Passion Colors Everything ((Rosalie))

Passion Colors Everything

tw: intimité - mars 838 - Cairlond

Une serviette de lin blanc enroulée autour de sa taille, Ulysse s’était assis au clavier du piano, prêt à jouer. Il pouvait sentir l’air du printemps venant d’une fenêtre ouverte lui chatouiller la peau et faire voleter ses cheveux. Il laissa échapper un petit soupir de contentement : il était bien, là. Le trésorier de Cordof venait assez souvent dans le domaine de la maison Valois pour échanger avec ses amis, discuter affaire ou bien même passer la nuit dans les bras de Lupin Valois. Les deux Fae se connaissaient depuis aussi longtemps qu’ils pouvaient bien s’en souvenir. Après tout, pour un de Péone, les visages Valois faisaient presque partis du paysage. Les liens entre les deux familles printanières n’étaient plus à remettre en cause depuis de nombreuse années. Les amitiés étaient naturelles et il se passait parfois plus. C’était le cas entre Ulysse et Lupin. Une amitié était née, vite bousculée par le désir de la chair. Les rencontres charnelles entre les deux amants étaient occasionnelles, calées dans l’emplois du temps de chacun. Si Ulysse n’éprouvait pas de sentiment très fort à l’encontre de son amant, il appréciait toutefois le calme de ce dernier, et son amour de la musique. Avec Lupin – tout comme avec sa sœur, Rosalie – il n’était jamais question de politique ou d’intrigue. Il n’était pas question de méfiance ou de questionnements. C’était rafraîchissement, pour le Fae. Un endroit où il n’avait pas besoin de trop réfléchir, ni de s’inquiéter. Un endroit où il pouvait, pour quelques heures, se détendre et profiter.

Après un ultime soupire, le de Péone posa ses mains sur le clavier du piano de son amant et commença à en tirer quelques notes. Tout comme lui, Lupin était un pianiste hors pair, et cette passion commune jouait très certainement un rôle dans la douceur de leur relation. Il joua quelques minutes. La mélodie s’élevait dans la chambre et s’adapta quelque peu aux chants des oiseaux. Ulysse se perdit dans la musique, en oubliant l’eau qui coulait d’une douche à côté. Il en oubliait presque là où il était, la nuit qu’il avait passé, le fait qu’une longue journée l’attendait à son propre domaine. Il pouvait encore profiter quelques minutes, voire une petite heure. Profiter de la tranquillité de cette chambre ou on ne venait pas l’embêter pour une histoire de gestion.

Un frisson le parcouru lorsqu’une main se posa sur son épaule et qu’un baiser vint réchauffer la peau de son coup. « J’adore quand tu joues comme ça, sans te poser de question, » murmura Lupin, fraîchement douché. Les mains d’Ulysse s’étaient figées sur le clavier et la mélodie avait cessé. Il poussa un profond soupir, souri à l’adresse du Fae mais ne dit rien. Lui aussi, appréciait ses moments. Dans ces moments de détentes et d’insouciances, il était presque en phase avec son aîné : peut-être serait-il plus heureux sans responsabilités, sans domaine. Il frissonna de plus belle et chassa cette idée de son esprit. Il était à sa place, à la tête de Cordof. Et son frère s’en rendrait également compte un jour. Ce jour-là, la Trinité de Péone n’aura à souffrir d’aucune critique ni concurrence. « J’adore encore plus quand tu es ici, avec moi, dans mon lit, » susurra Lupin, dans son oreille, la voix suave. « T’en veux toujours plus, » répondit Ulysse, amusé, tirant avec fermeté sur le bras de son amant pour qu’il vienne s’appuyer contre le clavier du piano, face à lui. Il était beau, Lupin, sans grand étonnement. Il avait les traits fins et les yeux clairs des Valois. Ulysse quitta l’assise confortable du tabouret et rapprocha son visage de celui de Lupin, sans manquer de glisser l’une de ses mains sous sa tunique de lin. « J’ai une heure avant de devoir retrouver Cordof, » souffla-t-il, avant de l’embrasser. Il sentait bon, ce matin. Comme un cocktail de fleurs. La peau de son corps était douce sous la pulpe de ces doigts et alors qu’Ulysse commençait à être plus entreprenant, un bruit sourd. Le Fae se figea et plongea son regard clair dans celui du Valois, aussi surpris. Doucement, Ulysse s’éloigna de son amant, une main toujours dans la sienne et croisa le regard de Rosalie Valois. « Rosalie, qu’est-ce que.. tu .. tf ? » demanda Ulysse, incapable de terminer sa question, surpris par la présence de son amie ici, et surtout de la sœur de son amant.

