war of hearts. (solaris)

War of hearts

1er octobre 838 - @Solaris Delsarte

Romeo avait bravé tous les interdits. Ouvrir les grilles avait été une folie. Pour être honnête, il ne s’était pas attendu à autant d’émeutiers. Aucun des Eoles – le mot d’ordre de départ, avait justement été de ne pas revivre un Beltane. Sincèrement, le Cagliesi se demandait s’ils n’avaient pas fait pire. Involontaire, ou pas, ce n’était même plus important. Les faits, c’étaient sur leurs mains avaient ouvert la grille du Palais des Mirages. Dans ses bras, Romeo serrait Solaris plus que nécessaire. Elle ne s’était pas réveillée dans la bibliothèque. S’il avait cru qu’elle avait ouvert les yeux quelques secondes, ça avait été pour mieux sombrer.

L’Illyrien ne se souvenait plus vraiment comment il était sorti de cet enfer – où combien d’hommes il avait tué, brûlé, avant de gagner les rues d’Elysium. Puis l’Eole avait fait une folie, quitte à briser toutes les règles, il s’était envolé pour parcourir plusieurs mètres. Quelques rues seulement. Un quartier traversé pour rejoindre la Potion Fleurie. Il n’y avait que cet endroit. Romeo savait que ce serait rempli de zéphyr qui lui sauteraient dessus dès son arrivée ; le Cagliesi n’avait pas envie d’être assailli avec Solaris dans les bras. Ni qu’on la voit ainsi. Mais il n’avait pas le choix. Là-bas, elle serait en sécurité. L’Eole claqua la porte derrière lui avec agressivité. Il était couvert de sang. Il s’inquiétait pour ses proches, pour Merrill, pour Edvin. Mais pire encore, son esprit était rongé par l’anxiété du corps inerte de son âme-sœur. « Alors ? La mission ? Réussie ? Vous nous avez vu ? » Les zéphyrs se jetèrent presque sur lui. Ils l’assaillirent de questions. Romeo grommela des réponses rapides avant de jouer des coudes pour se rendre dans le couloir. La voix imposante de Lilian se fit entendre derrière lui. Romeo ne prit même pas le temps de l’observer. « Lilian, apporte-moi du linge propre et tout ce que tu as dans ta trousse de secours. Si tu connais un médecin, fais-le venir, même si je dois le payer une fortune. » Mais Lilian resta hébété en regardant Solaris blessée. « MAINTENANT ! » Le hurlement fit sursauter l’Illyrien qui se mit à courir dans tous les sens pour répondre aux ordres de son Eole.

Plusieurs heures plus tard.

Romeo n’avait pas quitté le chevet de la brune. Il était inconcevable qu’il ne s’en aille ne serait-ce que de quelques mètres. Rien qu’aller dans le salon ou la cuisine lui paraissait déjà assez difficile. L’Eole du cercle sud avait tout de même prit le temps de se doucher et faire une réunion avec ses zéphyrs pour connaître l’étendu des pertes ainsi qu’un récit détaillé sur l’activité de chaque groupe. Sa gorge s’était nouée au fur et à mesure des noms qui défilaient – parfois, des noms qu’il connaissait. Puis l’Eole était venu s’effondrer dans le fauteuil trônant dans la chambre de Solaris. Une chambre dans laquelle se trouvait Solaris, allongé dans un lit douillé. Lui-même s’était assoupie jusqu’à attendre le bruit d’un coussin qui tombe sur le sol. Les yeux de Romeo s’ouvrirent précipitamment, tandis que la brune se réveillait lentement. Romeo s’approcha doucement. « Sola’ ? » Se permit-il en utilisant un surnom perdu depuis longtemps. « Est-ce que tu ressens une douleur quelque part ? » Questionna-t-il pour s’assurer que toutes ses blessures avaient été soignées. La main de l’Illyrien caressait doucement les cheveux de la brune.

War of hearts

1er octobre 838 - @Romeo Cagliesi

Ils s’aiment. C’est réel. Les souvenirs le prouvent, ils reviennent clairement.  

Pourtant elle se retrouve dans le bureau du Maître du Cirque la belle Hybride, pour venir glisser habilement du poison dans une bouteille de bourbon. Le cœur bat vite, la peur se mélange à l’excitation… Si elle réussit, elle n’aura pas tenté. Si elle le tue, alors le pacte restera intact.

