Eternal flame

Eternal Flame

ft. @Luz Monteserre | juillet 837

Jamais le colosse hivernal n’a été aussi vulnérable qu’entre ces quatre murs, face au regard ardent de la Monteserre qui le consume silencieusement, contre cette aura qui le retient, rend toute fuite, tout changement d’esprit parfaitement impossible. Cette nuit, les coeurs se dévoilent, celui de l’hybride trouve des mots qu’il n’aurait jamais pensé avoir un jour pour cette femme qu’il n’a eu de cesse que de repousser, d’ignorer de crainte de s’y brûler. Mais le voilà pourtant à se confier au brasier, à craindre qu’il ne se dissipe, qu’il ne s’éloigne, qu’il le rende à ce froid hostile et solitaire qui est le sien, celui d’un guerrier du nord à l’esprit aussi fermé que son palpitant.

C’est la crainte de la perdre et celle de retrouver la raison qui font s’enchaîner les mots sans qu’il ne prenne le temps de les penser avant de les prononcer, qui guide ces gestes étonnamment tendres qu’il a envers elle. Ces mains, tachées du sang des ennemis des Asgeir et des Monteserre, les voilà qui se font d’une douceur infinie sur celles qu’elles enferment et pressent légèrement, la gauche se posant sur cette mâchoire si bien dessinée, sur cette joue dont la douceur hantera la pulpe de ses doigts des jours durant. C’est un tout autre homme qu’elle a face à elle, l’automnale, un homme qui se dévoile plus qu’il ne le devrait, laissant en suspens bien trop de questions quant à ce qui a pu le retenir jusqu’alors. Aghnar parle plus qu’il n’a jamais parlé, avant de laisser un silence pesant suivre ses derniers propos, la promesse de son âme à cette femme sans imaginer un seul instant à quel point il est dans le vrai. Mais cela n’en rend ses mots que plus vrais, plus puissants encore alors qu’il se pense lié à une autre, à cette femme qu’il pense détentrice de ce feu qu’il avait laissé derrière lui et que Luz s’approprie sans même en avoir conscience.

Il appréhende, l’hivernal, attend ce couperet qui s’abattra entre elle et lui, qui le remettra à sa place et les renverra à leurs destinées respectives. Il sait, sent que ses mots sont allés bien trop loin et que plus rien ne sera jamais comme avant, que ce qu’ils avaient jusque là est à présent rompu et ne sera plus jamais. Qu’elle rétorque comme elle sait si bien le faire, qu’elle mette fin à cette torture qu’il sait bien moins endurer que celles qu’il inflige lui-même à ses prisonniers, qu’elle lui assène le coup de grâce et le laisse se défaire d’elle pour mieux s’éloigner et regretter chacun de ses dires.

Et puis son souffle dans le sien. Les pulpeuses de la Monteserre qui percutent ses lippes, avides, possessives, rencontrent l’hésitation d’un homme surpris puis la fougue de celui qui les a toujours désirées. Le silence laisse place à des soupirs brûlants, à un baiser qu’il rend au centuple, sa dextre glissant jusque dans les boucles d’ébène qu’il empoigne avec fermeté et douceur à la fois, resserrant son emprise aux qu’elle glisse contre ses lèvres entrouvertes. « Elle est déjà sans égale. » Et ne pourra être éclipsée par aucune autre, si ce n’en est une passée à ses côtés, sous ces mains qui l’entraînent à elle, posées contre son torse vibrant des battements frénétiques d’un myocarde emballé. Cuisse galbée lui ceint la hanche, l’entraîne plus près d’elle sans que ce soit encore assez, et le bâtard presse de tout son buste, les faisant basculer sur le bois de la table qu’il débarrasse d’une main hâtive. Le bois craque sous leurs poids combinés, les objets indésirables cognent le sol, mais rien ne saurait plus le détourner de la seule, l’unique, qu’il voit à présent, qu’il embrasse à s’en damner, comme si sa vie en dépendait, senestre glissant sur la cuisse hissée qu’il maintient repliée contre son flanc quand la dextre se faufile contre celui de la brûlante automnale. Un sentiment qui le prend, une sensation d’être vivant, à sentir son cœur battre et son souffle couler entre leurs visages, mais un doute qui persiste, un besoin, une incertitude, un besoin d’imaginer leurs éternités rêver de la même direction.

Aghnar se fige, tressaillant, grondant contre cet appétit féroce qui lui dévore les entrailles, se hissant légèrement de cette silhouette élancée tant désirée. Les yeux aciers plongés dans les billes ambrées interrogent, laissent percevoir le doute, la crainte, une vulnérabilité jamais démontrée, mais qu’il ne peut cacher à l’idée que chacune de ses confessions ne trouve aucune réciprocité. « Ce sont mon coeur et mon âme que je vous ai livrés ce soir. » Sa mâchoire se crispe alors qu’il entend, qu’il réalise ses propres propos, mais cette détermination qui persiste au fond de son regard lève le doute quant à quelconque regret qui pourrait l’assaillir. « Mais qu’en est-il de vos intentions, Luz Monteserre ? »

