One name, one purpuse • Rosalie

One name, One purpuse

L’année 837 serait donc placée sous le signe de l'Été. Un choix audacieux en des temps qui requéraient certainement cette qualité. Ambroise n’avait pas fait le déplacement lors de cette saison sociale. Il n’avait pas eu la force, pas cette fois-ci. Mettre un masque, se pavaner, prétendre qu’il désirait la Haute Suprématie… Alors qu’il n’en était rien, pour l’heure en tout cas. Il entendait plutôt stabiliser sa cour, apaiser les tensions persistantes entre les races et surtout, réformer un état qui n’avait pas bougé depuis des décennies. Le Fléau était venu mettre à mal les projets du Suprême précédent, et Ambroise comptait bien pallier cela en continuant son travail, voire, en surpassant les efforts et investissements de tous ces prédécesseurs. À la recherche ni de renommée, ni de gloire, il entendait juste faire ce pourquoi la Mère l’avait choisie : permettre à la nation du Printemps de s’épanouir plus encore, de s’ouvrir sous les rayons prospères de leur soleil généreux, et de se déployer à l’international. Un travail qui nécessitait une concentration de tous les instants. Sans aucun doute que son absence avait dû être remarquée, mais au regard des ragots qui circulaient déjà, l’omniprésence de certains de ses confrères avait rapidement effacé cette surprise. Ambroise n’était pas le plus charismatique, ni le plus envahissant. Tous les regards s’étaient tournés vers la Nuit, l’Hiver et l’Automne… Visiblement.

Ambroise avait convié une invitée en ce jour pour discuter à cœur ouvert. Une invitation inattendue tant l’emploi du temps du Suprême était chargé. Depuis sa prise de fonction, il avait été rare de le voir à Cairlond, domaine de son enfance, et il est bien plus coutumier que sa famille prit la décision de s’inviter dans la nouvelle demeure d’Ambroise. Rosehall. Un majestueux manoir, siège immuable du maître du Printemps. Une famille, quoique lointaine, qui n’avait pas complètement disparu de l’horizon cérébral de leur patriarche. Ambroise nourrissait également des ambitions pour les siens, des ambitions qui serviraient à la fois leurs intérêts et ceux du Printemps, des ambitions d’alliance… Et comme il fallait bien commencer par parlementer avec quelqu’un, c’était Rosalie, sa jeune cousine, qui serait la première à être reçue. De la Haye, le Premier secrétaire d’Ambroise, un homme aux traits marqués, de grande stature et proche conseiller du Suprême fit son entrée en début d’après-midi pour signaler l’arrivée de la dite cousine. Des retrouvailles, qui, Ambroise l’espérait, se passeraient sous les meilleurs hospices. Il décida de recevoir Rosalie dans l’intimité d’un petit salon exposé au nord de la bâtisse et dont les fenêtres permettaient l’observation d’un jardin de buis taillés agrémenté de fontaines. Debout, observant l’extérieur, Ambroise attendait sagement l’arrivée de son invitée.

J'avais saisis le vif-argent avec une certaine surprise. Bien que je m'entendais avec tout le monde dans la famille, je n'étais que surprise d'apprendre que Ambroise m'ait invité a Rosehall. Pas que j'eus de grief contre mon cousin ou que je fus déçu de ne pas le voir élu au poste de Haut suprême lors de cette soirée ! Mais je n'étais sûrement pas la plus proche de lui... J'avais posé mes pinceaux pour m'assurer d'avoir bien tout lu. Avait-il des griefs contre moi ? Pourtant lors du Bal des Astres tout s'était bien passé ... Avais-je fait quelque chose de mal ? Je secouais la tête. Peut-être voulait-il simplement un nouveau bijou ? C'était sans doute le plus probable... Il n'avait pas le temps de revenir ici alors... Il devait avoir besoin que je vienne ? Ou peut-être avait-il envie d'une toile ? Je le saurais vite.

