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The last dance // Lazar

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Neréis Taellim
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Neréis Taellim
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Statut civil : °° Libre comme le vent °°
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The last dance
@Lazar Kozlov — Octobre 838


J’avais mis quelques jours à me remettre de mes blessures suite à tout ce qu’il s’était passé le soir du Bal de l’horreur… Pourtant, j’avais l’esprit encore un peu perdu, certains cauchemars étaient revenus pour mettre en scène Nehtë que je n’arrivais jamais à sauver…. Même si je lui avais écrit, même si j’avais été rassurée depuis… mon cerveau n’arrivait pas à assimiler que nous étions en vie, que même mes amis s’en étaient sortis,  en dépit des pertes assez importantes déplorées.  

Un coup de chance, ou pas… Je ne savais pas quoi penser de tout ça, mais une chose était sûre. Si je devais mourir d’un moment à un autre, je ne pouvais pas quitter ce monde pourri sans avoir mis les choses au point avec celui que la Mère maudite avait choisi pour moi. A savoir, un certain Nocturne que je fuyais littéralement depuis de nombreuses semaines maintenant.  

Alors j’avais réussi à lui écrire pour lui donner rendez-vous dans un bar du côté de Velaris, seul lieu où je me sentais en sécurité pour y avoir souvent retrouvé Dana pour parler des heures en sirotant des cocktails et picorant des cochonneries.  

Vêtue aux couleurs de l’été, des bijoux dorés dans mes cheveux tressés, j’avais pris le chemin de la Nuit, non sans soupirer et m’énerver en imaginant des retrouvailles dont je n’avais jamais voulu pour éviter de souffrir.  Je devais être concise, faire vite, déballer mon sac pour tourner définitivement cette page de ma vie et penser à autre chose, ou du moins, tenter un maximum.  

Servez-moi un truc avec plein de couleurs, sans alcool et mettez des petites choses qui croustillent avec des oignons. Merci !” demandai-je alors au bar en disposant une bourse d’aeskells avant d’aller me poser dans un coin de la pièce, au niveau d’une table pour deux qui n’attendait plus que le deuxième protagoniste de la soirée.

Il ne manquait plus que Lazar Kozlov pour lancer une dernière partie, une ultime joute verbale qui allait être, sans nul doute, aussi révélatrice que… sanglante, aussi violente que déstabilisante...

Pour nous deux.



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"La vraie liberté, c’est de pouvoir repousser très loin les limites de sa liberté.”"

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Lazar Kozlov
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Lazar Kozlov
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Âge : les (CINQUANTE) ans passés qui respirent sa jeunesse 52 ans
Race : grand (FAE) fier et orgueilleux de sa condition
Cour : au sein de la (COUR DE LA NUIT), divine et splendide.
Résidence : (VELARIS), la cité lumineuse, quand il n'est pas ailleurs à la recherche d'oeuvre d'art
Occupation : (NEGOCIATEUR EN ART) pour sa famille, malheureusement aux côtés de sa soeur.
Statut social : famille (BOURGEOISE) qui perd peu à peu pied.
Statut civil : (CELIBATAIRE) obnubilé par son ancien amant et la femme de sa vie, mais seul.
Orientation sexuelle : (PANSEXUEL) tous les corps l'attirent et son coeur s'éprend de la personne qui saura le toucher.
Âme sœur : il faut faire face à la réalité, c'est (NERÉIS) et c'est compliqué.

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The last dance
@Neréis Taellim — Octobre 838

Le papier, plié en millions de morceaux, était arrivé dans mes mains sans que je n'arrive à comprendre pourquoi maintenant. Elle n'avait pas déjà obtenu tout ce qu'elle voulait ? Je la laissais tranquille depuis des mois, je ne m'étais pas manifesté, je m'étais éclipsée à la fin du kidnapping, je n'avais plus jamais cherché à aller la voir. Elle me détestait, pire même, elle me méprisais. Notre lien d'âme-soeur ne valait rien pour elle, je l'avais brisé pour nous deux, ne suffisant pas.

Alors ce mot me faisait peur, parce qu'elle ne voulait pas me déclarer son amour, mais appuyer sur notre histoire pour y foutre ce putain de point final. Je le savais déjà qu'elle ne voulait plus de moi, et ces imbéciles de Sacha et Dana m'avaient fait espérer pour rien, elles m'avaient fait miroiter une possibilité, une envie de me battre peut être, pour une histoire déjà consumée.

Pourtant, j'y étais allé dans ce bar, rassemblant le peu de courage qu'il me restait, espérant réussir à ne pas craquer et péter un câble avant la fin. Ni pleurer. Ce qui était fortement possible ça aussi. Devant le bar, donc, j'attendais que ce fameux courage vienne me porter, mais comme il n'en était rien, je pousse la porte en tenant à peine sur mes jambes.

Ma cheville est toujours fragile, mais l'attelle qui m'empêche de me faire plus mal me soutenait bien. Et j'avais quasiment recouvré toute ma vue après l'éblouissement reçu pendant le bal des marées. Au moins, je n'avais pas été gravement blessé contrairement à d'autre, je n'avais aucune raison de me plaindre.

« Bonjour, » commençai-je, mettant de la distance, comme elle l'avait demandé. Je n'avais même pas assez d'énergie pour jouer avec les mots et être mesquins, j'étais juste poli, chose qui devrait la surprendre. « Je suis venu comme demandé. » Je m'assois sur la chaise, accompagné d'un verre d'eau que j'ai récupéré au bar un peu plus tôt. Boire, ce sera pour plus tard, là, il me faut les idées claires.