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Oups. C’était plus ou moins la première chose qui m’était venue à l’esprit en voyant mon frère et Ulysse ensemble, appuyé sur un piano jouant la mélodie du désir de Lupin qui était appuyé dessus. Mmh ! Merde ! Je restais sur le pas de la porte que j’avais ouverte, pensant mon frère seul… Et merde. Et merde et merde.

« Je… »

Qu’est-ce que je faisais ici ? Alors là… tout de suite… Plus aucune idée… Ah si ! Si… Si je voulais que Lupin pose pour moi pour que je le peigne ce matin… Je me raclai la gorge alors qu’un autre tableau se dessinait dans mon esprit.

« Je… »

Rosalie, si tu pouvais faire une phrase cela serait merveilleux et arrête d’avoir une kyrielle d’images à peindre s’il te plaît en tête quand tu les regardes. Je sais que tu as un œil de peintre, mais quand même.

« Je suis désolée ? »

Oui c’est pas mal comme phrase d’introduction ça Rosalie. Est-ce que maintenant tu peux continuer et trouver une nouvelle phrase à dire ?

« Rosa ferme cette putain de porte ! »

Lupin était pivoine ardente et j’obéis aussitôt la refermant derrière moi. Et mon frère se frappa le front de la main. Je savais très bien que mon frère aimait les hommes. Mais euh… J’aurais aimé ne pas voir cela.

« Je… Je suis désolé d’interrompre… votre…
- Rosa ! »

Il allait me tuer… Il allait me tuer en fait… Je me raclai un peu la gorge en serrant plus fort ma canne dans ma main.

« Qu’est-ce que tu fous là ?! »

Lupin tentait de cacher un peu Ulysse derrière lui.

« Je… Je venais te demander de poser pour moi. J’ai eu une idée de toile… Mais en vous voyant j’ai eu une autre idée. Je vais vous laisser faire… »

Je ne voulais pas savoir. Je rouvris la porte, la claquant au passage, derrière moi avant de filer aussi vite que ma jambe le voulait bien. J’entendis Lupin jurer assez fort.

Lupin soupira longuement en regardant Ulysse.

« Tu veux… la rattraper ? Ou reprendre où on en était ? »

Curieusement, la seconde solution lui plaisait plus et si sa sœur tentait de peindre quoi que ce soit avec son visage, il allait déchirer la toile de ses mains !