Le jour J arriva rapidement et d'un tamisage je me fis porter à la demeure du suprême un peu en avance. J'avais le coeur qui battait la chamade. J'eus presque un mouvement de recul en voyant le secrétaire de mon cousin. Au vu de son visage et sa politesse glacée... J'avais vraiment dû faire une erreur importante. Je le suivis, appuyée sur ma cane en regardant tout autour de moi avec une certaine appréhension, mes doigts crispés autour de son pommeau. Je me mordis les lèvres avant qu'il ne me laisse un instant. Je n'avais jamais mis les pieds dans ce lieu... J'attendis quelques instants avant que le Fae ne m'indique que je pouvais rentrer. Ce que je fis rapidement. Ambroise était de dos. Je fis malgré tout une petite révérence. J'avais choisis une robe rouge pastel aux teintes valoises.

" Bonjour Ambroise. "

Aucune idée s'il voulait me parler comme à une cousine ou un sujet. Alors je préférais un ton neutre malgre un petit sourire. J'étais beaucoup trop nerveuse et j'enroulai une de mes mèches autour de mon doigt machinalement. Pour une fois j'avais laissé mes longs cheveux blonds libres.

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@Rosalie Valois — septembre 837

La porte s’ouvrit finalement sur la silhouette claudicante de sa cousine. Une canne à la main, une robe aux teintes étrangement assorties, et une révérence rendue hésitante par son infirmité. Son ton fut d’une grande neutralité, ses mots brefs, bien que ses paroles tentassent de lui conférer une certaine assurance, le geste méthodique de ses doigts enroulant une mèche de cheveux traduisait le contraire. Ils étaient de la même famille, certes, mais l’accession d’Ambroise à la suprématie avait tout changé. Il n’était plus le cousin accessible de jadis. Le littéraire solitaire qui s’enfermait dans la bibliothèque de Cairlond et que l’on pouvait ennuyer à loisir. Il n’était plus ce garçon. Il était devenu tout autre lorsqu’il avait rejoint Rosehall. Plus puissant, plus grand, développant une aura qu’on ne lui connaissait pas dans son entourage. Un adulte discret qui était devenu un homme important. Une forme d’ironie de la part de la Mère quand on savait qu’Ambroise n’avait jamais recherché ni gloire, ni pouvoir, ni influence. Son regard bleu-gris se posa sur la canne de Rosalie, réminiscence d’une tragédie qui avait eu lieu à l’aube de son arrivée au pouvoir. Beltane. L’attentat. Son propre sang avait été touché. La chair de sa chair, et il était resté ainsi, figé dans son incapacité à décider quoi que ce soit. Trop choqué. Trop perdu. Il avait juré que cela ne se reproduirait pas. Il luttait depuis pour cela. « Rosalie. » Sa voix résonna dans le salon, son ton était calme et se voulait plutôt accueillant. « Merci d’avoir accepté mon invitation. Prenez place. » Dit-il en désignant des fauteuils.

La porte du salon se referma sur Rosalie, le laissant tous deux, en tête-à-tête. Ambroise glissa sa main le long d’un mur pour saisir un long morceau de tissu ouvragé et tirer dessus. « Que désirez-vous boire ? Un thé, une infusion, un chocolat ou un café peut-être ? » Une porte dérobée s’ouvrit, laissant entrer trois domestiques encombrés de plateaux chargés de pâtisseries, de fromage et de boissons chaudes. Rien n’était jamais fait à moitié ici, à Rosehall. Le Printemps était une profusion de couleurs, de gourmandises, de parfums, et Ambroise entendait bien respecter l’art de l’hospitalité qui les caractérisait. À la lettre. Ambroise laissa les pages faire leur travail, silencieusement, et attendit qu’ils quittent à nouveau la pièce pour reprendre la parole. Un seul d’entre eux s’était mis en retrait pour assurer le service. « Comment allez-vous Rosalie ? Et vos affaires, je crois savoir que votre artisanat brille dans les cours extérieures. »

