Fight for this love | Dante

C’est avec le cœur lourd et l’angoisse tiraillant ses entrailles qu’elle s'extraie du lit. Qu’elle observe, une dernière fois, ce qu’elle pense être son ultime moment dans ses appartements à la cité des Braises. Ses affaires ont été regroupées la veille dans un coin, presque jetées dans des sacs qui s’empilent de manière anarchique. Nouvelle preuve de sa mauvaise volonté, et du fait qu’elle ait dû se résoudre à le faire parce qu’elle n’avait pas d’autres choix. Elle n’a pris que l’essentiel, parce que de toute façon, elle n’aura besoin de pas grand-chose dans sa nouvelle vie. Exit les armures, les armes, les galons, qui seront vite remplacés par des robes, des parures et autres fourrures. Luz va bientôt troquer son statut de Lieutenant pour celui de poulinière. De dame de compagnie, de vulgaire femme. Le temps d’un battement de cils, et d’une bague que l’on loge à son doigt, elle ne sera plus rien. Et cette perspective la terrifie.

Alors elle essaie de grappiller quelques minutes supplémentaires. Se perdant dans la contemplation de sa chambre, jusqu’à se rendre dans son bureau, où, du bout des doigts, elle caresse le bois rugueux. Un sourire nostalgique s’étend déjà sur ses lèvres quand elle remarque une aspérité et qu’elle se remémore son origine. Une dispute avec le Stenström -toujours lui- qui l’avait mise folle de rage et qui l’avait poussé à planter la pointe du son couteau dans le bois tendre. Un soupir s’échappe alors qu’elle sait que le temps lui échappe. Cette vie va lui manquer.

Résignée et résolue, elle se décide à tamiser à Arvandor, où une bonne partie des Monteserre l’attendent. La nouvelle de la mort d’Einar Asgeir va se répandre au petit matin, et il faut qu’ils se préparent aux funérailles. Des tensions vont obligatoirement naître au sein des Asgeir, qui ne peuvent que se déchirer pour arracher la régence des mains encore chaudes de leur père. Qui de Sanna ou d’Espen va être désigné ? C’est bien là tout le mystère. Et si cette épineuse question est sur toutes les langues, même celles des Monteserre, le fait est que pour Luz, c’est différent.

C’est presque avec la mort dans l’âme qu’elle pénètre dans le salon où doit se réunir la famille dans quelques heures. Luz est en avance, mais elle ne semble même pas s’en apercevoir. Bras croisés le long de sa poitrine, elle s’est assise sur le rebord d’une des nombreuses fenêtres, et elle contemple la forêt automnale qui déroule sous ses yeux. Ce paysage aussi, va lui manquer. Ces tons éternellement orangers qui vont bientôt se parer d’un blanc neigeux.

Un frisson lui hérisse finalement l’échine, Luz sortant de sa torpeur. Y’a presque un certain dégoût qui déforme à présent la courbe de ses lèvres, rien qu’à l’idée qu’elle puisse passer le reste de sa vie dans les montagnes enneigées… Après un grognement frustré, la Monteserre se redresse pour se diriger vers un meuble contenant divers alcools forts. Il est certes beaucoup trop tôt, mais aux vues du manque de sommeil, et de la longue journée qui s’annonce, elle sent qu’elle va en avoir besoin.

Elle est en train de siroter mollement son verre de whisky, les genoux repliés contre son torse sur le même rebord de fenêtre que précédemment, quand elle entend des bruits de pas qui arrivent dans sa direction. C’est bientôt la silhouette de Dante qui apparaît dans l’embrasure de la porte. « Dante, clame-t-elle d’une voix lointaine, le regard toujours porté vers l’extérieur. T’as aussi appris la nouvelle, j’imagine. Probablement avant moi, même. Elle se résout à quitter l’observation d’une pie en train de tenter de grappiller un gland, pour se focaliser sur Dante. T’es en avance, Cesare ne sera pas là avant un moment. Je l’ai vu partir en direction du chenil, j’crois qu’il a besoin de prendre un peu l’air avant de se lancer dans les hostilités. » L’amertume et la lassitude percent sans honte au travers de sa voix. Quoi qu’un brin de sarcasme tinte aussi, sous des notes cachées.

