[INTRIGUE] Bal des Marées

Bal des Marées

Sujet commun - OUTFIT 1 & 2

Tous ne pouvaient pas avoir la même chance qu’eux. De ça, Atalante en était certaine. Le sourire qu’elle lança à Hase ne faisait que le provoquer davantage – c’est qu’ils auraient dû rester sous ces draps. Les paroles qui suivirent la firent grimacer. Hase avait raison, elle en avait conscience. Mais ce n’était parce que la société attendait d’eux qu’ils fassent une union avantageuse que la ballerine le souhaitait pour ses frères. Avaient-ils réellement eu le choix ? Jamais. Leur naissance avait déterminé leur avenir. Se trouver avec Hase, c’était une chance qu’elle ne mesurait pas encore – parce qu’elle peinait à y croire. La sensation du pouce de l’aubéen caressant sa joue lui arracha un sourire et un sentiment d’apaisement. Ulysse était plein de ressources, elle n’en avait jamais douté. Mais là où les autres voyaient ses frères comme un Seigneur et un membre d’une trinité régnante, chevronnés à la politique, Atalante ne se souvenait que des bouilles enfantines. Un instinct protecteur qui ne la quitterait jamais lorsqu’il s’agissait de ses frères. La de Péone adressa un sourire à Hase – elle n’avait pas besoin de mots pour exprimer ses inquiétudes.

Puis ce fut la voix de Circé Valois qui la détourna. La colère monta rapidement et les mots s’échappèrent de ses lèvres. Les deux Dames ne s’étaient jamais entendues et si Atalante faisait quelques efforts pour son frère, cette attitude l’agaçait profondément. Même après s’être remise à danser, la ballerine bouillonnait. Seules les paroles de Hase réussirent à la détendre, lui coupèrent le souffle lorsqu’elles furent susurrées à son oreille. « Qu’on se ressemble… parce que vous êtes beaucoup moins sage que ce que vous voulez bien montrer, Seigneur Liao. » Dit-elle en appuyant sur son nom de famille avec malice. Les souffles se mêlent et les regards se provoquent dans une danse enivrante. Atalante soudain ne contrôlait plus rien. Un léger rire s’échappa de ses lippes tandis qu’elle s’écarta légèrement, à contre cœur, pour garder une distance convenable. Ils devaient encore se comporter correctement pour quelques heures avant de rejoindre Mirhglin.

La ballerine haussa les sourcils à la remarque de son fiancé. Ainsi, le Seigneur du quartier militaire de Mirhglin n’aimait pas danser. Elle avait remarqué cet air sérieux qu’il arborait toujours sur le visage – d’ailleurs, les rumeurs disaient qu’il n’aimait pas la Saison Sociale. Peut-être qu’il n’aimait pas les foules… Atalante n’y avait jamais réellement prêter attention. Hase l’entraina soudainement au travers de la piste de danse, main dans la main. L’anxiété lui vrilla l’estomac. La ballerine ne s’était pas attendue à rencontre la Suprême de l’Aube ce soir et pourtant, elle savait que c’était une possibilité. Après tout, elle serait bientôt la Dame du quartier médical de Mirhglin. Atalante Liao. Les yeux d’Atalante s’arrondir de surprise lorsque Hase passa à un ton plus formel, montrant sa proximité avec les deux aubéens. Ainsi donc, c’était d’eux que le médecin parlait lorsqu’ils racontaient des histoires sur ses deux plus proches amis à l’Aube. Sa main se serra légèrement à celle de Hase, à cause de l’appréhension. « Votre Suprématie Dugu, Seigneur Fujihara, je suis également ravie de vous rencontrer. » Répondit-elle avec un sourire, à celle qui avait un visage détendu8 et à celui qui paraissait moins grincheux depuis que Hase était arrivé. Un rire s’échappa alors des lippes de la de Péone en écoutant la Suprême. Elle paraissait si gentille. « Ne vous inquiétez pas, j’ai moi-même obligé Hase à m’accompagner sur la piste de danse toute la Saison Sociale… Le ton fut à l’image de celui de la Suprême, à la taquinerie encore son fiancé. Vous pourrez juger de vous-même de son amélioration lorsque vous le volerez le temps d’une danse. Je sais à présent avec quel autre Seigneur mon fiancé partageait les soirées mondaines aux abords de la piste avant de me connaître… » Ajouta-t-elle sur un ton léger. « Il me tarde d’être à Mirhglin, si votre emploi du temps le permet, peut-être que nous aurons le temps de boire le thé ensemble à mon prochain séjour, Votre Suprématie. Je pourrais vous raconter toutes mes prouesses… » Se permit-elle d’ajouter avec un léger mouvement de taquinerie en direction de Hase.

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le bal des marées

tw: Ø | outfit | 30 septembre 838

De son petit discours, Zoya n’en croit pas un mot. Pour la première partie, elle se contente de l’observer avec un masque de neutralité. Ne laissant rien transparaitre quant à ses réelles pensées. Ce que la jeune femme (Hestia) semble penser d’elle, le fait qu’elle la mette dans le même panier que tous les autres en les stigmatisant… C’était prévisible. Et ça démontre une certaine étroitesse d'esprit. Mais ça ne fait que démontrer qu’une chose : elle n’y connait strictement rien sur quant à qui ils sont, et ce qu’ils font tout là-haut. En soit, ce n’est donc pas si étonnant que ça qu’elle ne s’en tienne qu’aux préjugés et à l’image que le peuple tire d’eux… D’où le fait que Zoya préfère garder le silence, et ne pas réagir. Cela ne l’intéresse tout simplement pas de rentrer dans un débat dont la jeune femme ne comprendrait rien. Qu’elle reste un peu parmi eux, et qui sait… Elle devrait bien vite changer d’avis.