Elle y croit, elle est sûre d’elle, il va boire, car il ne se doute de rien, le plan est minutieux, la l'alcool si apprécié en cadeau de la part d’un ami de confiance vu la veille, le timing, l’état d’esprit bien manipulé depuis des jours…

Alors elle se retrouve en face de l’amour pur, le mot âme sœur résonne… Celui qui ne sait rien, celui qui voit alors le rêve se transformer en cauchemar. La douleur est vive, les cris se répercutent dans la caboche endommagée, elle lutte, Solaris, suffoque, transpire, panique puis…

Se réveille. Lentement. Les larmes coulant sur ses joues, la mine figée par l’incompréhension, la perdition…

Où est elle ? Que s’est-il passé ?

Elle ne sait pas, elle ne sait plus, elle a l’impression de flotter au-dessus du lit, jusqu’à ce que le visage de Romeo apparaisse, sous ses yeux écarquillés de surprise.

« Romeo… » chuchote-t-elle comme à l'époque avant de laisser un fin sourire étirer ses lèvres sèches… « Qu’est ce… qu’il…? »

Mais le cerveau si longtemps mis en pause se remet en marche violemment. Les ailes brûlées, les échanges, les mots durs, les pensées sombres, la culpabilité, l’incompréhension, les pleurs, les étoiles, le Palais qui se fait assiéger, la bibliothèque…

Aussitôt, l’air de Solaris change. Elle devient triste l’hybride, et sent le malaise l’envahir alors qu’elle vient poser une main sur sa tête…

« J’ai pris un sacré coup je… » chuchota t-elle avant d’essayer de se relever… et de sentir le décor tourner bien trop vite à son goût. « Ouh la… c’est… »

Elle s’accroche alors à celui que son cœur réclame alors que sa conscience lui hurle de se détacher, car elle l’a blessé, traumatisé… lui a menti ? Ils ne peuvent pas être ensemble, il lui a dit, récemment, elle s'en souvient bien... Oui, elle se rappelle de leur dernier échange, des pleurs qui ont ravagé son faciès, des cauchemars qui ont suivi, de la peine qui a brisé son coeur déjà bien éprouvé...

« Comment… Comment je suis sortie de là bas… ? » arrive-t-elle finalement à articuler en se rallongeant lentement les yeux fermés.  « Et les autres… Lilian…? »  gémit-elle en allant enfouir son visage entre ses mains tremblantes.

La mission a été rude, les pertes sont là, elle le sait, elle le sent… Mais elle n’a pas l’air prête à entendre la vérité même si elle la réclame. Il faut dire que le retour de certains vieux souvenirs semble la perdre… Elle a besoin de quelques minutes pour comprendre… assimiler… et faire taire la culpabilité qui la bouffe de l’intérieur au rythme de son amour pour l'Automnal qui la consume.

War of hearts

1er octobre 838 - @Solaris Delsarte

Le réveil de Solaris ramena le Cagliesi des années en arrière. Le sourire qu’elle lui adressa fit miroir et força Romeo à lui adresser le même sourire. De ces sourires du lever du jour lorsque les souvenirs n’étaient pas encore remontés à la surface. La main de l’automnale glissa des cheveux de la brune jusqu’à sa joue, il la couvait d’un regard protecteur et amoureux – comme il ne s’était pas autorisé depuis longtemps. Mais Romeo avait failli la perdre encore une fois et les paroles de Merrill résonnaient dans ses oreilles. Cette fille est toujours en vie. Romeo avait faille la perdre et ces paroles résonnaient de plus en plus fortement. Son cœur se serra cependant parce qu’il vit dans ses prunelles que les souvenirs de la soirée remontaient dans son esprit torturé. L’Illyrien l’observait sans rien dire, en se détachant d’elle à contre-cœur pour lui donner de l’espace. Il ne manqua aucun de ses gestes ; ni la main qu’elle porta sur son visage, ni son visage triste.