Eternal Flame

ft. @Luz Monteserre | juillet 837

L’Hiver n’est plus, glace et neige fondues sous la brûlante influence de l’Automne dont le feu le gagne, l’emplit, ravageur qu’il est sur toutes ces années passées à s’endurcir le coeur et l’esprit. L’incendie est sans pitié, nourri par ces baisers échangés, par cette passion que l’on croirait naissante mais qu’elle lui a toujours inspirée, qu’il a toujours réprouvée. Il la découvre, à présent, l’embrasse comme l’évidence qu’elle a toujours été : elle et lui, dans cette intimité condamnable et fautive, pourtant irrépressible malgré l’interdit qui la définit. Elle, promise au fils Asgeir, tandis que lui, frère de ce dernier sans qu’elle n’en sache rien, aspire à une éternité à ses côtés malgré son vœu de célibat. En cet instant d’égarement, Aghnar en oublie ses propres obligations, ne suit plus que ses émotions, ces pulsions qui laisseront à jamais une marque sur cette âme qu’il lui offre, et sur ce cœur qui cogne contre la main gracile qu’elle pose sur son torse.

Et puis, un instant ressemblant vaguement à un retour à la raison, un questionnement qui fige l’hybride qui ne voit pourtant pas au-delà de cette nuit. Une seule crainte : qu’elle lui arrache ce myocarde qu’il lui a dit battre pour elle et le piétine d’un désintérêt qui la prendrait une fois l’étreinte consumée. Ne saurait plus jamais se refuser à elle, pourtant, mais appréhende cette douleur qui l’assaillerait ensuite si ses sentiments n’étaient pas partagés. Et le bâtard l’exprime, ce doute qui le ronge, se trouve ce soir une voix, une volonté de faire glisser son souffle contre ces pulpeuses effleurées. Et qu’en est-il d’elle ? Une réponse qui appuie les gestes, entrejambe pressé lui arrache un soupir d’un autre monde, grondement contenu que le feu de son regard rend pourtant bien parlant face à ce qu’elle rétorque ensuite. Son cœur s’emballe, cogne plus fort encore contre ce torse qu’il sent vibrer un peu plus à chacun des mots qu’elle prononce.

« Luz… » Un prénom, seul, qui lui échappe en cet instant qui n’appartient qu’à eux. Sûrement la première fois qu’il l’appelle sans l’associer à sa lignée, barrière nouvelle qui s’abat avec fracas malgré la voix presque effacée l’ayant prononcé, vibrante sous ces mains s’affairant déjà à défaire les premiers boutons de sa chemise. Une hâte partagée, un désir de s’unir et de rattraper le temps perdu, toutes ces années passées à se refuser ce pour quoi la Mère les a pourtant destinés. Large paluche maintient toujours la cuisse galbée contre sa hanche, tandis que son reflet se glisse sous l’étoffe automnale pour venir effleurer le flanc de l’alanguie. Brûlante. Sa main ne s’en détache pas pour autant, se fait plus impétueuse et l’effleurement devient caresse avide alors que le vêtement remonte avec elle, et que les mots de la Monteserre résonnent au creux de sa paume. « C’est bien plus que tout ce que j’aurais jamais pu espérer. » Parce qu’il n’a jamais pu l’envisager, jamais pu l’imaginer, s’est toujours détourné de la moindre pensée de la sorte envers celle qui les lui a trop souvent inspirées. Chevelure brune recherchée dans des amantes de passage, yeux ambrés jamais égalés, il noyait ses traits en d’autres femmes qu’il n’avait pas besoin d’aimer, pour ne pas réaliser qu’elles n’étaient que le pâle reflet de celle qu’il surplombe.

Cuisse aventureuse imite la paluche du bâtard qui gronde et fond de nouveau sur les lippes automnales, mues d’une assurance nouvelle et dévorante à présent que leurs myocardes ont été mis à nus, offerts sur l’autel de ces corps qui se trouvent. Désir d’elle, et d’elle seule, le seul qui ait finalement jamais importé, malgré l’aveuglement de celui qui ne parvient pas encore à le comprendre. Il le subit avec ferveur, l’exprime dans cette hâte avec laquelle il déboutonne, à son tour, les premiers boutons d’une chemise dont il écarte le col. Echancrure offerte aux lippes qui y descendent, l’homme assoiffé d’elle s’abreuve de son aura, goûte de ce derme électrisant que sa dextre continue de dévoiler, de remonter jusqu’à effleurer le giron tendu qu’elle recouvre, qu’elle réclame.
Et sous les lueurs mêlées des bougies vacillantes et d’une lune comme seule témoin, Aghnar s’abandonne enfin à celle qu’il voudrait être son destin.

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Le Crépusculaire se pensera plus tard traître à la Mère elle-même quand elle bénit pourtant cette scène qui se déroule ce soir, cette intimité si longtemps désirée, refusée pourtant, de l’hybride qui s’en pense encore indigne, fautif qu’il est d’ainsi la convoiter. Monteserre qu’elle est, promise à ce frère qui ignore tout de son lien de parenté avec celui qui l’a pourtant vu grandir, elle lui est en tout interdite, et n’en est ce soir que plus désirable encore. Les barrières se sont effondrées devant la découverte de ces sentiments partagés, et c’est sans songer un seul instant au lendemain, espérant pourtant l’éternité à ses côtés, qu’Aghnar a laissé ses pensées refoulées s’exprimer de sa bouche jusqu’ici si souvent scellée.