Neréis Taellim
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@Lazar Kozlov — Octobre 838



Tout avait changé.

La vue de Lazar aurait réussi à m'exaspérer tout en venant me rendre euphorique il y a encore quelques mois... Mais là, c'était différent. Si le bar était l'environnement qui avait vu naître une rencontre, nous étions bien différents, pour ne pas dire, des inconnus, des âmes qui avait été bien trop éprouvées en plus d'une année pour se reconnaître.

J'étais là, à siroter un cockail sans une goutte d'alcool, et le fameux nocturne lui, décida de se pointer à la table avec un verre d'eau. Sacrée coup de massue pour une vision qui m'aurait fait rire comme une démente à l'époque... Sincèrement ? On était tombés... si bas ? Ou avait-on traversé une faille temporelle pour finir dans la peau de clones ennuyeux qui n'avaient pas le droit de rire ?

Lâchant un long soupir après un "Salut" glissé sans aucune émotion, je tapotai alors la table nerveusement avec mes ongles, incapable de lâcher un mot de plus... Il fallait dire que le fait d'avoir l'impression de voir une loque sans vie dans un état déplorable venait me fendre le coeur.

Pourtant, je ne devais pas m'attarder là dessus. Ou encore poser des questions. Il avait du prendre cher durant le Bal, comme beaucoup... comme moi...  Et il était impératif de faire taire ma curiosité pour l'instant, car j'avais un sac à vider. Et pas des moindres.

" Ok d'accord. J'vais faire concis, rapide, histoire de ne pas te faire perdre plus de temps." lançai-je, entre désespoir et agacement, pour briser le silence qui avait osé s'installer. "Tu m'écoutes, ne m'coupes pas, et après, j'te laisse faire c'que tu veux, dire c'que tu veux, te barrer, bref..." énumérai-je en levant mes doigts à chaque possibilité avant de soupirer brusquement.

Il était temps. Je n'avais pas arrêté de me passer mon monologue en boucle comme une bonne élève. Mais voilà... Face à l'âme soeur, je perdais mes moyens, mon éloquence bien cadrée... pour me lancer dans un récit à ma sauce, avec mes mots, mon langage, mes émotions.  

"Bon, j'vais commencer depuis l'début, parce que je sais que j't'ai pas contacté après fin janvier, pour la simple et bonne raison que j'ai été clouée au lit pendant plus d'un mois. J'ai cru que j'allais crever, et en plus, à cause de ce putain de Diurne, j'arrivais plus à sortir d'mon trou. Alors, quand j'ai appris la nouvelle, j'me suis sentie con, trop en retard, et j'savais plus quoi faire. " avouai-je d'abord la voix tremblante avant de me reprendre malgré les grimaces qui venaient donner vie à mes mots. "Et après, t'es v'enu, j'voulais qu'on s'parle puis... on s'est fait enlevés et là... " Je fermai les yeux, un court instant, puis serrai les poings... "J'pouvais pas faire comme si... J'ai dû... Jouer la sale connasse qui en avait rien à foutre de toi parce que t'étais... dans l'mal... Tellement dans l'mal que... On s'rait morts si j'avais pas fait ça. Et j'pouvais pas revenir en arrière parce que sinon, ça allait faire foirer mon plan et... on s'rait morts encore une fois. J'ai vu c'que ça donnait la perte d'une âme soeur sur celle qui reste, et j'voulais pas vivre ça. Il en était hors de question. J'préfèrais que tu me détestes que d'te savoir mort. ." La douleur dans la voix, les larmes brulant mes yeux, je poursuivis, bien déterminée à finir ce que j'avais commencé. "J'l'ai dit à Sacha, elle m'a dit d'te dire la vérité, j'ai pas voulu. Puis après, il s'est passé des trucs, qui ont fait que je ne voulais plus de contact." Hestia Kozlov en tête d'affiche, mais je ne souhaitais pas l'éclairer sur ça quand bien même ça me démangeait... "Mais il y a eu le Bal, et j'ai pas été... agréable, et puis... Dana, je lui ai promis de venir te voir... parce qu'on avait parlé... " La fin était décousue, mais assez claire pour permettre à mon esprit de se sentir plus léger... ou presque... "J'suis désolée. Sincèrement. J'voulais que tu l'saches."

Plus de sarcasmes ou de mimiques exagérées pour accompagner mes paroles... Je pensais fortement mes excuses parce que même si je ne souhaitais plus entendre parler de la famille Kozlov à cause de l'Émeraude qui avait osé nous faire un coup en traitre, lui... n'y était pour rien.  

Lazar était un dommage collatéral, le prix à payer pour avoir merdé au sein de la Guilde... Le prix fort.


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@Neréis Taellim — Octobre 838

Qu'est-ce que je peux dire de plus qu'un signe de tête mettant que je comprends et j'accepte ? Je n'ai pas le choix, Neréis commande. Je m'adosse sur ma chaise, sentant la migraine venir. Elle n'est pas tendre, Neréis, et je ne sais pas encore de quels maux et elle va m'affliger. Je ne sais pas ce qu'elle peut dire de plus que ce que je sais déjà : c'est fini.

