be a master, don't wait for luck. (rizvan)

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Avril 838 - @Rizvan Akhtar

La demeure de l’Ordre de la Table Ronde était gigantesque et magnifique. Elle se trouvait non loin de l’Université de la Sapience, c’était très pratique pour avoir accès aux savoirs. Atalante appréciait séjourner dans la chambre qu’on lui avait accordé à son arrivée au sein des treize chevaliers, en tant que Terspichore. Elle prenait son rôle au sein de la Table Ronde très au sérieux, presque autant que ses responsabilités liées à la gestion du domaine de Cordof, venant en appui au rôle de Seigneur de son frère Achille. Ce fonctionnement surprenait souvent même si les nobles familles s’étaient habituées au fil des générations, homme ou femme, c’était la première trinité naissante qui l’emportait chez les De Péone. La priorité pour donner des héritiers revenait toujours au plus âgé, qui prenait le rôle du Seigneur et si les gestations étaient infructueuses, alors les seconds tentaient d’engendrer une nouvelle trinité. Les femmes pouvaient donc se retrouver à la tête de la famille et Atalante avait été éduqué comme une dirigeante, puisqu’elle devait appuyer son grand-frère. C’est cette éducation qui lui avait donné le goût du travail acharné et grâce à son talent pour la danse, elle se retrouvait à présent au sommet de l’une des organisations les plus prestigieuses d’Evanor. La réussite lui tenait à cœur, tout comme le sérieux de sa fonction. Frivole, aventurière, elle était depuis plusieurs mois obligée de se brider pour répondre à ses responsabilités. Sa fougue et son caractère de feu ne disparaitront pourtant jamais et elle gardait, parfois peut-être trop, une répartition provocante.

Parcourant l’un des longs couloirs de la demeure, la danseuse se rendait à la bibliothèque, où un page lui avait indiqué qu’elle y trouverait Rizvan Akhtar, le Seigneur du Cercle des Érudits et chevalier Clio, au sein de l’Ordre de la Table Ronde. Rizvan était le meilleur ami d’Obérion Beauchamp, son parrain, c’est ainsi qu’elle l’avait connu alors qu’elle n’était qu’une enfant. Le grand-fae s’était certainement pris d’affection pour elle, ou alors c’est qu’il était souvent avec Obérion, mais Atalante se souvenait l’avoir très souvent vu, allant jusqu’à passer de courts séjours à Eliorh. Avec le temps, le fae était devenu comme un oncle, les deux restants souvent en contact que ce soit par des visites ou des échanges de vif-argents. Ses enfants, pour certains, étaient devenus des amis avec qui elle se plaisait à échanger dès que le temps le lui permettait. Aujourd’hui, elle venait rendre visite à Rizvan pour discuter de politique. La discussion dériverait peut-être sur d’autres sujets mais elle se devait d’aborder celui-ci rapidement. Au-delà de son lien avec Rizvan, les deux familles partageaient des liens depuis longtemps, la construction d’une école à Cordof par les Akhtar pouvait en témoigner. Le soutien des De Péone au Suprême Ghafa dans sa nouvelle mesure consistant à créer une milice illyrienne allait se répandre rapidement et Atalante préférait en informer elle-même celui qu’elle considérait comme son oncle. La danseuse poussa la porte de bois de la bibliothèque pour pénétrer dans l’immense pièce. Elle adressa un sourire au page qui se trouvait à l’entrée. « Pourriez-vous m’indiquer où se trouve le Seigneur Akhtar ? On m’a fait savoir qu’il était à la bibliothèque. » La pièce était immense, avec plusieurs recoins. La page se pencha légèrement pour la saluer puis lui indiquer de le suivre. Elle emboîta le pas jusqu’à arriver dans un recoin près d’une fenêtre, où se trouvaient plusieurs fauteuils et Rizvan était installé dans l’un d’entre eux.

Atalante s’avança le sourire aux lèvres alors que le Seigneur était absorbé dans sa lecture. Doucement, la De Péone se racla la gorge. « Cette lecture à l’air tout à fait passionnante. » Argumenta-t-elle véritablement curieuse, alors qu’elle s’installait sur l’un des fauteuils.