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Le regard d’Ulyssa passait d’un visage à l’autre. Ses yeux s’assombrissaient peu à peu, alors que ni Lupin, ni sa sœur ne semblaient parvenir à dire une phrase complètement. S’il avait gardé la main du noble Valois dans sa mains, il l’avait à présent lâché. Oh, il ne se cachait pas de la relation charnelle qu’il entretenait avec Lupin. Mais entre se cacher, et être prit sur le fait, tout était relativement différent. Pire encore, Ulysse était pris sur le fait par Rosalie – une amie – et la meilleure amie d’Atalante. Le de Péone pouvait déjà entendre les pépiements amusés de sa sœur après l’échanges qu’il y aurait entre les deux printanières. Par les premiers, la merde, pensa-t-il, alors que Lupin essayait de comprendre la raison de la présence de sa sœur ici. N’avait-elle jamais appris à frapper ? Subrepticement, Ulysse s’était éloigné de Lupin de quelques centimètres, se rapprochant de ses affaires, posées là, à même le sol. Il enfila une chemise de lin et s’arrêta, le regard ébahit en écouta les raisons de son amie. Peindre son frère ? D’autres idées ? Un bruyant soupire s’échappa des lèvres du trésorier. Les peindre, eux ? C’était bien cela qu’elle voulait ? Peindre Lupin et Ulysse, ensembles ? Grimaçant, le palpitant aux abois, il se dépêcha de trouver un pantalon qu’il enfila, laissant la serviette de coton blanche qui le cachait aux yeux du monde tomber par terre. Rosalie s’en alla, claquant la porte derrière elle. « Comment ça, on continue ? On ne continue rien du tout, ou on va finir sur une toile ! » grogna-t-il, à l’adresse de son amant, la bouche en cœur. Lupin était parfois dans un tout autre monde, et Ulysse se demandait, de temps à autres, comment il avait fait pour être encore envie. Balayant la proposition d’un geste de la main, il le fixa quelques secondes dans le blanc des yeux. « Tu restes ici, je m’en occupe. » Le ton ne mérita pas de retour de la part du fae, et, pieds nus, mais rhabillé, Ulysse quitta la chambre d’un pas rapide. La chance était de son côté, puisque la fae Valois ne courrait pas très vite. Usant de toute sa détermination, le de Péone la rattrapa. « Oh la, hop, deux minutes ! » lança-t-il, tout en l’attrapant par l’avant-bras. « Je suis, hum, désolé pour ce que tu as vu.. Ou cru voir ! » dit-il, parce qu’elle n’avait pas vu grand-chose, en réalité, seulement les prémices de ce qu’ils étaient capable. « Mais euh. Tu peux pas nous peindre, Rosalie. » Il lâcha un profond soupire avant de lui lâcher le bras. « C’est pas correcte, pour moi, pour ton frère. » Il appuyant ses propos d’un hochement de tête. Rosalie ne pouvait pas les peindre, parce que cela donnerait un tout autre ton à la relation qu’il entretenait avec Lupin.

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J’avançai aussi rapidement que possible avec ma patte folle et ma cane dans les couloirs de ma demeure. Je voulais peindre sur une toile, la lumière et l’attitude de désirs qu’il y avait eut entre mon frère et mon ami. Pas eux directement, de toute manière c’était proprement hors de question. Je devais aussi le protéger. N’est-ce pas ? J’avançai, jusqu’à entendre un bruit de course derrière moi et une voix , suivit presque immédiatement d’une main sur mon bras. Ulysse. Je cillais à ses mots en inclinant simplement la tête.

« C’était ma faute, j’aurais dû frapper, mais j’ai cru entendre le piano alors je pensais que c’était Lupin. »

Les peindre ?! Il… Il pensait vraiment qu’ils seraient peints ?! Je secouai la tête à sa remarque avant de dégager en douceur son bras.

« Ni toi ni mon frère ne seraient représentés sur mes toiles si vous ne le voulez pas. Ce n’était pas vous que je voulais peindre, mais l’idée du désir qu’il y avait entre vous. Ce qui est, tu en conviendras, bien différent. Vous êtes une inspiration, mais en rien des modèles. Si cela peut te rassurer, je peux te proposer de m’accompagner dans mon atelier pour me voir peindre. »

Je fronçai les sourcils, pour qui me prenait-il ?! C’était quoi cela… J’étais blessée… Mais qu’importe… c’était comme d’habitude… pour une fois je saurais pourquoi quelqu’un ne voulait plus être mon ami… Je me remis à marcher à mon rythme sur les dalles de marbre du couloir.

« Viens, si tu veux voir. »

Fis-je à l’intention d’Ulysse en me dirigeant vers mon atelier qui était à quelques distances. Je retenais mon idée avec douceur, esquissant quelques gestes de la main dans l’air comme pour déjà fixer une première image dans le vent, je ne faisais pas toujours cela ! Mais là j’en avais presque envie. Je fronçai légèrement les sourcils en essayant de savoir si je serais particulièrement capable de le faire ce tableau. Je jetai un œil vers l’arrière pour voir si Ulysse suivait. J’avais l’impression que oui.