Alors j'écoute, vraiment. Je la laisse parler, comme elle l'a demandé et j'attends mon tour. Mais la discussion ne prend pas le tour prévu. Si elle ne m'a pas contacté en janvier c'était parce qu'elle était malade, mal au point de ne pas quitter son lit. Mes lettres sont restées sont réponses, mais peut être parce qu'elles ne lui sont pas parvenues ? Je me sens coupable d'un coup, j'aurai du en faire plus et plus tôt. Pourquoi Dana ne m'a-t-elle pas prévenu ? Puis je me rappelle pourquoi : à l'époque, Dana ne savait pas encore ce que je ressentais. Idiot que j'étais !

Vient le sujet sensible et encore une fois, toutes ces révélations tombent violemment dans mon crâne. Je n'avais deviné aucun de ses mots, je n'avais pas compris sa résolution, sa volonté derrière. Je me suis fait avoir comme un bleu, tellement persuadé que tout le monde ne pouvait que m'abandonner que je ne pouvais pas saisir qu'elle me retournait le cerveau pour survivre. Sacha était au courant, et elle n'a rien dit. Sacha savait et elle s'est plutôt occupée à se foutre de ma gueule. Putain. Dana le savait aussi ? Je me repasse en tête tous ces moments. Je ne comprends plus.

Ses dernières excuses tombent mal, je serre les dents, tentant vainement de retenir ma colère. Mon coeur bat à tout rompre. J'écarquille les yeux et tente de me calmer. « Et je suis censé te croire là ? » Bien sûr que je la crois, je le sens au fond de lui cet espoir qui monte. Elle m'aime, suffisamment pour me briser le coeur, mais me garder en vie. Enfin, elle ne me veut pas mort. Est-ce vraiment de l'amour ? Je bois une gorgée de mon verre. « Je, Neréis, c'est pas évident à tout encaisser là. » Est-ce que je parle pour gagner du temps ? Sûrement. « C'est à dire que ... j'ai du mal à admettre m'être fait trompé sur toute la ligne, du mal à comprendre que tu aies si bien joué le désintérêt, voire le dégoût total. Je te jure que ce putain de jour-là, j'ai compris que c'était vrai. J'y ai cru. Parce que... »  Les mots de Dana me reviennent en tête se battre pour elle, est-ce je dois me battre ? « Parce que bon sang, tu m'as brisé Neréis, j'avais plus goût à rien, pendant des mois. Et le kidnapping a été un moment terrible, affreux, j'en fais encore des cauchemars, mais ce n'était pas ça qui m'empêchait de me lever. C'était d'avoir espéré, d'avoir offert mon coeur une fois de plus, d'avoir cru en toi et en l'amour. Et puis.. t'as tout balayé si aisément. C'était mieux de perdre l'envie de vivre que de mourir c'est ça ? Pour moi, c'était pareil, si je ne suis pas passé à l'acte, c'est parce qu'Hestia était là à me tenir la main et me pousser. » Des mois ont passé, mais je n'ai toujours pas retrouvé pleinement la joie de vivre. Mon masque est encore plus enfoncé sur mon visage, je souris par réflexe, mais mon coeur semble mort depuis si longtemps. J'en suis venu à espérer de nouveau une histoire avec Hayat tellement j'avais besoin d'un moteur pour avancer. Qu'est-ce qui ne va pas chez moi ? « Et là, c'est quoi le programme ? Tu me dis ça pour t'excuser ? Pour que TOI tu ailles mieux c'est ça ? Pour ne plus avoir de culpabilité ? Mais t'en a rien à faire de moi, putain, tu veux rien d'histoire avec moi, tu veux t'excuser et te barrer. » La colère remonte doucement, mais elle va finir par exploser d'un coup. Comment elle peut penser que ces mots terribles vont tout arranger ?
Neréis Taellim
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@Lazar Kozlov — Octobre 838



À mon tour de me taire et d’écouter, sans bouger, sans ouvrir ma grande bouche d’estivale car il avait respecté ma demande en encaissant chacune de mes paroles. Alors lorsque Lazar se mit à douter, à remettre en question tout ce que je venais de dire, je serrai les poings et pinçai mes lèvres pour éviter de répondre des conneries sous le coup de l’émotion.

Parce que le Nocturne avait bien des raisons de ne pas me croire, je n’avais cessé de mentir, de fuir, de cacher certaines informations me concernant pour protéger cette putain de Guilde qui commençait à m’angoisser plus qu’autre chose. Alors, je restai là, à subir, parce que je le méritais clairement…. Je l’avais brisé… Un sort bien plus horrible que la mort de son point de vue… J’avais joué à un jeu dangereux face à une personne qui, tout comme moi, avait clairement du mal avec le mot “amour”.

Alors, je sentais les larmes monter, lentement, au rythme des brisures qui venaient fissurer mon cœur à la vue d’une âme sœur en détresse. Bordel, j’allais me mettre à chialer, à m’effondrer, en repensant à ce cauchemar où j’avais cru le voir mourir, à ce choix idiot mais nécessaire pour nous garder en vie… J’avais envie de prendre sa main, quitte à me faire refouler…  

Mais au moment d’agir, un prénom sortit de sa bouche, un prénom que j’avais réussi à ignorer volontairement, parce qu’y penser signifiait la faire exister.


c'est parce qu'Hestia était là à me tenir la main et me pousser.

