Bal des Marées

Sujet commun | 30 septembre 838 | outfit

La conversation était légère et agréable, une parenthèse dans le monde complexe qui régissait la vie de la suprême depuis quelques années. Auprès d’eux, au milieu de ce petit groupe dans lequel elle se sentait à l’aise, elle retrouvait un semblant de normalité. Elle se retrouvait, elle. Discuter des uns et des autres, s’amuser de ces deux seigneurs, devenus amis. Wanyin le savait : elle avait de la chance, d’être soutenu par deux des plus grandes maisonnées aubéennes. Avoir le soutien de ces deux familles était un avantage que beaucoup ne possédait pas. Aux paroles d’Atalante, le sourire de Wanyin était devenu plus éclatant encore. « Oh, Mademoiselle de Péone, je sens que nous allons très bien nous entendre.  » souffla-t-elle, le regard brillant, cherchant un instant les prunelles d’Hase, avant de reporter son attention sur la printanière.

L’heure passait, cependant, et la légèreté de leur conversation dévia vers une tension toute particulièrement. Si elle avait réussi à éviter depuis le début de la soirée les conversations politiques et les demandes diplomatiques, l’heure avancée signifiait bientôt la fin du rituel de régence, et la nomination du régent. Ce soir, l’un des sept suprêmes viendra s’installer à Elysium, cœur dynamique de tout le continent. Wanyin espérait être dispensée de ces nouvelles responsabilités, mais elle savait aussi qu’elle ne refuserait pas la confiance que lui porterait la Mère. Par sens des responsabilités, par sens du devoir, la Dugu se refusait à se laisser aller, à abandonner. Elle possédait des ressources, maintenant plus que jamais. Elle n’était pas seule, politiquement parlant, et aurait des alliés au sein de sa cour si jamais elle devait s’en éloigner durant la prochaine année.

La gravité gagna peu à peu le regard de la Suprême, qui s’efforça néanmoins à sourire aux paroles de ces compagnons. Mais la tension était palpable. Lorsque minuit sonna, une chose particulière se déroula. Ce n’étaient les couleurs d’aucune cour qui vinrent décorer le Palais des Mirages. Les murs devinrent immaculés, le sol gris. Ni les couleurs chatoyantes de l’automne, ni les couleurs merveilleuses de l’aube n’apparurent. Il n’y avait qu’un vide immense après la douceur des couleurs estivales. Accompagnant ces changements, trois prêtresses arrivèrent, la première d’entre elle déclamant la régence Crépusculaire. Le cœur de Wanyin manqua un battement à cette nouvelle, et elle fut bien trop secouée pour réagir immédiatement. Interdite, surprise, choquée, son regard se perdit devant elle, croisant les prunelles inquiètes de Malakaï. Orbes sombres dans lesquelles elle trouva un peu de courage. La stupeur ne s’arrêta pas là. La prêtresse printanière, Azalée Valois, en hauteur sur une table ne manqua pas d’attiser les tensions déjà présentes au sein de l’assemblée. Cette intervention ne plu pas du tout à Wanyin. Elle n’était pas certaine que monter sur une table et accuser devant tous la légitimé de la Prêtresse Mère soit une solution pertinante.

Le regard de la Suprême s’assombri, mais l’entraînement intensif qu’elle avait suivi ces derniers mois lui permit de garder sa colère et sa frustration à l’intérieur d’elle, à l’abri des regards indiscrets. Elle ne laisserait rien transparaître. Elle ne montrerait pas ses faiblesses. Ses prunelles sombres se posèrent alors sur Yukito, Hase et Atalante. « Je vais rejoindre mes pairs, faites attention à vous. Nous ne savons peut-être pas tout. » Ses prunelles s’appuyèrent légèrement davantage sur les deux seigneurs. Elle aurait peut-être besoin d’eux, dans les heures à venir. « Si vous avez un espion sous la main, Yukito, je pense qu’il serait bon de faire suivre les prêtresses. Elles ne peuvent décemment pas se retrancher dans leur tour après leur annonce. » suggéra-t-elle finalement à l’adresse du Seigneur Militaire. Elle inclina légèrement la tête, posa quelques secondes sa main sur l’avant-bras d’Atalante avant de finalement partir.