Celle-ci ne s’est jamais autant manifestée que ce soir, en paroles comme en baisers, en ces déclarations d’une sincérité infinie qui transparaît jusque dans son regard, jusque dans cette voix rauque avec laquelle il l’appelle, enfin, par son seul nom. Douze ans. Il lui aura fallu douze ans pour isoler ces trois lettres, en une invocation à voix basse de ce corps déjà pressé contre le sien, après avoir mis à nu ces sentiments dont il ne se serait jamais cru capable. Les met à présent à exécution dans ce savant mélange de douceur et de hâte avec lequel il ouvre sa chemise et s’empare d’un sein, dans cet appétit avec lequel il découvre le derme chaud de l’automnale contre ses lèvres, fraîches, malgré le brasier qu’elle a éveillé en lui.

Se tend à cette chemise qu’il sent le quitter, appréhension devenue inconsciente tant l’hybride craint que les marques si caractéristiques à sa condition ne se dévoilent. Mais c’est un dos strié d’entailles que la lueur orangée des flammes alentour révèlent, toile témoin de ce dont Einar était prêt à faire pour que la nature de son bâtard ne soit jamais révélée. Cicatrices si nombreuses que les plus compromettantes passent totalement inaperçues, bandes de chair rugueuse encadrant la marque encore présente de cette promesse faite à celui dont l’influence perdure alors : épée longue dont la garde lui prend les épaules, et dont la lame descend l’échine de l’Hivernal, elle est celle qui menace sans qu’il ait la moindre idée du châtiment qu’il recevrait, s’il trahissait ce secret partagé avec l’ancien Suprême hivernal. Que jamais il ne s’avise de révéler sa filiation, que jamais le nom Asgeir ne soit terni par sa faute. Pression constante poussant au secret plus encore que sa loyauté, pourrait aisément se faire passer pour un tatouage aux yeux de qui ignorerait que l’hybride a si bien veillé à ne ressentir aucune émotion qu’il ne lui serait jamais venu à l’idée d’en faire encrer la moindre sur ce corps qu’il a toujours voué aux ambitions Asgeir.

Mais le contact de ces doigts sur sa peau le rappelle à l’automnale en une fraction de seconde, dont les mots font doucement se crisper la mâchoire du Gris qui préfère répondre par le silence. Préfère ignorer l’idée que le jour viendra où elle réclamera bien plus que son cœur, celui où c’est la vérité qu’elle tentera de lui arracher. Et les doigts brûlants continuent de courir sur sa peau, font de nouveau s’envoler les inquiétudes qui n’ont plus lieu d’être dès lors qu’il se trouve contre elle.

Eternal Flame

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Si l’annonce du Suprême hivernal avait plongé le Mentaliste dans le doute et l’incertitude quant à son propre avenir, les doigts de la Monteserre courant sur sa peau font naître en lui la certitude de vouloir demeurer à jamais à ses côtés. L’ivresse de l’instant lui fait oublier chacune des contraintes qui sont les leurs, ses obligations auprès de Cesare, celles de Luz et de ses fiançailles, les rendent simplement destinés l’un à l’autre dans cette intimité enfin partagée qu’il voudrait voir s’étendre à l’infini. Aveugle à ce que l’avenir leur réserve comme au passé les ayant menés jusque là, Aghnar n’est plus focalisé que sur l’instant présent, sur la chaleur de sa peau sous la fraîcheur de la sienne, la douceur de ce derme sous sa paume et ses doigts. Mains pleines du sang fait couler pour les intérêts Asgeir et Monteserre se montrent aussi douces qu’elles peuvent l’être, toujours rattachées aux bras musculeux de celui qu’on a élevé à être une brute sans sentiments ni états d’âme. C’est pourtant ce à quoi le bâtard a toujours aspiré, guettant l’attention de son père avant tout, avant de se résigner à l’idée que son hybridité monstrueuse le rendait impossible à aimer. Seule Revka lui en a donné cette illusion qui persiste encore et qu’il a fui, tant pour elle que pour lui, préférant s’en tenir à cette solitude qu’il connaît le mieux et qui ne lui a jamais fait défaut.

Mais la chaleur automnale a eu raison de cette armure de glace qu’il pensait impénétrable, l’a faite fondre douze ans durant, le poussant sans cesse à renforcer ses défenses quand il ne faisait, finalement, que réaliser la dangereuse et grandissante influence que la lieutenant prenait sur lui. Jusqu’à ce soir, jusqu’à l’expression la plus sincère de tout ce qu’il a toujours rejeté toutes ces années, désir contenu, renié, qui se dévoile à la lueur des bougies environnantes en ce regard qu’il pose sur ce corps qu’il met à nu, en ces muscles roulant sous son dos aux caresses possessives de la fae.