La crainte me prêta des ailes pour fuir.”

La crainte me prêta des ailes pour fuir.

Elle est furieuse.

Suite à une énième réunion avec ses conseillers, ceux-ci la pressent désormais de prendre époux. Elle les avait aussitôt congédiés, ils étaient partis, mais pas sans lui avoir laissé leur liste de prétendants potentiels. Son regard était tombé sur celui de Volyn, raturé. La colère s’était emparé d’elle, surtout contre elle-même, d’avoir préféré le silence plutôt que de régler la situation comme elle en a l’habitude. Il s’était éloigné, elle l’avait laissé faire et même officialisé une rupture de leurs fiançailles, plutôt que d’affronter la réalité en face.

Mais elle n’a jamais oublié. Lui. Rien que l’idée d’envisager un autre prétendant à sa place la rebute et l’encourage désormais à régler la question en suspens depuis des mois. Son regard reste inlassablement posé sur cette ligné qui barre négligemment ce nom. Il n’est jamais venu la voir, préférant fuir à la cour de l’été d’après ses sources. Lâche, songe-t-elle avec férocité.

Assya se dirige vers un des innombrables balcons de la demeure du vent, la nuit est fraîche, même frigorifique à cause des bourrasques qui soufflent. L’altitude de la demeure qui surplombe Velaris n’arrange rien, mais ça a le don de lui remettre les idées en place. Sa chevelure gifle ses joues pâles, la douce douleur que ça lui inflige la ramène à la réalité du moment. Il est ici, il était là pour Starfall et présent pour son ami au cours de l’enterrement de Myrra, c’est sans doute le moment de le confronter puisqu’il semble toujours la fuir.

La Suprême inspire et expire doucement, elle poursuit ses exercices de respirations tandis qu’elle déploie son pouvoir. Elle ferme les yeux et se remémore chaque quartier, rue et recoins de Velaris. Ses doigts viennent toucher un bracelet, offert par l’hybride au cours de leur relation qui se voulait uniquement politique à l’origine. Elle s’était surprise, agréablement mais aussi d’appréhension, à ressentir plus, un attachement qu’elle était loin de s'imaginer ressentir pour un baron déchu par ses propres ancêtres. Malgré leur rupture, elle n’a jamais pu se séparer de ce présent autour de son poignet, ce même bijou qu’elle utilise pour le retrouver.

Elle n’était pas très familière de son pouvoir de repérage jusqu’à son ascension, la transition, cette soudaine montée en puissance l’ont obligé à les maîtriser plutôt que d’en être submergé. Elle recherche l’ombre de Neven, un exercice bien difficile étant donné la distance qui les sépare, ça lui prend un moment, mais elle finit par le retrouver vers la Sidra. Elle rouvre les yeux, détendue par sa méditation et se dirige vers le balcon le plus grand.

Son regard est aussitôt attiré par les gardes qui veillent, l’un d’eux s’avance, Corvus. Sans doute l’illyrien dont elle a le plus confiance, pourtant, ce soir elle est agacée de le trouver à son poste. Inflexible, elle n’a aucune chance de le convaincre de la laisser se rendre à Velaris seule, sans une bonne protection. Il est d’autant plus pointilleux depuis l’assassinat de Myrra. Plutôt que de perdre son temps à essayer de convaincre une huître de s’ouvrir, elle le laisse gérer les opérations tant qu’elle obtient une rencontre avec Neven.

Celui-ci reçoit donc la visite de Corvus, chef de sa garde, qui lui remet une invitation avec pour ordre de l’escorter. Assya ne laisse pas le choix à l’hybride de se défiler encore une fois, ce soir, ils doivent mettre leurs différends de côté. Elle l’attend dans une petite auberge, vide de tout inopportun par les bons soins de Corvus, son doigt joue nonchalamment autour d’un verre à moitié vide d’un spiritueux, lorsque la porte s’ouvre enfin. La suprême ne se retourne pas, mais son dos raide annonce qu’elle sait qu’il se trouve derrière elle. “Compte-tu me fuir encore longtemps?” S’enquiert-elle d’une voix claire, d’où perce son agacement, la frustration, sa colère.

@Neven Volyn

DES AILES POUR FUIR.