Parce qu’il est là, le paradoxe. Elle dit qu’elle n’est pas intéressée. Oscille, hésite, quant à sa réelle envie de faire partie de ce monde. Et de ça, Zoya n’y croit pas une seule seconde. Car il y a des regards qui ne mentent pas. Une attitude, aussi, qui en dit long. Elle se targue d’être au-dessus des avis de la noblesse, dont elle a tenté de choquer d’une manière éhontée. Mais la vérité… Zoya va vite la-lui faire connaitre, « Offenser ne serait pas le terme adéquate. Vous ridiculiser, serait plus approprié… Ils n’en ont que faire de vous, de ce que vous pensez, ou pire de ce que vous cherchez à faire. Vous êtes un sujet de bavardages et de commérages parmi tant d’autres. Ils vous ont vue, ils ont grimacé, se sont esclaffés, et ils sont passés à autre chose. Sa voix s’est probablement un peu durcie, tout comme son regard qui sonne comme un rappel à l’ordre. La jeune femme a tort de se penser aussi importante, et de faire de ses erreurs stratégiques un pilier qui justifierait du contraire. Qu’elle tente de faire croire que ses choix étaient volontaires, et surtout attendus, Zoya n’y croit absolument pas. Non, la jeune femme a tenté de se faire remarquer positivement. De marquer les esprits. Mais de là à aller jusqu’à se ridiculiser ? Elle peine à accepter le fait que c’était vraiment ce qu’elle souhaitait au départ. Car qui voudrait tendre le bâton pour se faire battre ? J’ai bien du mal à vous croire quand vous dîtes ne pas être intéressée. Car qui ne le serait pas ? Si vraiment c’était le cas, vous ne seriez jamais venue. Et encore moins dans un pareil accoutrement. Vous cherchez à attirer l’attention. Peut-être pas de la noblesse, mais d’au-moins une personne en particulier. Mais qu’importe, cela ne me regarde pas. » Tout comme cela ne l’intéresse pas, au fond. Le regard qu’elle lui lance suffit à lui faire comprendre qu’elle pourrait bien être au courant de qui est cette personne, et de la problématique de la différence de rang qui les oppose. D’un battement de cils, Zoya chasse la dureté qui s’est instaurée sur son visage pour reprendre des traits adoucis.

Les présentations étant faites, elle sent un changement radical dans l’attitude de la jeune femme. Une certaine surprise dont elle ne se cache pas. « Je suis la demi-sœur de Zélie Wintell. À sa mort elle m’a transmise les titres de propriété afin que je fasse perdurer le Floraison que j’ai appris, au fil des années, à affectionner à ses côtés. » Y’a comme une fêlure dans l’éclat de son regard, qui s’obscurcit à chaque fois qu’elle en vient à penser –et pire, à parler– de la disparition aussi subite que tragique de Zélie. Toutefois, la Comtesse se reprend rapidement, d’autant plus face à la répartie de celle qui se prénomme Hestia Kozlov. Un demi-sourire amusé se dessine face à sa remarque, une fois qu’elle a fait le lien entre elle et les distilleries Sojka. Une adepte de leurs breuvages, qu’elle en déduit. Elle incline légèrement la tête quand cette dernière s’excuse en annonçant l’avoir mal jugé. Car ça, Zoya l’a très bien ressenti. Elle lit sans mal l’engouement dans l’attitude de la Kozlov, qui la fait froncer des sourcils. Il n’est pas difficile de deviner que l’alcool commence à lui faire tourner la tête, et lui délier la langue. Zoya garde son sérieux quant à la question que finalement elle lui pose, se décidant à lui répondre avec sincérité, « Quand on goûte au pouvoir et à la renommée, il est difficile de s’en détacher. Je suis née dans les basfonds de Velaris, avec comme seule arme une volonté, pour ne pas dire une obsession, à vouloir m’élever afin de devenir quelqu’un. Je me suis battue farouchement pour arriver là où je suis aujourd’hui, et même si j’exècre ceux qui m’entourent, pour rien au monde je ne retournerai là-bas. D’un mouvement de la tête elle pointe le reste de la Capitale, avec la Grande Place où s’est rassemblé le petit peuple. J’ai le pressentiment que vous, plus que tous les autres présents dans cette salle, êtes à-même de le comprendre. Car je vois le même feu qui brûle dans vos yeux que celui, à l’époque, qui irradiait dans les miens. Un sourire presque attendri qui modifie la courbure de ses lèvres, avant qu’elle ajoute, Avant d’être une Comtesse, d’être une Wintell, ou encore d’être une mère maquerelle, je suis une tailleuse. C’est de par mes talents que j’ai réussi à me faire connaitre. Je suis surtout reconnue au sein de la noblesse pour ça. Ils me détestent car je ne viens pas du même monde qu’eux. Mais en même temps… Ils ne peuvent pas se passer de moi. » Un rire amer ricoche fugacement, l’éclat d’un dédain accumulé pendant plusieurs décennies transperçant avant qu’elle ne se reprenne tout aussi rapidement. « Je pourrai vous aider. Le jour où vous vous sentirez prête à accepter ce que vous ressentez réellement et à le revendiquer. Passez me voir au Floraison, et je verrai ce que je peux faire de vous. Nous commencerons par revoir entièrement votre style, et puis… Si cela vous intéresse, je pourrai probablement aussi atténuer les cicatrices sur vos bras. » Mais Zoya doute que ce soit vraiment ce qu’elle envisage, car sinon pourquoi les afficher aussi distinctement aux yeux des autres ? Dans tous les cas, sa proposition est lancée. À la Kozlov de l’accepter, ou de la décliner.

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Bal des Marées

Sujet commun - OUTFIT

Lazar n'était pas fier de ce qu'il s'était passé avec Neréis depuis queqlues mois, mais il savait aussi qu'il ne pouvait rien faire de plus. Alors quand la fae estivale lui répond en le taclant, Lazar devient blanc. Il ouvre la bouche, la referme, incapable d'émettre le moindre son. Elle lui en veut encore, énormément. Comment pourrait-il en être autrement après tout ? Elle lui a clairement fait comprendre qu'ils n'avaient plus rien à faire ensemble et il est le responsable de tous ses ennuis. Pourtant, Lazar ne s'attendait pas à une telle pique.

