for the ones who need a hand (ft. Aslan)

Les nuits étaient toujours longues pour Velinka. De temps en temps, elles étaient courtes, mais c'était seulement lorsque la compagnie était présente, désirée et appréciable. Avant, les nuits étaient peu longues parce qu'elle travaillait dans un bordel, et évidemment que les gens ne voulaient jamais se faire voir en pleine journée dedans, alors la lune ne lui offrait aucun repos, elle qui aurait préféré admirer son astre favori plutôt que de le subir, lui tourner le dos pour séduire hommes et femmes, pour soutirer des informations grâce à ses lèvres, sa langue, ses cuisses ; qu'est-ce qu'il aurait été plus doux de vivre sous la belle étoile, comme elle le faisait avant, et de ne jamais se laisser faire par les autres, parce que telle était la fierté de son illyrien de père. Mais son père était mort, et seule, elle n'avait trouvé aucun refuge ailleurs. Depuis que Sylas contrôlait le port et qu'elle l'avait rejoint, les nuits étaient différentes ; sa chambre était souvent calme et plus banale, bien que Velinka aimait la décorer et la remplir de couleurs avec des plaids à foison, des fleurs et des effets personnels qu'elle achetait ou qu'on lui offrait. Personne ne rentrait sans sa permission, et on venait rarement la déranger à moins d'une urgence, et si c'était le cas, quelqu'un du groupe s'annonçait toujours. Dorénavant elle ne tournait plus le dos à la lune mais la regardait avec admiration, avec envie. Le ciel plein d'étoiles qui la fascinait toujours mais qui semblait si inatteignable, surtout quand elle n'avait qu'une aile. A une époque, elle avait rêvé de s'envoler dans les cieux, frôler la lune, ou s'y trouver une place ! Son père ne disait-elle pas qu'elle avait toujours la tête dans la lune, haut perchée dans les nuages ? Mais il ne resterait qu'à tout jamais le sol pour l'hybride qui avait eu la satisfaction de pouvoir voler.

Mais, au moins, ils étaient beaucoup au sol et tard la nuit au sein du Pied à Terre, alors ça la réconfortait. La plupart des gens qu'elle fréquentait n'étaient pas dotés d'ailes à l'origine, et si Sylas était un hybride comme elle, il ressemblait aux humains. Il n'y avait que Louve avec qui elle avait vraiment des ressemblances, mais Velinka se tenait à distance de l'automnale qui avait rejoint les rangs des marchands de sable, rongée par la terrible jalousie, un sentiment qui l'avait souvent piquée durant sa vie toujours à souhaiter être les autres plutôt qu'elle-même. Bien sûr, elle ne le montrait pas, parce qu'elle était tout à fait au courant qu'elle était de mauvaise foi, mais ça n'empêchait qu'elle préférait se terrer ici. Même lorsqu'elle était seule, comme ce soir. D'habitude, Aslan restait toujours après la fermeture pour ranger puis ils rallongeait la soirée en papotant. Souvent, elle arrivait même à lui faire jouer quelques jeux de cartes, même s'il avait appris avec le temps que Velinka avait toujours une main chanceuse et qu'en plus, elle trichait très bien. Sauf que, comparé à elle, ses amis avançaient, ils rencontraient des gens, et son ami anciennement diurne avait rencontré Dana. Elle était contente pour lui, en plus que la brune avait l'air d'être très sympathique pour ce qu'elle lui avait parlé, mais maintenant elle était seule durant beaucoup de nuits.

Alors elle jouait au solitaire, assise sur le comptoir, et elle râlait de sa propre chance. Putain, ça aurait été trop donné de lui offrir de la chance pour autre chose que les jeux de carte ? Elle aurait pas pu juste pu être chanceuse dans la vie tout court et garder ses ailes, ses oreilles, son corps entier, ne pas vendre un seul bout d'elle parce qu'elle avait été affreusement naïve, perdue et manipulable ? Elle continua à abattre les cartes avant de soupirer pour la énième fois, guettant la porte. Aslan lui avait dit qu'il reviendrait au Pied à Terre ce soir et il n'était pas encore là, et cette fois, l'inquiétude laissait place à la tristesse qu'elle ressentait d'être seule. Sylas serait toujours un des piliers de sa vie, mais depuis qu'il était lieutenant, elle osait un peu moins le déranger pour tout et n'importe quoi, s'appuyant un peu plus sur les personnes qui l'entouraient au quotidien depuis qu'elle travaillait ici.

