Rhythm Inside

Janvier 838, ft. @Neréis Taellim

L'avantage d'avoir tout le temps peur pour sa vie et de ne pas savoir se battre, c'est qu'on développe de très bon réflexes de survie. Le corps collé contre celui de Neréis, Lazar n'en mène pas large, mais son pouvoir fonctionne. Ils sont invisibles. Lazar n'entend rien si ce n'est son coeur qui bat avec force, son sang pulse dans ses oreilles et il n'a conscience de rien d'autre si ce n'est la présence de Neréis.

Il tourne la tête vers lui et il voit qu'elle l'observe, il va dire quelque chose, sûrement lâcher un cri de surprise, mais elle pose sa paume contre ses lèvres et plus rien d'autre n'a de sens. Elle ne se rend pas compte de ce qu'elle fait n'est-ce pas ? Elle ne se rend pas compte que son coeur est en train d'exploser dans sa poitrine, que son sang parcoure ses veines à toute allure, que son contact l'électrise et qu'elle est la plus belle Fae que la terre n'ait jamais porté.

Lentement, il avale sa salive, incapable de lâcher le regard de Neréis, incapable de détourner les yeux d'elle. Et il attend. Aussi longtemps qu'il le faudra. Il n'entend plus les deux autres parler - même s'il n'a pas compris le moindre mot. Quand Neréis s'éloigne - même si le ruban l'empêche de mettre vraiment de la distance entre eux - il ressent un manque. Il en oublie où ils sont, ce qu'ils doivent faire, si elle ne s'était pas remise à parler, il l'aurait embrassé là, tout de suite.

Pourtant, il finit par rouvrir les yeux et se rappeler où il se trouve. Il acquiesce et fait un pas en avant.

- Euh, on va où ?

Il n'a pas écouté la conversation, il ne sait pas se repérer. Il ne peut rien faire d'autre que la suivre, sauf que là, il n'est pas en état de se retourner et de la regarder dans les yeux. Elle risque d'y lire la luxure qui l'habite si elle le regarde encore. Il se racle la gorge, mal à l'aise.

- Passe devant, ça vaut mieux. Je suis bon pour la retraite, t'es bonne.. pour le reste.

Il n'a pas fait exprès de faire une pause, mais bordel, qu'est-ce que c'est vrai aussi ! Il espère qu'elle n'aura pas compris ce qu'il voulait dire, mais lui-même n'avait pas prévu de dire quoique ce soit. Ses joues se sont teintées de rouge, si elle le regarde, elle saura qu'il ne feinte pas, qu'il ne joue plus. Lazar est toujours si sûr de lui habituellement et voilà qu'il vient d'en dévoiler plus que possible.

En réalité, il la hait, n'est-ce pas ?

Rhythm Inside

Janvier 838, ft. @Lazar Kozlov

Le jeu est dangereux, et je ne parle pas de celui lancé par le Diurne fanatique aux passions bizarres, mais plutôt de celui qui se trame avec le Fae de la Nuit à cause de la Mère. La Mère que je maudis lorsque que je cherche des mots pour répondre aux siens, la Mère que je décide d’insulter silencieusement pour cette torture qui, en plus de me briser le cœur, me met clairement en danger. Parce qu’un Lazar mal à l’aise est un Lazar qui me perturbe,  même si ses blagues et autres réflexions me donnent envie de lui asséner un coup de pied bien placé. Alors, mes yeux se perdent dans les siens, quelques secondes. Des secondes aussi interminables que douloureuses, parce qu'il est hors de question de céder.

" Ok.  "

Et voilà que je m'exécute en me dirigeant vers la sortie.

Je ne veux plus qu’il comprenne, je refuse de percevoir ses sous-entendus qui peuvent me rappeler la nuit de notre rencontre et venir tout chambouler dans ma tête d’estivale. Alors, je marche, tout en essayant d’ignorer ce ruban qui nous lie, sans dire un mot. Je marche en me répétant en boucle qu’Hestia est sa sœur, et qu’il est dangereux, pour la Guilde, pour moi. Je dois le visualiser comme un feu ardent qu’il ne faut pas approcher malgré sa chaleur réconfortante car je risque de me bruler salement.