Neréis semble regretter ses mots, et Lazar trouve ça encore plus dur. Elle en a totalement et irrémédiablement finie auprès du nocturne. Lazar ne peut s'empêcher de jeter un regard vers Dana, leur unique point commun finalement après tout ce temps. Dana qui l'avait poussé à se prendre en main, à essayer encore et encore, à assumer ce qu'il ressentait. Dana qui voit bien que c'est Neréis qui ne veut plus, qui le repousse parce qu'il ne lui apporte rien de bon. Pendant un instant, il songe qu'il aurait du rester devant le palais, qu'il n'aurait pas dû se mêler aux nobles cette nuit-là. Surtout pas avec un costume bleu pétant à sequin qui ne passera jamais inaperçu, mais c'est trop tard. Il s'apprête à partir, comme Neréis lui a demandé quand il relève les sourcils. « Restez ? De qui tu parles ? Pas de Dana je suppose... » Ce n'est pas qu'il est lent à comprendre, c'est que son esprit est au plus bas, son coeur est piétiné, ses ambitions sont revues à la baisse, malheureusement son esprit continuer de songer aux pire scénarios. « Tu parles d'Hestia ? » Son coeur s'arrête, Hestia, elle est dangereuse quand elle est en colère, Hestia elle a pu faire une connerie, de quoi elle s'est mêlée encore ? Si Lazar ne lui avait JAMAIS parlé de Neréis c'était bien pour une bonne raison. Il déglutit, son visage toujours blanc comme un linge, regarde Dana en la suppliant d'intervenir, puis finalement s'incline. « Ma Dame, je ne vous embêterai plus jamais alors. » Et s'éloigne avant de faire une connerie plus grosse que lui.

Qu'est-ce qui lui a pris de croire qu'il avait une place ici ? Et où est-ce que sa soeur se cache ? Le pire, c'est qu'il sait qu'il ne la confrontera pas tout de suite, ce n'est ni le lieu, ni le moment. S'il la cherche, c'est parce qu'il est détruit intérieurement et qu'il a besoin de se raccrocher à la seule bouée qui ne lui a jamais fait faux-bond.

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Bal des Marées

Sujet commun - OUTFIT 1 & 2

L’anxiété du résultat de la régence l’avait quitté depuis plusieurs minutes. D’abord, grâce à la présence lumineuse de Merrill, qui ne manquait jamais de la faire rire ou de lui apporter un certain réconfort. Maintenant, grâce à la présence d’Asmodaï – qui avait le don de s’insérer dans tous les pores de sa peau pour mieux torturer son esprit. Avec l’illyrien, Assya passait du chaud au froid en une seconde. Resplendissante. Rien que le mot, prononcé les lèvres de son fiancé, lui provoquait un frisson. Autant que son attitude – comme s’il ne s’était rien passé. Comme si la dispute de l’après-midi n’avait jamais existé. Pourtant elle était là, face à lui, heureuse de ce compliment ; désespérée d’avoir envie qu’il reste. La question qu’il lui posa eut le don d’achever toutes ses résolutions de lui tenir tête, du moins, pour la soirée – parce qu’Asmodaï, même dans leurs disputes, montrait toujours de l’intérêt pour elle. Mais la réponse, un mélange d’intimité et d’ambition, ne lui vint pas naturellement. Parce que c’était un secret que l’Ozerov n’avait encore confié à personne.

Assya se laissa emporter par le flot d’émotions. Ses doigts frôlèrent la peau d’Asmodaï en lui coupant le souffle. La réponse qu’il lui donna ne fit que lui faire froncer les sourcils tout en crispant tout son corps. Une ancienne connaissance ? La Suprême eut envie d’insister et de savoir à quel point ils avaient été proches avec cette ancienne connaissance qu’était la Comtesse Sojka. Mais le chef de clan ne lui laissa pas le choix, coupant court à toutes possibilités de réflexions. Parce qu’il l’invita à danser. La main d’Assya se posa instinctivement dans celle de l’illyrien et elle observa quelques instants les deux mains qui s’entremêlaient. Un sourire en coin se dessina sur les lèvres de la Suprême de la Nuit. « Seulement parce que je suis curieuse de vous voir au milieu de tous ces nobles sur cette piste de danse. » Oh, en réalité, ses joues s’échauffaient déjà de la proximité dans laquelle ils se trouveraient. Ne quittant pas son regard des yeux, Assya le tira vers le centre de la pièce, tout en mordillant sa lèvre inférieure. Lentement, elle se rapprocha du corps d’Asmodaï, avant de diriger sa main libre au creux de sa taille. « Je peux ? » Susurra Assya d’une voix malicieuse en portant sa main sur l’épaule de l’illyrien, prenant soin de ne pas toucher ses ailes par mégarde. Ils n’avaient jamais été aussi proches. Toute la salle, évidemment, serait alertée et demain, ils apprendront pour les fiançailles, lorsque le communiqué déjà prêt n’attendait qu’à être délivrer.

La Suprême commença à guider Asmodaï dans le silence. Tous deux se fixaient en s’étudiant. Se découvrant, sous un autre jour. Il était venu. Il s’était habillé. « La régence est toujours une parfaite occasion pour impacter sur la politique – de visiter les autres Cours. Je devrais le vouloir. » Un frisson parcourut Assya. « Parfois c’est… déroutant. » La visite des laboratoires de l’Aube, même si Wanyin n’y était pour rien, lui laissait un arrière-goût amer ; c’était un terrible secret et un lourd fardeau pour son homologue. Même si Assya était énervée, elle le reconnaissait. « Tous les Suprêmes devraient être attirés par l’opportunité… mais, avec la régence vient aussi l’obligation de déménager à Elysium. Je ne m’imagine pas quitter la Nuit avec un contexte si fragile. Laisser ce fardeau sur les épaules de mon frère, faire confiance au ministre… Ça m’angoisse toujours, lorsque je suis loin du Ciel Nocturne. » Là-bas, elle avait un semblant de sécurité même si la trahison de son ancien ministre – le meurtre commandité également, qui la rongeait de culpabilité. « Je ne me sens jamais en sécurité. Mais ici, c’est pire. » Révéla-t-elle doucement, parlant pour la première de ce sentiment paranoïaque, comme si on allait tenter de s’en prendre à elle ou à sa famille, à la moindre occasion. Son regard se fit fuyant parce qu’Assya n’avait pas l’habitude de se confier – mais la proximité d’Asmodaï lui faisait tourner la tête.