Enfin, Velinka perdit patience. Elle allait le chercher, maintenant, c'était sûr ! Elle descendit du comptoir en titubant un peu, le poids se répartissant un peu mieux sur ses pieds les secondes qui suivirent, tandis qu'elle se mettait à marcher vers la sortie. Où allait-elle ? Aucune idée. Il ne lui semblait pas qu'il lui ai dit quoique ce soit, et de toute façon, elle n'aurait jamais été jusqu'à lui demander l'adresse de quoique ce soit. Elle comptait y aller à ce qui rapportait être du talent.

Heureusement que la porte s'ouvrit avant qu'elle ne passa le pas de celle-ci, sinon elle aurait quand même été dans la merde. A son plus grand plaisir c'était Aslan qui revenait et elle croisa ses bras sur sa poitrine, son aile de chauve-souris qui essayait tant bien que mal d'imiter une position sérieuse, ce qui était plus compliqué sans sa partenaire.

-C'est à cette heure-ci que tu rentres, hmm ? elle tenta de rester sérieuse, comme si elle le grondait, mais un sourire content vient tacher cet air et elle finit par secouer la tête et le laissa passer, retournant vers le comptoir comme si elle n'avait jamais, ô grand jamais, songé à aller le chercher. Pas du tout le genre de Velinka de s'inquiéter pour rien, c'est faux. T'es quand même en retard, à ce stade tu pourrais juste recommencer à travailler de suite, mais t'as l'air heureux donc on va dire que ça passe pour cette fois avant de commencer à mettre un couvre-feu. Me regarde pas comme ça, je suis plus âgée que toi... même si j'ai moins de rides, elle sourit grandement, se cachant derrière son humour et une fausse vanité qui ne lui appartiendrait jamais, blonde qui voulait juste cacher les tracas qui la secouaient encore et encore.

for the ones who need a hand

@velinka shuksin | 838

Aslan fourra son visage entier dans la chevelure chatoyante de son amante, repoussa encore un peu plus le moment où il devrait la laisser, l’abandonner à ce lit, toute seule. La solitude de Dana ne serait qu’éphémère, transitoire, puisqu’ils se voyaient le lendemain. Quitter ce lit chaud, le corps endormis de la marchande d’art, était presque un tiraillement. Une promesse se devait cependant d’être respectée, et Aslan y tenait plus encore qu’il s’agissait d’une promesse à l’une de ses plus proches amies. Alors, il souffla et s’éloigna à regret du corps de sa compagne. Des promesses, il lui en avait fait milles durant la nuit, lui promettant une belle journée, une découverte d’Elysium comme elle ne l’avait jamais vue. Mais en ce milieu de nuit, il dû la quitter. Souplement, s’efforçant à faire le moins de mouvement possible pour éviter à sa compagne un réveil précoce. Il se retint de déposer un baiser tendre sur son front, quitta leur lit et enfila prestement ses vêtements. Il s’arrangerait autrement, la prochaine fois, pour se garder ce temps si précieux qu’il avait auprès de son amante, et conserver un temps non négligeable auprès de ceux qui comptaient pour lui. Le temps passait plus vite, récemment. Depuis que Dana et lui étaient ensemble, depuis que des sentiments avaient été partagés, tendrement. Aslan avait l’impression que le temps lui jouait des tours, que trois jours auprès de son amante ressemblaient seulement à une journée. Il s’arrêta quelques secondes, profitant du silence de la nuit, son regard d’acier fixé sur la silhouette de la Volyn encore au lit. Il pouvait l’entendre respirer, calmement, apaisée, son buste se levant à intervalle régulier. Il passa une main dans ses cheveux, serra sa veste entre les doigts de l’autres, et quitta l’appartement.