" Un feu… dangereux… " chuchotai-je dans ma barbe avant d’être interrompue par notre arrivée au centre des festivités.
"  Bravoooo bravoooo ! Félicitations vous avez réussi ! Ahah ! "

Je souris, crispée, parce que je n’arrive pas à oublier son regard lors de cette accolade dans l’ombre, cette proximité qui me fait tourner la tête, son souffle dans ma nuque, le contact électrisant… Mon palpitant repart au galop à tel point que j’ai clairement envie de me mettre des claques en hurlant un bon “MAIS QU’EST C’QUI VA PAS CHEZ TOI NERÉIS ?!”. Par chance, les binômes semblent êtes tous arrivés… Même si nous ne sommes pas beaucoup. Intriguée par le nombre de duos victorieux, je finis par me tourner vers Lazar, perplexe et suspicieuse…

“ Vingt deux binômes ont réussi ! Les autres ont abandonné ou alors ont fini dans des pièges, héhéhé ! Il est donc à présent temps de vous parler de l’épreuve suivante qui… est plutôt spéciale. ”

L’organisateur semble bien trop fier à mon goût d’un coup… Qu’est ce que ça cache ?

“A votre arrivée, vous avez profité d’un petit… apéritif d’accueil ! Ohhhh nous avons veillé à ce que vous buviez tous un verre, pour la simple et bonne raison qu’il y avait… une sorte de… poison dedans.”

** Pardon ? **

Je me fige, d’horreur, au souvenir de ce verre savouré avant le début des hostilités. J’ai bu. Je suis dans la merde. C’est quoi ce délire ?

“Rien de bien méchant… ou pas, disons que ça ne va pas être agréable, et que ça pourrait très mal finir ! Mais si vous ne trouvez pas l’antidote qui se trouve caché dans mon domaine, soit, au point de départ de cette folle journée, vous n’arriverez jamais au bout, soyez-en assurés.  Bien évidemment, toute personne issue de l’Aube qui viendrait à se soigner se verrait éliminée !”

Entre stupéfaction et horreur, panique et envie d’en découdre, certains duos tamisent, d’autres s’insurgent, ou abandonnent…

“ Il faut. Qu’on. Bouge. ”

Les mots ont du mal à sortir, parce que je n’ai pas vu le coup venir et qu’il est hors de question de jeter l’éponge… Je n’ose même plus regarder Lazar, parce que cette histoire d’empoisonnement me fait vraiment flipper, autant pour moi que… pour lui. C’est l’angoisse, mes yeux se perdent dans le décor, je pense à la Guilde, au Rubis, à ma mère, ma mère dont la mort a brisé mon père… Je me mets à trembler, c’est la première fois que je suis tétanisée à ce point.

Putain, qu’est ce qui m'arrive ?

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Janvier 838, ft. @Neréis Taellim

Ok donc l'homme derrière tout ça est bien fou. Lazar écarquille les yeux à chacune de ses nouvelles phrases, il n'y a rien qui va et c'est de pire en pire. Comment peut-il vraiment dire ça en souriant ? Lazar l'observe, il l'observe vraiment, il essaie de voir ce qui n'est pas dit, de lire entre les lignes, de repérer des signaux contradictoire mais ... rien. Le diurne est totalement sérieux dans son immense connerie. Il a empoisonné des milliers de candidats. Ils ne sont plus que quarante-quatre en course, Lazar se dit que les autres doivent être soignés à l'écart, ceux qui n'ont pas réussi à sortir.

Ce n'est que lorsqu'il se retourne face à Neréis qu'il se prend tout dans la gueule. Ils vont mourir là, dans ce champ, dans cette cour qui est si éloigné de la sienne. Pourtant, il refuse de se laisser aller à l'abattement.

- Par les éclairs d'Alagos, ressaisis-toi !

Il prend Neréis par les épaules, il la secoue un peu. Son regard est dur, pointé dans le sien, mais ce n'est qu'une comédie. Au fond de lui, il tremble, il a peur, il serait capable d'aller vomir... sauf qu'il est attaché à Neréis, sauf que Neréis l'insupporte, il la déteste, il voudrait lui faire du mal autant qu'elle lui en fait, mais personne d'autre n'a le droit de la menacer de mort. Il la regarde, droit dans les yeux, la force à lever la tête vers lui et reprend la parole.