Elle quitta le confort de leur groupe pour se diriger vers les personnes les plus importantes du continent. Ambroise et Ehsan  et leurs conseillers, retrouvèrent Cesare et Wanyin en fit autant, prenant la conversation à la volée, n’ayant pas tout entendu. «Peut-être n’y a-t-il pas lieu de penser quoique ce soit tant que la prêtresse Mère ne se sera pas exprimée davantage. » trancha-t-elle, répondant à la question d’Ehsan à la place de Cesare. Le regard de la Suprême s’arrêta un instant sur la Prêtresse printanière. La Dugu ne cautionnait pas cette façon de faire. Laver son linge sale en public était une erreur qui ne réglait en rien les soucis qui se posaient à eux. C’était même à se demander si elle n’avait pas empirer la situation actuelle. La tension était palpable, certains partaient, fuyaient, même, à cette nouvelle. « Il s’agirait de ne pas nous monter la tête, nous n’avons pas toutes les explications. » assura-t-elle, s’efforçant tant que possible de garder la tête froide. Elle n’appréciait pas les mots de la haute prêtresse, et ne pouvait se montrer confortable à l’idée que le crépuscule soit maître d’Elysium jusqu’à nouvel ordre. Les choses ne se déroulaient pas de cette façon. La mère choisissait un suprême, et celui-ci dédiait son année au continent tout entier. « Je ne pense pas qu’il soit judicieux d’ajouter des tensions qui ne seraient pas nécessaire. » ajouta-t-elle. Il leur fallait garder la tête froide, tous les sept. « Gardons la tête froide et allons voir la Haute Prêtresse. » proposa-t-elle. Parce qu’ils ne pouvaient décemment pas régler seulement entre eux, ce problème qui dansait sous leurs yeux. La discussion à vase clos ne pouvait qu’emmener plus de tensions, plus de questions. Et les questions étaient déjà trop nombreuses, continuer cette conversation sans obtenir plus de réponse serait une erreur monumentale.

Résumé
- Croiser le regard de @Malakaï Eriksen l'aide un peu
- Elle demande à  @Atalante de Péone  @Liao Hase et  @Fujihara Yukito de faire attention
- Wanyin demande aussi à @Fujihara Yukito de faire suivre les trois prêtresses pour être en mesure de venir leur demander des comptes plus tard
- Wanyin rejoint ensuite  @Ehsan Ghafa  @Ambroise Valois  @Cesare Monteserre  et leurs conseillers
- elle fixe et juge @Azalée Valois, n'est pas du tout d'accord avec ces méthodes
- A la question de @Ehsan Ghafa à @Cesare Monteserre elle répond qu'il faut être mesuré
- Globalement, elle essaye de calmer le jeu, encourage le calme et propose d'aller chercher des explications directement auprès des prêtresses
- Si elle cautionne pas du tout les annonces du crépuscule, elle reste très prudente et insiste vraiment sur le fait qu'ils n'ont pas toutes les informations