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@atalante de péone — avril 838

La demeure qui sert à la Table Ronde a deux avantages non négligeables par rapport à la maison ancestrale des Akhtar — le premier étant l'absence totale de ses conseillers. Au moins peut-il lire tranquillement sans être dérangé toutes les deux minutes parce qu'untel a besoin d'une signature et c'est d'une importance capitale, monseigneur, ça ne peut vraiment pas attendre notre prochaine réunion !

Le deuxième est la bibliothèque. Il se targue d'avoir un nombre impressionnant d'anciens tomes et de vieux parchemins en sa propre possession, mais même lui ne peut pas nier le fait que la bibliothèque de la Table Ronde est autrement plus fournie.

Rizvan apprécie le calme qu'il y trouve. Il a laissé les rênes du Cercle à Cennet pour aujourd'hui, s'est exilé à Elysium pour la journée avec un certain plaisir coupable, il doit admettre. Mais son héritière est plus que capable de gérer les problèmes qui pourraient lui tomber dessus, et il a bien besoin d'un peu de temps rien que pour lui, alors il a prévenu ses enfants qu'il ne reviendrait qu'au soir avant de se tamiser pour la capitale d'Evanor.

Ca fait quelques heures qu'il est là maintenant. Les domestiques de la demeure savent, depuis le temps, qu'il vaut mieux ne pas le déranger quand il est plongé dans une lecture, et le diurne apprécie volontiers leur discrétion — et la qualité du café qui continue d'apparaître sur la table où il a entassé ses lectures de la journée. Son attention s'est divisée entre œuvres de fiction et traités historique, les sourcils qui se haussent ou qui se froncent au fil des pages et au fil des émotions et des questions qui s'alignent. La journée est agréable, donc. Peut-être qu'il arrivera à s'enfermer dans les livres de la Table Ronde jusqu'au soir.

Evidemment, peut-être qu'il aurait dû éviter ce genre de vœu.

Un raclement de gorge, trop proche, lui arracherait presque un soupir. Rizvan est tenté d'envoyer paître la personne sans même lever le nez de son bouquin, mais le regard en coin qu'il adresse à l'importune suffit pour le pousser à relever la tête. « Elle l'est. Bonjour, Atalante. » Le sourire qu'il lui adresse est discret mais bien présent, une rareté pour quiconque le connaît. Rizvan n'est pas du genre tendre, en dehors de ses propres enfants — et même avec eux, ses marques d'affection ont toujours été des choses discrètes. Un sourire par-ci, une main qui ébouriffe des cheveux par là.

Atalante est une des rares, en dehors de sa propre famille, à qui il accorde ce genre de petites attentions. Il l'a vue grandir, sa proximité avec Obéron et la vieille alliance qui lie les Akhtar aux de Péone aidant, mais la gamine aux genoux écorchés qu'elle était a bien grandi, est clairement devenue jeune femme avec une tête bien faite sur les épaules en dépit de son caractère de feu.

« Un traité sur l'érection du Mur et les conséquences sur la Cour de l'Automne. Le livre aurait été écrit par un automnal de l'époque... le style est un peu barbant, mais toujours moins que les réclamations de mes conseillers. » La langue du diurne claque contre son palais alors qu'il glisse une lanière de cuir entre les pages délicates pour marquer là où il a été interrompu. La présence d'Atalante ici n'est pas étonnante — ce qui l'est plus volontiers, c'est qu'elle l'ait perturbé dans sa lecture. C'est bien connu, au sein des Chevaliers, qu'il vaut mieux ne pas déranger Rizvan Akhtar quand il a le nez plongé dans un bouquin à moins d'avoir une bonne raison. « Qu'est-ce qui t'amène ici ? Pas que je sois mécontent de te voir, mais c'est rare que tu viennes m'interrompre comme ça. » Ca ne l'empêche pas de pousser le plateau de pâtisseries diurnes dans sa direction. « Un café ? »