Romeo se leva pour s’approcher du bureau sur lequel il avait laissé une carafe et un verre. Lentement, laissant le temps à Solaris de reprendre ses esprits, il lui servit un verre d’eau. Lilian n’avait rien dit lorsqu’il avait faire savoir qu’il resterait pour la nuit le temps que Solaris se réveille. En tant qu’Eole du Cercle Sud, il avait pourtant reçu de nombreuses demandes ignorées jusqu’à maintenant et il avait retardé à réponse à Merrill et Edvin. La femme sous ses yeux était la personne la plus importante. Romeo apporta le verre d’eau qu’il déposait sur la table de chevet avec les lèvres pincées. Les yeux de son âme-sœur s’accrochèrent aux siens et il sentit sa main sur son bras. La question qu’il redoutait tomba. Cette fois, l’Illyrien avait décidé de lui dire la vérité.

« Je t’ai trouvé. » Répondit-il d’une voix douce et rassurante. « Je suis allée au bal avec Luciana Monteserre, cette jeune femme est comme une petite sœur. Elle était proche d’Elio avant son décès, mon petit frère. » Un sourire tendre apparu sur les lèvres du Cagliesi à la pensée de Luciana même si ses yeux se chargèrent de tristesse au souvenir d’Elio et de la rixe dans laquelle il était décédé à Elysium. Une histoire que Solaris avait déjà entendue. « Tous les zéphyrs étaient chargés de rapatrier des émeutiers proches des grilles, guidés par l’Eole du Cercle du Cercle Ouest. On savait que ce serait… peut-être une soirée avec de lourds enjeux. J’étais en mission à l’intérieur avec l’Eole du Cercle Nord. Pour ouvrir les grilles. » La voix de Romeo se brisa légèrement puis il poussa un soupir. Ça n’avait pas été facile d’observer tous ces morts et tous ces blessés. La culpabilité le rongeait mais il savait, en prenant le rôle d’Eole, qu’il serait amené à faire ces choix-là un jour ou l’autre. Les prunelles de Romeo se fixèrent à nouveau vers la brune. Tout ce qu’il venait de dire était secret – des éléments qu’elle avait pu deviner mais qui étaient restés cacher à de nombreux zéphirs. « J’ai fait demi-tour quand j’ai compris que tu étais entrée dans le Palais des Mirages. Je t’ai trouvé juste avec que ces connards ne t’assomment. J’me suis chargé d’eux et je t’ai sorti de là. » Prononça-t-il entre ses dents d’un voix sifflante. Oh, il les avait égorgé et brûlé vif. Romeo était devenu fou à l’image de Solaris sur le sol. « Lilian va bien. Il y eu des pertes au sein des zéphyrs mais tes proches vont bien. » Termina-t-il finalement par la rassurer en prenant sa main dans la sienne et en faisant des mouvements du pouce pour caresser doucement sa peau avec réconfort.

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1er octobre 838 - @Romeo Cagliesi

Il conte. Il raconte, Romeo. Et Solaris se perd dans ses paroles, laissant l'esprit voguer à sa guise dans les méandres du passé... Si le prénom de Luciana fait naître un soupçon de jalouse, il est bien vite balayé par la mention d'une autre personne... Elio... Le prénom résonne, elle l'a déjà entendu... Le frère disparu... Elle s'en rappelle... Des confessions faites dans la douleur...  

Alors elle inspire, lentement, le visage figé en une expression de tristesse infinie et d'appréhensions face aux aveux... A cette mission qui lui revient en tête dans son intégralité... Une mission difficile, complexe, à la teinte carmin... Le sang a coulé, elle n'est pas dupe l'Hybride, elle ressent la culpabilité émaner de l'Éole, mais aussi sa colère lorsqu'il explique qu'il est retourné au coeur du Palais pour elle...

"La Bibliothèque..." chuchote t-elle en observant le vide.

Les livres trouvés sont restés sur place... Tout cela pour rien. Fermant les yeux en serrant la mâchoire, elle se maudit intérieurement d'avoir été si naïve, si absorbée par le besoin compulsif de ramener de quoi étoffer les connaissances Illyriennes. Cependant, elle oublie son mal quand le cas de Lilian est abordé. Il va bien. Ses proches ont survécu... mais pas tous les Zéphyrs...

Alors le coeur se serre, et Solaris se laisse tomber dans le coussin dans un énième soupir, puis attrape lentement le verre d'eau tout juste servi pour le porter délicatement à ses lèvres sèches...