J’avais levé les yeux au ciel à presque m’en faire un claquage à la rétine avant de papillonner comme une idiote qui avait mal compris ce qu’elle venait d’entendre. Le palpitant en détresse se glaça, et mon visage se ferma, pour ne laisser que l’incompréhension et l’agacement tirer mes traits. Mes oreilles se mirent à bourdonner… Oh les mots entraient, puis ressortaient, sans réussir à susciter ne serait-ce qu’une autre émotion.  Elle montait, la rage aussi douce qu’empoisonnée, elle me faisait frissonner d’horreur…

Attends, arrête moi si j’dis une connerie mais…tu m’as dit…  “ repris-je alors, le ton sarcastique, un sourire faux sur les lèvres. “Nyah nyah nyah, tu ferais mieux d’pas traîner avec Hestia…” Le geste était théâtral, l’air ironique, alors que je marquai une pause pour humidifier mon gosier. “On parle d’la même nana ou j’ai loupé un épisode en fait ?” Question qui n’avait pas besoin de réponse, car je la connaissais déjà. Alors, un rire sans aucune profondeur sortit de ma bouche. “ Fais c’que j’dis mais pas c’que j’fais hein ?

J’étais déçue. Déçue de voir que beaucoup trop de choses avaient changé ces derniers temps, déçue de comprendre que plus rien ne serait jamais comme avant… Le Nocturne était-il au courant des actes de sa cadette ? Cautionnait-il ? Le manipulait-elle comme elle l’avait fait avec la Guilde ?

Laisse tomber en fait. T’as raison.” Le constat tomba, implacable, alors que je vidai mon verre d’une traite pour le reposer avec une certaine violence sur la table. “J’suis une menteuse, une voleuse, une putain d’égoïste qui n’y connait tellement rien à l’amour que j’ai littéralement fait d’la merde du début jusqu’à la fin, une sale nana qui veut juste se sentir mieux et vider son sac !” m’énervai-je entre mes dents serrées et le souffle court, avant de jeter un oeil aux alentours et de reprendre en tentant de baisser d'un ton. “ Je suis la caaaaause de toooous tes malheuuurs, je suis même sûre d’être presque celle qui est indirectement à l’origine de l’incendie qui a ravagé ta maison !” lançai-je avec rage en approchant mon visage du sien pour le lui dire en face. “D’ailleurs, ça va dans la nouvelle ? L’confort est bon ? Pas d’question sur le pourquoi du comment ? Stop. Je devais m’arrêter. Tout allait aller beaucoup trop loin si d’autres mots sortaient de ma bouche pour continuer ce petit jeu dangereux. “J’arrête, c’est n’importe quoi. J’me casse. T’avais raison. Comme toujours.” finis-je par dire faussement amusée, enragée, un peu perdue, sentant les larmes monter.  

Alors, je bougeai ma tête frénétiquement, tout en reculant vers la sortie, consciente que j’allais devoir courir vers un portail une fois la porte passée en faisant en sorte de ne pas me vautrer tellement j'avais me mettre à sangloter comme une pauvre sotte en colère et brisée. Oh... J’avais dépassé les bornes, au point de regretter d’être liée à cette organisation dont je ne pouvais pas parler et qui m'entraînais vers le fond.


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@Neréis Taellim — Octobre 838

J'ai essayé d'être raisonnable, essayer de la comprendre, de l'entendre, j'ai tenté de faire ce qu'il fallait, mais c'était trop dur et la colère a pris le dessus. Plus tard, quand je songerai à cette conversation, peut être que j'aurai des regrets, à cet instant précis, j'en ai aucun. J'ai dit ce que j'avais à dire, parce que je suis blessé.

Mais elle, oh par la Mère, c'est un tsunami, une tempête qui balaye tout sur son passage. Neréis en colère c'est violent, ça fait s'envoler les moindres petites pensées qui restaient accrochées et mon coeur est balloté au gré de ses mots.

« Mais ! » J'essaie de la couper, de lui expliquer que par les tétons de Sanja, Hestia est ma soeur. Bien sûr qu'elle est dangereuse pour elle, bien sûr nos liens sont complexes, mais elle est ma soeur. Neréis ne ferait-elle pas tout pour ses frères ? Elle s'est fiancé bon sang, fiancé pour qu'ils cessent de lui en parler. Et ... voilà qu'elle lui reproche ça ? « C'est ma... » Il ne peut rien dire de plus, elle le fusille du regard, elle parle, sans hurler, mais ces mots sont pires qu'un vent violent. J'oublie qu'on est au sein d'un bar, j'ai l'impression d'être ailleurs, loin de tout. Mes mains tremblent et sont moites, mon coeur bat trop vite, mes lèvres sont sèches.

