JEUX DE POUVOIR

@Concordat | JUILLET 838

Le souhait de la grande majorité des Suprêmes avait été entendu. Le Crépuscule devait être là, notamment représenté par la personne de la Prêtresse Mère. La Foi avait été récemment balayé par un vent de changement, réformant le caractère même de certains fondements du Crépuscule… Il ne s’agissait pas d’imposer quoi que ce soit dans leur dos ou de court-circuiter une réforme alors que, peut-être, le conseil des Prêtresses s’était déjà emparé du sujet. « Maintenant, qu’il est entendu que nous ne discuterons d’aucune réforme sans une discussion préalable avec le Crépuscule, et leur assentiment. Je refuse que les divergents aient le choix de conserver ou non, leur mémoire. Il s’agirait soit de lever le retrait de mémoire de tous les divergents, soit de conserver la mesure en l’état. Nous avancer vers un traitement au cas par cas rendrait toute gestion de cette anormalité plus épineuse qu’elle ne l’ai déjà… » Ambroise préférait éclaircir sa pensée plutôt que braquer une partie de l’assistance suprématique. « Aussi, j’accepte que les divergents aient le droit de se marier à condition que ce droit se limite à des unions entre porteurs de la divergence. Nous ne connaissons pas, actuellement, l'impact que pourrait avoir la diffusion de la divergence par la reproduction de ses porteurs et porteuses avec des grands faes sains. Egalement, j’accepte que les divergents aient le droit de supprimer leur particule. Un tel stigmate semble sortir tout droit d’un autre âge et ne devrait plus avoir cours sous le règne de notre imminent Conclave. »

Résumé:

JEUX DE POUVOIR

SUJET COMMUN DU CONCORDAT | JUILLET 838

Résumés:

Jeux de pouvoir

Sujet commun du Concordat | JUILLET 838

Sous les traits de Niniel Ethelil en tant que Suprême de l'Été.

Droite, la tête haute, Niniel observa les autres Suprêmes donner leur avis un par un, tout en essayant de combattre cette impression d’être au bord du précipice, prête à sauter dans le vide. Si le sujet des Divergents l’avait prise au dépourvu, elle n’en restait pas moins déterminée à suivre la voie du changement après avoir réfléchi en ayant porté une oreille attentive au débat.

“J’accepte que les divergents aient le choix de conserver ou non leur mémoire afin de pouvoir retrouver les traces de leurs familles, et obtenir une forme de paix intérieure… “ clama t-elle avec détermination avant d’ajouter un point qui semblait important à ses yeux. “ Cependant, si parmi eux certains font le choix de garder leurs souvenirs, cela risque d’être complexe au niveau des familles qui, pour certaines, assimilerons toujours Divergence et anormalité. ” Ce n’était pas seulement une lutte face au Crépuscule pour changer les choses, mais une véritable campagne pour bousculer les mentalités dans tout Evanor. “Tout comme je l’ai clamé il y a quelques instants lors de nos échanges, ​​J’accepte que les Divergents puissent pouvoir se marier, ainsi que fonder une famille.” Consciente qu’elle ne pouvait se permettre d’en dire plus tant elle avait été claire lors de sa première déclaration à ce sujet, elle enchaîna sur le dernier point, après quelques secondes de réflexion intense. Si l’avis de Cesare Monteserre sur ce point était très intéressant, elle ne pouvait ignorer celui d’Ambroise Valois… Une stigmate sortant d’un autre âge. Cela ne pouvait durer plus longtemps. Ainsi, elle prit une bonne inspiration pour se jeter à l’eau, une dernière fois. “ J’accepte que la particule puisse être supprimée si les Divergents en ressentent le besoin. Si d’autres préfèrent la garder pour leur sécurité ou pour des raisons qui leur sont propres alors il en sera ainsi. Le choix leur appartiendra.” conclut-elle en observant l’assemblée, l'esprit beaucoup plus léger, prête à retrouver son rôle de Haute Suprême une fois les avis manquants entendus.  

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Sujet commun du Concordat

Wanyin observa ses pairs avec surprise, parfois soulagement. De voir les avis plus mesurés sur ce sujet là la soulageait. Les demandes déjà faites pour la cause Illyriennes et qu’elle devrait soumettre à son conseil était assez compliquées et elle était relativement contente de voir que ce sujet là serait amené aux oreilles sages des sœurs du crépuscule. Le dos droit, les prunelles balayant la salle, la Suprême s’apprêta elle aussi à faire son vote. « Je refuse que les divergents aient le droit de conserver leur mémoire, pour une question de sécurité, pour une question de docilité et je refuse également que l’on supprime leur particule. Il est nécessaire pour tout un chacun de savoir qu’ils y sont, de faire leur choix en conséquence. » assura-t-elle, avant d’arriver au dernier point. « J’accepte que les divergents puissent fonder une famille, pour autant que la divergence soit acceptée par leur partenaire. Peut-être que tout cela pourra apporter beaucoup d’informations à notre communauté, sur cette divergence que tous craignent sans pour autant en savoir grand-chose. » accepta-t-elle finalement, joignant ses mains sur ses genoux avant d’écouter les autres votes de ses homologues.

