je parle au nom des animaux, ce soir la ville est à nous (ft. Yseult)

Il voulait lui hurler que non, que l'envie et le besoin étaient deux choses tout à fait différente. Le besoin, c'est manger, et l'envie c'est s'empiffrer de chocolat plutôt qu'un repas plus sain. Le besoin, c'était de respirer pour vivre, et l'envie de vivre était une toute autre chose. Mais il voyait bien dans le regard de la rousse qu'elle n'entendrait rien, et Fenrys n'était pas plus disposé à comprendre ce qu'elle voulait lui dire. Le ton allait juste monter et il était déjà assez tendu comme ça, sentait que toutes les pierres entassées les unes sur les autres qu'il avait placé pour s'enfermer étaient en train de céder. Même pour lui, c'était trop. Sa vie n'avait cessé de basculer ces dernières années, et s'il avait longtemps prétendu que c'était pour un mieux, aujourd'hui il n'en n'était plus sûr. Une trame obscure se traçait un chemin jusqu'à son cœur et il était uniquement persuadé du fait que s'il laissait cette trame poursuivre, il allait être exactement comme son père. C'était ce qu'il avait voulu éviter toute sa vie, et pourtant, ça le frappait brutalement à présent. Il avait fait tant d'efforts pour ne pas lui ressembler qu'il en avait oublié à quel point c'était facile d'abandonner tout effort quand on se retrouvait dans une impasse. Quand on préférait laisser la colère prendre le dessus. Il était bien un Helvar, après tout ; juste pas le type d'Helvar qu'il aurait aimé être.

Et en cet instant, il n'y avait qu'à Yseult qu'il voulait bien avouer ça. De toute façon, Revka était repartie à Fornheim, et même s'il éprouvait encore des sentiments forts pour elle, il ne pourrait pas si aisément passer à côté de ce qui s'était passé entre eux, et surtout, ce qui ne s'était pas passé. Et il pleurait comme un grand gamin, comme lorsqu'il était épuisé et qu'il en pouvait plus des escaliers, alors Freya l'aidait à grimper puis elle essuyait ses larmes ; il pleurait comme il neigeait au sein de l'Hiver et pour la première fois depuis longtemps, il ressentit la morsure du froid.

Mais Yseult était plus chaleureuse que le feu de cheminée et plus réconfortante, le serrant contre elle et soutenant en partie son poids, bien qu'il faisait attention à ne pas totalement se laisser aller, bien appuyé sur sa canne. C'était peut-être le seul élément qui le gardait proche de la réalité, qui l'empêchait totalement de s'écrouler en tout temps. Secoué par des sanglots ─ il pouvait aisément entendre la voix de son père qui le jugeait, le silence de ses adelphes ─, il se laissa se faire consoler par la rousse, sa meilleure amie depuis si longtemps qu'il a presque oublié ce que c'était de vivre sans elle, avant. Il mit quelques minutes avant de pouvoir se calmer, lorsqu'il sentit que sa gorge devenait trop sèche et que ses yeux piquaient beaucoup trop pour qu'il continua à pleurer. La honte le prit soudainement d'assaut, il songea à tout ce que son père lui avait dit un jour, lui assurant qu'il ne survivrait jamais à cette cour. Il y avait survécu en tant que soldat, mais serait-ce pareil au pouvoir ? La peur qu'il avait appris à tamiser avec le temps revenait à la charge aussi, pourtant il ne pouvait plus rien éviter de tout ça.

Il ne pouvait pas non plus éviter Yseult. Même si Fenrys esquiva son regard, il finit par la regarder, les yeux rougis par les pleurs et incertains par tout ce qui traversait son esprit. Il sentait toujours une boule dans sa gorge qu'il avait besoin de dissiper avant de reprendre la parole, sinon il n'était pas sûr de pouvoir parler sans pleurer à nouveau. Il resta quelques minutes de plus silencieux, le temps de reprendre le contrôle sur son propre corps, et desserrer un peu sa main autour de sa canne, sentant qu'il commençait une crampe.

-T'es culottée de me donner des ordres sous mon propre toit, dit-il finalement avec une voix encore un peu chevrotante.