« Mais tu débloques ! Calme-toi. » Il n'y a rien de pire à dire, je sais que c'est nul, mais là, devant sa colère, sa rage, je suis éberlué. Je n'ai plus pied. Elle se lève. Elle veut partir, je ne peux pas la laisser s'enfuir. J'ai besoin de réponse, moi aussi. Je l'attrape par la main, la force à se tourner vers moi, je m'en fiche de la scène qu'on est en train d'offrir. « Neréis, attend ! Bordel, mais j'ai pas le droit d'être en colère moi aussi ? Bien sûr qu'on a des torts, tous les deux, putain, on est foirés, blessés, brisés, mais moi, ce que je voulais, c'était être ensemble, c'était essayer. Et tu as passé ton temps à me repousser. » Il souffle, mais ne la lâche pas. « OK j'ai merdé, ok j'ai fermé les yeux sur ce que je ne voulais pas voir, ok je suis un idiot fini, mais putain, Neréis, tu peux pas me lâcher ça et attendre que je te prenne dans les bras ! Tu te rends compte que tu me dis à demi-mot qu'en fait, tu tiens à moi, puis tu replies tout ? Tu voulais te barrer, tu voulais pas... » Une main se pose sur mon bras, je sursaute et me retourne. Merde, le bar. Les gens. La scène. Je baisse le ton. « Neréis, s'il te plaît. » Je veux parler encore avec elle, je ne veux pas que ce soit la fin. « J'ai merdé, j'ai putain de grave merdé. Mais ça ne peut pas être la dernière fois qu'on se voit. » Mon coeur n'y survivrait pas. Terminer cette rencontre par une scène en de ménage devant des poivrots ? Merci mais non. Ma main est toujours posée sur elle, je suis incapable de la lâcher, incapable de m'en aller, incapable de la laisser partir. « T'es pas la cause de tous mes maux. » soufflai-je, la colère retombée.
Neréis Taellim
Grand·e Fae de l'Été
Neréis Taellim
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Cour : °° Summer Court °°
Résidence : °° Navire Familial au large d'Adriata°°
Occupation : °° Commerciale pour sa famille - Rubis de la Guilde Ars longa, Vita brevis.°°
Statut social : °° Fille d'un Comte de l'Été °°
Statut civil : °° Libre comme le vent °°
Orientation sexuelle : °° La beauté est partout °°
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The last dance
@Lazar Kozlov — Octobre 838



Je venais de me donner en spectacle, refusant d’être coupée, pestant comme une nana qui passait sans doute pour la jalouse de service étant donné que je m’étais emportée à cause d'un prénom féminin. Et en réalité… Je n’en avais plus rien à foutre. Je ne pensais plus qu’à fuir la taverne, la Nuit, tout le continent presque pour ne plus avoir à m’expliquer davantage sur ce qui m’avait poussée à agir comme une conne.

Mais voilà que Lazar me rattrapa, à ma grande surprise étant donné que je le considérais comme un couard depuis belles lurettes. Alors, mes yeux s’écarquillèrent, et je restai… figée, obligée de l’écouter, prenant une claque mentale qui vint me ramener à la réalité.

Nous étions tous les deux brisés, éprouvés, on avait clairement été malmenés par la vie ces derniers temps, ensemble ou bien séparément et si la rage me grignotait les tripes, lui aussi avait le droit d’exploser…  Alors confuse, je clignai des yeux, en reniflant, sans oser le regarder de peur d’être trop agressive dans ma façon de le contempler… Il voulait parler. Il me le demandait gentiment. De sa putain de voix de charmeur qui me rappelait celui que j’avais connu et non celui qu’il était devenu aux côtés de sa sauveuse en carton.

Balayant du regard la salle concentrée sur nous comme si nous étions sur les planches d’un théâtre, je déglutis, puis m’éclaircis la gorge avant de me tourner vers Lazar, un immense sourire sur les lèvres, une fausse joie resplendissant sur mon visage.

Il était l'heure de faire tomber le rideau avant de lancer le deuxième acte.

Oui, tu as raison, je… Je crois que je sais comment nous pouvons nous réconcilier.” lançai-je alors en habile menteuse, en jouant le rôle de la petite dame qui avait bien envie de mettre la parole de côté au profit de la danse des corps sous les draps.

Alors, j’adressai un clin d’oeil à Lazar, toujours aussi enjouée pour tenir mon rôle, puis, emprisonnai sa main fortement dans la mienne pour l’entraîner avec moi vers le comptoir.

Hé ! Un chambre un peu isolée, ça l’fait avec la bourse donnée pour payer bien trop d’boissons qui ne s’ront pas consommées ?” La voix fluette, et un peu trop excitée, je tentais le tout pour le tout.
Eh… bien tenez….” souffla le type un peu paumé avant de me filer des clés.
Ohhhh merci bien !” chantai-je avant de faire route vers le couloir, puis l’escalier, pour atteindre la chambre numéro huit.

Gardant mon rôle jusqu’au bout, je dévérouillai la porte puis entrai en vitesse pour venir la refermer sur nos pas. Ayant terminé mon petit jeu, je fis donc disparaître l’odieux masque du mensonge que j’avais pris soin de revêtir pour réussir à trouver un lieu… tranquille et à la fois fréquenté pour me sentir en sécurité. Lâchant alors la main de Lazar que j’avais agrippé bien trop longtemps pour mon petit coeur fragile et paumé, j’allai poser mes fesses sur le rebord de la fenêtre qui donnait sur la rue qui bordait l’Auberge.  

Pas d’spectateur, c’est mieux non au cas où on voudrait s’engueuler comme des putois ou s’envoyer en l’air comme des cons ?” lançai-je blasé, avant de perdre mon regard sur l’extérieur, les bras croisés. Par où commencer ? Maintenant que j’étais calmée… J’étais prête à parler de façon beaucoup plus… intelligente. Ou du moins je l’espérais. “En fait, t’sais quoi… J’crois qu’on s’connait pas…” déplorai-je, dans un énième soupir avant d’apporter certaines précisions… “C’est ça l’truc. On s’est pas rencontrés au bon moment. Ou… on n’aurait même pas dû s’rencontrer tout court j’crois…” déplorai-je la gorgée serrée, le ton plein de regrets et de remords, avant de réussir afin à me tourner vers lui. “ Tu m’connais pas… Et l’truc c’est pas que j’veux pas t’parler, c’est que j’peux pas… J’suis pas quelqu’un d’bien.