Bal des Marées

Sujet commun - OUTFIT 1 & 2

Le moment était doux. C’était déstabilisant après la dispute qu’ils avaient eu plus tôt dans la soirée. La main d’Assya se serra plus encore dans celle d’Asmodaï, comme pour se souvenir que ce moment était réel tant il était écrasant d’un sentiment de sécurité qu’elle n’avait pas senti depuis longtemps. La brune se rapprochait doucement du torse de l’illyrien jusqu’à n’être qu’à quelques centimètres. Elle n’avait que faire des chuchotements qui les entouraient – ne comptait que les yeux du chef de clan qui brûlaient sa peau. Ces fiançailles seraient sa perte. Parce qu’Assya la sentait au creux de son estomac, cette attirance incontrôlable, toujours plus forte. Ce frisson le long de son échine dès que son souffle s’approchait de trop près et ces lèvres trop attirantes. Tout son corps se tendit d’une sensation agréable lorsque son fiancé s’approcha de son oreille pour murmurer quelques mots. Des paroles qui la laissèrent bouche-bée. Lui, si libre au-dessus des montagnes de Velaris, serait prêt à la suivre à Elysium. « Je… Je suis heureuse que vous soyez là. Même si c’est égoïste de ma part. » Avoua-t-elle à son oreille avant qu’il ne se recule, pour finir par accrocher son regard. Qu’il ne lui demande pas pourquoi elle était heureuse, parce qu’Assya ne voulait pas répondre – ne pouvait pas répondre.

La danse s’arrêta et la Suprême eut à peine le temps d’un sourire qu’elle se retourna pour observer la Prêtresse Mère prendre position sur le balcon, accompagne de l’Ecarlate et de l’Implacable. Assya entendit les paroles de son fiancé comme si elles étaient lointaines – c’est toute sa tête qui bourdonnait d’incompréhension. Le seul geste qu’elle réussit à faire fut un non discret de la tête. Ce n’était pas normal. C’était la première fois depuis la mise en place de leur système actuel que la Mère ne choisissait aucune régence ; que se passait-il ? Assya chercha des yeux son ministre sans le trouver immédiatement – elle n’avait pas de doute qu’il serait la rejoindrait d’ici quelques instants. Le silence était pesant dans la salle jusqu’à ce que la Prêtresse du Printemps, Azalée Valois, ne monte sur une table pour clamer un mensonge de la Prêtresse Mère et pour révéler que le Suprême de l’Automne avait été choisi par la Mère. La tension monta d’un cran. Les yeux d’Assya cherchèrent instinctivement sa famille des yeux, elle espérait qu’Ilya était en sécurité. Ce fut l’aile protectrice d’Asmodaï qui la ramena à la réalité, ses yeux croisèrent les siens. Je serais là. Elle s’était rapprochée, attrapant sa main pour la serrer – elle était tangible, réelle. L’Ozerov lui adressa un regard reconnaissant avant que ses prunelles ne se transforment en un brasier. Elle était énervée. Est-ce que le Crépuscule oserait interférer dans les décisions de la Mère ? Est-ce que le Crépuscule oserait imposer un pouvoir qui n’était pas le sien à eux, Suprêmes, qui avaient été choisi et qui étaient censés régner sur Evanor ? Maintenir la paix. Assurer les besoins des populations. Est-ce que des dissidences internes venaient expliquer les tensions entre les Prêtresses et pourraient expliquer les réactions de chacune. Assya chercha la Prêtresse de la Nuit des yeux sans la trouver. Est-ce que la Prêtresse Mère n’avait pas apprécié la réunion des Suprêmes ? Alors, cela voudrait dire, que le Crépuscule avait des ambitions d’autorités et de pouvoirs. Surtout, que les changements apportés allaient à l’encontre des volontés de la Prêtresse Mère. Assya en frissonna – la situation était grave. Ses conseillers étaient tous dispersés. La Suprême de la Nuit ne pouvait qu’espérer que chacun connaissait son rôle, que sa famille se mettrait à l’abris. Autant qu’elle en mourrait d’envie, autant son devoir était sa priorité. Elle refoula tous ses sentiments, pour ne pas sombrer dans sa paranoïa, il ne restait plus que le brasier de la révolte et du mécontentement. Quoiqu’il se passe, les Prêtresses n’avaient pas le droit de ne pas les mettre au courant – elles n’avaient pas le droit de les laisser dans le flou. « Restez toujours près de moi. » Parce qu’il serait consort, bientôt. Qu’Assya ne laisserait rien lui arriver. Alors, elle se mit en marche, en sentant les pas d’Asmodaï derrière elle. Ses yeux se posèrent sur la Suprême de l’Été, qui venait de s’entretenir rapidement avec sa Prêtresse avant qu’elle ne s’en aille – le hasard avait fait qu’elles étaient proches. « Niniel, nous devons nous rapprocher des autres Suprêmes. On doit se concerter. » Les Suprêmes, tendues, échangèrent un regard lourd de sens sur la surprise des annonces avant de rejoindre le groupe où se trouvaient les autres ; Ehsan, Ambroise, Sanna, Wanyin et Cesare.

