Imperfect agreement

imperfect agreement

tw: Ø |  @Rym Ash'han | hiver 838

C’est officiel, l’association a ouvert ses portes depuis quelques jours et Luciana est débordée. Elle se doutait bien qu’ils sont nombreux à être victimes de la discrimination raciale, mais d’entendre autant de témoignages en si peu de temps la bouleverse, plus encore, elle réalise que tout est à faire et qu’elle doit gagner leur confiance. Ils ont vécus tellement d’atrocités, elle doit leur prouver qu’elle est digne de leur confiance, qu’elle n’a aucune intention de les abandonner à leur triste sort avec sa conviction qu’elle réalise ce qui est juste pour eux.

Si on lui avait dit auparavant qu’elle travaillerait dans le social, elle n’y aurait simplement pas cru. En sa qualité de noble automnale et son lignage on s’attendait plutôt à ce qu’elle fasse une carrière militaire, elle a bien essayé après son service militaire, mais elle ne s’y est pas épanouie autant qu’elle l’aurait souhaité. Ce sont ses voyages à travers les cours qui lui ont ouvert les yeux sur les inégalités d’Evanor. L’évidence de son combat l’avait frappé, mais elle a mis plusieurs années à se mettre à l’ouvrage sérieusement.

Mais ses convictions ne font pas l'unanimité. En arrivant au bureau ce matin, elle y a trouvé des œuvres dégradantes sur la façade de l’immeuble. Elle mentirait si elle jurait ne pas s’y être attendu, de par la simple existence de son association elle savait très bien dans quel combat elle s’engageait. Pour l’instant ce ne sont que des dégradations matérielles, plus tard ils en viendront sûrement aux menaces, puis à l’exécution de ces dernières. Rien de tout cela ne lui fait peur, mais elle s’inquiète de ses protégés et devra s’assurer de leur protection à terme.

Ils mettent toutes les mains à l’ouvrage tandis qu’ils nettoient les peintures, dans la bonne humeur. Ils ne sont pas bien nombreux pour l’instant, l’association tourne surtout sur des donations et des bénévoles, mais deux des pensionnaires sont sortis du dortoir pour les aider. Ils sont détendus, malgré les regards que les passants posent sur eux, même les deux pensionnaires y font abstractions tandis qu’ils s'envoient quelques blagues, lorsqu’une ombre s’approche et lui fait relever le visage vers le visiteur.

“Rym ?” La générale de son père. Enfin, l’ex générale, elle a démissionné l’été dernier dans des circonstances encore troubles. Et honnêtement, elle n’a pas demandé les raisons à Cesare. Luciana est une femme intelligente, elle a été témoin de l’éloignement de ses parents bien des années avant l’arrivée de la divergente, mais elle a aussi vu que le comportement de son père changeait en présence de cette divergente précisément. Et les baragouinements étouffés de sa mère lorsque Rym avait le malheur de trop les approcher auparavant.

Accroupie, elle se relève pour faire face à la divergente. “Bonjour, je ne m’attendais pas à… Te trouver ici.” Et encore moins qu’elle la trouve en train d’effacer les horreurs peintes sur la façade de son association. A la sueur de son front, ses mains au service de l’association. “On a bien avancé, prenons une pause bien mérité.” Suggère-t-elle à ses compagnons qui ne se le font pas dire deux fois. Ici, elle ne fait aucune distinction de rang, ici, il n’existe pas d’employés de maison pour faire les travaux à sa place, alors ses mains sont mises à contribution. Et elles sont sales, ses ongles encrassés de peintures rouges.

Elle se redresse, le port altier, tandis qu’un groupe passe devant eux en se gaussant, tout à fait le genre de comportement qui lui fait honte de la part de sa propre espèce. Mais le silence est le meilleur des mépris, alors elle se concentre sur la nouvelle venue. “Rym, tu vas bien ? Tout va bien pour toi ? Tu es partie... précipitamant.” S’enquit-elle le sourire doux. Bien avant que Luciana réalise qu’il se tramait sans doute quelque chose autour d’elle et la présence de Rym, elles s’entendaient plutôt bien, et Luciana lui avait bien fait comprendre que son statut de divergente ne changerait rien à sa façon de la traiter, si ce n’est par les actes qui ont finit par les distancier, et son départ sans un mot du service de son père a définitivement mis un terme à leur entente aussi imparfaite fut-elle.