Résumé:

Bar des Marées

Sujet commun — 30 septembre 838 - outfit

Lorsqu’elle avait pénétré le Bal des Marées, la Kozlov avait immédiatement senti le fossé qui la séparait d’eux, de ces nobles. Cette montagne qui lui semblait impossible de gravir, cette étape de vie à laquelle elle n’avait jusqu’ici jamais vraiment songé. Mais les choses avaient changées, et si elle n’était pas confiante lorsqu’elle était entrée, elle s’était armée d’un bouclier d’aplomb et d’audace. Entrant dans cet endroit où elle n’avait pas lieu d’être, vêtue de cette robe indécente qu’elle trouvait ravissante. Elle s’était sentie belle, Hestia, lorsqu’elle avait croisé les prunelles de Delyan, lorsqu’elle avait lu l’amour qu’il lui portait, le désir qui le dévorait à l’idée de la délester des quelques bouts de tissus qui la couvraient. Elle n’avait jamais été pudique, pas plus qu’elle n’était timide. Mais elle était restée si longtemps dans l’ombre, cachée derrière la silhouette masculine de son frère aîné, Lazar, qui brillait par sa seule présence, par son éclat, par cette voix qu’il aimait faire entendre, ce rire qui faisait chavirer les cœurs, qui charmait quiconque l’approchait lui, faisant qu’on l’oubliait toujours, elle, qu’aujourd’hui, elle avait eut envie de se montrer. De les choquer, d’imposer sa présence alors qu’elle n’était pas la bienvenue et qu’elle ne le serait jamais. Ehsan le lui avait fait comprendre. Les termes qu’il avait employés étaient plein d’une bienveillance qu’elle peinait toujours à comprendre. Mais le résultat était le même : leur différence était telle qu’elle n’aurait jamais sa place à ses côtés. Alors ce soir, Hestia avait voulu lui prouver qu’il se trompait. Et elle avait échoué.

Cette vérité l’avait frappée aussi sévèrement que les mots que la fae(Zoya) lui avait adressé. Vous ridiculiser. Elle s’était sentie mal, un instant. Rattrapée par cette réalité qu’elle n’était pas prête à encaisser. Qu’elle ne voulait pas accepter. Elle ne leur donnerait pas raison, ni à eux, ni à elle et encore moins à lui. Elle pouvait se montrer maladroite, peut-être, elle pouvait ne pas avoir les traits d’esprit de son frère, ne pas avoir la fibre nécessaire pour naviguer parmi eux aussi aisément que pouvait le faire Dana, mais elle méritait qu’on la regarde sans qu’on ne dédaigne sa présence. Sans qu’on ne se dépite de son existence. Ses poings s’étaient crispés sous l’affront, ses dents serrées dans sa mâchoire alors qu’elle braquait un regard froid, empli d’une colère sourde, noire, en direction de la noble qui la jaugeait. Les mots étaient restés coincés dans sa gorge, alors que la tête lui tournait. Sentant son monde vriller, chavirer au rythme d’un palpitant qui s’emballait. Blessée. Vexée. Elle ne pouvait éclater ici. En appelant à une maîtrise illusoire d’elle-même, Hestia tâcha de rester de marbre, bien consciente qu’elle ne parvenait pas vraiment à créer l’illusion auprès de la noble. Son coeur, ce foutu coeur, manqua un battement, délaissant sa course acharnée pour se tourner uniquement vers lui alors que sa comparse du buffet lui expliquait avoir compris le jeu dans lequel la marchande s’était lancée. Elle ne voulait qu’eux la regardent. Elle voulait ses prunelles à lui. Et juste ainsi, le sujet fut balayé, achevé par un manque d’intérêt de la part d’une femme qu’Hestia trouvait de moins en moins sympathique.

Puis la Dame se présenta. Et liens se tissèrent rapidement dans l’esprit d’Hestia. Elle posa un regard nouveau sur elle, balayant presque les offenses, les mots qui étaient parvenus à la piquer là où elle se pensait pourtant protégée. Elle préféra les ignorer, laissant son attention et son enthousiasme prendre le dessus sur cette colère que la Comtesse était parvenue à réveiller, et sur cet égo que la noble avait savamment piétiné. Une émotion fit tanguer l’air entre les deux faes. Un émoi qui venait de la Sojka lorsqu’elle glissa quelques mots à propos de sa demi-sœur disparue. Zélie. Le nom résonna en elle jusqu’à trouver l’écho de la fureur de son meilleur ami lorsque l’annonce était tombée. Colérique, Eros pouvait l’être, mais rares étaient les fois où Hestia l’avait vu se fendre d’une rage aussi sombre, mais il s’agissait d’une personne de sa famille que l’on venait d’assassiner, alors comment pouvait-elle le lui reprocher ? La marchande adressa un regard sincèrement désolé à Zoya, elle ne pouvait partager sa peine, n’ayant pas eut la chance de connaître la Wintell dont il était question, mais eut une pensée, pieuse, quoi qu’un peu alcoolisée, en direction de l’ancienne propriétaire du Floraison Nocturne dont Eros lui avait beaucoup parlé.