Assya eut le temps de capter la question que posa Ehsan puis d’entendre les mots prudents de Wanyin et enfin, le discours de Cesare – qui aurait dû, si les dires de la Prêtresse du Printemps étaient vrais, être régent. Celle-ci se tenait près de Ambroise, un choix logique car elle était soudainement venue une ennemie du Crépuscule à n’en pas douter. La Suprême de la Nuit ferma les yeux quelques secondes. « Je suis d’accord avec Sa Suprématie Wanyin. » Parce qu’une partie d’Assya réfutait la possibilité que la Prêtresse Mère s’empare du pouvoir. Mais si les dires d’Azalée étaient vrais… Ou qu’il avait des dissidences au sein du la Cour du crépuscule… Ce serait la population qui pâtirait d’une guerre ouverte. « Nous devons garder notre sang froid, nous sommes scrutés par tous, un mouvement de panique de notre part pourrait être mal interprété et déclencher une véritable panique. » C’était au peuple qu’Assya pensait avant tout. Elle pinça des lèvres. « La Prêtresse Mère est partie. Elle refuse de toute évidence de nous parler. Si elle était déjà loin ? » Il faudrait savoir où elle s’était enfermée. Ses prunelles se portèrent vers Cesare. « Annoncer les décrets ? » Ce serait ajouter de l’huile sur le feu. Pourtant… elle n’était pas contre l’idée. D’ailleurs, ce serait une excellente idée. Une manière de montrer au Crépuscule qu’ils avaient encore le pouvoir. « Cesare, vous pensez que ce soit possible que les Prêtresses soient énervées de notre rencontre à tous sans elles ? Ses yeux se portèrent vers Asmodaï, à ses côtés, qu’elle n’avait pas encore mis au courant. Puis sur les autres Suprêmes. Soit la Prêtresse Mère est en train d’usurper le pouvoir, soit il y a des dissidences au sein du Crépuscule dont nous ne sommes pas au courant. Peut-on réellement croire que la Mère n’a choisi personne ? Ce serait la première fois en huit cent ans. » Finit-elle par dire avec prudence. Son regard se durcit. « Dans tous les cas, on ne peut pas accepter ce qu’il vient de se passer. Nous avons tous été choisi par la Mère pour gouverner nos Cours, pour régner sur Evanor… On doit agir. Annoncer les décrets… pourrait détourner l’attention et être une démonstration de pouvoir, pendant qu’on envoie des hommes pour savoir où se cache la Prêtresse Mère ? » Proposa-t-elle à tous en montrant son appui au Suprême de l’Automne. Il avait répondu présent pour elle quand elle était perdue, elle serait présente pour lui à présent.

Bal des Marées

Sujet commun - Bal des Marées

La tempête grondait dans le cœur de l’Estivale qui venait de redevenir simple Suprême. Si elle avait nourri le rêve de retourner au sein de sa Cour après une année harassante, elle restait incapable de bouger, fixant le balcon devenu vide après la déclaration de la Prêtresse Mère.

Impossible. Inconcevable. Niniel n’arrivait pas à y croire.