Tu n'as pas su protéger ta petite sœur de se que la noblesse oblige. Des sacrifices qui n'ont aucun sens à tes yeux. Tu la souhaiterais heureuse, avec quelqu'un qu'elle aime, pas avec quelqu'un qui ferait d'elle ce qu'elle n'est pas. Tu sais qu'aucun homme ne sera jamais assez bien à tes yeux pour ta cher sœur, mais tu ne lui souhaitais que d'aimer finalement. Cette situation qui n'a fait que mettre de l'huile sur le feu entre toi et Cesare, même si tu n'as pas réellement parlé de ses choses avec Luz, tu n'as pas caché à quel point tu en voulais à ton frère de ce choix, mais qui es-tu pour espérer changer les choses.

Un mariage dans de funèbre circonstance, alors que tu attends à Arvandor que les choses se terminent, qu'on cèle surement avec ce mariage ta haine. Tu devrais t'intéresser à tout ce que la mort d'Einar Asgeir implique, mais tu ne vas pas faire comme si ça t'intéressait réellement. C'est un peu se demander de qu'elle couleur sera la cage de Luz, alors qu'elle n'aurait jamais dû exister. Alors que le monde autour de toi se prépare à tout ça, tu en profites pour te glisser dans le salon, te disant qu'il serait encore bien trop tôt pour y trouver quelqu'un.

Ton regard qui se pose sur la demoiselle quand sa voix se fait entendre, tu es presque surpris de la trouver là si tôt, mais en même temps très peu surprit de déjà la trouver avec un verre à la main. Tu t'approches d'elle doucement, n'aimant pas la voir ainsi. " Je suppose oui, c'est rarement les bonnes nouvelles qu'on vient m'annoncer en premier." Tu viens te poser ton épaule contre l'encadrement de la fenêtre, plantant ton regard dans celui de Luz. " Parfait. On a du temps à nous comme ça." Tu serres un peu les dents, contrarier. Tu ne sais pas cacher à quel point tout ça te blesse, mais tu sais au moins rester courtois dans tes mots. " Tu as décidé d'attendre des heures durant dans le salon à ce que je vois, pourquoi tu es là si tôt Luz?" Tu te penches pour venir lui chiper son verre, rien qu'à l'odeur tu souffles un doux rire. " Il est trop tôt pour ça aussi. Comment tu te sens ? Sincèrement. Libères toi pendant qu'on est juste toi et moi.  " Tu lui remets doucement dans les mains avant d'aller te chercher aussi un verre. Tu reviens te mettre à ta place, face à ta sœur, face à tout ce qu'elle pourrait souhaiter te dire maintenant.

Elle sent l’affliction dans les orbes de son frère. À la manière dont il l’observe, silencieux. Il n’a pas besoin de parler pour qu’elle sache ce qu’il a derrière la tête. Pour qu’elle comprenne que cette situation lui pèse, à lui-aussi. Parce qu’elle a eu vent de l’avis de Dante quant à la question de son mariage, tout comme le fait qu’il avait eu de nombreuses altercations avec Cesare à ce sujet. Cette situation dure depuis bien trop longtemps, ne faisant qu’envenimer les liens entre les Monteserre, pour mieux les détériorer. Quand l’entraide devrait être la priorité, ces derniers préfèrent se tirer dans les pattes, et s’adonner à une guerre froide. Une situation qui pèse de plus en plus à Luz, ne pouvant plus supporter ses regards incendiaires entre ses deux frères. Et si d’un côté elle apprécie le soutien de Dante, d’un autre… Elle aimerait qu’il en soit différent.

Qu’elle accepte ce rôle qui est le sien. Qu’elle redresse le torse et toise cette assemblée représentée par la noblesse. Luz ne serait pas la première, ni la dernière, que l’on marie dans des fins purement stratégiques. C’est le cas de la grande majorité de la noblesse. Le prix à payer, le sacrifice, pour en contrepartie avoir une vie presque rêvée. D’avoir l’accès au luxe, à l’opulence, aux frivolités. Et quand bien même ça la fasse cruellement chier, le fait est que Luz était prête à accepter son sort. Parce qu’elle ne peut se permettre d’être égoïste au point de se détourner de ce rôle qui lui incombe. Luz est une Monteserre. Et tout comme Cesare, Dante, ou encore Juan, elle se doit d’accomplir son devoir. Un peu plus de soixante-dix années à faire ce que bon lui plaisait, c’est déjà pas mal, et plus que ce qu’a droit la plupart. Alors de quoi pourrait-elle se plaindre ?