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Avril 838 - @Rizvan Akhtar

Curieuse de nature, Atalante s’intéressa au livre de Rizvan. Il était certainement l’historien le plus talentueux d’Evanor depuis plusieurs générations. La danseuse savait qu’il détestait être dérangé pendant une lecture, particulièrement lorsqu’il se trouvait dans les locaux de la Table Ronde. Le sourire qu’il lui adressa, discret, suffit cependant à faire savoir qu’elle était la bienvenue sur le fauteuil si se trouvait en face du sien. Elle ne se serait pas permise de déranger ce repos si ça n’avait pas été important. Depuis le décès de leur père, la trinité s’était pleinement approprié les rôles qui étaient les leurs. Le pouvoir était partagé en trois et si Achille était officiellement Seigneur de Cordof, ils se tenaient tous au même rang. Atalante, dans son rôle de gérante de la boiserie, était sans cesse harcelée par ses conseillers au Domaine de Cordof. Un document à signer, une demande urgente à traiter en réunion avec la trinité, un travailleur rencontrant un problème, etc. ; la liste s’étendait, infinie. Les locaux de la Table Ronde, malgré le travail que chaque chevalier devait fournir, étaient un endroit reposant pour les Seigneurs. « Je comprends. » Répondit-elle simplement, un sourire discret sur le visage. Son attention se porte que le livre entre les mains de Rizvan. Atalante devient soudainement pensive, elle qui a toujours aimé les histoires et l’aventure. « Ce doit être étrange de vivre si près du mur sans jamais savoir réellement ce qui se trouve de l’autre côté. » La Cour de l’Automne serait en première ligne si un événement se passait au mur et cette construction leur avait forcément apporté une responsabilité supplémentaire. « Sais-tu s’il existe un journal du premier Suprême de l’Automne, du temps où le mur a été érigé ? J’imagine que ce serait une lecture passionnante. » De connaître les pensées de ceux qui se trouvaient au plus près de la signature du traité et de la construction du mur. Pas seulement le récit des événements tels qu’on l’apprenait à l’école mais un récit plus intime.

Avec un sourire, Atalante se pencha pour prendre une pâtisserie diurne et un café. « Merci Rizvan, c’est délicieux. Tu as encore de bons goûts malgré les années. » Le taquina-t-elle gentiment. La printanière avait toujours adoré les délices de la Cour du Jour. La jeune danseuse fronça le nez quelques instants. Elle n’était encore en apprentissage de l’art politique, ou de l’art du discours. La trinité n’avait pas encore cinquante ans, qu’ils s’étaient retrouvés propulsés au rang de Seigneurs avec tout un domaine et un village à diriger. Les habitants de Cordof vivaient pour la plupart des exploitations de fruits exotiques et des exploitations d’arbres, un bois de qualité reconnu dans tout Evanor. Le bois de moindre qualité était tout de même revendu à bas prix et proposé à une population de plus basse extraction. C’était un commerce immense pour un village de petite taille comparé à d’autres grandes villes en Evanor. « Je souhaitais te parler de politique, j’en suis navrée. » Informa Atalante tout en sirotant son thé. « Si j’avais pu choisir un autre moment, je l’aurais fait. Cependant, les langues se délient rapidement en Evanor et je préférais avoir moi-même cette conversation avec toi, avant que l’un de tes conseillers ne te saute dessus pour te l’annoncer. » Il était fort probable qu’il soit déjà au courant de la proposition du Suprême Ghafa. Chaque Seigneur possédait des yeux et des oreilles partout où il le pouvait ou du moins, chacun essayait de savoir ce que préparait son Suprême. Atalante se doutait, connaissant les relations entre les Akhtar et les Ghafa, que Rizvan devait se tenir informé par des biais peut-être, moins officiels. « Mes frères et moi avons reçu la visite d’une représentante de sa Suprématie Ghafa au Domaine de Cordof. » Cette simple phrase suffirait à Rizvan pour comprendre qu’une demande avait été faite au De Péone pour un appui à une politique de la Cour du Jour. « Sa Suprématie Ghafa nous propose une alliance, en échange de notre soutien concernant l’intégration officielle d’une milice illyrienne dans l’armée du Jour. » Précisa Atalante d’un air sérieux. Elle se contente, pour l’instant, de la demande du Suprême même s’il est évident, que si elle se trouvait face à Rizvan sur ce fauteuil, c’est que les De Péone avaient accepté cette alliance. Avaient-ils réellement eu le choix cependant ? Quelles auraient été les conséquences d’un refus. Leurs Suprêmes respectifs, s’entendaient bien également. Il était évident que cette alliance devait être acceptée et qu’elle l’avait été.