Ainsi, et lorsque la belle Azalée Valois se hissa sur une table pour se faire entendre, elle dévisagea la silhouette printanière d’un regard toujours aussi électrique. Le faciès crispé en une expression d’incompréhension, elle se mit à réfléchir à vive allure, alors que la foule commençait à réagir. Si la Régence accordée malgré tout par la Mère venait d’être volée à l’Automne par crainte du changement, alors les sombres pensées de Niniel étaient légitimes.  
Cependant, avant de faire un mouvement, la Suprême de l’Été adressa un regard à Aerin Braegen , amie et Haute Prêtresse de l’Été qui était à ses côtés. Une neutralité dans les paroles, un besoin de fuir l’endroit devenu si grisant après avoir noté le côté dramatique émanant de la famille Valois, et voilà qu’elle disparut, après avoir invité l’Oiseau du tonnerre dormant à la suivre.  

Un seul signe de tête en guise de réponse avait précédé le départ de la Crépusculaire, parce qu’elle savait très bien qu’elles ne pouvaient pas parler librement en ces lieux et qu’elles avaient besoin de se retrouver seules pour discuter franchement. Cela se ferait plus tard, sans aucun doute, mais avant, l’ancienne Haute Suprême se devait de faire une chose.  

Traçant sa route dans la foule en discernant Assya Ozerov, elle passa à côté de son frère, Dashiell Ethelil, qui était accompagné et alla poser une main bienveillante sur son bras libre pour lui chuchoter quelques mots. “Tout va bien se passer… Regagnez Velaris ou Adriata, ce sera beaucoup plus calme.”  Niniel savait ce que son aîné traversait depuis les événements tragiques de Beltane… Le fait de l’avoir vu dans la soirée, pour elle, pour la famille, pour la première fois depuis des mois l’avait touchée. Alors, elle ne pouvait s’empêcher de se sentir peinée pour lui qui avait choisi de se montrer au Bal le plus catastrophique de l’histoire d’Evanor…

Le sourire affiché face au lien fraternel disparut alors une fois face à la Suprême de la Nuit. L’heure était grave, la rage revint de plus belle, il fallait rejoindre les autres, et rapidement pour faire face à cette crise. “Allons-y.” répondit-elle poliment à celle qu’elle connaissait assez bien pour éviter les longues phrases emplies de politesse exagérée.

Une réunion du Concordat en plein milieu de la salle de bal, l’image était inédite, comme tout ce qu’il venait de se passer durant ses dernières minutes. Comme à son habitude, Niniel tendit l’oreille, observant chaque Suprême de ses yeux ayant repris leur couleur d’origine, forcée de constater que la prudence était au cœur du débat. Pourtant la colère ne redescendait pas du côté de l’Estivale qui n’arrivait pas à voir de la légitimité derrière l’annonce de la Prêtresse Mère.

“Je suis parfaitement d’accord avec vous. Nous devons rester maîtres de nous-même.” déclara-t-elle posément malgré la froideur de ses traits. “Mais cela serait mentir de vous avouer que je ne perçois pas de lien entre ce qui est en train de se passer et la réunion tenue durant le mois de juillet à ma demande. Croyez-moi, la seule chose dont j’ai envie, pour le moment, est de trouver la Prêtresse Mère afin de lui remettre moi-même cette couronne qui, selon ses dires, doit lui appartenir. N’est-ce pas la tradition après tout ?” siffla t-elle, dangereuse, avant de reprendre une bonne inspiration et retrouver un semblant de calme. “Annoncer les décrets seraient habile… Mais est-ce que cela serait percutant face à une foule qui vient de passer des heures à attendre une décision en ayant célébré cette soirée ?” s’interrogea t-elle en notant la fatigue, l’incompréhension, le doute, la peur et la colère qui planaient autour d’eux;  sans parler de l’alcool n’était jamais un allié dans de telles circonstances. “Nous ne pouvons pas rester dans l’incertitude, surtout après la déclaration faite concernant l'hypothèse de la Régence volée de l’Automne… Une autre voix pourrait s’élever dans les airs pour clamer qu'elle a été octroyée à une autre Cour encore, et cela ne ferait qu’empirer les choses.” Un constat un tantinet effrayant mais réel pour Niniel qui finit par faire une dernière déclaration. “Il nous faut trouver où se cache la Prêtresse Mère et s’entretenir avec les Hautes Prêtresses encore présentes avec douceur…”

Pouvaient-ils se permettre de s’éparpiller ? La Suprême de l’Été ne voyait pas comment faire autrement efficacement pour tenter de gérer cette situation complètement inédite.