PLAY | w/ @Assya Ozerov

Il n'avait pas prévu de rester à Velaris aussi longtemps. Initialement, le plan consistait à rejoindre Dana pour les festivités de Starfall et, éventuellement, de passer la journée du nouvel an en compagnie de sa famille. Les quelques mois passées à Adriata lui avait montré combien tous les trois lui manquait même si, dans le quotidien, ils ne passaient au final que peu de temps ensemble. Savoir qu'Idalina serait là à son retour à la maison, que Delyan serait perdu dans ses calculs pendant une partie de la nuit ou que Dana le poursuivrait en râlant qu'il travaillait trop étaient autant de manières, aussi anodine soient-elles, qu'ils avaient de se reconstruire et d'être une famille. Par moment, il avait songé que leurs parents seraient sans doute amusés de la manière dont les choses évoluaient, de les voir vivre leur existence loin des obsessions qui avaient toujours tiraillé la famille, loin de ce qui avaient brisé les liens entre les générations de Volyn. Dans les jours qui avaient précédé sa venue, Neven avait ressenti une certaine appréhension à l'idée de retrouver la familiarité de la Velaris qu'il s'était empressé de fuir dès le bal des astres achevé : son retour à la nuit avait déjà été mouvementé mais il doutait que la présence d'Assya n'arrange ses affaires. Or, il n'y avait pas de Starfall sans sa Suprême et quoi qu'il avait espéré faire la fête dans les tavernes de la cité des étoiles, Dana l'avait trop bien happé vers les soirées où leurs amis se trouvaient. Mais à la choix de retrouver cette famille du coeur succéda le chaos, l'incompréhension et la mort. Pareils évènements ne pouvaient être ignorés pour au nom de l'égo et des peines de coeur : Myrra était importante pour lui. Peut être pas autant que Darya ou Merrill, mais elle avait été la femme de son amie, ils avaient partagé des rires et des craintes et elle méritait bien plus qu'un tamisage en douce. Alors il était resté. Pour son souvenir, pour son ami en peine, pour sa famille désarçonnée par la mort soudaine d'une des leurs. Il était resté car malgré les mois à Adriata, ces gens étaient sa famille, parce qu'il était un nocturne.

Aux obligations de l'amitié s'ajoutaient celles de l'éole : s'il profitait de son exil pour rencontrer les zéphyrs les plus occidentaux de son cercle, il n'y avait qu'à la Nuit que l'Oeil pouvait avoir lieu, que là qu'il pouvait voir ses anciens acolytes, vestiges d'un quotidien abandonné pour les plages ensoleillées de l'Eté. Merrill était à ramasser à la petite cuillère depuis que la pluie d'étoiles filantes avait emporté avec elle l'âme de la baronne d'Ondiane, ne laissant qu'une trainée amère de résidu stellaire semblable au vide qui s'était installé dans le coeur de ceux qui l'avait connu. Avec un éole imprévisible, un autre souvent absent, un petit nouveau et un trop discret pour être réellement considéré, la guilde n'avait jamais paru aussi fragile qu'à cet instant. Mais Neven ne savait toujours pas comment faire autrement : il avait le sentiment que sa présence ne suffirait pas et en même temps, ignorait comment il pouvait envisager que sa venue change quoi que ce soit à la situation. Laissant Merrill au bon soin d'autres, il avait envisager de se rendre dans les montagnes d'Hewn pour envisager la suite avec Edvin, pour imaginer comment pallier aux absences douloureuse du Odegaard et lui laisser le temps de faire son deuil. Le pire restait que la douleur de l'illyrien, il ne la connaissait que trop bien, s'étonnant presque de ne pas se noyer dans le miroir que lui offrait son ami, écho lent d'un état par lequel il était déjà passé. Mais il n'y avait pas de mode d'emploi à la peine, pas de manière simple de surmonter la douleur de la perte. Tout ce qu'il pouvait faire, c'était s'assurer qu'il y aurait toujours une oreille pour l'écouter, faire comprendre qu'il pouvait en être et attendre de voir Merrill se reprendre.