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Sanna retint un soupir de soulagement en entendant la Haute Suprême proposer un vote dont les résultats seraient communiqués à la Cour du Crépuscule. Un instant, elle avait craint que la colère—ou le désespoir, mais elle n’en était pas certaine—de Cesare Monteserre ne mène à une fronde des Suprêmes contre la Foi, contre la Mère elle-même. Elle se souvint de l’étrange lueur dans le regard de son confrère automnal lors de leur dernière—et seule—entrevue en tête-à-tête. Elle n’y avait guère fait attention à l’époque, encore sous le choc des confidences qu’elle venait de recevoir, mais à présent que le sujet de la divergence refaisait surface au sein de ce conclave, elle avait l’intime conviction que Cesare ne se satisferait pas d’un quelconque refus crépusculaire.

‘J’accepte que le choix soit donné aux faes divergents de conserver leur mémoire, ainsi qu’un lien avec leur famille,’ déclara Sanna à la suite de sa consœur aubéenne, à nouveau en désaccord avec cette dernière. ‘Toutefois,’ tempéra-t-elle, ‘je rejoins mes confrères du Jour et de l’Automne : il leur faudra recevoir les enseignements propres à leurs dons, même si cela doit les éloigner un temps de leur proches.’ Elle jeta un long regard à Cesare, se retenant d’étaler toute forme de nervosité, comme lors de leur dernière rencontre. ‘J’accepte également que les divergents puissent se marier et avoir des enfants. Nous savons peu de choses, il est vrai, concernant la divergence, mais il me semble injuste de confiner une minorité de nos peuples à un célibat forcé et à une absence de descendance, alors que la grande majorité des faes et l’entièreté de la population illyrienne possèdent ces droits.’ Cette fois-ci, ce fut vers Assya Ozerov que Sanna se tourna, curieuse de sa réaction et, même si son orgueil l’empêcherait toujours de l’avouer, avec une pointe de défi envers celle qui se voulait protectrice des ailés. ‘Je suis d’avis également que les stigmates de la divergence ne soient plus rendus aussi apparents. J’accepte donc la suppression de la particule préfixant les patronymes divergents, du moins dans un usage courant et au choix de l’intéressé,’ tempéra-t-elle de nouveau. Toute Suprême de l’Hiver qu’elle était, Sanna devait bien reconnaître son ignorance en matière d’études de la divergence, et entendre les votes et les justifications de ses consœurs et ses confrères lui avait fait prendre conscience qu’il faudrait, à l’instar de la question des droits des illyriens, s’armer de précautions et d’assurances pour tranquilliser les inquiétudes de la population fae. ‘J’estime néanmoins préférable pour le moment que ces particules soient préservées dans les archives du Crépuscule. Et si un fae divergent souhaite s’unir par le mariage, alors il aura l’obligation de faire connaître sa divergence à l’être à qui il entend s’attacher et ce, avant les épousailles.’

Spoiler:

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Les mots de la Haute Suprême parvinrent comme étouffés aux oreilles de Sanna tandis qu’elle fixait avec inquiétude les traits impassibles du Suprême de l’Automne. Elle imagina le feu rageur palpitant de frustration dans sa poitrine à mesure qu’avaient résonné un à un les refus des Suprêmes de se prononcer sans l’aval de la Cour du Crépuscule. Elle se demanda, plus égoïstement, si Cesare Monteserre la soutiendrait encore après cela, elle et ses idées extravagantes d’accorder plus d’indépendance aux femmes hivernales. Car elle en était persuadée—son pessimisme naturel ne lui laissant aucun doute là-dessus : si le Jarl Général ne s’était pas soulevé contre elle à cette heure, c’était bel et bien grâce à cette amitié nouvelle que l’on vantait entre elle et son homologue automnal, à la tête de la plus puissante armée d’Evanor. Si Sanna perdait l’appui de Cesare, alors il faudrait peu de temps à Ivar Madsen pour retourner sa Cour contre elle, surtout en cette période incertaine.