Je le pensais, parce que j’étais une vraie merde en amour et que j’avais pas réussi à concilier ces sentiments nouveaux et ma vie trépidante, parce que j’avais menti, fait des choix à la con pour que ça me revienne en pleine face avec violence, parce que j’étais traumatisée, en plein doute sur mes choix, mes envies, mes obligations…

Putain, pourquoi est-ce que je ne m’étais pas tirée au moment où j'en avais eu l'occasion... ?



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"La vraie liberté, c’est de pouvoir repousser très loin les limites de sa liberté.”"

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Lazar Kozlov
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Comptes : (NATHANIEL ZAHER) le diurne, (CASSANDRA WINTELL) la noble printannière
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Contents : abandon d'enfant, démons.
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Pronom : il ne s'est jamais considéré autrement que comme un (IL)
Âge : les (CINQUANTE) ans passés qui respirent sa jeunesse 52 ans
Race : grand (FAE) fier et orgueilleux de sa condition
Cour : au sein de la (COUR DE LA NUIT), divine et splendide.
Résidence : (VELARIS), la cité lumineuse, quand il n'est pas ailleurs à la recherche d'oeuvre d'art
Occupation : (NEGOCIATEUR EN ART) pour sa famille, malheureusement aux côtés de sa soeur.
Statut social : famille (BOURGEOISE) qui perd peu à peu pied.
Statut civil : (CELIBATAIRE) obnubilé par son ancien amant et la femme de sa vie, mais seul.
Orientation sexuelle : (PANSEXUEL) tous les corps l'attirent et son coeur s'éprend de la personne qui saura le toucher.
Âme sœur : il faut faire face à la réalité, c'est (NERÉIS) et c'est compliqué.

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Nuit
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The last dance
@Neréis Taellim — Octobre 838

Dans la salle bruyante de la taverne, tous les regards sont fixés sur nous, pourtant, je ne suis pas certain qu’ils sont nombreux à voir la transformation sur le visage de Neréis. Je la connais, je savais qu’elle était habile à cacher ses émotions et à métamorphoser la vérité, mais à ce point-là ? Son visage a quitté la colère, la tristesse pour reprendre de l’assurance. Me suis-je vraiment fait avoir sur le bateau ? Et si ce qu’elle venait de dire était vrai, qu’est-ce que ça changerait pour nous ? J’ai marché en plein dans son piège, comprenant ce que je voulais plutôt que d’essayer de la comprendre elle. Bordel, je comprends mieux les reproches de Dana. Elle savait elle. Et le pire ? Je ne peux pas en vouloir à la nocturne, elle a essayé de me prévenir c'est moi qui n’ait pas écouté. Je me passe une main sur le visage, soupirant.

La voix toute douce, le sourire, elle parle au responsable des clefs comme si rien ne s’était passé, le pauvre, il tombe sous son charme à l’instant, me lançant un regard noir, comme si j’avais mal traité cette princesse. Oh par la Mère, s’il savait quels tsunami j’ai affrontés ! Je suis Neréis, bien sûr, essayant de copier son air enjoué, mais je suis certain de ne tromper personne. Surtout que la main de l’estivale est toujours dans la mienne et que je ne suis pas certain de ce que je suis censé ressentir à ce moment-là. Mon coeur tambourine, quel idiot ! Pourquoi tout est si compliqué, différent, pourquoi je ne pourrais juste pas m’en foutre et partir ? Mais non, j’ai envie d’en savoir plus, envie qu’elle m’explique, envie de comprendre, envie que cette relation ait eu un sens, que tout n’ait pas été que mensonge.

Je n’ai pas le temps de terminer ma réflexion que Neréis revient à l’attaque, je manque de m’étouffer. Son franc parler, son humour, sa façon de réagir à la vie m’a toujours fasciné. Cela a bien trop été souvent à mes dépens, mais je ne peux lui renier cette qualité. Ses mots sont durs pourtant. On n’aurait même pas dû s’rencontrer tout court j’crois…, je me les prends en pleine face, je parlais d’effort, je parlais d’un nous et elle balaie tout - une fois de plus - de la main. Heureusement qu’elle est de dos, j’arrive à me reformer un visage… moins choqué, plus… neutre. Je la regarde quand elle se tourne enfin vers moi et je comprends un truc essentiel. On est hyper différents, mais genre, vraiment et pourtant… on a quelque chose en commun. Cette volonté d’aller jusqu’au bout. C’est au moins ça.