Il songeait à tout cela et à bien plus lorsqu'on frappa à la porte. S'attendant à ce que ce soit l'une des connaissances de Dana, Neven ne se pressa pas particulièrement pour rejoindre l'entrée, se préparant à soupirer l'absence de sa soeur lorsque son regard rencontra l'un des fidèles d'Assya dont l'ombre était souvent dans l'entourage proche de la suprême. Allons bon, songea l'hybride avant que l'ordre ne se présente, implacable, irrécusable. L'homme demeura sur le pallier, attendant, de toute évidence, que le brun s'exécute sur le champ. Comprenant qu'il ne parviendrait pas à se défaire de l'intrus, Neven attrapa sa veste et fit signe à son désormais autoproclamé geôlier de le devancer à l'extérieur. Fermant derrière eux, il adressa une oeillade anxieuse aux fenêtres désertes de la vieille demeure, espérant que son absence ne provoquerait pas l'inquiétude d'Idalina ou de sa fratrie. Les mains dans les poches, il se laissa guider avec une attitude nonchalante et ennuyée jusqu'à des lieux moins fréquentés et haussa un sourcil lorsqu'ils s'arrêtèrent face à la toute petite porte d'une auberge si silencieuse qu'il en venait presque à douter d'être encore dans Velaris tant le calme qui y régnait lui semblait peu familier. Presque jeté dedans pas le garde, il ne manqua pas de lui adressa une oeillade mauvaise tandis que la porte de l'auberge se refermait, forçant l'hybride à aller de l'avant. S'il avait refusé d'y croire durant toute la durée de son escorte vers l'auberge, il était forcé de constater qu'elle était bien là, l'éclat de ses cheveux blonds contrastant avec l'obscurité de l'endroit comme un astre au milieu du ciel nocturne. « Il me semble que ce n'est pas moi qui suis en train de te tourner le dos ... Drôle de façon de fuir, ne crois-tu pas ? » répondit-il avec la même nonchalance qu'il se forçait à adopter depuis qu'on l'avait arraché à sa demeure. En un sens, il comprenait le sous-entendu mais refuser de s'arrêter à l'évitement soigneusement opéré qu'elle pointait du doigts à travers ses salutations froides. Ils avaient eut bien des occasions de se parler depuis leur grande dispute et il les avait toutes éloigner si prestement qu'il avait été surpris qu'elle n'annonce pas plus que la rupture de leurs fiançailles. « Sa Suprématie en a-t-elle déjà ras-le-bol de me sentir sur ses terres, dois-je prévenir que mon retour en exil devra se faire plus précocement ? » demanda-t-il, glacial, tentant de mettre autant de distance qu'il était possible entre lui et le souvenir qu'elle lui inspirait toujours : guère celui de la femme capable de suggérer des assassinat, mais l'écho de leurs rires résonnant dans la chambre qu'ils avaient partagé à Elysium, la femme loin de la politicienne. Loin de tout ce qu'il abhorrait. « Que me vaut ton intérêt Assya ? » Il s'était attendu à ce qu'elle préfère le silence de l'ignorance plutôt que de le chercher -ou le faire chercher dans ce cas précis. Et pourtant, s'il braquait sur elle un regard méfiant, cherchant le moment où il finirait inévitablement par regretter d'avoir baissé sa garde, il ne pouvait que se demander si cette rencontre, à l'abris des regards était aussi inquiétante qu'une convocation à la Maison des Vents.

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┗ the starless king ┛

There's just one thing I hope you know, I loved you so 'cause I don't even care about the time I've got left here, the only thing I know now is that I wanna spend it with you, with you nobody else here. Tonight is gonna be the loneliest you'll be the saddest part of me. A part of me that will never be mine.

LA CRAINTE ME PRÊTA DES AILES POUR FUIR.

tw: Ø | @Neven Volyn | hiver 838 outfit

Le savoir derrière elle, la rend extrêmement nerveuse. Elle ne s’est pas retrouvée à proximité de l’hybride depuis leur dernière dispute à Elysium. Des mois auparavant. Alors elle inspire pour se donner du courage, ce n’est pas la première fois qu’elle fait face à une situation périlleuse, ni la dernière. Son père lui a appris la clémence, la diplomatie, les sacrifices, mais aussi comment tirer avantage d’une situation fâcheuse. Assya se relève de son tabouret et lui fait face, le menton haut, la fierté d’une Suprême affichée. “C’est toi, qui m’oblige à en arriver à de telles extrémités. J’aurais préféré que cette rencontre se fasse autrement, mais tu t’es obstiné à m’échapper.”

Dire qu’elle le trouvait austère, le visage toujours fermé et froid, impitoyable. Alors qu'elle est plus ouverte, amicale et sociable. Elle doutait qu’ils forment un couple authentique au regard des autres, ni même qu’ils parviennent à un terrain d’entente, mais la proximité forcée au cours de son mandat à Elysium leur a pourtant permis de révéler bien davantage. Désormais, elle le trouve beau, à en crever et son coeur se brise, à nouveau. Parce qu’il la regarde avec froideur, comme si elle n’est plus qu’une étrangère. C’est douloureux, bien plus qu’elle ne l'avait imaginé.