- On ne va pas mourir ici, on va trouver cette antidote, parce que t'as pas fini de me faire chier et que personne d'autre ne te menace à part moi.

Ok, ses mots ont complètement dépassé sa pensée, il se rend compte de ce qu'il vient de dire et lâche soudainement les épaules de Neréis, ses mains sont brûlantes, tout comme ses joues. Il ne détourne pas le regard pour autant.

Et comme elle l'a dit quelques minutes plus tôt, avant de se figer, il faut qu'ils bougent.

- Ok donc on se tamise à l'endroit de l'accueil et on voit.

Il attend la confirmation de Neréis, lève trois doigts et compte jusqu'à zéro. Encore une fois, il prend la main de Neréis pour se tamiser ensemble, mais dès qu'ils sont arrivés au début du domaine il la lâche. Il ne faut vraiment plus qu'ils se touchent s'ils peuvent l'éviter, la tension est déjà à son paroxysme, ils ne doivent pas abuser.

La colère de Lazar n'est que le reflet de sa peur. Il s'approche du buffet, qui a été rangé en vitesse et une dame qui servait les boissons tout à l'heure s'y trouve encore. Il court presque, entraînant Neréis à sa suite - pitié qu'elle en se casse pas la figure - et agrippe le bras de la dame.

- Vous avez des consignes, on sait, mais dites-nous tout ce que vous pouvez nous dire sur ce satané poison !

Sa voix ne lui ressemble pas, il s'est inspiré de Rym qui l'a toujours terrifié quand elle devient sérieuse. Il regarde la femme droit dans les yeux, cherchant une porte de secours, mais il n'en trouve aucune si la femme ne parle pas.

- Je ne sais rien, s'il vous plaît.

Au ton suppliant, Lazar perd pied, il lâche son bras, il recule d'un pas - et entre en collision avec Neréis, bien sûr - et la regarde d'un air terrifié, autant qu'elle a eu peur sûrement. Lazar a honte de ce qu'il est devenu.

- Pardon, je ne sais pas ce qui m'a pris. Enfin si, je sais, la peur de mourir, mais c'était pas une raison, pardon, j'agis pas comme ça habituellement.

Le souffle court, Lazar se sent mal, il a peur, il imagine des symptômes, il se sent partir, il a chaud et froid à la fois, son coeur bat à tout rompre. Et dire qu'il a osé houspiller Neréis quelques minutes plus tôt. Il inspire doucement, pour tenter de se calmer, mais ça ne fonctionne pas, plus rien ne fonctionne. La peur a pris possession de son corps et il n'y a plus rien à faire.

- Le domaine c'est le nom qu'il donne à sa maison, souffle soudain la jeune femme avant de disparaître de leur vue.

Est-ce un indice ? Est-ce qu'elle les a embrouillés exprès ? Faut-il qu'ils fouillent la maison ? Comment rentrer dedans ? Lazar se tourne vers Neréis pour la première fois depuis un bon moment et se rappelle qu'il vient de lui rentrer dedans. Merde. Elle n'a pas l'air d'avoir le nez cassé, c'est déjà ça. Il ne s'excuse pas - ni le temps, ni l'envie - et montre l'immense maison de la tête.

- C'est un job pour toi ça, voleuse.

C'est bas, c'est mesquin, c'est méchant, mais soudain, Lazar a retrouvé espoir.

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Janvier 838, ft. @Lazar Kozlov

Pourquoi est-ce que je pense à la mort à la simple mention du mot poison ? Parce que oui, le problème se trouve là, dans cette interprétation que mon cerveau malade a fait suite à l’annonce du taré qui semble bien s’amuser à nous voir galérer pour une putain d’oeuvre d’art à la con. Rien ne nous dit qu’on va crever. Mais je n’arrive pas à étouffer mes angoisses. Pas seule.

Lazar prend alors les choses, dans ce cas là, mes épaules, en main, pour me brusquer. Le fait d’être secouée comme un palmier aurait pu être agréable dans d’autre circonstance, toutefois, même si c’est loin d’être sympathique, il me connecte de nouveau avec moi-même. Mon regard capte alors le sien, je respire lentement, de nouveau assaillie par des pensées qui me font rêver de ses lèvres contre les miennes. Enfin, je retrouve cette sensation bizarre qui me fait me sentir en vie même si elle me rend folle… car oui… je préfère mille fois m’imaginer roucouler dans les bras de Lazar que de me voir morte à ses côtés attachées par un vieux ruban.