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@Ambroise Valois — septembre 837

J’offris un petit sourire timide à Ambroise lorsqu’il prononça mon nom. Je n’arrivais toujours pas à savoir si c’était mon cousin que je voyais, ou mon suprême. J’aurais vraiment aimé qu’il m’indique qui je devais voir à cet instant… Mais j’allais faire avec. Qu’importe, nous verrons bien le sujet de la conversation, cela éclaircirait peut-être la situation. Je sentis son regard glisser sur ma canne et je serrais un peu plus fort mes doigts autour du pommeau comme-ci cela pouvait l’effacer. Ne te concentre pas sur cette canne et cette jambe qui ne tient plus aussi fort qu’avant. S’il te plaît… ne regarde pas que cela. J’eus un sourire à son invitation.

« Je ne peux refuser quoi que ce soit à mon cousin et encore moins depuis qu’il est Suprême, n’est-ce pas ? »

J’avançai jusqu’à un des fauteuils pour m’installer aussi confortablement que possible, posant ma canne contre le fauteuil alors qu’il me proposait de boire quelque chose, il me connaissait bien… Du chocolat chaud… Je portais un regard sur la porte dérobée. Décidément, je n’aimais pas quand les gens arrivaient par des endroits que je ne pouvais pas voir ou deviner avant. Même si je devrais sans doute m’en douter…

« Vous me connaissez bien, je vais prendre un chocolat. »

Je vis les pâtisseries, le chocolat, tout ce qu’il fallait pour un régiment. Le chocolat chaud versé dans ma tasse est épais et semble particulièrement savoureux. D’une belle teinte brune chaude… Il a l’air délicieux. Tout comme toutes les pâtisseries, fromage et pain disposés sur la table alors que mon cousin s’installa en face de moi attendant que nous soyons presque seuls pour reprendre la parole. Je m’appuyai légèrement contre le dossier de mon fauteuil en l’observant toujours avec attention. Je n’arrivais pas à savoir si c’était le cousin ou mon Suprême qui me parlait…

« Je me porte bien, merci et vous ? Oui je travaille avec mon agente Dana qui m’aide beaucoup dans l’exportation de pièce à l’extérieur du Printemps. Je n’ai pas à rougir du nombre de pièce que je vends très régulièrement ni du travail que je réalise. »

Quand bien même… une noble n’était pas censée travailler… Mais qu’importe, c’était toujours un grand plaisir pour moi de le faire ! Alors je ne m’arrêterais pas.

« Et à côté de cela, je continue de peindre. Cela m’occupe bien dans mes journées. »

J’imaginais que lui n’avait pas ce confort…

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@Rosalie Valois — septembre 837

Ambroise inclina la tête en guise d’accord. Rosalie disait vrai. Libre dans les faits, elle ne l’était pas vraiment, comme chacun d’entre eux. Ils étaient contenus par les règles tacites, le protocole et l’étiquette qui régentaient la vie de tous les nobles du continent. Des carcans qui s’imposaient à tous, y compris Rosalie. Cousine éloignée dans l’ordre de succession des Valois, et sujette du Printemps, elle devait une obéissance double à Ambroise : à son Suprême évidemment, mais aussi au patriarche de sa maison. L’une des qualités des Valois était de leur esprit de famille. Longtemps seule contre tous, la maisonnée était suffisamment consciente que s’ils ne tenaient pas les rangs, la faiblesse les accablerait, tous, sans exception. Une force publique et privée qui faisait toute la stabilité d’Ambroise. Son regard se porta sur l’un des domestiques qui servit le chocolat demandé par Rosalie tandis qu’un autre lui servait une boisson infusée.