"Merci..." glisse t-elle à l'attention de Romeo dans un soupir satisfait avant de le regarder, le coeur battant, la culpabilité rongeant ses entrailles... "Et toi... Est-ce que... ça va ?" ose t-elle demander en sentant sa gorge se nouer et les larmes monter.

Ils sont si proches, alors qu'ils n'ont pas... le droit, alors qu'ils se font du mal... Alors, elle finit par regarder le plafond, tout en mordillant ses lèvres nerveusement... Son cerveau se remet à tourner bien trop vite, à projeter des images du passé, tout en faisant résonner les mots récents de Romeo concernant leur lien... Tout se mélange...

"Je... me souviens de plein de choses... Tu sais... " A-t-il répondu à la question précédente ? Elle ne sait pas, elle n'a pas entendu tant elle s'est égarée en quelques secondes... "Je suis... perdue... je... suis désolée... " Elle commence à paniquer, à angoisser, alors qu'elle se retrouve alitée, et donc dans l'incapacité la plus totale de fuir. Le souffle devient saccadé, quelques larmes coulent, les voix s'entremêlent dans sa tête...

Alors, elle pose ses mains contre ses oreilles, en fermant les yeux pour essayer de retrouver un semblant de calme, faire passer la crise...

Les vieux souvenirs, cet amour puissant, le pacte non avoué, les ailes brûlées, les mots si durs, la tristesse, le Bal, la mission, les pertes, les blessures... Cela fait beaucoup... Beaucoup trop.

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1er octobre 838 - @Solaris Delsarte

Les souvenirs remontent – Romeo le voit dans le fond des prunelles de Solaris. Il ne pouvait rien faire d’autre que caresser ses cheveux, prendre sa main. Attendre que la crise passe. Attendre que l’hybride se sente mieux. Elle avait été durement touchée au Bal des Marées et ceux qui l’avaient attaqué, avaient péri d’une mort atroce même s’il avait quand même, fait en sorte d’avoir un geste clément pour éviter à l’un d’eux de brûler vif. Les lèvres de Romeo se pincèrent en une ligne fine à la vue de son âme-sœur en proie aux souvenirs de la soirée de la veille. Un profond soupir d’échappa de ses lippes puis une nouvelle question tomba. Elle venait de demander comment il se sentait – comment il… Romeo lui-même ne le savait pas. Un nœud serra sa gorge tandis que ses yeux se perdirent quelques secondes dans la contemplation du mur derrière Solaris.

L’Illyrien s’apprêta à répondre quand elle vint le couper avec une phrase qui le figea. Elle se souvenait. « Qu’est-ce que… » Commença-t-il par demander instinctivement. La panique le gagne un instant. Est-ce qu’elle se souvenait de la dispute avec son père ? Du moment où Romeo avait frappé, trop fort ? Est-ce qu’elle se souvenait avoir brisée toute sa vie pour lui ? Alors que lui n’était même pas capable d’être honnête. Qu’il n’avait pas été capable de faire propre d’honnêteté ces dernières années. Les yeux du Cagliesi tombèrent à nouveau sur la silhouette de la brune, en proie à une autre crise de panique – non. Il se refusait qu’elle retombe dans ce cauchemar à cause de lui. Romeo s’avança pour la forcer, d’un geste doux, à enlever ses mains de ses oreilles avant de les poser sur ses propres épaules pour qu’elle l’agrippe lui si elle avait besoin d’agripper quelque chose. Il engloba sa tête de ses mains pour la forcer à le fixer, à ne se focaliser que sur lui et pas sur la panique qui grimpait.

« Eh, regarde-moi. » Demanda-t-il en espérant qu’elle ouvre les yeux pour se concentrer sur ses paroles. « Regarde-moi. » Répéta-t-il en chuchotant pour ne pas l’effrayer davantage. Romeo n’avait aucune idée de ce qu’il allait dire. Il n’avait aucune idée des mots qui réussiraient à la calmer ni de ceux qui auraient un effet plus dévastateur encore. L’Illyrien avait le cœur battant, mais il ne voulait plus se défiler. Parce que Solaris était vivante et que Merrill avait eu raison. Il déglutit difficilement. « Dis-moi de quoi tu te souviens et je te dirais si c’est vrai ou si c’est faux. A chaque fois que tu penses qu’un moment te reviens en mémoire alors décris-le moi. » Même si ce moment était l’un des pires. Si Romeo n’était pas prêt à avouer, au moins, il était prêt à ne plus mentir si Solaris venait à se souvenir de la vérité. Alors il ferma les yeux à son tour en collant son front à celui de la brune et il fit ce qu’il s’était promis de ne pas faire – il déposa un baiser sur ses lèvres, léger et délicat avant de la fixer à nouveau et de se reculer. Il serait toujours là pour elle, quoiqu’il arrive – Solaris sera toujours sa priorité.

