides, son regard accroche immédiatement celui de @Breena Wessely. Cette conversation qu'elles ont eue tant de mois auparavant, à l'ombre de l'aulne sacré des Automnaux, lui semble soudain bien puérile face à la réalité de ce qui les attend.

La Prêtresse Mère fait son entrée, les places sont prises. Azalée se retrouve entre Breena et leur consœur de l'Aube, le dos bien droit contre le dossier de sa chaise, le pouce qui frotte distraitement à une broderie de sa jupe en particulier — des lys et des jacinthes et des dahlias qui s'emmêlent dans des feuilles d'ambroisie, un rappel vif et piquant de qui elle est avant tout, avant même d'être Haute Prêtresse.

Peut-être est-il temps pour le Crépuscule de réaliser à quel point une Valois peut être têtue.

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bullshit i feed myself

i guess i got what i wanted, i never knew what i needed — leave it up to me to fuck it up without a good reason.

les fils du destin

évènement — février 838 — Pnjisation Prêtresse Ecarlate

Quels derniers mois chaotiques songea-t-elle, en s'admirant dans le miroir de ses appartements. La Prêtresse implacable qu'elle était n'aurait jamais failli à sa tâche. Pour sûr que sa chère collègue Nourricière avait de quoi subir son courroux et son dédain. Elle avait donc reçu l'invitation sans surprise, cette intrusion dans ce lieu sacré ne devait rester impuni. Pour sûr que si elles retrouvaient ces voyous, ces derniers passeraient un sale quart d'heure. L'on ne s'en prenait pas au Crépuscule sans en subir les conséquences et quelle faiblesse ils montraient en cet instant.

La Prêtresse Rouge demeurait fidèle à sa réputation, n'accordant qu'une oeillade méfiante à l'égard des gardiens de la Tour tandis que les portes imposantes s'ouvraient, ses pas raisonnant dans les couloirs. Cette réunion exceptionnelle n'était qu'une logique suite du chaos survenu ces derniers mois, et tout cela ne mettait guère la prêtresse dans la joie et la bonne humeur. Ses traits sévères l'étaient encore plus, tandis qu'elle se préparait d'ores et déjà à rabattre le clapet des plus jeunes : elle n'avait rien à prouver à quiconque, étant la plus expérimentée de toutes. Abandonnant sa capte d'un rouge nacrée, celle-ci dévoila une tunique de la même couleur, aussi droite que celle qui la portait, une sobriété qui était loin de l'extravagance agaçante du printemps ou de l'été.

Elle prenait place autour de la table, hochant la tête en signe de salutation, croisant le regard de Han Kai ( @Adrielle Ethelil ) à sa gauche, qui partageait ses idées conservatrices. Ce n'était pas elle qui faudrait convaincre mais la Nourricière, moins influençable que l'Oracle, assise à sa droite. Tandis que la Prêtresse Mère prenait la parole, elle scrutait de ses yeux bleus froids les réactions de chacune d'entre elles. Rien ni personne ne la ferait changer d'avis, elle était persuadée du bien fondée de sa position. Rien ne justifie un changement de la part de la Foi car celle-ci dépend de la Mère, immuable, juste. Les Prêtresses jouissaient de droits et devoirs, rien n'était acquis sans sacrifice. Tandis que la pièce s'emplissait, elle comprit que la réunion allait débuter. Si ce n'était pas par l'épée qu'elle abattrait ses cartes, les mots feraient amplement le travail, avec fermeté, sévérité. Encore et toujours.

Résumé:

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stopped my heart

I’ve Been Lost In Your Eyes All Afternoon. The More I Drift The Closer I Get To You

les fils du destin

évènement — février 838

Il était plutôt évident que la tension était palpable. L'atmosphère n'était qu'électricité. Le climat plutôt hostile. Toutes l'avaient sans doute sentie. Toutes, en ce jour, s'étaient armées, à leur manière, pour préparer les joutes verbales qui allaient bientôt venir. Hopassë restait de marbre, ni particulièrement amusée par le sérieux de certaines de ses consoeurs, et guère plus impressionnée, quoiqu'elle ne fut pas parmi les plus forts caractères présents à cette table. Elle savait que l'Implacable pouvait être particulièrement difficile, et pas qu'à cause de son nom : elle serait de son côté, de celui des conservateurs, du parti de celles qui avaient compris que le Crépuscule impliquait de grandes responsabilités... Et que les grandes responsabilités impliquaient des sacrifices. Hopassë avait la certitude de cela, et toutes les mémoires qu'elle avait pu lire des grandes femmes et des grands hommes qui avaient gouverné Evanor allaient dans ce sens. Le pouvoir induisait des renoncements. Et le pouvoir ne rendait pas systématiquement heureux. Il n'était pas là pour cela. Il avait pour but de dédier à la collectivité la puissance qu'il représentait. Ordre. Respect. Richesse. Et en contrepartie, une vie entière de servitude.