« Une agente. » Ponctua Ambroise avec intérêt. « Dana... Il s’agit donc d’une roturière ? » Ambroise n’avait rien contre le principe d’élévation sociale, au contraire. La noblesse était de ce qu’elle était grâce au travail et aux efforts qu'elle avait fourni voilà des centaines, voire des milliers, d’années. La chance souriait aux audacieux. Et Ambroise n’était pas du genre à rabrouer ceux qui faisaient preuve d’audace, bien au contraire, il s’estimait d’ailleurs lui-même plutôt comme un réformateur que comme un conservateur. « Je suis ravie que vos activités se portent bien. Notre cour a toujours accueilli une grande ferveur artistique, et je suis heureux que vous contribuiez au rayonnement du Printemps. » Ambroise porta un regard de biais vers les pages comme pour leur intimer de sortir, ce qu’ils firent sans empressement et en silence. L’unique bruit de la porte qui se referme sur leur passage aurait pu alerter Rosalie sur le fait qu’ils étaient désormais seul à seul dans le salon. « Un esprit occupé est un esprit affûté. L’indolence et la langueur n’ont jamais rien servi d’autre que sa propre satisfaction à la paresse. Je suis ravie que vous ayez hérité du tempérament travailleur de notre famille. Chacun a notre échelle nous nous devons de faire résonner notre nom, et, si possible, au travers de toutes les Cours. » Se penchant pour saisir sa tasse, Ambroise souffla avec délicatesse dessus avant de la porter à ses lèvres. La gorgée brûlante qu'il but lui arracha une mimique de désagrément. « Et sur quoi portent vos peintures ? Avez-vous des préférences quant aux sujets ? »

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@Ambroise Valois — septembre 837

J'avais bien l'impression que ce n'était pas mon cousin qui m'avait convoqué, mais bien mon suprême. Soit ! Il en serait ainsi. Comme chaque sujet du Printemps je lui devais obéissance. Et moi plus que les autres j'étais de son sang... Même si j'étais plus proche de son fils que de lui. Il y avait un certain écart entre nous... Mais j'assumais ainsi beaucoup plus de retenue avec lui que si nous étions à Rosehall. J'imaginais que s'il avait souhaité me parler comme à une cousine il serait venu à Cairlond... Qu'importe. J'eus malgré tout l'impression de passer une sorte de teste sous ses yeux et de devoir peut être me justifier sur mes choix de vie. Quant à Dana je secouais la tête.

" Non elle est une Volyn, elle est la soeur de Neven Volyn. Ils sont de la Nuit. "

Pas que de travailler avec des roturiers me dérangerait. Chacun avait ses qualités et défauts. Je remerciai le serviteur pour ma boisson que je laissai un peu refroidir en rougissant légèrement aux compliments de Fae en face de moi. Contribuer au rayonnement du Printemps. C'était beaucoup dire !

" Nous pourrons dire que j'y contribue le jour où on vous parlera directement de ces créations ou qu'elles seront portées par un suprême autre que vous. "

Les pages partirent au regard d'Ambroise et je sentis une tension grandir le long de mon échine, lorsque la porte se referma, nous laissant seul. Pour m'occuper les mains, je pris ma tasse pour en boire une petite gorgée comme pour ravaler ma nervosité. Le chocolat était encore très chaud, si bien que je me brûlai la langue, mais il était aussi épais et coulait dans la gorge comme un torrent de promesse de goût quand j'aurais récupérer mes papilles. Je plissai très légèrement les yeux à sa remarque. Je travaillais, Circé faisait son rôle de papillon sociale, et de véritable radar à rumeur, Lupin entretenant les relations intra printemps et Antonin lui était porté sur les armes... Chacun son truc.

" Mes frères et sœurs avons ce même tempérament. Même si Circé ressemblent beaucoup à mère. "

Multiple partenaires. Mais du moment qu'elle ne faisait pas de scandale... Qu'importe. Mes peintures... Je remis à sa place la tasse en lissant ma robe d'une main.