Mais, cette prise de conscience, je compte bien la garder pour moi jusqu’à la fin des temps.

Alors, je me laisse guider, sans rien dire, tout en restant les yeux rivés sur le Fae de la Nuit qui est le seul à m’inspirer confiance malgré tout. Je suis encore un peu paumée, je tente de faire le tri dans ma tête alors que nos peaux se touchent pour me faire frissonner. Je vais devenir dingue… Toutefois, je n'ai pas le temps de subir mes états d'âme, car tout va trop vite autour de nous.

Il faut dire que mon acolyte commence à s’agacer en tentant de trouver des indices. De mon côté, je tente de regarder dans tous les coins lorsque je ne suis pas baladée violemment comme une poupée de chiffon.

“Hhhhéééé”

Je vole, un peu, et me cogne à un Lazar qui est prêt à tout retourner pour trouver ce fichu remède. Nouveau contact qui fait bondir mon cœur et hurler mon corps alors qu’il rouspète, s’énerve, interroge, s’excuse de son comportement, puis finit par obtenir une réponse alors que je frotte ma hanche endolorie.

“Ouch…”

Le remède est dans la maison. Quelque part. Parmi les nombreuses pièces. On doit y entrer. Par tous les moyens possibles. Des moyens que je connais, et qui n’ont pas échappé à celui qui, pour une fois, me fait sourire en me qualifiant de voleuse.

“Là, j’vais pas dire le contraire…” Puis je marque une pause, durant laquelle je reprends mon souffle, et fouille dans le haut de ma tresse. “On planque tout dans des cheveux.” Et voilà que je retire une longue épingle à la tête amovible. Ma clé passe partout par excellence. “Vite, faut qu’on entre…”

Ni une ni deux, on fonce vers l’entrée, qui, ne me résiste pas vraiment… Sans doute un coup de l’organisateur. Mais il est hors de question que les autres profitent de notre idée. Alors, une fois à l’intérieur, je verrouille la porte…

“On n’peut pas s’permettre de laisser les autres nous passer d’vant… Pour le remède et la victoire…”

On peut gagner du temps, d’autres entrées doivent être accessibles ailleurs… Mais alors que l’envie de courir à travers toutes les pièces de l’immense demeure, le décor se met à tourner dans mon esprit, je vacille au premier pas, et m’accroche au bras de Lazar comme un coquillage à son rocher pour éviter la chute.

“Hoo… qu’est… ce… que…”

Même l’alcool n’a jamais eu cet effet sur moi. Non, c’est pire encore que d’avoir l’impression de se retrouver sur le pont d’un navire en pleine tempête… Je ferme les yeux, maudis la Mère, l’organisateur, et tout Evanor au passage.

“Merde… merde… tout ça pour… un tableau… avec… une vieille… marmite légendaire"

Mes mots n’ont pas de sens, et pourtant… Un remède, un poison… Des préparations qui naissent toujours au même endroit…

Dans un chaudron.

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Janvier 838, ft. @Neréis Taellim

Elle ouvre la porte avec une épingle sortie de ses cheveux en quelques secondes. Lazar l'avait taquinée, mais bon sang, il n'avait pas compris à quel point elle était douée ! Il sera encore plus sur ses gardes maintenant qu'il voit ses capacités. Finalement, qu'il l'ait prise la main dans le sac la dernière fois relevait de la chance et non du génie. Voilà pourquoi elle était si énervée contre lui et n'avait pas voulu admettre la vérité, elle était vraiment douée. Toutes ces pensées le ramène dans un ancien temps, vieux de seulement quelques mois mais tout est remis en question. Elle est dangereuse, bien plus qu'il n'a voulu le croire.

Or il est attaché avec un ruban à son poignet. Ils ont bu un poison dont personne ne connait les effets et ils doivent trouver un antidote alors qu'il n'a qu'une envie, c'est de l'allonger sur un de ces somptueux lits et ... Stop. Il inspire. Il expire. Il la suit. Puis il la regarde divaguer ? Sakra, elle est en train de perdre les pédales. Elle se met à marmonner des mots et cette fois-ci Lazar panique.