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1er octobre 838 - @Romeo Cagliesi

Il est cette lumière qui la guide dans l'obscurité, elle peut le sentir en se fiant à sa voix, en le laissant bercer par cette proximité, en acceptant le baiser qui vient sceller ses dernières pensées alors que les larmes coulent. Solaris a beau être perdue, à subir une avalanche de souvenirs brisés liés à son passé et au Bal des marées, elle reste convaincue d'être à l'origine des maux qui rendent leur lien impossible...  

Alors, elle se décide, elle ne peut plus tenir dans cette bulle d'amour qui devient une drogue bien plus forte et agréable que toutes les herbes ingérées depuis des années sans savoir pourquoi Romeo la fuit depuis son accident...

"Je... Pourquoi... Pourquoi est-ce que tu m'a toujours fui... Je... T'as dit... qu'on pouvait pas... et là... " commence t-elle maladroitement, les mains venant lentement agripper celles de l'Éole. "C'est à cause de moi hein ? Je... Tu savais pas... Pour le Pacte... Tu avais pas et... Quand..." Chaque mot est un supplice, à tel point qu'elle finit par déglutir, tremblante, incapable de laisser le reste franchir le bord de ses lèvres.

Alors, elle éclate en sanglot, en levant le visage vers le plafond comme pour essayer de fuir le regard de celui qu'elle aime tant et qu'elle a traumatisé à cause de son silence et ses cachotteries. Elle va tomber le haut, elle le pressent...

"Je me rappelle... je... me.... Le poison dans... le verre... et... J'ai cru... j'ai cru... Je suis partie... j'ai cru que j'avais réussi... Mais... Je me rappelle... De toi... et puis... ça a été horrible... " Impossible de s'arrêter, entre tristesse infinie et colère contre elle-même, Solaris réussit à baisser la tête pour se confronter au regard de son âme soeur. "Oh... Je suis... si désolée... c'est d'ma faute... c'est d'ma faute..."

Les éclats de mémoire sont clairs, elle se revoit marchant vers Roméo en pensant avoir triomphé, puis la désillusion, les flammes, l'horreur, le traumatisme... Le coeur battant, l'amour chahuté par les hurlements de terreur...

"C'est pour ça hein... Qu'on peut pas être ensemble... Hein ? " La question résonne, brise le coeur de l'Hybride aux ailes brûlées car elle est persuadée que la réponse est positive, qu'il n'y a rien d'autre pour expliquer cette sensation de jouer à un jeu dangereux avec celui que la Mère a choisi pour elle...  

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1er octobre 838 - @Solaris Delsarte

Pourquoi est-ce qu’il l’avait toujours fui ? La question, légitimité, demandait une réponse que Romeo ne se sentait pas prêt à donner. Mais à part mentir, aucun autre choix ne se présentait à lui – et Romeo ne voulait pas mentir à Solaris. A cause d’elle… Oh non, si seulement elle savait. Le cœur de l’Automnale se serra lorsqu’elle prit ses mains dans les siennes, en tentant de comprendre la situation, de comprendre la raison du rejet de l’Illyrien. Sauf qu’elle n’y était pas du tout, Romeo n’était pas en train de la rejeter. Jamais. Ils ne pouvaient pas être ensemble à cause de sa mémoire défaillante – parce que si elle s’était souvenue de tout, souvenue du rôle de Romeo concernant le coma de son père, elle l’aurait repoussé. Les sanglots de Solaris vinrent porter le coup fatal et l’Illyrien se recula de quelques centimètres, pour lui laisser de l’espace. Pour lui laisser l’occasion de mettre ses émotions en ordre. Sauf que les questions continuaient de se multiplier et ça, il le voyait dans les yeux de la brune. Elle comprenait qu’il cachait quelque chose, elle réalisait qu’il n’avait pas été sincère et ce, depuis des années maintenant – Romeo attendait le retour de bâton. C’était tout ce qu’il méritait.