La Comtesse ne laissa pas longtemps paraître sa peine, se fendant d’un sourire amusé face à la Kozlov dont la langue se déliait sous les gorgées de pétillant. La conversation, sans être superficielle, se fit plus facile. Oui, Hestia comprenait l’envie de faire partie de ce monde là, quand bien même refusait fermement de l’énoncer. Préférant se trouver une multitude d’excuse pour justifier sa présence ici, alors qu’au fond, elle les avaient toujours envié. Ses lèvres s’étaient pincées à l’énonciation des bas-fonds de Velaris, elle n’y avait jamais vécu, toujours abritée par la demeure qu’elle avait brûlé quelques mois plus tôt, emportant la vie de son paternel dans le brasier. Alors oui, elle comprenait que l’on puisse jamais vouloir y retourner, que l’on puisse s’imposer des choses que l’on exècre seulement pour échapper à une vie que l’on ne pouvait plus supporter. N’était-ce pas exactement ce qu’elle faisait ? Peut-être pas avec autant de brio que la propriétaire du Floraison, peut-être pas avec le même niveau d’éducation. Mais à armes égales, pourrait-être faire office de comparaison ? « Une tailleuse… » qu’elle avait murmuré, sentant ses prunelles briller de plus belle alors que la Kozlov était suspendue aux lèvres de Zoya. Elle lui avait sourit, partageant la fierté de la Comtesse qui était parvenue à se faire une place parmi eux, tout en détonnant avec le décor. Peut-être représentait-elle exactement cet idéal qu’Hestia voulait atteindre. Cette femme qui se fondait dans la masse, que l’on remarquait malgré tout, cette femme qui avait sans place, sans réellement être acceptée par ses semblables. Elle freina le train de ses pensées, sentant celles-ci s’emballer à mesure que son admiration grandissait. L’alcool commençait à réellement lui brouiller les idées. La proposition lui fit hausser un sourcil. L’aider ? Fière et déjà piquée dans son égo, elle avait haussé le menton, incapable d’admettre sur l’instant qu’effectivement : elle avait besoin d’aide. Et la Sojka pouvait être une alliée précieuse, si seulement Hestia parvenait à faire face à des sentiments qu’elle étouffait depuis si longtemps. Elle laissa glisser la remarque sur ses accoutrement, nouvellement riche, la marchande se faisait plaisir, ayant troqué ses chemises masculines et ses pantalons droit contre une penderie entière de robe aussi extravagante que l’était celle-ci. Mais les propos tenus à propos de ses cicatrices la firent hésiter. Voulait-elle seulement les effacer ? Ses prunelles quittèrent les orbes de la fae pour se poser sur la chair de ses bras, sur la marque de ce pacte, sur le fardeau qu’elle portait, à même la peau. Les lèvres pincées, elle ne savait quoi répondre.

« Je… qu’elle entama, laissant son regard balayé une nouvelle fois la foule. Ses sourcils se froncèrent de nouveau alors qu’elle voyait Lazar, son frère, s’éloigner du groupe formé par Dana et Néréis, le visage las et les traits tirés. Son cœur se serra. La détresse qu’elle lisait sur son minois eut vite fait de balayer tout le reste de ses pensées. Seul lui comptait, comme ça avait toujours été le cas. Je vous remercie, Comtesse, qu’elle répliqua, sincèrement reconnaissante, pour vos conseils, pour votre proposition. Je ne manquerais pas de passer au Floraison Nocturne, si ce n’est pour accepter votre offre au moins pour profiter d’une soirée dans votre établissement, acheva-t-elle armée d’un sourire entendu. Hestia se saisit de trois nouvelles coupes, une pour Delyan, comme elle le lui avait promis, une pour elle-même et une dernière pour Lazar qui semblait en avoir besoin. Elle quitta la compagnie de Zoya ainsi, sans plus de mots à lui adresser pour fendre la foule et parvenir rapidement à la hauteur de son frère aîné. « Laz, qu’elle murmura, bousculant doucement celui-ci d’un coup d’épaule. Son sourire ne parvint pas à ses yeux alors qu’elle détaillait les traits pincés de son adelphe. Tout va bien ? Tiens, elle lui tendit l’un des verres. Allons rejoindre Delyan, il va probablement vouloir me réduire en charpie, je l’ai abandonné aux mains des Wintell » elle ne prit pas la peine de lui expliquer pourquoi la situation s’avérait problématique. Les traits de la Kozlov se détendirent peu à peu, à mesure qu’ils avançaient pour rejoindre le Volyn et Despina, Eros semblait s'être fait oublier. Lazar était là, et s’il restait bon nombre de non-dits qui flottaient entre eux, elle devait bien admettre que ça lui plaisait de savoir que son frère était à ses côtés.

résumé:

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darling you give love a bad name

Bal des Marées

30 Septembre 838

Le regard posé sur Mahaut de Boissieux, Ehsan esquissa un sourire doux, inclinant la tête avec amusement. Il appréciait la ministre qui portait la compétence comme une seconde peau, ne manquant jamais d’intelligence et de réparti. Plus jeune, il aurait été intimidé par la puissance qui se dégageait d’elle. Aujourd’hui, bien qu'il soit plus calme à son approche, il ne pouvait s’empêcher de la trouver impressionnante.

« En effet, cette soirée ne semble pas manquer d’agitation », souffla le Suprême avec douceur vers la dame avant de tourner la tête en direction d’Ambroise Valois.

Le mâle lui décocha un sourire amusé alors que le trait d’humour du printanier glissait entre eux. Il avait perdu le compte des compagnons et compagnes d’un soir qu’il avait vus tomber entre ses bras, des échanges éphémères voués à l’oubli d’une nuit. Entre chaleur et feulements, désirs passagers et vices, Ehsan avait si longtemps navigué dans les eaux troubles du plaisir qu’il aurait pu être à l’origine de la majorité des rumeurs circulant dans toute la société evannorienne. Dire qu’il se devait d’être sage… Il se mordit la lèvre, réprimant la taquinerie suave qui le démangeait avant de replacer un sourire doux sur ses lèvres. Ce n’était clairement pas l’endroit pour de telles taquineries.