« Mes sœurs. » Commença Hopassë, brisant le silence de la salle, perturbant les regards entendus et suspicieux que toutes se jetaient les unes aux autres... Elles ne devaient pas être uniquement dans l'affrontement. En bonne gardienne des savoirs, en bonne érudite, Hopassë se devait d'être ordonnée, méticuleuse : il leur faudrait aborder tous les grands défis qui se tenaient devant elles toutes, sans langue de bois bien sûr, avec respect évidemment, mais surtout sans omettre aucun sujet sous peine de mécontenter le peuple et surtout... De donner du grain à moudre à ces chiens de la Pomme Empoisonnée. « Je vous propose que nous établissions un ordre du jour afin que nos débats puissent trouver un cheminement constructif. Ce fil conducteur ainsi établi, nous ne commettrons pas l'impair d'oublier un sujet jugé fondamental par l'une ou plusieurs d'entre nous, et de questionner pleinement tous les défis auxquels nous devons faire face. Qu'en dites-vous ? » Cherchant une sorte d'approbation dans le regard de ses sœurs, elle attendait désormais que l'une d'entre elle commence à lister les sujets qu'elle estimait, elle-même, bon d'aborder... A moins qu'un peu de structure et d'ordre déplaise à la majorité d'entre elles, ce dont Hopassë doutait.

Résumé:

les fils du destin

FEVRIER 838

La Prêtresse-Mère balaya les femmes autour de la table d'une oeillade sévère : quelques temps auparavant, elle se trouvait encore parmi elles et il était parfois difficile de ne plus voir en ses anciennes soeurs des égales. Mais depuis qu'elle avait endossé ce rôle, elle ne pouvait plus se permettre d'être amicale ou de laisser sortir celle qu'elle avait été autrefois : elle n'était plus elle, elle était la Prêtresse-Mère et toutes ces femmes étaient ses yeux, ses oreilles et sa voix à travers Evanor et la Cour du Crépuscule. Et pourtant, cette mécanique bien huilée était grippée depuis peu et elle ne pouvait que tristement le constater alors que les tensions grandissaient entre chaque regard. Ce fut Hopassë Ulundë qui fut la première à prendre la parole, brisant un silence lourd des reproches de certaines et d'interrogations des autres. Toussotant, elle reprit la parole d'une voix forte, s'imposant au milieu des Quinze. « Je vous remercie, Erudite. Nous ne sommes pas venue pour la bonne compagnie que nous sommes les unes pour les autres, il est grand temps que nous commencions. » approuva la Grande Prêtresse avec un froncement de sourcils. Oh, elle aurait aimé que ce soit ainsi, mais ces femmes se sauteraient à la gorge bien avant de profiter de la présence des une ou des autres. S'efforçant de garder dignité et gravité, elle reprit. « Il est remonté à nos oreilles que nos troupeaux étaient fort agités depuis quelques temps. Que ce soit des membres du Crépuscule ou les ouailles que nos prêtresses des saisons et des astres rencontrent au quotidien. » Elle avait des espions partout, des petites bleues qui sillonnaient Evanor pour le compte de la Prêtresse des Murmures à ses propres envoyés, plus discrets, de toutes les couleurs, lui remontant ce qui se disait dans les temples ou dans les tours, loin de l'intérêt des Hautes Prêtresses trop prises par leurs devoirs. Oui, elle savait dans les grandes lignes ce qui se tramait, et celles qui l'avaient précédée à ce poste ne lui pardonneraient sans doute jamais ce qu'elle était sur le point de faire, mais elle ne voulait pas être celle qui resterait sourde à la réalité et causerait la chute de la Foi. La Mère ne le permettrait pas. L'heure était grave : des Suprêmes mourraient, des revendications se faisaient entendre et jamais ils n'étaient apparus aussi faibles que maintenant qu'on pouvait s'infiltrer dans les tours pour voler des anneaux, si ce n'était des reliques sacrées. Elle ne pouvait rester sans rien faire. « Bien que nous considérions que le Crépuscule est l'entité immuable d'Evanor, nous sommes malgré tout disposées à entendre et débattre des requêtes que certaines semblent avoir amené avec elles. » Elle posa son regard sur celles dont elle savait ouvertement qu'elles finiraient par prendre la parole : les Hautes Prêtresses du Printemps, de la Nuit et de l'Automne.