" La nature principalement. Et la manière dont je la perçois avec ses émotions. Il y a également des portraits, non pas de ce que semble être la personne mais ce qu'elle est en elle... Si je puis dire... ou des émotions que j'aime mettre en image. C'est presque aussi facile que de tordre le métal pour moi. "

C'était aussi bien pour cela que j'avais presque toujours de quoi dessiner ou peindre sur moi. Même actuellement...

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@Rosalie Valois — septembre 837

Dana Volyn. Ambroise resta indifférent, quoique circonspect intérieurement. Les Volyn occupaient l’espace public depuis un moment maintenant, depuis l’annonce des fiançailles de Neven Volyn et Assya Ozerov en fait, et l’accession de la Nuit à la Haute Suprématie. Ambroise ne s’était pas tenu réellement au fait de leurs histoires de cœur, ou leurs stratégies politiques, au regard de la dramaturgie qui entourait ce couple… Une romance qui avait fini dans les larmes avec la rupture des fiançailles de l’inconstante Ozerov et du sombre Volyn. La belle et la bête. Une histoire qui avait bien dû occuper les commérages de la saison sociale, à laquelle Ambroise n’avait pas participé. « Il m’était acquis que les Volyn étaient bien plus spécialisés dans le commerce d’armement que dans les arts. » Déclara Ambroise comme pour signifier à sa cousine qu’il savait parfaitement d’où étaient originaires les Volyn. Ambroise, en dépit de sa grande tolérance acquise auprès des Valois, n’était pas particulièrement porté sur les Nocturnes… Notamment une famille comme les Volyn qui, en dépit de leur déchéance, semblaient s'accommoder de leur statut. Ambroise ne tirait pas ego de sa position, et il ne rechignait jamais au labeur d’une tâche pouvant être jugée subalterne par ses semblables… Mais tout de même, laissé son héritage ainsi, c’était un manque de respect pour ses ancêtres et ceux qui avaient fait la gloire de la maisonnée Volyn. « Comment avez-vous connu Madame Volyn ? » Ambroise se pencha, saisit un scone sur un plateau d'argent et le posa dans une petite assiette à dessert disposée devant lui. « Lors de la Saison Sociale ? » Proposa-t-il comme réponse.

Rosalie se mit à rougir. Ambroise esquissa un sourire doux et compatissant. « Je ne doute pas de votre talent. Tout vient à point à qui sait attendre, la Mère est juste avec ceux qui œuvrent. » Ambroise n’était pourtant pas un dévot, néanmoins, sa position l'obligeait à considérer la religion et donc, à louer la Déesse, de temps à autre. « Dans quelles mesures diriez-vous que Circé ressemble à feu votre mère ? » Ambroise attrapa un couteau, découpa son scone en deux, sépara les deux moitiés, puis tendit la main pour saisir le beurre et la marmelade d’orange. Il étala une première couche de beurre, puis une seconde couche de confiture, cette fois-ci. Il n’y avait rien de meilleur que cela. Beurre, confiture. Beurre, chocolat. Des goûts régressifs qui lui rappelaient Cairlond, qui lui rappelaient son enfance. « Fidèles à nos racines. » Énonça Ambroise. « Notre lien avec la nature est indéniable. Il serait facile de croire que notre sang ne soit finalement qu’une sève rougeâtre tant notre rapport à la flore est omniscient et omniprésent. » Portant une nouvelle fois sa tasse à ses lèvres, Ambroise put avaler une gorgée de tisane sans se brûler. « Et en dehors des notre, avez-vous portraituré d’autres membres de la noblesse ? » Demanda Ambroise. « Et qu’en est-il des scènes pastorales ? Je suis certain que les paysans seraient curieux et heureux de se laisser croquer ! »

Je savais que c'était étrange d'être avec une agent Volyn on les connaissait plus pour les armes. Je ne touchais pas aux pâtisseries malgré l'envie concentrée sur mon chocolat et mes mains. Pas qu'elles tremblent mais puisque je parlais beaucoup autant garder ma bouche vide. N'est-ce pas ? J'inclinai légèrement la tête à ses mots.