- Neréis, Neréis, reviens sur la terre ferme !!

Elle ne réagit pas, perdue dans ses pensées. Elle a les yeux fermés, les mains sur le front, elle marmonne chaudron en boucle. Et c'est là que Lazar se rend compte qu'il la tient. Son bras est passé derrière son dos quand elle a commencé à perdre l'équilibre.

Rien ne va, et au point où ils en sont... il sait comment la faire réagir. Il sait ce qui pourrait la réveiller brutalement, même s'il suppose qu'il va se prendre une claque en pleine face. Mais là, il n'a pas trente six solutions.

Il s'approche de Neréis, il pose un doigt sur son menton et s'approche pour l'embrasser. Au dernier moment, alors que leurs lèvres ne sont plus qu'à quelques milimètres et qu'il sent l'air qu'elle respire, elle ouvre les yeux.

- Ahhhh par les tétons de Sanja, j'ai cru que j'allais devoir te faire du bouche à bouche, tu marmonnais sans réagir, les yeux fermés, je te retenais avec mon bras. TU ME FAIS PLUS CA AUSSI ? On a un jeu à gagner, un fichu tableau à récupérer, faut plus paniquer.

Et voilà comment il arrive à engueuler la femme qu'il allait embrasser quelques secondes plus tôt. Son coeur bat la chamade et il espère qu'elle ne va pas le gifler quand même... bon, c'est vrai, il le mériterait.

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Janvier 838, ft. @Lazar Kozlov

Mon esprit s'envole. Littéralement. Je pense à ce tableau, à ce chaudron, à cette Mère qui me malmène avec son Imprégnation. D'ailleurs, je ne sais même plus où je suis, ou encore ce que je suis en train de faire. C'est flou, sombre, mais coloré en même temps... Cette chaleur le long de mon dos m'apaise, le contact me permet de me tenir sur pied, mais pour combien de temps ?

Le décor tourne, encore, et encore, pourtant, je finis par rouvrir les yeux doucement, afin de faire face à... un visage plutôt familier. Il est si proche, ses lèvres effleurent les miennes, puis se mettent à marmonner des mots dont le sens m'échappe. Pourquoi cette voix parle t-elle de téton, de bouche à bouche, et de tableau ? Mais aussi, pourquoi est-ce qu'elle me plait à m'en faire sourire ?

"Oh."

Je soupire, en observant cet homme séduisant dont le nom m'échappe... Puis, guidée par une force invisible qui me donne l'impression que la vie est belle en plus d'être parfaite, je m'en vais poser mes mains, dont une se trouve accrochée à la sienne d'ailleurs, le long de son visage pour aller déposer un baiser sur ses lèvres.

Le sentiment est indescriptible, aussi doux que sensuel, similaire à une explosion de joie aux limites infinies. Je me sens bien, si bien d'un coup ! Pourtant, une question subsiste... Pourquoi est ce que je fais ça ? Je n'en sais fichtrement rien, pourtant, ça me plait bien. Jusqu'au moment où le décor se met à se stabiliser... Un retour à la réalité plutôt lent qui me fige, alors que je viens juste de m'éloigner de celui que je viens d'embrasser et qui se trouve être...

"Par la Mère Noire..."

Je jure, en distinguant Lazar Kozlov dont le visage bien visible et reconnaissable reste entre mes mains durant quelques secondes.

"Pa-pardon, je.."

Je baragouine, en me reculant un peu trop vite d'ailleurs après mon moment de flottement. Par chance, je me raccroche au Fae, pour la énième fois de la journée, les joues en feu, le front en sueur, et le coeur au bord de l'explosion.

"Bordel, je deviens dingue, je..."

Qu'est ce que j'ai fait d'autre ? Je n'en sais rien. Je me rappelle avoir crocheté la porte, puis, plus rien. Ou presque. Car j'ai comme l'impression d'avoir entendu la voix d'un Lazar en panique...

" Faut qu'on trouve ce remède.. ça devient... urgent."

J'ose alors relever la tête pour aller fixer mon binôme d'un air aussi fatigué qu'inquiet. Je ne sais pas s'il ressent les effets du poison de son côté, ou si j'ai fait quelque chose de bizarre en plus de l'avoir embrassé...