Non, Luz doit accepter. Se résigner. Quand bien même ça lui crève le cœur et que ça lui déchire les entrailles. Car ses pensées reviennent sans cesse vers le Stenström. Vers ces baisers, ces caresses, qu’ils se sont échangés. Ces confessions qu’ils se sont enfin décidés à se livrer. Luz pensait ne rien avoir à laisser derrière elle. Partir de la cité des Braises sans avoir le moindre regret. Mais le fait est qu’elle s’est trompée. Et qu’elle s’est rendue à Arvandor à reculons, avec en prime la mort dans l’âme. Chose que Dante détecte automatiquement –à moins que ce ne soit le verre de whisky dans ses mains alors qu’il n’est absolument pas l’heure ? –. Elle l’observe qui s’approche, lui lançant un regard à la dérobée avec un air entendu et affligé quand il insinue ne jamais avoir les bonnes nouvelles en premier. Elle ne peut pas le contredire sur ça, et se contente d’acquiescer en silence.

Un demi-sourire tout aussi sombre que l’expression de Dante nait à la commissure de ses lèvres lorsqu’il lui dit qu’ils auront plus de temps en tête-à-tête. Un moment rien qu’à eux qui promet d’être aussi salvateur que particulièrement douloureux. Parce qu’elle devine ce qu’il va lui dire. Et qu’elle ne se sent pas prête à avoir cette discussion. Quand bien même la mort d’Einar Asgeir ne lui permette plus de repousser éternellement l’échéance. Elle ne peut plus fuir, Luz. Sa mine s’assombrit, d’ailleurs, quand il lui demande pourquoi est-ce qu’elle est arrivée en avance. Elle n’a même pas le temps de lui répondre que déjà il se penche pour lui chiper son verre des mains. « Hé ! qu’elle grogne, tendant les mains pour tenter de le lui reprendre, en vain. Elle le foudroie du regard quand il juge qu’il est trop tôt, lui coupant la parole pour lancer un, Rend-le moi ! dont il ne prête pas attention. » À l’image des deux gamins qu’ils ont pu être, Luz se redresse, prête à en découdre et à reprendre l’objet de toutes ses convoitises. Fort heureusement pour lui, Dante sait se jouer raisonnable, et hasard ou pas, il décide de le-lui rendre. Un frisson lui hérisse l’échine à sa question, ses lèvres se pinçant. Elle se renfrogne dans son bord de fenêtre, portant le verre à ses lèvres tandis qu’il part s’en servir un pour lui-aussi. « Comment j’me sens ? Elle pouffe de rire. Un rire amer et sarcastique à souhait. J’ai l’impression d’être un condamné dans le couloir de la mort, auquel on a failli lui arracher son dernier repas. Son dernier repas étant, bien évidemment, son verre de whisky. J’aimerais être comme Cesare et toi. Être capable d’affronter mon destin en gardant la tête haute et la fierté intacte. J’veux pas être une gamine ingrate qui refuse les responsabilités qui incombent à son rang, mais en même temps… Sa voix se coupe, se perdant dans de sombres réflexions alors qu’elle cherche les mots justes. Elle passe son regard de son verre à Dante, pour ancrer ses iris dans les siens. Rien que d’imaginer celle que je vais être obligée de devenir me terrifie. » Confession qu’elle glisse dans un ton alourdi par la peur. Parce qu’elle va renier celle qu’elle est, pour devenir cette autre qu’elle sait d’avance qu’elle va exécrer. Reniant tout ce qui fait d’elle elle pour devenir cet être fade, insipide et vide.

Tu as un petit sourire en coin quand tant ta sœur semble outré de te voir lui voler son verre. Tu apprécies de la voir ainsi, même si vous n'êtes plus des gamins, te chamailler avec te rappelle de bon souvenir. La réalité des choses est qu'elle est une femme maintenant, que tu sais que les gens attentes d'elle bien plus qu'on ne pourrait attendre de toi. Tu as le plus grand respect pour les femmes, pour ce qu'elles doivent chaque jours prouver, pour qu'on ne les effaces pas juste pour en faire de simple mère.