" Dans chaque famille il y a un mouton noir. Bien que Dana s'entende bien avec le reste de sa fratrie. "

Autant qu'elle m'en avait parle. Pas très proche eux physiquement mais mentalement oui. Ce qui n'était pas rien. Comment je l'avais connu ? Était-ce un interrogatoire ? Avait-il peur que je me compromette ? Une saison sociale ? Je secouais la tête.

" Cela fait plusieurs mois que nous travaillons ensemble. Par le bouche à oreille principalement. On me l'avait conseillé et elle m'a connu par ce même biais. "

Je regardais mon cousin découper un scones en deux avant de moi-même prendre un sablé aux fruits rouges machinalement. Je rougis légèrement face à ses remarques et compliments. Je n'avais jamais su y faire réellement face, laissant ma soeur gérer tout ce côté là... C'était plus simple de se cacher derrière elle. Tout vient à point à qui sait attendre.

" Je travaille en tout cas pour atteindre ce que je souhaite. "

Il m'interrogeait sur Circé et je pinçais légèrement les lèvres en prenant une gorgée de chocolat avant de répondre

" Portrait craché. "

C'était vrai. Indissociable. Volage, exubérante joyeux protectrice grande gueule...

" Ce qui est très pratique pour se cacher derrière elle."

Des membres de la cours je réfléchis un peu avant de secouer la tête.

" Mise à part notre famille... Non personne. Je crois que je ne l'ai proposé à personne. "

Les scènes pastorales. J'eus un grand sourire.

" Elles font parties de mes préférées. Mais je ne veux pas qu'ils posent. J'aime croquer le moment ! C'est beaucoup plus réaliste. Même si je me sens plus à l'aise seule dans les bois. "

Ce qui n'était probablement absolument pas ma place. Mais détail n'est-ce pas ?

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@Rosalie Valois — septembre 837

Un mouton noir. Ambroise resta de marbre quant aux mots prononcés par sa cousine quoiqu’il en pensât tout autrement. Des termes peu élogieux pour une femme qui semblait donner de sa personne pour aider Rosalie à percer dans un domaine déjà inondé de créateurs et d’artisans en tout genres. Il fallait dire qu’avant l’unification, chaque cour avait dû développer sa propre forme d’art, fixer ses propres standards de beauté, et si le Printemps était jugé universel en ce domaine… Ils n’étaient pas seuls à concourir. Ambroise préféra ne pas relever. Après tout, il ne connaissait pas cette née Volyn, pas plus qu’il ne connaissait son frère, personnellement en tout cas. Il préféra ne rien ajouter sur ce sujet de peur de dire des choses redondantes… Les compliments et les encouragements n’avaient de sens que s’ils étaient prononcés avec parcimonie, sans quoi, on les privait de leur substance. Il n’y avait qu’un pas entre la gentillesse et l’hypocrisie. Ambroise n’était pas hypocrite. Il préférait être bienveillant. « J’en conclus que vous estimez nécessaire de vous cacher derrière votre sœur ? » Demanda Ambroise avec franchise. Les Valois n’étaient pas connus pour être des personnes se souciant de l’avis de leurs contemporains. Ils faisaient preuve de sobriété, mais étaient des électrons libres. Étonnant donc que Rosalie puisse vouloir se dissimuler derrière qui que ce soit. « Je vous invite à profiter de la prochaine Saison Sociale pour trouver quelques modèles. Des nobles seigneurs et des dames coquettes souhaitant se faire tirer le portrait… Ce n’est pas ce qui manque à Elysium lors des mondanités de mi-année. » Ambroise esquissa un large sourire, un peu moqueur, mais très factuel. Elysium débordait de vie durant cette période de l’année. De vie et d’orgueil. Toutes les maisons se pressaient en un même lieu pour faire étalage de leur puissance, de leur richesse et de leurs talents. Un endroit parfait pour un individu qui voulait devenir quelqu’un. « J’apprécie grandement les pastorales également. Un instant pris sur le vif est toujours plus révélateur qu’un moment posé où tout est sous contrôle. » Le contrôle. Ambroise connaissait bien. Sa vie était régentée à chaque minute de la journée désormais, et il se pliait à cette règle immuable qui avait accablé le quotidien de tous les Suprêmes, lui bien sûr, et tous ceux qui l’avaient précédé. « Vous avez participé à la dernière saison sociale. » Il ne s’agissait pas d’une question, mais bel et bien d’une affirmation qui n’impliquait aucune réponse la part de Rosalie. « Comment était-ce ? »

