Eternal flame

Eternal Flame

ft. @Luz Monteserre | juillet 837

C’est un sentiment nouveau, puissant, qui transporte l’hybride, qui lui fait réduire à néant cette distance que l’automnale semble vouloir instaurer de nouveau entre eux. Les rôles semblent inverser, elle se trouvant la plus raisonnable des deux quand lui s’enflamme sous cette attirance indéniable qu’il réalise enfin. La rejoint, la tient, l’embrasse comme si son souffle était tout ce qu’il pouvait respirer à présent, comme si elle seule était ce qui pouvait encore maintenir le colosse en proie à tant de doutes. Sûrement parce qu’elle l’est. Et cette main qui remonte son cou épais, se glisse dans sa toison argentée arrache à cet homme, d’ordinaire si impassible, un grondement autrement plus profond et pulsionnel que toutes les réponses silencieuses qu’il a pu lui offrir jusqu’alors.

Leurs lèvres se quittent, mais aucun ne s’extirpe de cette proximité, de cette intimité les coupant du restant du monde, que l’ambiance sombre et tamisée exacerbe, rendue chaude par les lueurs des bougies et les souffles entremêlés. Frisson violent qui le prend sous ce pouce caressant ses lèvres, Aghnar laisse s’échapper un soupir vibrant sous cette décharge qui le tend malgré la douceur du geste, et fait plonger ses mains dans la chevelure d’ébène de la Monteserre.
La question lui échappe, le taraude, l’emplit d’une incertitude devenue véritable torture. Qu’en sera-t-il, lorsqu’ils ne seront plus là l’un pour l’autre ? C’est là un futur qu’il se refuse à accepter, à envisager, espérerait presque qu’elle lui rie au nez et lui dise qu’il n’a jamais existé pareil avenir pour eux, que leurs chemins sont tout tracés et jamais ne se séparent. Mais l’amertume qu’il lit dans ce sourire qui étirent les pulpeuses qu’il n’a pas quittées du regard font se nouer la gorge de l’hivernal, autant que les paroles de Luz lui creusent les tripes. Il ne peut le nier, ses amantes se sont succédées sans jamais s’attarder depuis ces douze dernières années, ce que l’hybride a eu tôt fait de mettre sur le compte de la manière brutale avec laquelle il a tenté de couper les ponts avec Revka, mais qui s’avéra très vite être un moyen comme un autre de se sortir la Monteserre de la tête. De blondes, elles sont passées à brunes, aux yeux ambrés et à la peau halée, substituts inconscients de celle qu’il brûlait finalement d’étreindre.

Et la voilà, à sa portée, doutant de ses affinités avec l’éternité. Il y croyait, pourtant, s’était presque persuadé que la sienne serait aux côtés de son père, à continuer de vivre dans l’ombre de celui qu’il espérait immortel. Mais Einar s’est éteint, et l’avenir est incertain, n’a plus aucun sens dès lors qu’il se l’imagine ailleurs qu’aux côtés de Luz dont ses lippes viennent frôler la joue et dont son visage vient s’enfouir dans la nuque délicate qu’il couvre de son souffle hivernal. Il la serre contre lui, doucement, étrangement tendre pour le bourreau qu’il est devenu, subit sa chaleur si opposée à sa nature autant qu’il s’en imprègne et la chérit. « Elles n’étaient pas vous. » Aucune de ces femmes qu’elle évoque ne lui est jamais arrivée à la cheville, aucune n’a eu d’autre intérêt que celle de le détourner de celle qu’il voulait, qu’il veut vraiment, qui lui promet un souvenir impérissable quand elle a déjà marqué son palpitant au fer rouge, celui-là même qui s’emballe alors qu’il embrasse le derme automnal, si chaud contre son souffle froid qui remonte jusqu’à l’arête de la mâchoire de la grande fae. « J’embrasserai cent éternités si c’est pour les passer à vos côtés. »

Eternal Flame

ft. @Luz Monteserre | juillet 837

Elles sont douces et brûlantes à la fois, ces ondulations d’ébène qui lui coulent entre les doigts, lui caressent la peau qu’elles marquent au fer rouge d’une sensation dont il ne se défera jamais. Mais sa douceur, à lui, est relative, empressée, volontaire mais prise par le temps qui leur manque cruellement, celui-là même qui a poussé le Mentaliste dans ses retranchements, jusqu’à lui faire mettre à néant cette distance qu’il a pourtant mis douze longues années à entretenir. Contre elle, il lui paraît improbable de la restaurer, de la laisser s’en aller à présent qu’il réalise que c’est à ses côtés qu’il veut demeurer. Plus d’autorité paternelle, plus de devoir insensé envers cet homme dont la mort a brisé ses chaînes, Aghnar ouvre enfin les yeux sur ses propres désirs, sa propre volonté, et tout ce que ses billes acier voient à présent, c’est ce derme chaud que descendent ses lèvres dans une confession bien trop profonde pour n’être qu’un nouveau moment d’égarement.