Pourtant, il ne promit rien. Il y a quelques mois, Fenrys aurait encore pu assurer que sa famille ne l'atteindrait plus jamais, mais maintenant qu'il savait que c'était un mensonge qu'il s'était raconté pour prétendre, ça venait obscurcir tout ce qu'il avait fait, et ce en quoi il avait cru. Enfin, il se détacha totalement de l'hivernale et recula de quelques pas, se servit un verre qu'il but d'une traite avec une grimace, avant de retrouver sa place dans son fauteuil. Sa jambe tremblait toujours un peu trop et il sentait bien que ses forces s'amenuisaient. Il aurait besoin de prouver plus de force que ça, à l'avenir. Beaucoup plus.

-Je ne sais pas ce que je vais faire. Tout ce que je sais, c'est que peu importe ce que j'ai voulu ignorer pendant des années, je ne peux plus le faire à présent. Je vais devoir rester ici... jusqu'à ce que je meure, du moins, il pensa sans pour autant poursuivre sa pensée à voix haute. Est-ce que tu resteras jusqu'à demain ?

Juste pour avoir un peu de compagnie jusqu'à là, peut-être pour espérer dormir sans la crainte d'une solitude qui pesait lourd ; jeune loup qui se sentait encore louveteau et qui venait de rencontrer pour la première fois une renarde qui était aussi jolie qu'elle n'était rusée, mais aussi gentille.

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La ville est à nous

Fenrys x Yseult

FLASHBACK - An 836, Skogen.

Yseult s’était souvent demandé ce que ce serait de perdre quelqu’un comme Fenrys. Un ami qu’elle avait toujours connu, d’aussi loin qu’elle se souvienne. Une personne qui l’avait côtoyé dans la fange et le foin, dans une pauvreté et une humilité qu’elle n’avait plus à expérimenter aujourd’hui. Il avait été l’éclopé, et elle la fille d’artisan. L’un noble et l’autre de basse naissance. Aujourd’hui, leur lien demeure mais tous deux ont changé.? Et l’Efterår a craint que le loup ne le lui reproche. Après tout, si elle avait toujours été un peu superficielle, elle n’avait pu que rêver de ces changements apportés à sa vie. Gagner son pain et porter des ornements ne l’avait pas transformé, en théorie. Mais en substance, l’hybride avait conscience d’avoir perdu certaines valeurs. Alors oui, elle se demande en le voyant, appuyé sur sa canne et contre elle, ce que ça serait de perdre cet homme qui l’empêche d’oublier complètement qui elle a été. Et par perdre, elle ne veut pas dire par trépas, mais plutôt par séparation.

Est-ce qu’elle finirait par le décevoir ? Par complètement ne plus mériter cette estime qu’il semble lui porter, envers et contre tout ? La rouquine a toujours été celle dont on a honte Créature trop frivole et impudique pour ces terres gelées, trop ouverte pour ces résidents glacés. Sa nature même avait dû devenir une secret, promesse emportée dans la tombe par ce paternel qui a passé son existence a la cacher. Père qu’elle a laissé à son sort pour fuir un désastre causé par ses propres soins. Harald comme stigmate de ses inconsidérations, que Fenrys règle aujourd’hui.

Yseult le serre dans ses bras, tâche de le consoler autant qu’elle s’y accroche. ne jamais le laissé livré à lui même, plus jamais. Elle avait déjà manqué une fois de tout foutre en l’air en lui offrant son corps, et ne ferait pas le même genre d’erreur en prenant une distance trop marquée, alors qu’il en a besoin. Même si elle a déjà l’impression de ne pas être digne de cette place sur laquelle il l’a hissée. Croit lui être redevable quand lui ne lui doit rien, par opposition. Parfois elle se demande même comment l’hivernal, si courageux, qui a tant souffert, trimé pour compenser son handicap, a pu devenir proche d’elle.

Ça fait quelques temps que l’hybride se compare à toutes ces filles du cabaret, que Kora a repêché, auxquelles elle a offert une seconde chance. Et Yseult a pris conscience de tout ce à quoi elle a échappé, combien elle a été préservée, malgré les épreuves. Contrairement à sa maîtresse, contrairement à l’Helvar, Yseult a vécu une vie de rêve. Ses ailes n’ont jamais été arrachées, et personne n’attend d’elle des comptes. Elle n’a ni attribution, ni canne à porter. Rien que ce secret, qu’elle a promis de ne pas révéler aux faes. Zelphar comme exception unique à ce serment.