Bal des Marées

Sujet commun — 30 septembre 838

Romeo gratifia Merrill d’un sourire sincère – profondément amical. La confiance était encore là, il avait cru l’avoir perdu quelques semaines auparavant. Ça lui aurait brisé le cœur. Même si le Cagliesi ne l’avouera pas si facilement, il tenait à l’Odegaard. Perdre son amitié aurait été une épreuve et franchement, ces derniers temps, il en bavait assez entre Solaris et les Stormvaengir…

La surprise qui s’imposa sur ses traits. Asmodaï, chef de clan Vega, près des montagnes de Velaris, était fiancée à la Suprême de la Nuit ? Romeo avala de travers son champagne et toussa un peu trop fort, attirant le regard noir d’une noble qui se trouvait non loin. « Pardon ? » Un rire s’échappa de ses lippes parce qu’il pensa à une bonne blague de la part de Merrill. Sauf que l’Odegaard avait sa tête de gars tout à fait sérieux. « T’es sérieux ? C’est… » Son regard se porta à nouveau vers Asmodaï qui dansait avec la Suprême de la Nuit. Peut-être que finalement, les illyriens allaient finir par obtenir le respect tant désiré même si ce n’était pas un combat gagné. Loin de là. Des deux côtés, la résistance était forte. Romeo connaissait le poste de Merrill auprès de sa Suprême. « J’suis content. Pour lui. Pour toi, aussi. Elle a l’air d’être bien, comme Suprême… bien pour nous, en tout cas. » Pour le peuple aussi. Mais Romeo ne la connaissait pas assez pour se permettre. Complimenter Merrill, ça par contre, c’était dans ses cordes. Il lui tapa franchement sur l’épaule avant de finir une coupe de champagne.

L’annonce le laissa sans voix. Le Crépuscule… L’Automne… Son sang bouillonna. Il aurait pu tuer de la Prêtresse sur place. Parce que Romeo avait foi en son Suprême, en sa volonté. Réfuter l’Automne, si c’était vrai, c’était aller contre toutes les avancées… Contre toutes les rumeurs entendues et ce que Merrill avait rapporté de son entretien avec Assya. D’autres rumeurs, celles de dissidences au sein du Crépuscule étaient donc vraies… Leur présence ici prenait tout son sens. « Les gros connards… » Siffla-t-il entre ses dents. Puis le Cagliesi suivit l’Eole du Cercle Nord vers une salle où avait été déposé un sac avec des rechanges.

« Plus que jamais. » Répondit-il à Merrill. Il était prêt, même si son esprit était toujours tourné vers Solaris à l’extérieur – l’inquiétude, toujours présente. Une fois habillé, Romeo attrapa le second sac caché derrière une statut, celui-ci, avait été un énorme risque. Il en sortit deux armes, entre le poignard et l’épée. « J’sais qu’on dit qu’on tuait personne mais j’crois que j’commence à avoir des remords. » Mais les gardes n’y étaient pour rien. « On assomme d’abord, juste de quoi se frayer un chemin vers notre objectif. Mais Merrill, s’il faut porter le coup fatal pour pas qu’on se retrouve dans la merde… » Il n’hésitera pas. Romeo se dirigea vers le couloir, pour retourner vers d’autres salles, proches desquelles se trouvaient des fenêtres menant à l’extérieur, qu’ils pourraient emprunter sans se faire repérer. Un mouvement attira son attention et d’un geste rapide, il assomma le garde avec le pommeau de l’épée, jetant un regard à Merrill. Puis ils arrivèrent proche de la fenêtre, que Romeo ouvrit. « Ça va se corser… » Parce que les gardes étaient nombreux dehors.