Le colosse est réputé inébranlable, frémit pourtant de tout son être sous cette seule main descendant le long de son torse tendu. Jamais l’Hivernal ne s’est senti aussi vulnérable, jamais ses convictions n’ont été autant mises à mal et, s’il aurait volontiers pris la fuite en d’autres circonstances pour mieux se dissimuler derrière un masque d’impassibilité et de rigidité, le voilà qui ne ploie pas, étrangement déterminé face au feu de la grande fae dont les mots lui embrasent déjà le creux des reins, aussi sûrement que les suivants lui enserrent la gorge. Pourquoi maintenant ? Pourquoi tout ce temps perdu ? Pourquoi n’ouvrir les yeux que lorsque leurs destins sembles parfaitement scellés, aux antipodes l’un de l’autre ? « Parce-que je suis bien trop près de vous perdre. Et que ça m’est insupportable. » Réponse grondée, soufflée contre la mâchoire dessinée que frôlent les lippes hivernales. Il ne l’évoque qu’elle, n’a plus que la Monteserre en tête malgré ce qui s’écroule de son monde à lui. Elle se recule, lui se redresse, regrettant ce qu’il pense être un retour à la raison mais qui s’avère invitation sous cette main l’attirant vers elle.

Aghnar suit, trop envoûté par cette femme pour se rappeler son désir de la fuir, la perd de vue dans cette pièce baignée d’une lumière orangée pour la découvrir sous les pâles rayons lunaires caressant l’expression amusée de la Monteserre qui parvient à lui arracher un sourire discret. « Non. » Celui-ci n’a plus rien d’impérieux, plus rien d’un refus, passe doucement ses lèvres alors qu’une large main calleuse vient glisser une mèche noire derrière l’oreille effilée de la grande fae. « Peut-être. » La dextre se pose sur une joue délicate, étire doucement son pouce vers les lippes automnales qu’elle caresse, que ses opales grises fixent comme s’il s’agissait du plus précieux des rubis. « Vous résister toutes ces années a été une véritable torture, Luz Monteserre. » Douze longues années à la fuir, à feindre le désintérêt pour mieux l’oublier entre d’autres bras, en vain. Douze ans durant, elle fut son tourment. Ce soir, elle est son salut.
La senestre glisse le long d’une épaule, d’un bras, vient se placer sur une hanche dessinée qu’il attire doucement vers lui alors que son regard vient retrouver celui de l’Automnale. « Et vous, lieutenant ? Êtes-vous certaine de vouloir tenir votre promesse ? »

Eternal Flame

ft. @Luz Monteserre | juillet 837

Tout contre elle, il lui semble que le temps s’est arrêté autant qu’il leur manque, rendant cet instant à la fois éternel et éphémère. Douze longues années à ne pas réaliser, pas entièrement ce soir encore, loin de se douter du caractère mystique du lien qui les lie bel et bien tant il s’est persuadé que son âme appartient à une autre. Tous les éléments sont là, pourtant, le consument et le font céder face à celle qui avait ouvert les yeux bien avant lui. Aux mots qu’elle a, l’hybride se tend, ses doigts se crispent dans ses boucles brunes alors qu’il les enserre, presque possessivement, se rappelant qu’elle est destinée à appartenir à un autre, et que lui-même ne pourra jamais être sien. Car ce n’est nul autre que le Crépuscule qui s’érige entre eux dans ces vœux qu’il a prononcés en rejoignant les Gris, le destinant à une vie de célibat dont seule son âme sœur pourrait l’en détourner, celle-là même qu’il voudrait ne jamais quitter, mais qu’il ne parvient pas à reconnaître. Si seulement il était moins borné, moins aveuglé, moins soumis à l’influence d’une Revka bien décidée à le garder pour elle seule. Si seulement il réalisait, enfin, que Luz Monteserre est la seule, l’unique capable de se défaire de toutes ses chaînes.