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Mars 838 - @rosalie valois

Ulysse retint un hochement de tête. Effectivement, Rosalie était fautive. Mais Lupin aussi, certainement. Si la fae entrait sans frapper dans la chambre de son frère, cela ne devait pas être la première fois, et l’amant du de Péone n’avait visiblement rien fait. Mais ce n’était pas la le problème. Ulysse voulait simplement s’assurer que rien ne sortirait de cette chambre, que, peu importe ce qu’elle est put voir, Rosalie ne vienne pas tout ancrer dans l’éternité d’une toile. Lorsqu’elle secoua la tête, et lui expliqua qu’elle ne comptait nullement les peindre, eux, un soupir de soulagement s’échappa des lippes du noble. Et maintenant que les choses étaient plus claires et qu’Ulysse ne risquait pas grand-chose – du moins le pensait-il, il sourit presque. Rosalie était une amie proche de la famille. La meilleure amie d’Atalante et une jeune fae avec qui ils avaient tous passé un certain temp. Et surtout, elle était une peintre hors pairs, Ulysse l’avait déjà vu de nombreuse fois. Et d’ailleurs, l’une des œuvres de la valois avait été accroché dans l’un des couloirs principaux du palais de Cordoff. Un nouveau sourire éclaira le visage du noble, alors qu’il visionnait avec perfection le portrait du chien de son frère. Achille avait encore réussi à surprendre le trésorier, mais ce dernier devait bien l’avouer : la nouvelle décoration était bien plus agréable que l’ancienne nature morte accrochée là. Il remarqua le froncement de sourcil de son ami. « Excuse moi, j’ai cru que tu voulais nous peindre avec ton frère, je suis désolé, j’ai mal compris. » s’excusa-t-il, loin de lui l’envie de se mettre Rosalie à dos. Il appréciait la fae. Auprès d’elle, il n’y avait pas de question de gestion, pas de politique. Avec elle, il était en confiance. Alors il comptait bien se rattraper. D’ailleurs, la curiosité pointait déjà le bout de son nez, alors qu’il lui emboitait le pas. « Comment tu vas faire pour peindre l’idée du désir ? Je suis curieux. Tu vas faire quelque chose d’abstrait ? Quelque chose de coloré ? » C’était le peindre qui parlait en cet instant, questionnant la jeune femme sur ces intentions. Lui-même, spécialiste des natures mortes et depuis quelques années, des cieux, n’était pas en mesure d’imaginer la toile qui se dessinait déjà dans l’esprit de la blonde.

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Je fronçai simplement les sourcils à sa remarque en haussant les épaules.

« Tu n’as pas beaucoup de considération pour moi si tu penses que je peux être ainsi cruelle avec toi et mon frère. »

Je me sentais légèrement blessée par ses mots. Surtout qu’il savait comment je pouvais peindre. J’avais fait un tableau du chien de son frère, il devait m’avoir vu peindre plusieurs fois. Enfin… qu’importe, qu’importe. Je lui expliquais néanmoins ce que j’allais faire. Me servir de l’inspiration pour peindre quelque chose évoquant le désir. Ce n’était pas si difficile que cela pour moi. J’avais déjà quelques images en tête que j’allais fixer sur une toile bientôt. Enfin, si personne ne venait déchirer mes toiles pour je ne sais quelle stupide raison. J’observai Ulysse face à sa question, je l’avais invité à me suivre après tout.

« Je ne peux pas réellement décrire, je vais dessiner et nous verrons ce que ça donne. Non, cela ne sera pas abstrait. Pas du tout. Je pense que cela ne sera pas forcément plus coloré qu’une autre de mes toiles. Cela va se jouer sur beaucoup de détails. C’est cela qui va tout changer. »

C’était bien cela, tout était dans le détail. Je poussai la porte de mon petit atelier qui était joyeusement lumineux à cette heure de la journée. J’avais bien sûr mon endroit pour mes bijoux et un endroit pour mes toiles. Toiles qui commençait à s’entasser un peu dans tous les coins, Dana serait ravie de voir tout cela. N’est-ce pas ? J’examinai la toile sur son chevalet avant de la saisir pour la déposer sur un endroit pour qu’elle sèche tranquillement. Un bouquet de fleurs vibrant de couleurs, mais aussi curieusement d’une étrange mélancolie, c’était un bouquet que ma mère m’avait fait. Je pris une nouvelle toile pour la déposer sur un chevalet avant de prendre soigneusement mes affaires pour les disposer tout autour et de me hisser sur un tabouret, je ne pouvais pas réellement peindre debout trop longtemps. J’entrepris de croquer tranquillement sur la toile. Une main tendue, le bout des doigts caressant une peau avec beaucoup de langueur, quelques perles de sueur évoquaient l’acte…

« Si tu as des questions, tu peux les poser. »

Fis-je à Ulysse.