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@Ambroise Valois — septembre 837

J’adorais Dana, elle était si joyeuse, amusante et elle était très douée, si bien que quand je parlais de mouton noir c’était parce que si tous les autres étaient dans l’armée, elle était dans l’art. Ce n’était pas un mal. Elle était juste différente. Ce n’était pas un mal. Je tournai machinalement ma cuillère dans ma tasse en confirmant que je préférais rester derrière ma sœur pour me cacher. Je n’étais pas très à l’aise avec tout cela, les gens et la société… Je fis tourner à nouveau ma cuillère dans ma tasse à sa remarque. Je hochais légèrement la tête à ses mots.

« Oui. Je ne suis pas très… à l’aise en société. Circé est beaucoup plus à l’aise que moi… Alors je la laisse faire la plupart du temps. »

Je préférais rester vraiment dans mon coin, derrière Dana, derrière mes frères et sœur. C’était ce qu’il y avait, à mes yeux, de grands avantages. J’étais cachée et c’était… rassurant. Est-ce qu’il pouvait le comprendre ? Je n’en étais pas sûre, il était Suprême après tout, il ne pouvait pas être comme moi. Et c’était tant mieux, je ne voulais pas être au centre de l’attention. J’inclinai la tête à ses mots. Trouver des modèles… Je mordis dans ma pâtisserie, nerveuse rien qu’à cette idée… Je n’étais vraiment pas à l’aise à cette idée. Je me mordis les joues avant de hocher la tête.

« Je verrais pour cela oui… »

Non, vraiment… je n’aimais pas devoir aller parler aux gens. Je restais souvent dans mon coin c’était plus agréable. Normalement c’était Circé qui faisait tout cela. Je devrais sans doute demander à Dana pour m’aider à trouver des modèles, ou Circé ? Sans doute que cela serait beaucoup plus simple. Non, je demanderais aux autres, parce que… je n’avais pas le courage de le faire moi-même… Mais qu’importe, il n’avait pas besoin de le savoir, n’est-ce pas ? Quant aux scènes pastorales… C’était très agréable, même si je restais toujours un peu cachée. J’inclinai la tête.

« Oui et les paysans n’aimeraient pas poser pour une toile je préfère que cela soit plus… naturelle. »

J’inclinai la tête à la dernière remarque, oui j’avais été à la dernière saison sociale. Juste au bal des astres. Mais je n’y avais pas été grandement à l’aise. Je restais silencieuse pendant quelques secondes, profitant de mon chocolat chaud pour formuler une réponse.

« C’était bien. J’ai pu discuter un peu avec le Suprême du Jour jusqu’à la révélation de la Cours de l’Été. Il m’avait proposé de passer à la cours du jour pour rencontrer les artistes du jour. Mais je n’ai pas eu de réponse au vif argent que j’ai envoyé. Alors… je ne sais pas si c’est bien bonne idée que j’y aille pour l’instant. Nous verrons un peu plus tard. Mais je ne suis pas vraiment à l’aise dans ce genre de situation. Je crois que c’est mieux pour tout le monde que je reste dans mon atelier. C’est beaucoup plus facile. »

Derrière mes tableaux ou mes bijoux… c’était beaucoup mieux le monde…