Une nouvelle confession lui échappe sous les rayons lunaires posés sur eux, comme un besoin irrépressible de rattraper tout ce qu’il n’a jamais pu lui dire. La mâchoire du colosse se crispe à la réponse qu’elle lui donne, et son front vient trouver celui de l’automnale dans un soupir empli de regrets. « Les enjeux étaient bien trop grands… » La main de la Monteserre promise à son propre frère sans qu’elle n’en sache rien, le secret tout entier entourant la réelle identité du Mentaliste… « Et ils le sont encore. » Mais cette fois-ci, Aghnar a baissé les armes, déterminé à jouer les dés de Dame Fortune pour un seul instant dans ses bras, contre ses lèvres, sous son souffle. « Mais c’est un risque que je suis fin prêt à prendre. »

La douce réprimande lui arrache de nouveau un discret sourire, un rire se mêlant dans un souffle presque inaudible, preuve incontestable que l’automnale est parvenue à pénétrer l’épaisse armure de glace de celui qui s’échauffe enfin contre elle. Les iris gris du Gris vibrent sous l’ordre-supplique de la Monteserre alors que son palpitant s’emballe furieusement à l’écoute de tout ce qu’elle lui a toujours inspiré, toutes ces pulsions qu’il a toujours réprimées, détournées sur d’autres qui n’ont jamais suffi à la remplacer. Ses lèvres entrouvertes voudraient lui répondre, lui avouer toutes ces visions qu’elle a pu engendrer dans cet esprit qu’il maintenait fermé, mais il n’en sort qu’un souffle chaud, qu’une respiration devenue erratique sous le feu qu’elle a ravivé en lui. Alors les lippes s’expriment tout autrement, viennent percuter les rubis automnaux dans un baiser passionnel et furieux l’animant tout entier, colosse de chair entraînant l’objet de ses désirs jusqu’à un mur qu’ils percutent et contre lequel il l’accule. Ses mains reviennent s’enfouir sous ses boucles noires, y plongent entièrement, possessivement, tandis que ses lèvres dévorent celles qu’il a toujours regardées comme un assoiffé. Ce soir, c’est à sa bouche qu’il s’abreuve enfin, contre ces pulpeuses ayant un goût de pas-assez.

Eternal Flame

ft. @Luz Monteserre | juillet 837

C’est à croire que l’hivernal n’en est pas un, que c’est l’Automne qui coule dans ses veines, dans ce sang enflammé qui l’embrase à chaque contact, à chaque baiser qu’il pose sur ses lèvres et qu’elle lui rend. Aghnar est un autre homme, sans doute est-il lui-même finalement, libéré du joug paternel et de ses obligations, plus illyrien que fae en cet instant qu’il se laisse aller à ses pulsions sans y réfléchir à cent fois. Ses réponses pour elle ne sont plus remplies que d’une sincérité certaine, mais demeurent cryptiques, tant d’années passées dans le secret n’ayant fait que l’y enfoncer jusqu’au cou, héritage pervers d’un père qui n’aura jamais songé qu’à ses propres intérêts, sans se soucier un seul instant du fardeau que continuera de porter son propre fils après qu’il ait poussé son dernier souffle.

Ce qui lui fait peur, si seulement elle savait. Un soupir passe les narines de l’hybride à cette question à laquelle il ne pourrait apporter de réponse, par crainte justement,  qu’elle n’apprenne la vérité sur sa véritable naissance et s’attire les foudres des rares entités dans la confidence, qu’elle ne découvre sa véritable nature, sur ces ailes qu’il dissimule depuis tant d’années qu’il est bien incapable de s’en servir, et qu’elle le renie pour ce monstre qu’il est et qu’Einar voyait en lui. Alors il ne dit rien, s’enflamme plutôt aux propos qu’elle lui tient et s’emporte enfin, mains noyées dans ses boucles brunes quand le dos de la lieutenant bute brusquement contre le premier mur venu. Il la dévore, il la savoure, de ses lèvres à sa langue qu’il goûte et mord tout à la fois, Aghnar semble prendre le dessus et les devants quand c’est toute sa dévotion à cette femme qu’il lui démontre en s’abandonnant ainsi à elle.

Aghnar gronde sous ces mains qu’il sent à travers la fabrique, qui enserrent sa taille et semblent l’enjoindre à se presser un peu plus contre celle dont il semblerait qu’il ne saurait plus se détacher. Mais elle a ces mots, douloureux mots, qui interrompent sa frénésie et le figent. Aghnar se redresse, son visage s’écarte de celui qu’il dévorait à l’instant, et son regard pèse sur l’automnale dont ses mains glissent de la crinière noire. Elle a soufflé le chaud, voilà qu’il ressent un froid glacial lui prendre l’échine à ces mots crus qu’elle a à son encontre. C’est donc ainsi qu’elle le voit, rien de plus ? Rien que l’ombre du défunt Suprême tout juste bon à la prendre sans cérémonie ? Les mots ont l’effet d’une lame s’enfonçant dans ce cœur qu’il vient de lui ouvrir, qui voudrait voir se refermer l’épaisse couche de glace qui le protégeait des assauts de la Monteserre. Mais il est bien trop tard, la voilà tout autour de son palpitant qu’elle tient au creux de sa main, et l’armure glacée qui l’en protégeait jadis l’y enferme avec lui. « Je ne sais quelles intentions vous me prêtez, lieutenant Monteserre. » L’hivernal a rompu le contact, retrouvé le froid de sa propre carcasse livrée à elle-même, incapable de revenir trouver la chaleur de la Monteserre si c’est ainsi qu’elle le perçoit, mais restant encore à portée de souffle de celle sans qui il lui semble qu’il ne saurait plus comment respirer. « Mais je peux vous assurer qu’elles sont fausses. »