Durant une fraction de seconde, le regard d’Ehsan vagabonda dans la pièce. Une infime seconde d’inattention suffisait pour que le mâle croise le regard du Volyn. Un nouveau nœud se forma dans sa gorge, sa bouche s’asséchant brutalement. Il avala difficilement, l’esprit embrumé alors que la culpabilité empoignait son pauvre cœur fatigué. Il détourna les yeux, l’épiderme électrisé, cachant de nouveau sa souffrance derrière quelque chose de plus doux : un sourire et des mots. Ses prunelles retrouvèrent le Suprême du printemps, dont l’humeur s’était légèrement assombrie. Posant le bout de ses doigts contre le bras du printanier dans une petite tape amicale, il murmura en douceur :

« Vous savez… Je crois qu’elle s’entendrait bien avec ma sœur », souffla-t-il doucement en jetant un regard fugace dans la direction de la tête blonde qui l’avait houspillé. « Il faut beaucoup de courage pour se moquer ainsi du regard des autres et se tenir droite pour protéger l’un des siens. »

Les prunelles du Suprême s’adoucirent grandement. C’était une qualité, et si la Valois apprenait à mettre un peu d’eau dans son vin, elle irait très probablement très loin. Il n’était pas inquiet. Il pouvait presque entendre le sermon, sans doute similaire à un de ceux qu’il aurait lui-même servi à sa petite sœur. Son sourire esquissa une nouvelle courbure alors que la tendresse du souvenir le caressait tout entier. Pour une fois, il devait avouer que la suite des événements avait réussi à lui changer les idées.

L'inquiétude s'infiltra en lui alors qu'il observait le visage de Rosalie défait par une émotion qu'il ne lui reconnaissait pas. Elle n'allait pas bien ; l'évidence était aussi frappante que préoccupante. Les sourcils du Suprême se froncèrent alors qu'il voyait la frêle silhouette disparaître. Il tourna le regard vers Ambroise, arquant un sourcil interrogateur. Il ne pouvait décidément pas partir à sa suite pour vérifier qu'elle allait bien ; les rumeurs ne feraient que s’amplifier. Et puis, malgré son appréciation pour la petite Valois, ce n'était pas de son ressort. Il inspira profondément, portant sa coupe contre ses lèvres, avant de s’arrêter, le regard écarquillé de surprise. Lui, haut Suprême ? Que la Mère leur vienne en aide, il ne poserait jamais un tel titre entre ses mains. Certes, elle l’avait fait une fois en faisant de lui un Suprême. Les raisons de la Mère étaient un mystère. Sans doute avait-elle de bonnes raisons, du moins le mâle l’espérait de tout son cœur. Mais il était réaliste, il n’avait pas la maîtrise d’Ambroise, l’éloquence de Niniel, l’optimisme d’Assya, l’ambition de Cesare, la prudence de Wanyin ou encore le réalisme de Sanna. Il était quelque part… autre chose.

Une nouvelle tête qui venait d’apparaître à leurs côtés attira son attention. Il lui accorda un sourire, la saluant gentiment avant d’esquisser un léger sourire et de secouer la tête.

« Ne nous portez pas malheur, Votre Suprématie », souffla Ehsan en observant Ambroise puis Hyacinthe, lui offrant de nouveau un sourire léger. « Que la Mère nous garde, j’aimerais ne pas être trop éloigné de ma cour… De plus, je doute d’être le plus conforme à ce titre. »

Il cacha son sourire derrière sa coupe, balayant la pièce de nouveau alors que son regard percutait la seule Fae qu’il avait espéré ne pas voir ainsi. Il détourna les yeux, comme brûlé à vif, le cœur tambourinant violemment alors qu’il comprenait ce qu’il avait manqué plus tôt. Pourquoi, par la Mère, Hestia Koslov était-elle à demi-nue ici ? Une chaleur lappa l’intérieur de sa poitrine alors qu’il sentait les picotements familiers de son regard caressant sa nuque. Il manquait de mots, de souffle et d’énergie. Incertain, il posa un semblant de sourire, la lumière tanguant dans son regard, reprenant là où il s’était arrêté :« Peut-être que le palais restera aux couleurs de la cour de l’été… ou se décorera aux couleurs de l’automne. »

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le bal des marées

tw: Ø | outfit | 30 septembre 838

Il n’est pas compliqué de deviner que ses paroles ont blessé Hestia. Car après tout, comment pourraient-elles ne pas l’être ? Zoya a été franche. Directe. Et blessante. Dire que ce n’était pas son intention serait un mensonge, car en prononçant ces mots, elle savait qu’ils allaient forcément atteindre la jeune femme de plein fouet, et en plein cœur. C’est son égo qu’elle piétine de manière éhontée. Sans vergogne. Mais non sans ressentir une pointe de culpabilité, tout de même. Si Zoya dit ce qu’elle a à dire, c’est parce qu’il le faut. Que la jeune femme a besoin de comprendre son erreur, sa méprise, sa maladresse. Elle a aussi besoin d’être remise à sa place, d’une certaine manière. Et quand bien même Zoya ne le fait pas de gaité de cœur ; le fait est qu’elle le fait quand même. Parce qu’Hestia la remerciera. Tôt ou tard.

C’est presque pour tenter de l’apaiser, tout en cherchant à se faire pardonner, qu’elle finit par lui proposer son aide. Car autant la critique et le jugement sont faciles, autant il est plus compliqué de trouver des solutions. Zoya, une fois qu’elle a dit le fond de sa pensée, se permet donc de lui tendre sa main. Car Hestia et elles ont beaucoup en commun. Et si Zoya balance quelques bribes de son passé pour que la jeune femme le comprenne, elle ne rentre cependant pas réellement dans les détails. Plus tard, peut-être, si c’est ce que souhaite la Kozlov.