Alors elle réalise qu’elle pourrait effectivement perdre l’hivernal. Savoir ce que ça fait. Qu’elle pourrait tous les perdre, qu’ils découvraient à quel point elle est insipide.

Quand Fenrys se décide à la regarder, les yeux et le teint rougis d’avoir tant pleuré, elle lui sourit tendrement. Essuie ses joues du coin de sa manche, avec douceur, avec patience. Elle fait mine d’être toute à sa tâche pour que le loup puisse prendre le temps pour parler. Et ses premiers mots prennent tellement la rouquine de court, qu’elle rit : Maintenant que tu es en haut de l’échelle, il faut bien quelqu’un pour braver ton autorité, non ? Autant que ce soit moi, pense-t-elle égoïstement. En s’attendant à voir son air contrit, Yseult anticipe : Quoi, tu t’imagines pas que ton titre change quoi que ce soit à ma grande bouche j’espère ?
Elle a tout juste le temps de lui ébouriffer les cheveux avant qu’il ne décide de se redresser, à quitter leur étreinte. La jade de ses yeux suit le Seigneur, le regarde descendre son alcool puis s’asseoir Tu n’es pas obligé de trouver des solutions à tout, tout de suite, soupire-t-elle machinalement avant de le rejoindre. Désireuse de ne plus quitter sa proximité, elle les maintient proches. Par instinct, par protection.
Vient s’asseoir à son côté sur le sol. Petite nymphe croise les bras sur la jambe valide de son ami, s'y accoude. Bien sûr répond-elle en levant les yeux vers lui. Je reste autant de temps que tu voudras. La rouquine aime sa place, ne voudrait pas en changer. Distraitement, elle replie son bras sur le genoux de Fenrys, avant d’y poser le menton. Sa main libre joue avec le pommeau de sa béquille. Grâce à toi, personne ne viendra me déloger.

L’ailée a su deviner tout ce qu’il n’a pas dit : Elle le connaît par cœur après tout. T’es peut être prisonnier jusqu’à la fin, mais t’es loin d’être impuissant. À la place du menton, c’est sa joue blanche qui repose maintenant, admirant la canne dont elle s’est emparée, qu’elle fait doucement tourner sur elle-même avant de la laisser reposer sur le bras du fauteuil. Si seulement tu comprenais tout ce que tu peux faire, tu ne te sentirais pas aussi mal… Yseult ferme les yeux.

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feathered mermaid

ce soir la ville est à nous

je parle au nom des animaux

Il avait plus de souvenirs avec Yseult qu'avec sa propre fratrie ; ne revenait jamais à Skogen pour les Helvar, mais pour voir son amie, puis plus tard pour voir Revka, mais sans négliger la rousse qui l'avait toujours soutenu. Comment pouvait-il y avoir une vie sans ce feu follet, sans cette étincelle qui l'accompagnait de temps en temps, le réchauffait là, en dedans, mais ne restait jamais à sa place parce que ça aurait été égoïste de ne pas en faire profiter aux autres ? C'était impossible à penser pour Fenrys, mais l'impossible avait tendance à se réaliser ces dernières années. Ça avait été impossible que l'hivernal survive à l'hiver, survive à l'armée, survive à sa fratrie, à ses frères ; pourtant, tout était là. Il avait survécu, ses frères étaient morts, et il était là où d'autres s'étaient tenus, élevés pour ce rôle, plus aptes que Fenrys. Mais Yseult était là aussi, alors ça changeait tout ─ il avait douté de la sagesse de sa lettre, il avait longuement pensé qu'il était pathétique, un lâche, un petit garçon effrayé par la vie, mais la présence de son amie avait été justifiée par ce lâcher prise, par ces sanglots qu'il avait contenu encore et encore, jusqu'à se retrouver avec la bonne compagnie pour enfin dire ce qui n'allait pas. Ce qui n'irait plus jamais.

