Lettre Ouverte de la Maison Beauchamp - L'Aurore (8 mai 368)

21 juin 838 - L'Aurore

Lettre ouverte de la Maison Beauchamp,

Chers Lecteurs,

Comme il est coutume dans notre tendre Cour du Printemps d'échanger des passes d'armes avec les mots, il ne pouvait être autrement que je prenne la plume au nom de ma famille et de ma Dame, pour vous faire parvenir la riposte après l'attaque subie par l'une des grandes Maisons de cette Cour.

Vous n'êtes pas sans avoir, à l'aide des précieuses informations fournies précédemment dans ce journal, que la Maison Wintell s'est vue retirer la fleur fine de sa couronne la plus précieuse : Les Floraisons Nocturnes. Etablissement fondé par feu Dame Zélie Wintell, à la sueur de son courage, de sa détermination à apporter un abri et une protection à des coeurs démunis, ainsi qu'un havre de paix pour ceux cherchant le réconfort, elle permit à l'une des quatre Maisons fondatrices du Printemps de perdurer et de faire rayonner l'un des arts propre à notre culture : l'Hospitalité. Quel déchirement cela aurait été pour elle de se voir confisquer le fruit de son travail, mettre au chômage le personnel qu'elle considère comme des parents et pour lequel elle aurait tout donné et tout défendu ? Pour l'avoir connue personnellement, elle n'aurait jamais laissé passer un tel affront et se serait battue bec et ongle pour laver l'honneur des siens et apporter justice à ceux qui se sont vus bafoués et mis à l'ombre sans aucune raison tangible.

Car oui, la décision de faire fermer les Floraisons Nocturnes ne repose sur aucune preuve, rattachée de près ou de loin à la raison qui a poussé à un tel acte. Il est naturel et surtout primordial de retrouver les assassins et les terroristes responsables de l'intrusion dans la Tour de la Coupe. Cette attaque, maintes fois condamnée dans les pages de ce journal, doit être punie et les responsables arrêtés, jugés et surtout démantelés pour mettre en sécurité l'Avenir de notre espèce. C'est pourquoi, les décisions prises pour fouiller, quadriller et chercher le moindre indice ont été nécessaires, même si elles ont mené à des changements radicaux dans nos modes de vies et dans l'intrusion de nos vies privées.

Les Floraisons Nocturnes n'ont pas fait exception.

Comme tout à chacun, comme chaque Fae de cette cour, ils ont contribué et ont été fouillés. Et malgré l'absence flagrante de preuve, notre Suprême, Ambroise Valois, prit tout de même la décision de faire arrêter la gérante, Lihua Wintell, de fermer les portes de l'établissement, pour "mesure de prévention". Mais encore une fois, de quoi les accuse-t-on exactement ? Peut-on, sur un coup de tête, prendre la décision de mettre en péril un commerce sur la base du vide ? Peut-on décemment arrêter une membre de cette Cour de façon arbitraire, sur l'absence d'allégation et de preuve matérielle ? Quelles conséquences ? Tout comme la fermeture de l'ensemble des établissement de la nuit, amputant avec violence une des bases de notre économie et de notre savoir-faire. En contre-partie, qu'apporte la fermeture de cet établissement en particulier, comme tant d'autres d'ailleurs, dans la sécurité de notre Cour et d'Evanor en général ? Strictement rien, les gredins ayant probablement leurs propres trous à rat où se cacher et comploter, et qu'ils doivent furieusement se frotter les mains de voir des Grands Faes s'entre-déchirer. Car cela ne fait aucun doute que le Vol de la Coupe visait les Grands Faes dans leur ensemble et leur avenir.

A moins que tout ceci ne soit dirigé contre une des familles fondatrices de cette Cour ? Les Wintell, qui comme les Beauchamp, les De Peone et les Valois sont les héritiers de notre culture, de notre foi et de nos valeurs, jusqu'à porter aux plus hautes fonctions les descendants de nos Suprêmes. Cela dérange-t-il tant notre Mairil que d'autres puissent occuper ces fonctions pour donner un coup aussi franc et sanglant à l'une de ces familles, et de façon aussi ostentatoire sans que cela n'émeuve personne ? Précipitant une région de notre Cour dans la future précarité, les manques financiers et l'opprobre lancé sur ses représentants ?

Car, quelles informations cela donne-t-il ? Pourquoi arrêterait-on des innocents après tout ? La bataille de l'information est complexe, la réputation, qui semble si futile aux yeux de certains, porte tout de même la représentativité d'un groupe de personnes et sa sincérité. Elle permet les accords commerciaux, les alliances, la prospérité, l'apport de technologies. Feriez-vous affaire avec des personnes suspectées d'être affiliées de près ou de loin à des assassins ? Même si cela n'a pas été clair ? Certainement pas. Or, les Wintell restent les représentants d'une partie de notre peuple et doivent s'assurer de sa prospérité, autant que de sa sécurité. Comment, sans financement, sans alliance et avec la réputation traînée dans la boue ?

Un message envoyé a des conséquences, et le Suprême Valois doit en assumer la portée. Ce message est clair : un acte de guerre envers l'une des familles Seigneuriales de la Cour du Printemps. Un feu allumé par des hostilités claires. Les Beauchamp ne sauraient être les prochaines victimes de l'affaiblissement des forces du Printemps, et si rien n'est fait pour rétablir l'équité entre les Maisons, réparer le tort causé par les mots et les actes et ré-instaurer la confiance, alors, il va de soit que l'autorité du Suprême devra être questionnée. Ce rôle implique la responsabilité de maintenir l'ordre de façon juste et raisonnée, basé sur des informations claires, précises et vérifiées. Pas de prendre des décisions arbitraires pour l'avantage de sa propre famille, au détriment de la force de la Cour.

En attendant cette réparation et la justice, la famille Beauchamp apporte son plein soutien à la famille Wintell par un allègement des taxes vers leurs terres, de nouveaux accords commerciaux, ainsi que l'approvisionnement en matières premières aux tisserands d'Aurëdant. Nous prenons la décision de couper tout partenariat de mécénat avec les artistes issus des terres de Cairlond, notamment dans nos écoles, de doubler les prix des matières premières à destination de ses marchants, de ne subventionner ni de ne se présenter aucun événement en lien avec la famille Valois lors de la saison sociale ici présente.

Espérant que l'inquiétude exprimée dans ces lignes soient entendue, que l'unité et la confiance soient restaurées par notre Suprême,

Avec tout notre respect,
Nous Fleurissons.

Codage par Libella sur Graphiorum