" Ca va ? "

Il va surement me répondre un truc bien vexant comme à son habitude, et je l'espère vraiment... Car s'il commence à délirer de son côté en se sentant mal, le jeu risque de mal finir...

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Janvier 838, ft. @Neréis Taellim

Alors que Lazar se met à s'énerver, à crier pour tenter de cacher son trouble et de ce qu'il a failli faire, voilà qu'elle l'embrasse. Instantanément, Lazar est transporté ailleurs, plus loin, plus haut. Il n'est plus bloqué dans cette maison insupportable. Le contact de Neréis, la chaleur de sa peau, ses lèvres sur les siennes, tout devient mieux, plus beau, plus puissant, plus réel. Il se perd dans ce baiser, jusqu'à ce qu'elle le rompe et qu'il lise dans son regard tout ce qu'il ne voulait pas savoir.

C'est le poison qui la fait agir de la sorte, pas lui. Il la lâche dès qu'elle peut tenir debout, mais ce satané ruban l'empêche de s'éloigner, il se retourne, faisant mine de chercher un indice, alors qu'il est tout simplement bouleversé. Pourquoi est-ce que ça fait aussi mal ? Pourquoi est-ce qu'il a désespérement besoin d'elle alors qu'ils se haïssent. Rien de bon ne sortira jamais de cette relation, Lazar en a suffisamment déjà fait les frais. Et ce stupide jeu qui ne cesse jamais, l'empêchant de continuer sa route tranquillement. Il est prêt à abandonner, tant pis pour l'oeuvre, mais toutes les discussions avec Dana reprennent le dessus. S'il a été aussi horrible avec elle, qu'il reste honnête et aille jusqu'au bout : il gagnera cette oeuvre pour montrer à tous combien seul l'art compte dans sa vie.

- Rien de grave, t'inquiète, un beau gosse devant toi, le poison, t'as pas résisté à vouloir goûter mes lèvres. Fruits des bois, d'ailleurs.

Oui, Lazar met du gloss, mais normal, qui ne rêve pas de sentir beau et d'être incroyable à longueur de temps ? Il juge sévèrement les hommes qui en ont rien à foutre de leur apparence, même s'il sait combien il est lui-même jugé pour ces goûts vestimentaires qui ne sont en rien pratique. Il se retourne vers elle et reprends d'un air ultra sérieux.

- Tu marmonnais, dis-moi au moins que tu as eu une idée phénoménale pour nous sortir d'ici, parce que si tu continues à me sauter dessus pour m'embrasser, on ne va pas aller loin.

Sarcasme et méchanceté gratuite, c'est lui le premier à avoir tenté de poser ses lèvres sur les siennes, sauf que c'est elle qui a cédé. Et bon sang, qu'est-ce qu'il est heureux que ce soit de sa faute. Bon il n'a pas réussi à être sérieux longtemps, le sourire s'étire sur ses lèvres, il est un peu moqueur, mais il n'y a que comme ça qu'ils arrivent à avancer tous les deux.

- Moi ça va.

Est-ce que c'est son obstination qui fait que le poison ne l'atteint pas ? Ou alors comme il n'y croit pas, c'est l'aspect psychologique ? Ou alors il va s'effondrer d'un coup ? Vu les magouilles dans la Cour de l'Aube, Lazar ne serait même pas étonné que ce poison s'adapte à chacun.

- Bon on avance ?

Il semble dire ça d'un ton blasé, comme s'il n'était que le moteur depuis le début et Neréis le poids mort. Oh, ça devrait la réveiller ça. Il a hâte d'avance.

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Janvier 838, ft. @Lazar Kozlov

Je ne sais pas ce qui est le plus gênant. Mon acte sous poison, ou le fait d'apprendre que Lazar Kozlov porte un truc sur ses lèvres goût fruits rouges particulièrement agréable ? Muette face à l'aveu, mais surtout face au comportement si... prévisible du Fae de la Nuit, je l'observe, toujours un peu groggy et vaseuse. En temps normal, j'aurais sûrement répondu un truc cinglant face à son assurance si agaçante... Mais là. Rien.