« Et tu peux regarder les autres toiles. »

S’il en avait envie bien sûr.

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Mars 838 - @rosalie valois

A force de voir le mal partout, de s’inquiéter de ce que sa tante pourrait bien vouloir lui faire, Ulysse devenait quelque peu parano. Inquiet à la moindre chose, suspicieux à la moindre action. Il avait presque honte d’avoir pu s’inquiéter de ce que son amie allait peindre. La confiance qu’il avait toujours eu pour Rosalie n’était nullement entachée, mais il se rendait bien compte qu’il l’avait blessé.  Le de Péone avait toujours pu compter sur liberté d’esprit de son amie, sur l’absence complète d’animosité envers qui que ce soit ou même d’intérêt pour la politique. Rosalie Valois était une amie proche des de Péone, une sœur pour Atalante. Et voilà qu’il doutait. Il passa une main contrariée dans sa tignasse rousse, ne sachant pas comment réparer son erreur autre qu’en prêtant attention à ce que peignait la jeune fae. « Désolé, Rosalie. Désolé. » répéta-t-il néanmoins, avant de changer de sujet, de la questionner sur la façon dont elle allait exprimer le désir. Il n’était pas tellement dérangeant d’en parler, à présent qu’il savait que ni Lupin, ni lui, ne serait ancré dans cette toile. Il était même curieux, le jeune peintre, de savoir comment une comparse comptait représenter tout ça. Silencieux, il s’imagina lui-même devant une toile vierge. Qu’aurait-il peint, pour représenter le désir ? Mais Ulysse n’était pas un peintre qui s’épanouissait dans l’abstrait, il aimait représenter les choses réelles. Des natures mortes, plus encore, les étoiles. Son imagination, il la conservait pour jouer du piano ou établir une façon de coincer sa tante, Calypso.

« J’ai hâte de te revoir travailler ! » souffla-t-il alors, le regard brillant. Il présentait moins d’entrain qu’il aurait pu en exprimer par le passé, mais n’était pas moins honnête. Il voulait l’observer réfléchir, comprendre, à travers le dessin qu’elle tracerait sur la toile, ce qui se déroulait dans son esprit. Le trait de crayon de la jeune femme conduisit rapidement à l’apparition d’une main tendue, touchant du bout de ses doigts une peau moite. Le de Péone était subjugué par la délicatesse du trait de son amie, et ne quitta pas son art des yeux. Par ailleurs, il connaissait suffisamment ce qu’elle peignait pour ne pas ressentir le besoin d’aller explorer son atelier. Non, ce qui l’intéressait était cette toile, qu’il voyait prendre vie sous ces yeux. « Ca ne te dérange pas si je t’observe juste travailler ? » s’enquit-il, d’une voix calme, ses prunelles bleutés absorbée parce ce qui se passait sous ses yeux. « Je ne peins qu’à partir de référence, tu peins avec tes trippes, c’est génial ! » ajouta-t-il, le regard brillant, le ton de sa voix plus engageant. Il avait toujours connu Rosalie comme une peintre experte mais ce qu’il voyait là était plus beau encore. Il voyait le process, l’avancé du dessin avant qu’elle ne mette de la peinture, qu’elle ne vienne colorer cette toile qui en suggérait déjà beaucoup. Rassuré, Ulysse pouvait néanmoins sentir son cœur tambouriné dans sa poitrine, fasciné, happé par l’expérience. « J’ai eu envie de m’excuser de nous avoir vu dans une telle situation avec ton frère, mais je crois que ça en valait la peine. » souffla-t-il, le sourire au bord des yeux. « Est-ce que tu pourrais faire nos portraits, à Achille, Atalante et moi ? » questionna-t-il soudainement. « Pas avec cette ambiance, évidemment, mais avec ta patte à toi ? » s’enquit-il, un sourire éclairant son visage. Il l’avait vu dans le portrait qu’elle avait fait du chien d’Achille, cette patte, cet instinct dans le geste et dans les idées. Même sur un portrait, Rosalie imaginait, le rendait unique.