Mais il ne s’attendait pas à ce qu’elle parle du poison qu’elle avait versé pour tenter de tuer et de se libérer. Ce geste à cause duquel tout s’était enchaîné si vite. De manière si dramatique. Romeo releva la tête soudainement, surpris par les mots de son âme-sœurs. Sa faute ? Non. Non. Non. Surtout pas mais qu’est-ce que… Il l’observait avait une incompréhension. Puis il réalisa qu’elle avait mal interprété ses mots. « Non ! » Dit-elle avec force, plus violemment qu’il ne l’aurait voulu. Mais de tout ce qu’elle pourrait bien croire, elle ne pouvait décidemment pas penser que c’était à cause d’elle que Romeo s’était éloigné. Parce que tant toute cette histoire, Solaris n’avait été qu’une victime. Et s’il avait été un peu plus attentif, il lui aurait donné l’occasion de se confier, de lui révéler l’existence du pacte. Mais Romeo n’avait écouté que ce qu’il avait voulu entendre. Jusqu’à commettre l’impardonnable. Un profond soupire s’échappa de ses lippes. « Tu as brisé un pacte en cherchant à te libérer. J’ai été con Solaris, très con. Parce que j’t’ai pas écouté jusqu’au bout, j’t’ai même pas donné l’occasion de vraiment de confier. » Sinon il l’aurait empêché de commettre cet acte, il aurait été lui-même faire justice. « Mais ça c’est… ensuite, quand ton pacte s’est brisé j’ai… » Les mots ne sortaient pas. Putain, les mots ne sortaient pas. Romeo avait peur. Il était tétanisé par l’anxiété de voir la déception et la colère sur le visage de Solaris.

Comment révéler un acte horrible ? Romeo en avait la tête qui tournait. Il se recula d’autant plus, posant ses coudes sur ses genoux, mettant sa tête entre ses mains, le dos voûté. Comment révéler l’inavouable ? Dans sa gorge, les paroles se coinçaient. La présence du père de Solaris dans la chambre d’à côté n’en était que plus insupportable. Il n’y avait pas que son âme-sœur, si Lilian apprenait la vérité, il irait le provoquer en duel. Ce qui signifierait qu’il clamerait la place d’Eole même si ça n’était pas son intention première. L’issue d’un tel combat ne pouvait être que la mort, à moins que l’adversaire ploie et accepte l’exil. Mais ce ne serait jamais le cas de Lilian. Ce n’était pas le moment de provoquer une rébellion au sein des zéphirs – Romeo avait une responsabilité. Un grognement sourd s’échappa des lippes de l’Illyrien. « Ton père… J’ai pas réussi à le sauver. » Oh, c’était vilain, même Romeo se mordait déjà la langue. Parce qu’il jouait sur les mots. Il n’avait pas réussi à se contrôlait, plutôt, à éviter de presque le tuer. Ses yeux se relevèrent vers Solaris se forçant à l’observer. Comme si c’était vrai.

War of hearts

1er octobre 838 - @Romeo Cagliesi

Le palpitant bat fort, les émotions agitent la pauvre âme en peine qu’est devenue Solaris. Suspendue aux lèvres de Roméo, elle attend de prendre le coup qui va l’assommer, briser son coeur et ce qui reste de son âme écorchée…

Et pourtant, contre toute attente, déjouant les pronostics de celle qui réfléchit toujours trop, l’amour de sa vie vient faire voler en éclat ses sombres pensées. Il ne lui en veut pas. Pas le moins du monde. Et cela plonge l’hybride dans l'incompréhension. Complètement perdue, elle se met à cligner des yeux, tentant de parler, d’articuler un mot, mais en vain… Il sait. Pour le pacte brisé, pour la tentative de fuite…

Alors quoi ? Qu’est ce qu’il s’est passé ?  