« Ouais » dis-je en me grattant la nuque. « On s’connait pas trop, notre … on peut appeler ça une relation ? a très mal démarré, parce qu’on a foncé tête baissée. » Il ne sait pas trop où il va avec tout ça. « Mais j’crois que tu m’connais pas non plus. On doit tous les deux avoir une image un peu fausse, un peu biaisée de l’autre. » Je songe à Hestia, ce nom la rend folle tout à l’heure, je vais essayer d’éviter ce sujet-là, même si je ne sais pas vraiment de quoi il en retourne. « Merci de pas m’avoir lâché en bas, j’sais qu’tu veux plus m’voir et j’peux comprendre, mais sache un truc… » il se mord la lèvre, soudain inquiet de ce qu’il va sortir, parce que le seul gros truc important qui lui pend aux lèvres, c’est qu’il est papa et que la mère en a rien à foutre de lui. Enfin non, il est mesquin. Il soupire, « j’ai jamais voulu t’emprisonner dans une spirale sans fond ou te faire vivre un truc qui te faisait chier; Je sais qu’on est différent et j’ai bien compris que t’avais des secrets. » mince on se rapproche d’Hestia, vite, il faut s’éloigner « j’veux pas qu’tu m’dises tout, j’veux pas qu’tu te forces, je veux juste, j’sais pas, un peu d’honnêteté. » Je suis méga mal à l’aise. « J’veux pas t’faire une déclaration ou quoi, mais j’aurai voulu essayer. » Essayer. C’est nul ce mot, mais il a déjà tellement perdu. « A chaque fois, j’ai aimé des gens jusqu’à la lune et puis tout s’est arrêté, et je me suis retrouvé seul. Je savais pourtant que ça finirait comme ça, je te l’avais dit, j’y croyais pas en nous au début. Et puis.. je me suis laissé aller. » Je détourne le regard. « Putain Neréis, je t’ai aimé, je t’aime même. Malgré tout ce que tu dis, malgré ton envie d’en finir, bien qu’on s’connaisse pas, je t’aime ok ? Et c’est ça le plus dur. J’arrive pas à te haïr, à te sortir de ma tête. J’arrive pas à passer outre, à ne pas songer à toi. » Oh merde, je sais que je vais trop loin, mais il est trop tard pour faire demi-tour. Je m’assieds sur le rebord du lit, juste histoire de faire quelque chose, de reprendre mon souffle. « Mais je sias que ça suffit pas, c’pas pour me dénigrer ou quoi, mais j’comprends, t’as d’autres choses, t’as des silences, t’as des envies d’indépendance. Juste… je sais pas, j’voulais t’le dire histoire que tu… merde, j’ai tout embrouillé. Je… » Je me passe une main sur le visage. C’était pas censé finir comme ça.
Neréis Taellim
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Parler calmement.

C’était irréel, et pourtant, c’était bien ce qui était en train de se passer. Enfin, on avait arrêté de jouer aux sales gosses fuyards camouflés derrière des couches et des couches de protections pour éviter de dévoiler la vérité. On avait cessé de jouer au chat et à la souris, conscients que la course nous avait rendus à bout de souffle et qu’il était temps de remettre les compteurs à zéro pour partir dans la même direction ou non.

Pourtant, la vérité était là. Aussi violente qu’éclatante. On ne se connaissait pas. Le Nocturne avait totalement raison sur ce point le concernant… Peut-être que si j’avais appris à le connaître réellement, je n’aurais pas pris une gifle mentale en découvrant la personnalité de sa cadette… Peut-être que j’aurais aussi agi différemment lors de notre capture, mettant de côté la rudesse des mots pour la délicatesse des gestes visant à rassurer.  Peut-être que j’aurais pu me confier, m’alléger de mon fardeau sans craindre le pire, le transformant en allié et non en ennemi…

Malheureusement, ce n’était pas si simple… Et même si j’entendais bien ses mots, je ne savais pas quoi dire, ou encore quoi ressentir. Le coeur battait vite, parce que les sentiments étaient partagés, parce que je comprenais l’amour, la crainte, les handicaps… Mais voilà. La Guilde était là. Elle faisait barrière. Elle m’étouffait, m’empêchait de déballer mon sac alors que je crevais d'envie de lui crier que j’étais le Rubis et que sa sœur était une sale garce.  

Que faire à part… soupirer ? De tristesse, de douleur ? Ma colère s’était envolée, et voilà que le remord me prenait aux tripes après cette déclaration enflammée qui avait dû coûter cher à Lazar. C’était la première fois qu’on parlait comme ça, avec sincérité, sans faux semblant… sans masque.

Je ne pouvais pas botter en touche, ou encore jouer à la sale gosse tête à gifle. Les mots de Nehtë me revenaient en tête pendant que je réfléchissais… L’heure d’être mature, de faire face… J’avais changé, il était hors de question de faire dix pas en arrière.

Alors, j’allai coller ma tête comme le mur, résignée, puis, la basculai un peu sur le côté pour avoir le Nocturne dans mon champ de vision.

J’suis une merde en amour.” déclarai-je, résignée avant de lever les yeux au ciel. “Mes parents se sont aimés, comme des fous. L’Imprégnation dans une belle forme. Puis ma mère est morte, mon père avec en grande partie.” Petite pause durant laquelle je mordis ma lèvre inférieure… Je ne racontais pas cette histoire. Jamais. “Un coquillage vide. Même si… On dirait qu’y’ a du mieux, ça durera pas. Il erre, il est… juste… déjà mort dans sa tête. Et, quand toi… Quand t’as commencé à devenir un peu trop important… bah…” expliquai-je péniblement, grattant mes doigts nerveusement tant les mots me manquaient. Putain, pourquoi c’était si difficile ? “Non, j’voulais pas… Pas tenter, parce que si jamais…il t’arrivait un truc, j’voulais pas devenir comme mon père. Clairement, autant crever que d’être comme ça, j’te jure.” Les larmes montaient, lentement, mais elles restaient dans mes yeux pour venir m’aveugler, à croire que la fierté m’aidait à les tenir. “J’ai merdé, j’le sais. J’suis désolée pour ça, j’y peux rien. C’est viscéral, j’suis trop conne.