Un sourire entendu, ainsi qu’une inclinaison polie de la tête, suffit à donner congé à Hestia qui, après avoir observé la foule et pris trois coupes de pétillant avec elle, faisant le choix de s'éclipser poliment. Elle l’observe se perdre parmi les autres convives, avant de prendre une profonde inspiration et de fermer plusieurs secondes ses yeux. Quand elle les rouvre, elle se décide à quitter la grande salle, disparaissant parmi les ombres des jardins.

Elle est à la recherche d’un visage familier, qu’elle ne trouve d’ailleurs toujours pas, quand elle tombe plutôt sur un groupe de jeunes femmes qu’elle ne connait que trop bien. Sentant son cœur manquer un battement, elle serre la mâchoire et prend un virage à quatre-vingt-dix degrés pour ne pas avoir à les affronter. Zoya prend la fuite, profitant qu’elles ne l’aient pas vue pour se cacher derrière une cascade… Et tomber nez à nez avec celle qu’elle reconnait tout de suite comme étant Niniel Ethelil. « Votre Haute-Suprématie, qu’elle souffle, le rouge lui montant instantanément aux joues. Veuillez m’excuser, je ne pensais pas croiser quelqu’un ici… » Et encore moins quelqu’un de sa stature. Zoya a les lèvres pincées et le dos raide. Observant cette Haute Suprême avec une confusion et une intimidation qu’elle ne réussit pas à cacher. Elle marque un pas vers l’arrière, prête à rebrousser chemin ; préférant, contre toute attente, se confronter à ces femmes qui prennent un malin plaisir à la houspiller –pour ne pas dire la harceler– depuis qu’elle a fait son entrée dans la noblesse, plutôt que de rester aux côtés de l’Ethelil.

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Bal des Marées

30 Septembre 838 - tenue

A quoi jouaient-ils tous les deux ? Despina ne répondit pas à sa première question, partant du fait que tout le monde penserait qu’elle l’avait fait de façon plus privée lors de cet échange que personne d’autres n'avait entendu. Mais la surveiller, elle ? A quoi cela pouvait-il bien rimer ? Simple boutade ou véritable suggestion ?
Elle pensa à Ehsan évidemment, un suprême attisait intérêt et jalousie et elle était arrivée à son bras après tout, et surtout au culte, puisqu’il s’agissait évidemment de son plus grand secret. Mais elle chassa très vite tout cela, songeant qu’elle était en train de le surestimer et que sa remarque ne servait qu’à la faire douter, déjà que sa simple présence provoquait trop de choses, trop contradictoires.

Comme elle aurait aimé pouvoir ignorer sa présence ! Chose impossible. Il était là, aussi détestable que captivant et s’être approchée de lui avait été autant une pulsion impossible à réfréner qu’une terrible erreur. Elle n’arrivait plus à reculer, encore moins à penser. Il était odieux et Despina, elle, perdait pied. Elle n’avait jamais été aussi perturbée et hésitante. Pas de répartie cinglante en tête, le grand vide, les doigts légèrement tremblants ; son monde si symétrique était devenu chaos en l’espace de quelques secondes. Et par- dessus-tout, le sentiment qu’il n’était jamais assez proche...

Il recula et elle retrouva son souffle, comme si elle avait été en apnée le temps de ce rapprochement, et ce sans même s’en rendre compte. Un soulagement teinté d’amertume, ce qui commençait à l'agacer. Ce mâle n’avait pas le droit de produire un tel effet sur elle, sur ses sens, elle ne le voulait pas et en plus cela lui faisait perdre le contrôle.

Car, en plus du reste, cet hybride n’avait pas tort : elle ne se conduisait pas du tout comme elle aurait dû dans ce contexte, mais le comportement de la Kozlov lui paraissait impertinent et insultant. Suffisamment pour que son agacement soit légitime, non ? Quant à lui, il lui faisait perdre son sang-froid légendaire pour la deuxième fois de la soirée, et ce, sans même avoir fait quoi que ce soit pour que cela arrive.
Elle devait se ressaisir et urgemment. Surtout qu’Eros était en train de lâchement l’abandonner… « D’accord. » Qu’elle lui murmura alors qu’elle ne l’était pas du tout, et qu’elle planta ses ongles dans son bras avant qu’il ne parte. Il lui revaudra ça un jour…

Ils n’étaient pas seuls pour autant, Suheila et Dua devaient la regarder en se demandant ce qu’elle avait bien pu manger aujourd’hui pour se conduire ainsi, elle, la petite printanière si délicate et si polie.
D’un autre côté, l’excuse était toute trouvée et puisqu’elle avait déjà l’air au bout de sa vie, autant en rajouter, non ? Quoiqu’il en soit, elle devait reprendre son rôle, et sa composition digne d’une dame et du suprême qu’elle accompagnait.

« Pardonnez-moi, je suis un peu tendue… Je n’ai pas tellement participé à ce genre d’évènement depuis… » La mort de mon époux. L’attentat de Beltane. Elle avait bien fait quelques mondanités, mais un aussi gros événement politique ? Pas vraiment. Daisy regarda tour à tour les deux femmes et l’hybride, qu’elle évitait de regarder dans les yeux, se montrant particulièrement vulnérable et plus insistante auprès des deux grandes faes qui connaissaient son histoire. Il n’y aurait rien d’étonnant à croire que cela l’avait traumatisé, d’ailleurs elle l’était un peu quelque part, même si elle en rajoutait. En bonne comédienne, son regard se déplaça aléatoirement dans la salle, comme pour confirmer son inquiétude. Puis elle revint à leur mouton, et à sa défense, refusant de porter la faute de son impolitesse.

« Il faut tout de même admettre que le comportement de Mademoiselle Kozlov est quelque peu humiliant, venir ainsi pour insulter mon frère et vous remettre entre mes mains comme une vulgaire marchandise... A quoi cela peut-il bien rimer ? (Elle regarda davantage Suheila, certaine qu’elle la soutiendrait.) Mais il semblerait que vous en soyez autant une victime que je ne le suis moi même. Maintenant, je le réalise. »

Et peut-être était-ce là, la réalité, après tout. Elle n’avait jamais rien eu contre Hestia jusque là, mais elle n’était pas prête d’oublier ce qu’elle avait fait ce soir ni de lui rendre la pareille un jour.