Tu écoutes ta sœur alors que tu reprends ta place auprès d'elle, une gorgée d'alcool et tu pouffes un léger rire quand elle ose parler de toi et Cesare. La tête haute et ta fierté intacte, il est vrai que t'as su rester toi-même, calme et impassible face à la situation, mais la réalité à côté était différente. Tu bois une nouvelle gorgée, te rapprochant de ta sœur pour écraser ta main sur sa tête.  " Je ne parlerais pas pour Cesare, mais de mon côté, j'ai mal vécu l'instant aussi. J'espérais sincèrement que Cesare te laisserait tranquille avec ça." Doux soupire qui se glisse entre tes lèvres, exprimant totalement ta fatigue sur la situation. " Tu n'es pas une gamine ingrate Luz, ce n'est pas ingrat de vouloir autres choses. Surtout que c'est plus facile pour nous que pour toi. Personne ne devrait t'obliger à changer." Et ça te tue de la voir si peu heureuse. Luz est ta petite sœur, celle pour qui tu aimerais briser les règles de ce monde, de cette noblesse qu'un de vous n'a demandé. Il y a beaucoup d'avantages, mais tout à un prix. L'amour n'est qu'un mythe à tes yeux, une histoire qu'on se raconte pour faire rêver. " Il y a beaucoup de dénouement possible à ton mariage, mais dis moi, qu'est ce que tu souhaiterais toi? Si être une Monteserre ne t'obligeait pas à tout ça." Tu aimerais lui dire de partir, de fuir tout ça, mais tu sais que la fuite n'est pas non plus la meilleure de solution, surtout que ça sonnerait comme abandonner sa famille derrière et laisser Cesare dans un problème plus grand.

Tu es fier de ta sœur, peu importe ses choix, peu importe si elle accepte ce mariage ou non. Elle a pu échapper un long moment à se point de leurs vies. Tu sais très bien qu'en demandant leurs avis sur le mariage arrangé à des dizaines de personnes, il y aurait de tout. Du mariage heureux au plus triste d'entre eux, des histoires qui pourraient bouleverser le monde, en faire rire d'autres, rien n'est certain pour la suite et c'est peut-être un peu plus effrayant. Épouser un inconnu pour la gloire de la famille. Ça n'a jamais vraiment eu de sens à tes yeux, encore moins maintenant.

Sa grimace ne fait qu’amplifier, quand, après s’être rapproché et avoir posé avec compassion sa main sur sa tête, Dante lui révèle avoir lui-aussi passé un mauvais moment lors de l’annonce de son mariage. Un frisson d’effroi lui hérisse simultanément l’échine, tandis qu’elle se doute de ce qu’il s’apprête à dire –ou de ce qu’il ne dira pas, mais qui transpire de chaque fibre de son attitude affligée–. Dante n’est pas heureux en amour. Pas dans ce mariage qu’on lui a imposé, et qu’il n’a pas réussi à faire évoluer favorablement. Si, de prime abord, il semble bien apprécié son épouse, le fait est qu’une fois les portes de leur demeure fermées… Luz n’a jamais osé demander les détails, mais ce dont elle est persuadée, c’est que Dante n’est pas entièrement heureux. Qu’il apprécie, elle l’espère sincèrement, au moins un minimum son épouse, mais qu’il n’en est pas amoureux. Tout comme Cesare avec Siena –qui ne cessent, les décennies passantes, de toujours se déchirer un peu plus–. Ou tout comme Juan. Autour d’elle, Luz ne voit aucun mariage heureux. Et elle ne sait foutrement pas quoi en passer. Une part d’elle, la plus réaliste, devrait se dire que c’est comme ça, et qu’elle n’a qu’à suivre l’exemple et le mouvement. Après tout, même s’ils ne sont pas foncièrement heureux en amour, ils ne sont pas au bord de la dépression non plus. Et, tout comme eux, Luz pourra bien réussir à trouver quelques autres occupations pour se changer les idées… Mais il y a aussi la part d’elle, la plus émotive, qui ne peut que grimacer devant tous ces naufrages maritaux… Et qui regrette qu’une fois encore, une Monteserre de plus soit clouée au piloris sous prétexte qu’il y a quelques alliances politiques à gagner derrière.

Alors oui, c’est certainement plus facile pour les hommes que pour les femmes ; surtout pour Luz qui va partir à la Cour de l’Hiver, soit probablement la pire en matière de sexisme et de traitement du sexe jugé inférieur. Mais, qui sait, peut-être qu’elle saurait trouver quelques arrangements avec Espen pour ne pas avoir à vivre toute l’année à ses côtés ? Peut-être qu’il lui accorderait quelques faveurs en lui permettant de rester à Elysium, tant qu’elle reviendrait à chaque solstice pour réaliser son devoir conjugal ? Luz n’a pas encore osé parler de tout ça avec Espen. Ne réussissant qu’à balbutier quelques banalités sans aucun intérêt, plutôt que de crever l’abcès pour mieux savoir à quoi s’attendre. Car Luz craint la réputation des Hivernaux ; et de réaliser qu’Espen ne déroge pas à la règle. Mais bref, de toute façon, elle ne va plus tarder à en avoir le cœur net, pas vrai ? « C’est pas comme ça que tu vas m’remonter le moral… qu’elle glisse avec un sourire tout de même un tant soit peu amusé. » Luz se veut taquine, essayant de retrouver un peu de lumière dans toute cette pénombre. Car le tableau que peint Dante est on-ne-peut-plus obscur, et la Monteserre ne veut pas sombrer à ses côtés. Enfin… Disons qu’elle tente du mieux qu’elle peut de feindre d’avoir encore un tant soit peu la tête haute.