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Mars 838 - @Ulysse de Péone

Je portais un regard un peu blessé sur Ulysse, pourtant oui, nous étions amis, j’aimais Lupin de tout mon cœur, c’était mon frère, le pianiste. C’était le plus proche, même si nous ne travaillions pas beaucoup ensemble, Ulysse devrait me faire confiance. Il s’excusa, enfin, j’inclinai la tête sans répondre. De toute manière, j’avais hâte d’être à mon atelier. J’eus un petit sourire à sa remarque.

« Je n’ai rien d’extraordinaire tu sais. »

Je peignais et travaillais comme tout le monde après tout. Dans un atelier très simple, sans aucune distraction, des meubles simples, beaucoup de lumière naturelle surtout et des fenêtres donnant sur le jardin. Ensuite, tout devait être parfaitement rangé. En dehors des peintures qui commençaient à s’accumuler. Il fallait vraiment que je dise à Dana de venir les chercher. Sinon je n’aurais plus de place. Et il y avait aussi les bijoux. Oui elle avait de quoi venir. Mais qu’importe. D’abord la nouvelle peinture.

Nouvelle toile et je m’installai, tabouret haut pour moi, je ne pouvais plus peindre debout avec ma jambe, avec un fusain en main pour commencer l’esquisse. Une main caressant une peau moite. J’avais l’image en tête, sans que cela ne paraisse explicite, mais cela devait suggérer beaucoup de choses : de la tendresse, de la passion et du désir. Un mélange de tout cela. Je posai les premiers traits avec précision, ma main libre, la droite, exécutant la pose machinalement, bien que je n’en ai pas besoin. Je reviens vers Ulysse.

« Du tout, prends une chaise, tu seras mieux que debout. »

Je posai tous mes traits de construction, les directions de la lumière, j’allais vite, bien sûr, parce que j’avais l’habitude et je savais très bien ce que je voulais. Je tournai la tête vers Ulysse à sa remarque.

« Je travaille beaucoup avec des références, mais aussi beaucoup avec les simples images qui me viennent en tête, je ne crois pas que ce soit si impressionnant que cela. Tout le monde peut le faire. »

J’avais beaucoup observé le monde et les jeux de lumière et je l’observai encore, c’était cela qui faisait beaucoup d’un tableau et de son intention à mes yeux. Je plaçai une ombre, elle me semblait… pas à sa place, je l’effaçai aussitôt avant de fermer les yeux pour mieux visualiser la scène avant de la replacer. Mieux. J’eus un sourire à sa remarque.

« Est-ce que tu trouves qu’on pourrait t’y voir à l’intérieur ? Ou même mon frère ? »

Je reculai un instant pour mieux regarder ce que j’avais sous les yeux, globalement c’était bien, les traits étaient posés, avec un pinceau très fin je pourrais sans doute même travailler peut-être le grain de peau… ou peut-être avec un mélange de peinture. Les peaux seraient noires, les jeux de lumières seraient encore plus beaux et dans mon esprit elles étaient noires. Ulysse me tira de mes réflexions. Un portrait ? Avec ma patte ? Je cillai.

« Je croyais que Achille n’aimait pas les portraits ? Après j’ai vos traits en tête, alors ça ne serait pas un problème et je vous connais assez bien pour me passer de vous à mes côtés. Mais oui je peux le faire bien sûr. »

Définir le trio… Complicité, fraternité, et… très différents les uns les autres. Achille était le seigneur artiste, je le voyais déjà avec quelques traces discrètes de glaise sur les vêtements et des poils de chien, Atalante, ma danseuse, celle qui faisait l’équilibre entre les deux, la plus sociale des trois, au centre et Ulysse, le plus sérieux, et pourtant peintre également… Il y avait de quoi faire, oui.