Non, je n'ai pas envie d'entrer en guerre pour nourrir ce lien étrange qui nous unit. Alors, je me tais, en essayant de savoir s'il subit le poison de son côté, ou s'il se sent aussi frais qu'un goujon. Il dit que ça va, son ton blasé et désinvolte me prouvent bien qu'il me dit la vérité. De mon côté, par contre, c'est une toute autre histoire... J'ai du mal à me souvenir des mots baragouiner avant de sombrer... Pourtant, il va bien falloir que ma mémoire revienne, car ça devient urgent... Très urgent.

"Bon ! J'sais pas, j'sais plus... J'maudissais l'tableau... J'crois, non ?"

J'essaie de fouiller, malgré la migraine qui débarque pour accompagner cette impression de flotter à quelques centimètres du sol super agréable. Je ferme les yeux, avec force...

"Chaudron... Marmitte... "

Et là. C'est violent. Je percute, et me lance dans une contemplation du décor comme une vieille psychopathe qui pense avoir trouvé un semblant de solution à notre problème....

"Partout... C'est... " Je me tourne, encore, et encore, ignorant totalement le ruban qui me lie à celui qui empoisonne joliment ma vie et dont la présence me perturbe. "Là... C'est... " Des objets, il y en a partout, mais ils ne sont pas là par hasard non. "La Pomme du Jardin des Nymphes Printanières... Le... L'Arc de Bronze... La... Rose d'Or des Âmes Soeurs égarées..." Que des tableaux connus qui se trouvent être... vivants. Ou plutôt, reconstitués de façon réaliste dans tous les recoins du domaine. Lazar, en tant que fanatique, va percuter. C'est obligé. "Il a rendu... les oeuvres vivantes... Il..."

J'éclate de rire, en me laissant gagner par une sentiment d'euphorie un peu trop exacerbé qui me pousse à prendre Lazar par les épaules pour le secouer un peu. J'ai compris, du moins, je le crois, mais... est-ce que je suis la seule à penser que l'organisateur a vraiment mis en place un Chaudron où l'antidote reposerait en attendant d'être bu ?

"C'est sûr ! C'est ça ! Regarde autour de toi ! Il... Il nous suffit de trouver la scène qui contient le tableau !"

J'y crois, oui, j'y crois vraiment, mais je ne sais pas si mon état si fou est bien naturel. C'est comme si... mes émotions étaient devenus incontrôlables d'un coup. Un effet secondaire du poison ou bien une réponse à la peur de mourir qui s'éloigne de plus en plus d'un coup ? Un peu des deux, mais... ce n'est pas vraiment ma préoccupation. Je ne pense qu'à sortir de ce traquenard, même si, mon esprit part en vrille depuis ce fameux baiser au goût de fruits rouges. Je ne sais pas ce qu'il y avait dans ces putains de verres engloutis un peu trop vite, mais une chose est sûre...

Je promets de ne plus boire autant si je m'en sors.

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Janvier 838, ft. @Neréis Taellim

Elle délire totalement, mais qu'est-ce qu'elle est un génie ! Je n'avais pas remarqué avant, mais en effet, le salon dans lequel nous sommes représente toutes les oeuvres majeures figurant dans le Musée d'Ellysium. Il se souvient de sa dernière visite avec Sacha, c'était ... assez improbable comme après-midi. Il sourit en se reprochant et tirant sur le ruban par la même occasion, mince, il faut vraiment qu'il s'y fasse, il avait réussi à oublier, comme si la présence de Neréis a ses côtés ne revêtait pas un caractère particulier.

Pendant un instant, il avait réussi à oublier ce qu'elle représentait pour lui ; un gros danger. Il s'était plu à imaginer un semblant d'amitié qui les unissait, à profiter de ses idées fantasques mais fantastiques et ... tout s'est envolé en fumé. Neréis est son poison personnel sur terre et il la fera tomber un jour. Foi de Kozlov.

- Punaise, je suis archi dégoûté de ne pas l'avoir vu plutôt, mais je dois admettre que tu es un putain de génie !!!

Si leur vie n'était pas déjà si compliqué, il l'aurait embrassé, un baiser chaste en tout bien tout honneur, mais leur vie est déjà un drama total, donc il se retient. Des yeux, il cherche un peu tout ce qu'il peut voir, il cherche la reproduction du tableau et soudain.

- Làààà !