Voilà. Ça c’était fait. Le plus simple sans doute. Alors, je marquai une pause, observant l’âme soeur choisie assise sur le bord du lit, puis repris, en choisissant bien mes mots pour faire preuve de sincérité.

J’suis faussaire, une falsificatrice… Un escroc. J’copie des œuvres, et ça m’fait… de l’argent.” avouai-je sans en dire plus, concentrée sur la vérité servie. Après tout, je ne mentais pas… C’était réel. Seulement, je n’entrais pas dans les détails.  “Ma mère faisait ça, elle m’a appris… Et avec les problèmes dans ma famille, bah… ça m’permettait de tenir la barque.”  Un poids de moins sur les épaules, je me levai enfin de mon bout de fenêtre pour passer mes mains sur mon visage puis dans mes cheveux avant de les poser contre mes hanches pour commencer à marcher dans la pièce. “ Alors, ouais… j’t’ai piqué cette putain de carte… Mais j’aurais tellement voulu que ce soit pas toi, vraiment…” déplorai-je alors en arrêtant ma course, face à Lazar, incapable de dire quelque chose de plus sous peine de le regretter…

Pourtant, l’envie était toujours là…

Si seulement l’Émeraude avait été en sa possession… Tout aurait été si différent.



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Le souffle court, je la regarde et j'ai peur. Peur de la suite, de ce qu'il va se passer, peur des retombées. J'ai peur parce que je me suis livré, je suis allé au bout. J'ai tout dit, ce que j'avais sur le coeur, ce que je ressentais, ce que je pensais et ce que je vivais. Neréis sait tout ce que j'ai en tête. Elle sait pourquoi je ne pourrais jamais la lâcher. Dana avait raison, je devais me battre pour elle. Et tant pis si je m'effondrais, encore et encore. Tant pis si elle me rejetais. Je ne m'étais jamais senti aussi allégé du fardeau que je portais, de ce masque que je revêtais.

Et puis, elle parle. Elle se confie. C'est la première fois qu'elle est aussi franche, qu'elle m'en dit autant. L'a-t-elle jamais dit à quelqu'un d'autre ? Bien sûr qu'elle est nulle en amour, mais qui a le mode d'emploi ? Même pas la Mère, c'est certain. Je la regarde et j'ai envie de rire, de lui dire que moi aussi j'suis une merde. Mais je reste calme, silencieux, je l'écoute, parce que c'est la seule chose à faire. Entendre ce qu'elle a à me dire, même si c'est pour me repousser.

Au moins, je sais contre quoi me battre, c'est une première.

« T'es pas conne. » Voilà que je murmure, comprenant d'où elle vient et où elle va. « Je... j'ai une histoire similaire. Ma mère s'est barré avec son âme-soeur, laissant mon père en dépression. Il est mort dans l'incendie, mais ça faisait déjà dix ans qu'il était mort, sans elle. Et ils n'étaient même pas âme-soeur, juste... il l'aimait. » J'avale ma salive. « J'avais décidé de ne jamais faire ça, de fuir mon âme-soeur. Je l'ai d'ailleurs. Une diurne que j'ai rencontré, j'ai cru que c'était elle que la mère me destinait. Je crois que je lui ai fait beaucoup de mal, mais j'avais trop peur de ce lien, alors j'ai fui. Tu comprends maintenant ma colère contre toi ? Quand j'ai compris que je m'étais planté ? » C'est irrationnel bien sûr. J'espère que Neréis le sait. « C'que j'essais de dire, c'est qu'on est pas nos parents. » Wahou, une phrase de sagesse dans ma bouche ? A moins que ce soit complètement nul et à plat.

Quand elle avoue enfin la vérité à propos d'autre chose, je souris avec tristesse. J'ai mal au coeur d'avoir eu juste, de l'avoir senti et de ne pas avoir voulu le comprendre plus tôt. Elle en dit pas les mots, mais je sais. J'ai trop baigné dedans pour ne pas comprendre ce qu'elle veut dire. Je ferme les yeux. J'ai envie de m'allonger, de dormir, d'oublier tout ça. Puis je prends une longue inspiration et répond. « Quand j'étais petit, mon père nous racontait des histoires, des histoires magique de pierres précieuses. Ce n'étaient que des histoires bien sûr, mais je les adorais. Je les ai dessinées pendant des années, je jouais moi aussi à être une pierre. Je rêvais de l'Emeraude bien sûr. » Je déglutis. Je me rappelle la trahison. « Puis un jour, ça a cessé d'être des histoires. Et j'ai compris que je m'étais fait avoir, que la pierre qui aurait du me revenir... » Je grince des dents. « A cette époque, j'étais en colère, je haïssais le monde. Alors j'ai fait comme j'ai toujours fait : je me suis rangé dans le déni. J'ai classé cette histoire sans fin, j'ai fait comme si rien n'existait, j'ai oublié ça et je me suis battu contre ma soeur. Et puis... et puis t'es arrivé. Tout est remonté à la surface. J'ai pas voulu savoir, j'ai refusé de me poser des questions, mais au fond de moi... je crois que je savais. Tu es le rubis n'est-ce pas ? » Je connaissais ces histoires depuis si longtemps qu'elle ne pouvait convenir qu'à ça.

Je soupire, la regarde. « Quand tu dis que tu ne voulais pas que ce soit moi... c'est parce que tu aurais préféré ne jamais me rencontrer ? » Il fallait arracher le pansement, il nous fallait aller jusqu'au bout.
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