Ce fut la nocturne qui se leva, dans sa grande robe bleu nuit brodée d'or. La Prêtresse Mère la fixa : elle était jeune, et l'une des plus récemment choisies de leur assemblée, pleine de fougue et d'énergie. Il était temps de voir si les nocturnes avaient eu raison de la choisir. « Mère, c'est très humblement que nous vous partageons les doutes et les craintes de nos frères et sœurs du Crépuscule. Evanor a bien changé depuis le Fléau. Peut-être que, tout en demeurant l'immuable présence dont le continent a besoin, nous pourrions envisager d'évoluer aussi sur certains points. » Une entrée en matière des plus légères et diplomates quand on connaissait les revendications des progressistes. Peut être était-elle impressionnée par le silence de l'assemblée, songea la Prêtresse Mère tandis qu'un ricanement, provenant de l'autre côté de la table, attirait son attention. La Prêtresse des Murmures, elle aussi vêtue de bleu, celui de son ajah, considérait sa consœur avec une œillade presque moqueuse. « Mes petits oiseaux m'ont soufflé que certaines d'entre nous se sont pas mal rapprochées de leurs amants, en effet ... » Ainsi cela commençait, constata la Prêtresse-Mère, silencieuse. Les deux factions allaient se lancer dans un combat sans merci qui décideraient de l'avenir de la cour et, si elle en croyait la petite remarque moqueuse, tous les coups étaient permis.

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événement — février 838

Hopassë Ulundë a le don de l'éloquence, c'est le moins qu'on puisse dire. Difficile d'attendre autre chose de l'Erudite, même si la constatation lui tire une ombre de sourire vaguement ironique — elle a raison, après tout, un ordre du jour ne serait pas de trop avant que les tempéraments ne s'échauffent et que cette réunion exceptionnelle ne finisse en pugilat complet, qu'il soit verbal ou physique.

Un pugilat qui commence sur les chapeaux de roues. La Bleue attend à peine que la Prêtresse Mère termine, et leur consœur Nocturne ensuite, pour attaquer directement à la gorge, d'une pique clairement personnelle qui fait hausser un sourcil à Azalée alors qu'elle se lève à son tour. « Ce n'est pas parce que tu n'as pas de vie sexuelle épanouie qu'il faut ainsi jalouser celles qui profitent de la leur, enfin. » Le ton qu'elle emploie est léger, parfaitement amical, mais le sourire qu'elle lui renvoie est tout sauf chaleureux. Difficile de savoir si le commentaire lui était dirigé directement, ou bien à Breena, mais dans le doute, autant répliquer en allant directement à la jugulaire.

Ce n'est toutefois pas pour ça qu'elle se lève, et le regard entendu qu'elle échange avec sa consœur Nourricière annonce déjà la couleur. « Avant que nous n'évoquions d'autres sujets, j'aimerais avant toute chose évoquer la dernière attaque directe dont nous avons été victimes. » Une pause. Son regard vert balaie l'assemblée, s'attarde un instant sur les plus conservatrices d'entre elles. Elle ose présumer qu'en dépit de leurs opinions divergentes, au moins s'accorderont-elles sur ce point en particulier. « Un groupuscule a tenté de voler l'une des reliques de la Mère, une relique particulièrement importante pour l'avenir d'Evanor toute entière. Je dois dire qu'après les événements survenus lors de Beltane l'an dernier, ce second attentat sur les terres printanières m'inquiète. Et je ne suis pas la seule. » Un geste en direction de la Prêtresse Nourricière, qui semble satisfaite de la laisser parler pour le moment et se contente d'un geste de la tête.

Nouvelle pause. Puis une inspiration. Azalée a perdu son ton parfaitement amical, remplacé par une certaine brutalité qu'elle n'utilise pas souvent, mais qui ne fait que souligner le sérieux avec lequel elle tente de traiter ce dernier événement. « Un temple a été violé. Une de nos sœurs est morte. Une de nos reliques a failli disparaître dans la nature, et il est clair qu'une partie de la population ne nous porte plus aucun respect — pire, une minorité de ceux-là nous dédaigne assez pour nous attaquer directement. Le dialogue est clairement rompu entre le Crépuscule et cette population qui nous voit clairement comme un organe nécrosé qu'il vaudrait mieux couper avant que l'infection n'atteigne le reste du corps. Et peut-on vraiment les blâmer, quand certaines d'entre vous restent enfermées en haut de vos tours, sans jamais descendre pour écouter ce qui se raconte dans les rues ? »

Le pronom n'est pas utilisé au hasard. Voilà trop longtemps qu'Azalée se détache du Crépuscule, malgré sa présence ici.

Les bras de la Valois s'écartent, ses épaules se haussent, et le sourire qui étire ses lèvres n'a rien d'amical et tout d'ironique. « Clairement, il faut rétablir le contact avec ce qui fait le sang et l'air d'Evanor. Même les plus beaux oiseaux de la Prêtresse des Murmures ne peuvent pas avoir les yeux et les oreilles partout. Des doléances mensuelles ne seraient pas de trop. » Et c'est avec un soupir qu'elle se laisse retomber dans son siège, la tête haute et le dos raide, une main qui repousse une poussière inexistante de ses jupes brodées.

Le pavé est lancé dans la mare. Ne reste plus qu'à constater les ondulations qu'il va provoquer.

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