La question bouffe la Zéphyr qui arrive cependant à rester silencieuse face à son âme sœur complètement… paniquée ? Les signes ne trompent pas, le sens de l’observation de Solaris a beau être impacté par son état, elle n’est pas dupe et comprend rapidement qu’il se sent mal… Mais avant d’essayer d’imaginer ce qu’il s’est passé une fois ses ailes en feu, elle est prise au dépourvu par un aveu, aussi douloureux qu’étrange…

“Mon… père ? “  La tête se penche un peu, l’air dérouté, elle ne sait plus quoi penser pendant quelques secondes tant elle n’a jamais imaginé une seule seconde que le malaise pouvait être lié à son paternel. Alors, elle reste là, à observer Roméo qui semble au bord du malaise… “Comment tu aurais pu le sauver ? Je… J’comprends pas ?” articule t-elle lentement avant de perdre son regard dans le vide.

L’heure de la réflexion, du voyage dans le temps à travers les souvenirs tachés par des ombres… Elle se souvient du poison, du voyage, de lui… et de la douleur avant de… sombrer. Mais le visage de son père, lui, semble flou… À croire qu’elle n’arrive pas à situer son arrivée dans le temps… Et puis… Si Roméo a bien été présent à ce moment-là… Pourquoi n’a pas t-il pas été son sauveur ?

Lilian a bien dit que c’était lui qui les avait trouvés…. Sans parler de l’Automnal…  

“Tu… étais là pourtant… Je… Pourquoi c’est pas toi qui … ? Et… Pourquoi mon père… ?” s'emmêle-t-elle avant de poser lentement ses mains sur ses tempes, la migraine devenant trop forte d’un coup… “Je… mélange tout… J’ai pris… un sacré coup…” finit-elle par dire avant de caresser la plaie refermée qu’elle avait à l’arrière du crâne… “Je t’ai blessé ce jour-là ?”

La seule explication, pour elle… A t-elle été en transe au point de les agresser ? Ont-ils combattu tous ensemble pour tenter de la maîtriser ?

Et si depuis le début, tout était… de sa faute à elle ?  

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1er octobre 838 - @Solaris Delsarte

Solaris écoutait la moindre de ses paroles. Romeo savait que tout serait analysé, qu’à chaque mot supplémentaire il risquait le souvenir de ce jour dramatique. Le moment particulier où tout avait basculé. L’Illyrien serrait les dents, parce qu’il avait peur. Une panique s’emparait de son être à l’idée que l’hybride se souvienne. Paradoxalement, c’était son plus grand souhait. Que la mémoire de son âme-sœur redevienne comme avant. Qu’elle puisse se sentir entière à nouveau. Parce que Romeo détestait voir une telle souffrance sur son visage à chaque fois que des bribes de souvenirs réapparaissaient. C’était brutal – ça le serait pour de nombreuses personnes.

L’Illyrien pinça ses lèvres lorsqu’elle répéta ses paroles. Lorsqu’elle demanda davantage d’explications concernant ce père qui était dans le coma dans la pièce d’à côté. Le Cagliesi ne répondit pas immédiatement. Solaris ne comprendrait pas tant que la vérité n’était pas avouée. Mais Romeo était encore trop lâche, trop craintif de la perdre. Trop honteux de ses actes. Avec un soupir de frustration, il se leva en passant ses mains dans ses cheveux – il était souvent décoiffé ces derniers jours. L’Illyrien se mit à tourner en rond dans la chambre. S’activer, même en faisant quelques pas, l’aidait à se concentrer. Il approuva de la tête les prochaines paroles de son âme-sœur. Oui, il avait été présent. Puis il prit l’arête de son nez entre ses doigts, parce que Solaris mélangeait tout encore une fois – comment lui en vouloir ? Doucement, il vint se rassoir à ses côtés. « Non. » Romeo prit la main de l’hybride avec un geste tendre. « Tu ne m’as pas blessée. Tu ne m’as jamais fait de mal, Solaris. » Sa voix se mit à vibrer légèrement sous le poids de la culpabilité. « C’est le contraire… C’est moi qui suis dangereux pour toi. Pour des tonnes de raisons. La Communauté d’Arvandor s’attend certainement à ce que j’épouse une Illyrienne. » Il était un Cagliesi. Même chez les Illyriens, même à l’Automne ; certaines valeurs restaient ancrées. La Cour de l’Automne, tout comme les Communautés Illyriennes qui s’y trouvaient étaient évidemment plus ouvertes qu’ailleurs mais le nom de famille de Romeo était un poids. Son propre père avait abandonné ses premiers enfants, sa demi-sœur et son demi-frère – un secret découvert quelques semaines auparavant à peine. « Tu ne voudrais pas avoir à te battre en duel, non ? » Rigola-t-il, amusé d’imaginer Solaris se battre, pour lui. « Je suis également un Éole. » Et ça, c’était réellement dangereux. « Tu deviendrais une cible. Si je suis attrapé un jour, tu pourrais être accusée de complicité. » Et ça, c’était inconcevable. « Et… il y a… » Sa voix devenait de plus en plus rauque, parce que sa langue allait enfin se délier ; avec un brin de courage, ou de stupidité. « Le jour de ton accident, j’ai… » La porte s’ouvrit à la volée.