À sa dernière question, les lèvres de Luz se pincent. Avant qu’elle ne porte son verre à sa bouche pour en boire une longue gorgée. Ce qu’elle aimerait ? Si elle n’était pas celle qu’elle était ? Si elle était libre de toute forme d’engagement imposé ? « À quoi est-ce que ça sert de se permettre de rêver, alors que l’on sait que de toute façon ça serait impossible à réaliser ? » D’un côté, Luz ne veut pas s’autoriser à réfléchir à une série de Et si. À cette vie parfaite qu’elle pourrait être à mesure de caresser, si tant est que tout soit différent. Parce que ça serait se faire souffrir gratuitement, et que ça ne servirait à rien. Mais soit. Si Dante insiste… Après un long soupir, elle reprend la parole, « J’étais résignée à accepter toute cette merde. Hier soir, j’ai fait mes bagages et j’ai rangé mes médailles. J’étais partie pour consentir à mon sort, mais avant… J’avais besoin de voir quelqu’un. De lui faire mes adieux et de– Elle balbutie, cherche ses mots, et marque une pause. Hésite, puis se décide à poursuivre, De lui avouer mes sentiments, que je cache depuis plusieurs années maintenant. Je voulais partir sans aucun regret, et en étant presque persuadée que de toute façon ce n’était pas réciproque… Disons que j’voulais qu’il me brise le cœur pour partir l’esprit libre. Elle porte à nouveau le verre à ses lèvres, le vidant d’une traite. Sauf que ça n’s’est pas passé comme prévu, et qu’il m’a avoué aussi ses sentiments. Et maintenant… J’voulais partir sans regret, mais c’est tout le contraire… » Un rire amer qui perce à nouveau la barrière de ses lèvres, alors qu’elle sent les larmes lui monter aux yeux et son cœur être au bord de l’implosion pure et dure.  

C’est pas comme ça que tu vas m’remonter le moral…

Tu te mets à rire doucement en haussant les épaules "Oups". Tu es quand même heureux de la voir ainsi un instant. Luz n'est pas au bout de sa vie, seulement à un point où elle ne sait pas où elle en est. Ta petite soeur est pleine de ressource, une femme forte qui mériterait une meilleure histoire qu'un hivernal.

Tu penches la tête un peu intrigué par sa réponse. Pourquoi rêver ? " Qu'est ce qu'il te reste si tu ne rêves pas? " Désespoir et tristesse? Les rêves nous aident à nous surpasser, tu ne voudrais pas qu'elle abandonne sa vie si facilement, pour une chose qui n'est pas définitive. Tu viens t'installer face à elle sur le rebord de la fenêtre, tapotant ses jambes pour qu'elle les pousse un peu. Le grand frère un peu envahissant. Tu l'écoutes attentivement, retiens chaque mots, souffle un tendre rire en apprenant qu'elle est aimée en retour. Tu ne sais pas trop comment lui dire les choses sur l'instant. "Je me demande ce que tu fais encore là du coup." Ton regard se pose dans celui de ta soeur, du moins tu cherches à le récupérer. " Cesare le sait? il peut être têtu, mais je pense qu'il serait capable de comprendre. Autrement... je te dirais bien de partir. J'aurais aucun mal à dire que je ne t'ai pas vu, mais il serait préférable d'essayer avec Cesare avant Luz." Tu viens poser ton regard sur l'extérieur, un sourire un peu niais sur la face. " Je sais que la situation semble sans issue, mais j'oses espérer que Cesare t'écoutera." Tu serres un peu les dents. Tu l'espères sincèrement, pour ne pas que ça vous brise un peu plus. Tu aimes ta famille, mais tu n'aimes pas cette idée que Cesare puisse décider du reste de la vie de Luz.

Tu viens tendre le bras, pour venir attraper une de ses mains avec la plus grande douceur. " Peu importe ton choix. Tu peux compter sur mon soutien." Tu laisses un instant de silence avant de la regarder avec un air taquin. " Donc comme ça, tu aimes quelqu'un depuis des années et tu ne nous le présente pas?" Tu cherches la petite bête, tu veux en apprendre plus, peut-être que tu veux t'assurer que c'est quelqu'un qui sera assez bien pour Luz, mais tu souhaites juste savoir à quel point il peut la rendre heureuse.