Ils se sont envoyé tellement d’horreurs au visage, elle regrette la façon dont elle s’est défendue alors des sous entendues. Dans le fond, il avait raison et elle n’a pas été assez prudente, mais la situation nécessitait une réaction sans appel. Pour d’autres raisons, il avait tort, elle n’a pas abandonné son combat, elle était seulement pieds et poing liés par le serment fait au cours de son mandat de Haute Suprême.

Son regard se fait plus incisif alors qu’il sous-entend qu’elle ne veut plus le voir, à Velaris ou ailleurs. “Ne rejette pas la faute sur moi, tu t’es exilé de toi même Neven. Ait au moins le courage de le reconnaître.” Elle n’a jamais voulu qu’il parte de chez lui, qu’il s’éloigne de sa famille, n’en n’a pas même formulé le souhait, ni à voix haute, ni en pensée. Elle aurait pu les détruire, à l’instar de son ancêtre lors de leur premier exil, ce qui n’a jamais été son intention et il peut tout autant la détruire, mais ce n’est pourtant pas ce qui lui a fait garder le silence. Elle a simplement estimé qu’il voulait sa liberté, ni plus ni moins, et a donc rompu leurs fiançailles, à défaut d’avoir pu lui parler puisqu’il avait fui Elysium.

“Je ne suis pas ton ennemie.” Se doit-elle de préciser sur un ton d’apaisement. Elle a appris à le connaître, sous cette nonchalance, il est entré en état de défense. Neven est un homme qui ne montre pas ses véritables émotions aisément, elle non plus et c’est sans doute pour cela qu’ils ont fini par imploser, sans se donner une chance de s’expliquer. Assya veut réparer cette erreur, qu’ils cessent de se fuir l’un et l’autre. Et surtout, qu’il rentre chez lui. Qu’il retrouve le cours de son existence, avec ou sans elle. “J’ai beaucoup de respect pour toi Neven, contrairement à ce que tu sembles penser des mes intentions. Je te dois la vérité et je suis prête à te la raconter. Je t’en prie, assieds toi et écoute moi.” Elle pourrait lui soutirer un serment pour qu’il garde le silence de ce qu’elle compte lui révéler, mais elle est certaine qu’il n’en fera rien quand il en comprendra les raisons et pas seulement parce qu’elle connaît son implication au sein des Stormvaengir.

Assya se détourne de ce regard sombre, glaçial, elle fait le tour du comptoir pour placer un verre vide et le remplir de la bouteille qu’elle vient d’entamer. Elle remplit le sien, et en boit une gorgée, pour lui prouver que ce n’est pas empoisonné. Il semble penser le pire d’elle désormais. “Le Ministre et ma mère entretenaient une relation. Bien avant qu’elle rencontre mon père, son âme sœur et qu’elle l’épouse, alors elle a coupé toute relation avec son amant. Jusqu’en 780.” Elle relève les yeux sur son ex fiancé, lourd de sens, s’il se souvient que les jumeaux Nina et Fedyor sont nés 1 an après, il fera rapidement le rapprochement. “Il aimait profondément Ksenya selon lui, à tel point qu’il a accepté de garder le silence sur l’adultère et sur la possibilité que Nina et Fedyor soient ses enfants.”

Cette histoire est si douloureuse à raconter, Assya n’ose plus regarder l’hybride en face, de crainte de voir ses larmes débordées de ses mirettes. Elle est trop fière pour reconnaître sa faiblesse devant lui, pas tant qu’ils n’auront pas tiré au clair leur situation. “Il m’a tout raconté l’été dernier, selon ses mots, ce sont ses enfants et il n’a qu’un vœu, nous détroner Ilya et moi pour voir Nina et Fedyor prendre nos places, et ainsi obtenir le pouvoir à travers eux. Il a…” Elle déglutit, se donne du courage en sirotant quelques gorgées de son vin. “Orchestré l’assassinat d’Ilya par l’intermédiaire d’un comparse de l’Aube, tentative raté comme tu le sais, mais ça m’a mise tellement hors de moi. De ce secret qu’il détient il voulait nous voir tomber, me faire chanter avec les preuves qu’il possédait de sa relation avec ma mère, avec ses preuves, il entendait me faire abdiquer et convaincre Ilya d’en faire autant, ou il finirait par nous éliminer. C’était lui ou nous. Alors oui. Oui je suis responsable de son assassinat.” lâche-t-elle le regard plongé sur le comptoir, dans l’attente du couperet. Elle s’était persuadé qu’il comprendrait, qu’il en aurait fait autant pour protéger sa famille, mais la vérité désormais prononcé, elle n’en n’est plus aussi sûre.