Mais ce qui n'allait pas n'était pas une fin en soi. Il le ressentait surtout quand la rousse essuya les larmes qui parcouraient toujours ses joues, dans un silence réconfortant, qui laissait planer l'idée que, peut-être, des jours meilleurs étaient à venir. Il y aurait toujours plus de jours compliqués que simples pour Fenrys, mais jusqu'à présent, ça ne l'avait pas démonté, et ça ne devait pas commencer à cause de son titre de seigneur. Les terres hivernales étaient aussi rudes que les habitants l'étaient, mais il y avait déjà survécu auparavant. Peut-être même qu'il pouvait mieux comprendre les hivernaux, suite à ses années à l'armée, à avoir fait attention aux autres, parce que c'était comme ça qu'on survivait. Alors, son cœur s'apaisa ; s'installa dans un fauteuil pour reposer sa jambe, pour laisser le reste de son corps se détendre aussi.

-Je ne pouvais pas imaginer de meilleure personne pour braver mon autorité, il répliqua, le sourire aux lèvres.

Parce que c'était certain qu'il en aurait besoin. Qu'on devrait lui rappeler de ne pas se reposer sur ses lauriers, lui rappeler que ce n'était pas son nom qui le définissait. Que, dorénavant, un peuple comptait sur lui et qu'il en pouvait se contenter de gérer ça comme un commandant de l'armée, en prenant les armes. Mais il ne manquait pas de stratégie, le loup, et quand il réaliserait son rôle, quand il saurait ce qu'il avait à faire pour le bien de tous, alors ça l'aiderait ; mais pas maintenant. Maintenant était le temps du deuil et de l'amitié, de comprendre qu'on ne pouvait pas changer le passé, ni ce que les gens avaient été. Il y avait peut-être une part de lui qu'il ne pouvait pas changer non plus, mais il espérait que cette part de lui était ce qu'il y avait de mieux, ainsi il aurait juste à retravailler les détails dérangeants. Le plus gros détail ne pouvant pas être changé étant sa jambe.

-Juste quelques jours. Remettre de l'ordre, puis je te laisse repartir à Elysium, la conscience tranquille. C'est promis, acheva-t-il en la regardant avant de lui offrir un regard complice. Si quelqu'un tente de te déloger, sache qu'il n'y a aucun problème qu'un coup de canne ne peut pas résoudre.

C'était vrai qu'on disait que la violence ne résolvait rien. Cependant, de temps en temps, ça avait ses avantages... Quand le même soldat faisait la même erreur, volontairement ; lorsque les moqueries doublaient d'intensité à son passage ; lorsque quelqu'un s'évertuait à ne pas apprendre la leçon, à contourner les règles, testant chaque limite inlassablement. La plupart du temps, Fenrys se retenait, mais il avait déjà donné quelques coups de canne bien placé.

Et autant dire que vu le poids qu'elle soutenait, sa canne était incroyablement solide.

-Je suis un soldat avant d'être un noble, Yseult. On ne change pas si aisément sa nature, tu devrais le savoir.

Elle qui n'avait jamais été tellement hivernale, une source de chaleur parmi tous ces gens froids, pessimistes. Une indécence que peu de personnes avaient au sein de leurs terres, et encore moins les femmes, étant donné les avis que la plupart des hommes avaient sur elles.

-Je sais qu'il y a un million de choses à faire au sein de notre cour, mais j'ai besoin d'un peu de temps avant de commencer à les faire. Juste de quoi... laisser passer la tempête et puis profiter d'un peu de calme. En plus ça s'agite déjà pour la saison sociale, je ne vais pas rester longtemps à Skogen avant de devoir partir pour Elysium. Peut-être qu'on aura l'occasion de se voir, en dehors des cérémonies pompeuses et des évènements auxquels je vais devoir assister, il proposa en regardant distraitement la rousse, la tête reposée sur le genou de sa jambe valide.

code by awona // 836, ft. @Yseult Efterår

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La ville est à nous

Fenrys x Yseult

FLASHBACK - An 836, Skogen.

Avec Fenrys, l’Hiver paraît moins froid. Pour une hybride qui ne connaît pas l'hypothermie, elle a pourtant toujours l’impression d’être frigorifiée dans sa Cour. C’est au creux de ses os, et dans ses muscles. Quelque chose qui se tend dans l’enceinte du plus inhospitalier territoire d’Evanor. C’est d’ailleurs le seul endroit dans toutes les terres faes, où elle couvre cette peau qu’est la sienne. Épiderme indésirable qu’il n’est pas toléré d’afficher. La hiémale malgré tout, est réchauffée par le sourire de l’Helvar qu’il se décide enfin à afficher. Et cela a toujours été. D’une seule phrase, il lui rend ce titre d’amie à contre-courant, l’autorise à être celle qui lui rappelle d’où il vient. Et elle espère que ça durera, qu’il ne se détournera pas de cette danseuse du peuple avec le temps.