Du doigt, il montre le chaudron reposé à moitié caché par la pommier du jardin des nymphes. C'est extrêmement bien fait, on ne l'aperçoit que d'un côté de la pièce, on peut y rester des heures mais seul un angle de vue permet de repérer le chaudron. Il sourit et attire Neréis vers le chaudron. Il avance doucement, mais plus il avance, plus ses pas sont compliqués à faire. Il a l'impression de marcher contre une piscine de miel.

Est-ce que le poison se dévoile enfin à lui, maintenant qu'il est si proche de réussir ?

- J'arrive pas, s'écrit-il, au bord de la panique.

Lazar se bat avec toute son énergie, mais il faut avouer que ses muscles assez peu utilisés ne sont pas d'une grande aide. Il combat la force invisible et fait un pas de plus. C'est là qu'il remarque combien il transpire.

Le plus drôle, c'est la scène du point de vue de Neréis, parce qu'il n'y a vraiment rien qui empêche Lazar d'avancer, il a juste l'air totalement idiot.

- Tu... tu peux me porter ? demande-t-il, au comble de la honte en se tournant vers l'estivale. Il n'aurait jamais assumé ça en temps réel, mais là, il n'y arrive pas. Pas du tout. Il a chaud, il a froid et il commence sincèrement à paniquer.

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Janvier 838, ft. @Lazar Kozlov

Un court instant, j'ai l'impression qu'on est... amis, dans le même camp, partageant les mêmes passions et les mêmes envies. L'euphorie me fait oublier la menace qui plane sur nos têtes, ainsi que les petits jeux mesquins de la Mère. On va trouver, on va s'en sortir ! Lazar me motive, ses mots me font sourire de fierté, je me sens bien, prête à conquérir le monde !

Alors lorsque le Fae de la Nuit finit par trouver ce fameux chaudron après avoir tourné dans tous les sens pour trouver la scène cherchée, j'ai envie de lui sauter au cou et de l'embrasser.

** non, non... non ! **

Je me retiens de me mettre une baffe, puis décide de me tourner vers cette chose qui contient sûrement un indice sur l'antidote, ou au mieux, l'antidote lui même.

"ALLEZ !"

Je commence à vouloir tracer, mais rapidement mon poignet est tiré vers l'arrière par un Lazar qui... court dans le vide ?

"Qu'est-ce que ??"

Ma tête se penche, mon visage reflète parfaitement l'incompréhension qui me saisit... Je ne sais pas si je dois rire, ou avoir peur... Alors, je m'approche, lentement, et tente de comprendre...

Il transpire. Beaucoup. Il ne va pas bien. Sans doute l'effet du poison...

"Merde..."

Je souffle un mot alors que je sens la panique m'envahir... Je ne sais pas quoi faire, ou encore quoi dire ! Lazar, lui, par contre, ne semble pas se démonter, et sans aucune retenue, il me demande de le.. porter ?

"Heu... pardon, Princesse ?"

L'humour revient un peu... mais je vrille, cligne des yeux bien trop rapidement en tentant d'assimiler la vision du Fae faisant du sur place et moi en train de le trainer comme un sac à patate. Non... On ne va pas faire ça ?

Et pourtant, le voir dans cet état me met de plus en plus mal... Alors, je le regarde lui, puis le chaudron, et à nouveau lui, pour finir sur l'objet qui nous attend. Je ne sais pas combien de temps je fais ça, mais je finis par craquer en allant coller mon dos à lui.

"Grimpe. J'ai d'jà ramené mes frères bourrés. J'vais réussir. Reste avec moi Lazar. "

Jamais je ne pense l'avoir appelé par son prénom de cette façon... Ca me fait bizarre, mais j'ignore le frisson qui me fait tourner la tête un court instant. Ce n'est pas le moment... Vraiment pas. Alors, je fléchis mes genoux, puis positionne mes mains vers l'arrière, prête à réceptionner le colis. Sauf que... quelque chose ne va pas... Ma vue se brouille un court instant, puis, je sens quelque chose couler de mon nez.

** Merde... **

Du sang. Je vois les quelques gouttes sur le sol, mais refuse de dire quoique ce soit. On doit avancer, il le faut. Et il est hors de question de laisser un nouveau moment de faiblesse prendre le dessus alors qu'on avance lentement mais sûrement vers la victoire.