Malgré la difficulté de quitter Dana, un sourire flottait sur ses lèvres. Il était heureux, le lion. Heureux de cette rencontre, de ce voyage qui vivait chaque jour auprès d’elle. S’il était troublé par les sentiments quelques peu étrange qui l’envahissait, les inquiétudes, les et si, l’envie presque irrépressible de vouloir toujours se trouver auprès d’elle, pour l’aimer, la protéger. Les départs de Dana vers la capitale de la nuit étaient réguliers, mais toujours douloureux. Ce soir, s’il partait, c’était pour mieux revenir, pour retrouver la joie de vivre de la jeune femme, sa pétillante personnalité. Une main dans sa poche, l’autre se balançant au rythme de son pas, ferme et régulier, Aslan laissa son esprit vagabonder, s’imaginer sa vie dans quelques mois, dans quelques années. Il n’avait pas osé espérer depuis longtemps, depuis qu’on l’avait exilé de la maison Ghafa, depuis qu’il était parti pour l’armée de la nuit, sans contact des Lantsov. Il avait fait son petit bout de chemin, seul, sans famille, créant cette dernière au fil de ses rencontres. A présent, il voyait sa vie autrement. A présent qu’il avait rencontré son âme-sœur, âme qu’il aimait de tout son être, il espérait. Toutes ces cellules vibraient sur une mélodie nouvelle qu’il ne pouvait s’empêcher de légèrement fredonner.

Il arriva bien assez vite devant l’auberge du Pied à Terre, évoluant dans les ruelles d’Elysium sans problème, maître de lui-même et des ombres qui l’entouraient. Il poussa la porte de l’antre dans lequel il évoluait avec tant de facilité et tomba presque nez à nez avec sa collègue, de travail, de soirée de jeux. Le regard d’Aslan se fit pétillant aux mots de son amie, des reproches qui se voulaient en être, mais qui s’accompagnaient d’un sourire naissant sur les lèvres de l’hybride. « J’ai bien failli ne pas rentrer du tout. » souffla-t-il à mi-voix, s’imaginant encore sous les draps près de Dana, la Volyn contre lui. Il retint un soupir, et s’avança dans la taverne calme et silencieuse. Il contourna son amie et posa sa veste sur le comptoir, avant de s’y asseoir lui-même, poussant sur ses bras pour y parvenir. « Excusez-moi, Ô Madame mon aînée, de mon retard ! » dit-il cette fois-ci, sur un ton plus léger, celui de l’humour. Il était sincère, néanmoins. Être en retard n’était pas dans ses habitudes, mais les choses évoluaient et Aslan espérait que Velinka lui pardonnerait. Du coin de l’œil, Aslan nota la présence du dernier jeu en date de son ami, un solitaire. Son regard se posa de nouveau sur le visage de Velinka. Si beaucoup fixait l’hybride de la nuit, curieux qu’elle n’ait qu’une aile, lui avait rapidement pris le coup de la regarder elle, pour sa personnalité, non son physique. La blonde portait une place importante dans la vie d’Aslan. Elle était une amie proche, fidèle qui n’écoutait que son propre cœur. L’hybride avait même réussi à pousser Aslan à jouer aux cartes, ce qu’aucun camarade de l’armée de la nuit n’était parvenue à faire. Les prunelles d’acier du combattant se redressèrent, fixant le visage doux de sa comparse. « Excuse-moi si je t’ai inquiété, je n’ai pas vu le temps passer. » avoua-t-il finalement, l’air de son visage s’accordant avec ces mots. Il s’affranchissait de l’humour et cette fausse vanité qui se dégageait de son aînée. Il la connaissait assez pour savoir qu’il y avait bien plus qui se cachait sous ses traits délicats et sa joie quotidienne. Laissant ses jambes basculer contre le comptoir, son regard passa du jeu de solitaire à son amie. « Qu’est-ce que j’ai loupé ? Tu gagnais, j’imagine ? On se fait une partie ? » proposa-t-il finalement, parce qu’il ne pouvait pas en être autrement, entre eux. Ils se retrouvaient pour la première fois depuis de nombreuses jours, voire quelques semaines, et si la nuit était avancée, l’ambiance était tout à fait propice à quelques parties. « Et puis j’ai passé quelques nouvelles commandes pour le stock, j’aurais bien besoin de ton avis sur certains produits . » ajouta-t-il, un sourire aux lèvres, bien loin d’imaginer ce qui pouvait vraiment tournoyer dans l’esprit de Velinka.

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-- With your courage I escaped my fear. You learned to say what's on your mind. Now we make our loving memories. Living heart to heart, glowing like an open fire