Son séjour ici qu’ils évoquent ensemble alors que la jade de ses yeux suit les expressions plus apaisées de son ami. Yseult a parfois ce regard admiratif à son encontre. Elle l’a toujours trouvé fort : son ultime faiblesse compensée largement par le courage infini et la combativité du loup. Comme j’ai dit : autant de temps que tu auras besoin. C’est pas deux semaines qu’empêcheraient cette ville de rouler. Les conseillers et tout le reste -elle esquissa un geste un peu dédaigneux de la main, comme pour désigner l'ensemble de sa petite cour rapprochée, dont elle ne connaissait ni les noms ni les attributions- ils comprendront.

Le voilà qui se désigne encore pour la protéger. Joue les dévoués défenseurs alors qu’il en a fait bien assez déjà. Qu’il est la raison pour laquelle elle peut fouler cette terre glacée. Comme tant d’autres de ses actions, elle lui est redevable à vie, la Sirène. Encore un sourire qu’elle lui offre avant fermer les yeux, lovée contre sa jambe valide, la paume et sa joue par-dessus simplement reposées sur son genou. Elle soupire au changement de nature évoqué, s’autorise même un rire jaune. Il a parfaitement raison. Pour moi tu changeras jamais Fen. Peu importe comment on te qualifiera. Un sourire doux étire ses lèvres alors qu’elle revient poser le menton contre son propre poignet pour le regarder. Et ce sont ses dents qui se dévoilent et ses yeux qui s’arrondissent alors que l’Helvar évoque Elysium et la possibilité de s’y retrouver. La danseuse se redresse : Pas besoin de me le dire deux fois ! T’as obligation d’aller boire un verre avec moi au moins ! Si tu es moins pressé, je te ferais visiter le cabaret ! Car les cérémonies, les évènements qu’ils évoquent, se feront très probablement le soir. Il sera difficile pour lui de venir voir un de ses shows. Mais elle essaiera tout de même de l’en persuader. Et ils y parviendront.

Elle est loin, bien loin d’imaginer Yseult, les terribles révélations qui vont venir perturber sa vie deux ans plus tard. Quand elle rencontrera à nouveau Fenrys à Elysium, ce sera pour le supplier de la tamiser avec lui à l’Hiver, pour fuir une réalité dont elle préfèrera se détourner. Mais pour l’heure, l’innocence et l’enthousiasme sont de rigueur, tant la Sirène se réjouit de pouvoir faire découvrir son monde au seigneur de Skogen.

Il se fait tard. Et c’est finalement une distraction qu’elle lui propose. Puisqu’elle devine qu’elle n’endiguera probablement pas complètement son chagrin tout de suite. Ni l’un ni l’autre ne veulent vraiment aller se coucher. Et, de toute façon, lorsqu'il le fera, la rouquine doute de pouvoir le laisser s’allonger seul dans son lit. Leur amitié avait survécu à leurs débordements, aucun d'eux n’y verrait à mal. Mais la Sirène est trop gênée pour le lui demander. Culpabilise sans mettre le doigt dessus, sur ce que penserait son amant estival de tout cela. Aussi, la voilà qui suggère une activité qui fera peut-être oublier à l’ancien soldat ses tourments, et qui repoussera l’heure du coucher.

Est-ce que ça te dit qu’on lise un truc ensemble ? Friands de livres et d’histoires tous les deux, elle savait le domaine de son ami probablement peuplé d’ouvrages, et mourrait d’envie de les explorer. J’peux même te faire la lecture, je suis douée maintenant ! Et c’est la vérité. Pour un fae qui l’a connue analphabète, il ne pourra que saluer ces progrès monstrueux effectués depuis lors. Il y a longtemps, il était arrivé que le Loup lui narre des contes pour les lui retranscrire, et c’était sûrement ainsi qu’était née la passion d’Yseult pour les histoires.

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