Romeo en resta bouche-bée. C’était le père de Solaris. L’homme venait de se réveiller. De sortir d’un coma de plusieurs années – ses yeux semblaient fous. L’Illyrien se leva précipitamment en lâchant la main de son âme-sœur et il manqua de renverser sa chaise au passage. « Romeo Cagliesi. » Furent les premières paroles de celui qui aurait pu être son beau-père. Oh merde. Est-ce qu’il se souvenait ? Bordel. Les yeux de l’Illyrien fixaient la silhouette imposante de l’Illyrien. Le silence venait de s’imposer dans la pièce tant la tension était palpable. Romeo se racla la gorge. « Hm… Solaris est amnésique depuis l’accident. » Il aurait pu sortir n’importe quelle autre phrase. Mais ce fut celle-ci qu’il prononça en premier, avec l’infime espoir que l’homme face à lui ne se souvenait et que, si par malheur il se souvenait, il serait assez indulgent pour ne pas rappeler à sa fille ce que Romeo avait fait.

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1er octobre 838 - @Romeo Cagliesi

Est-ce bien la vérité qui sort difficilement de la bouche de Romeo ? Si les gestes sont tendres et la voix fébrile, Solaris n'arrive à savoir si son âme soeur dit vrai tant sa mémoire lui fait encore défaut au point de nourrir l'étrange sensation qui la dérange au creux de ses entrailles.

Pourtant, tout fait sens... L'Hybride sait qu'il a des responsabilités sur le dos, qu'il se trouve être son Éole et qu'une relation ouvertement dévoilée serait compliquée à gérer. Le mariage défini, cette histoire de duel, tout se mélange alors dans son esprit alors qu'elle s'imagine en train d'étriper une pimbêche pour l'honneur de son coeur.

Parce qu'elle est prête à le faire, pour lui, parce que les sentiments qu'elle éprouve se renforcent à chaque seconde qui passe, chaque éclat de souvenir qui lui revient...

Alors, lorsqu'il commence à articuler des mots pour mentionner ce fameux jour, la blessée aux ailes disparues se redresse, le regard perdu sur les lèvres qu'elle rêve d'embrasser... jusqu'au moment où la porte s'ouvre à la volée pour laisser entrevoir...

Son père.

L'image est aussi brutale qu'incroyable, la poussant à croire qu'elle nage en plein rêve et qu'elle ne s'est jamais réveillée face à l'Automnal dont elle est éprise. D'autant plus que les seuls mots qui sortent de la bouche du réveillé concerne ce dernier... C'est... totalement absurde...

"Qu'est.. ce que... ?" balbutie t-elle, tremblante, sentant les larmes monter, n'entendant même pas les mots de Romeo tant elle est concentrée sur l'homme qui scande toujours les mêmes mots. "Il va... tomber... IL VA TOMBER !" s'emporte t-elle, la voix éraillée, en voyant les jambes de son père trembler, contre coup du réveil brutal...  

Et Léon finit par s'effondrer, comme une poupée de chiffon qui décide de retourner à son état naturel. Craignant le pire, Solaris réussit à s'extirper de son lit, titubant un peu avant de s'affaler au sol, aux côtés de celui qui semble toujours conscient mais complètement perdu. Les yeux à moitié fermé, l'Illyrien continue de marmonner la même chose... "Rom-eo... Caglie-si... Ro... meo... Ca... glie...si..." ce qui pousse l'hybride à adresser un regard rempli d'incompréhension à son âme soeur qui semble avoir une place aussi importante dans son coeur que dans l'esprit de son père malade...

Pourquoi a t-elle la sérieuse impression que la partie la plus importante du puzzle lui manque ?