Eternal Flame

ft. @Luz Monteserre | juillet 837

Elle est si proche, mais lui paraît si loin tout à la fois, la Monteserre ébranle toutes les certitudes de l’hivernal aussi sûrement qu’elle enflamme ce myocarde que lui-même pensait rendu hermétique à tout sentiment, toute émotion. C’est qu’il palpite, ce cœur qui appartient à l’automnale depuis plus longtemps qu’il ne saurait l’imaginer, cogne contre cette cage thoracique soudainement trop étroite. Un besoin de respirer à pleins poumons quand sa respiration se coupe sous ces coups de poignards que sont les mots qu’elle prononce, et l’hybride n’a qu’une envie : retrouver son souffle contre ces mêmes lèvres qui le tourmentent.

Lieutenant Monteserre, c’est mécanique, automatique, lui paraît si naturel tant il n’a jamais osé rêver quoi que ce soit d’autre à ses côtés que ce pour quoi Cesare use de ses services, ce pour quoi il a toujours servi Einar dans une loyauté sans condition. Et le fantôme de ce dernier qui vient déjà le hanter, mais qui lui apporte bien moins de chagrin que ce qu’un père devrait. Toute sa vie, Aghnar n’a jamais envisagé sa vie sans lui, à cesser d’exister lorsque le Suprême aurait soufflé pour la dernière fois. À avoir été son ombre, devrait disparaître avec lui, sans un bruit, sans que personne ne s’en soucie. Mais ces dernières années, c’est dans la lumière de la flamboyante Monteserre qu’il a été, si ardente qu’elle en a fait fondre ce glacier épais qu’il s’efforçait de reconstituer au nom d’un Père qui n’est plus désormais, dont le fils bâtard a entrevu, pour la première fois, la possibilité d’une vie sans lui. D’une vie avec elle.

L’hybride laisse échapper un soupir vibrant aux interrogations, aux doutes de Luz qu’il redoute de voir s’éloigner à jamais bien avant qu’elle ne parte, contrainte et forcée, pour l’Hiver où l’attendra Espen. Et à cette évocation d’une vie à ses côtés. Il a le cœur serré, la gorge nouée, tiraillé entre cette vérité qu’elle réclame et la trahison qu’il commettrait s’il lui en dévoilait un seul morceau. Compromettrait bien trop de personnes s’il se dévoilait tout entier et, pire que tout cela, c’est Luz elle-même qui pourrait s’attirer les foudres des complices restants en apprenant la réalité sur cet homme qui l’escorte depuis plus de onze ans.

Il baisse doucement la tête, appuyant son front contre celui de la Monteserre dont il prend doucement les mains, fixe ces doigts graciles sur ses paluches calleuses. « Et je ne peux en concevoir une loin de vous. » Pas plus qu’il ne concevra l’idée d’embrasser d’autres lèvres que les siennes à présent. Ses mains se serrent autour de celles de la fille du feu, dans cette proximité qu’ils n’ont finalement pas brisée. « C’est ce message que vous portez qui a levé ce brouillard qui m’aveuglait. » Révèle dangereusement l’ascendant qu’avait l’Asgeir sur sa vie, son être, ses sentiments envers elle. L’hésitation transparaît dans sa voix rauque, presque un murmure tant il craindrait que les murs ne les écoutent. « Je n’ai jamais autant effleuré pareil sentiment de liberté. Jamais été si près de pouvoir vous aimer. » Car, par la mort de son Suprême, le voilà défait de ces liens, n’endure plus que ceux du Crépuscule et de ces fiançailles qui ne sont pourtant pas les siennes. Elle est là, son intention. Libre de ses propres sentiments, voilà que c’est le plus puissant d’entre eux qui s’impose à lui et qu’il ose prononcer. L'hybride lève les yeux vers les opales ambrées, sa dextre qui se pose sur la joue délicate de cette guerrière qu’il sait pourtant redoutable. « Je ne saurais prédire ce que l’avenir nous réserve. Mais si, rien que ce soir, je peux avoir le sentiment qu’il est possible avec vous, c’est mon âme que je suis prêt à vous céder, Luz Monteserre. »