Ce fut cette pensée qui la ramena à la réalité, au moment même où Niniel Ethelil interrogeait l’assemblée sur le prochain sujet à aborder. S’avançant fébrilement sur le devant de sa chaise, Sanna  se saisit de la parole d’une voix claire. ‘Avec votre permission, j’aimerais aborder un autre sujet, celui de la fermeture des frontières de la Cour du Printemps qui, depuis le mois de janvier, met à mal l’équilibre des échanges en Evanor.’ La jeune Suprême laissa une pluie de secondes s’écouler, cherchant quelques soutiens du regard. Ses yeux rencontrèrent ceux de son cousin Ambroise, qu’elle ne quitta pas lorsqu’elle poursuivit : ‘la multiplication des contrôles des identités et des marchandises ralentit considérablement l’arrivée des produits printaniers tels que les fruits et les légumes dont nous avons tant besoin en Hiver. La Mère sait que nos terres enneigées produisent mille richesses, mais les métaux et les pierres précieuses ne se mangent pas.’ Sanna reporta son attention sur la table devant elle, alors que dans son esprit se bousculaient une myriade de formules plus ou moins appropriées pour exprimer la situation alarmante de sa Cour, sans pour autant la déshonorer. Bien qu’en péril, les hivernaux n’auraient jamais pardonné à leur Suprême de les avoir présentés comme de pauvres hères mendiant l’aide des jardiniers d’Evanor. Après quelques secondes de délibération avec elle-même, Sanna reprit la parole.

‘L’Hiver souffre de pénuries à cause des retards de livraisons en provenance du Printemps ; il n’est d’ailleurs pas rare de recevoir des fruits gâtés et des légumes avariés. Les céréales de l’Automne nous aident, mais elles ne sont pas suffisantes.’ Elle échangea un regard avec Cesare Monteserre, soucieuse de lui communiquer ses remerciements pour cet autre soutien de sa part, avant de reporter son attention sur le reste de l’assemblée. ‘Les marchands hivernaux accusent également les délais pour livrer leurs fourrures, métaux, bois et poissons au Printemps, et supportent de moins en moins d’être traités avec autant de suspicion et de méfiance, quand bien même leurs visages et leurs manières sont connus de nombre d’artisans et de marchands printaniers. On me rapporte régulièrement des heurts aux frontières ou à l’entrée des cités du Printemps. Des insultes, des malédictions, et des perfidies perpétrées de part et d’autre.’ Cette fois-ci, Ambroise fut le réceptacle du bleu glacial des prunelles de sa cousine. La rage n’habitait pas les paroles de Sanna, mais une once de colère, ou tout du moins d’agacement, commençait à poindre, trahie ça et là par de fugaces apparitions de l’accent hivernal de la jeune Suprême.

‘J’entends la volonté du Suprême de Printemps—elle se retint de dire ‘mon cousin’—d’arrêter les malfaiteurs ayant pénétré la Tour de la Coupe, mais la situation empire de jour en jour et l’Hiver ne peut souffrir plus longtemps de telles privations.’ Sa voix s’adoucit soudain, tandis qu’elle se tournait vers Ehsan Ghafa. ‘Je n’ose m’avancer pour parler en son nom, mais il me semble que mon confrère du Jour rencontre des difficultés similaires au sein de sa Cour.’ Sanna savait que la suite de son discours ne lui vaudrait pas la sympathie d’Ambroise, ce cousin qui l’avait tant impressionnée dans ses jeunes années et qui, à bien des égards, l’impressionnait encore à ce jour. Elle avait recherché son amitié lors de sa première visite au Printemps, ses conseils et son approbation, comme l’aurait fait une jeune sœur. Les griefs qu’elle venait d’exprimer vis-à-vis de ses décisions et de sa politique l’avaient très certainement fait baisser dans l’estime de ce noble cousin. Mais Sanna était une hivernale, une Asgeir. Elle était la Suprême de l’Hiver et avait désormais, et ce jusqu’à son dernier souffle, la responsabilité de sa Cour. La survie de ses sujets était entre ses mains.

Elle reporta cette fois-ci son attention sur la Haute Suprême en personne avant d’asséner des paroles qu’Ambroise ne lui pardonnerait sans doute pas. ‘Jusqu’à présent, l’enquête sur l’intrusion scélérate au sein de la Tour de la Coupe n’a rien donné : aucun des criminels n’a été appréhendé, seul un cadavre a été exhumé en juin dernier. Je répugne à l’avouer, mais peut-être devrions-nous considérer que rien ni personne ne parviendra à éclaircir le mystère de l’identité de ces brigands ?’ Elle scruta les visages des ses consœurs et de ses confrères, s’empêchant de laisser paraître le moindre signe de nervosité. ‘Il me paraît dans tous les cas impensable de laisser cette situation et les pénuries qui en découlent s’étioler ainsi. J’aimerais que l’on se prononce par un vote sur la réouverture des frontières, de toutes les frontières, en Evanor.’

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