« Je ne pense aucun mal de vous Monsieur Volyn, nous ne nous connaissons pas. » Et que cela reste ainsi… Elle eut envie de vomir en disant cela, autant pour le fait de s'abaisser à ça que pour la contradiction que cela éveillait en elle, comme un mal de mer. Et heureusement qu’Eros n’était plus là pour l’entendre... Elle plongea son regard dans le sien, froid comme la glace malgré des propos polis. De toute évidence, elle maîtrisait l’hypocrisie nécessaire à ce genre de soirée quand elle ne se laissait pas dépasser par des émotions étranges et sorties de nulle part.

Despina se rapprocha alors de sa grande tante, voyant malheureusement trop tard que la Kozlov revenait vers eux pour fuir avec elle avant une nouvelle rencontre. Elle ignora sa compagnie (Lazar) et lui adressa un sourire pas du tout sincère.

« Hestia… Ton hybride de compagnie a été très sage. Surtout n’hésite pas si tu as encore besoin. Ou bien, achète lui une laisse.
Sur ce, passez une agréable soirée. »

Après un dernier regard hautain en direction de la fae de la nuit, la printanière se détourna, affichant à nouveau un doux faciès et prit la main de la guerrière du jour.

« Dua, peut-être devrions-nous retourner auprès d’Ehsan ? »

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Bal des Marées

Sujet commun - OUTFIT

Laissant suffisamment d’intimité aux deux Suprêmes pour qu’ils puissent échanger sans qu’elle ne soit inclue dans la conversation, mais à portée en cas de besoin, Mahaut ne resta guère longtemps inactive. En effet, une silhouette élégante et aisément reconnaissable se porta à sa rencontre. Peut-être que la préparation du rituel connaissait une accalmie, suffisamment pour que Marjolaine de Bussy s’éloigne de ses sœurs pour se mêler à la foule nobiliaire – et apparentés, puisqu’à en juger par certains plumages ici et là, il semblait que les cartons d’invitation aient été plus originaux que par le passé – et ne vienne l’aborder. Leur dernière conversation en tête, la printanière se demanda un bref instant ce que la Haute Prêtresse devait penser de ce rituel de régence. Comment les prêtresses l’abordaient, en sachant que celles et ceux pouvant prétendre à l’onction divine qu’elles préparaient avaient jugés plus productif de se réunir sans elles, pour débattre de sujets les concernant ? La chose ne manquait pas de sel, en vérité, pour quiconque avait un sens de l’humour un rien ironique. Inutile de préciser que c’était son cas. Elle lui rendit son salut d’un protocolaire, mais néanmoins adéquat :

« Votre Eminence. »

Sa réflexion, puis sa question, arrachèrent un sourire à la Ministre, qui commenta doctement :

« Divertie n’est peut-être pas le mot adéquat, pour mon vingt-quatrième bal de régence en tant que Ministre – je vous épargne le nombre entier, où je vais devoir repartir boire à la fontaine de Jouvence en vitesse suite à cette douloureuse réminiscence.

Disons plutôt que ces célébrations sont à l’image des dernières semaines, en quelque sorte. »

Esclandres printaniers et autres démonstrations nocturnes n’en étaient qu’un aperçu, finalement. Elle n’eut guère le temps d’élaborer, interrompue par le passage, manifestement en catastrophe, de Rosalie Valois, qui apostropha son Suprême de cousin pour s’excuser avant de partir en trombes, ce qui fit hausser un sourcil à la baronne. Qui n’eut guère le temps de s’apesantir, puisqu’elle fut alpaguée par Louise Wintell, venue elle aussi à sa rencontre. L’attrait de sa canne, sans nul doute, à en juger par les œillades que la Wintell avait adressé à l’objet quelques fois auparavant durant la journée. Amusant, d’ailleurs, se dit-elle, que de constater que gravitaient autour d’elle toutes les facettes issues du Printemps, surtout si on ajoutait Hyacinth Valois à ce mélange, qui venait d’arriver et auquel elle rendit son sourire amical, le laissant discuter avec son frère tandis qu’elle-même accueillait la nouvelle venue avec grâce :

« Il serait discourtois de renvoyer une charmante femme à d’autres affaires, et je n’ai pas l’habitude de l’être. »

Une main appuyée sur sa canne, Mahaut agita la seconde pour faire les présentations :

« Son Eminence l’Immaculée, Marjolaine de Bussy. Louise Wintell, sœur de Sa Seigneurie Wintell d’Auredant. »

Son regard s’attarda sur la mise de la Wintell, en détailla discrètement les contours, avant de commenter :

« Votre robe est bien différente de vos atours à la White Party des Ulunde. Un changement de style inspiré par les circonstances, je n’en doute pas.

La différence n’est que différente : elle vous sied. »

Peut-être que finalement, discuter de chiffons pouvait devenir une habitude récurrente pour la baronne. Mais, en corset bohème ou en robe vaporeuse, une chose était certaine : elle en appréciait chaque spécificité.

« Heureusement d’ailleurs : en la matière, Votre Eminence, vous ne nous auriez laissés aucune chance. Pour ce rituel de Régence, vous avez adopté la mise la plus élégance de ce Bal. »

Résumé:

le bal des marées

outfit | 30 septembre 838

Cassandra n'était jamais en retard à un évènement, jamais en avance non plus, elle arrivait toujours systématiquement à l'heure. Elle avait été élevée dans le soucis de la précision et de la décence, alors elle s'appliquait à toujours respecter ce principe. Malheureusement, Cassandra avait réussi un exploit que peu d'autres personnes dans tout Evanor avaient du commettre : elle s'était retrouvée bloquée dans les toilettes de l'Aile Ouest du Palais des Mirages. Impossible d'ouvrir la porte et elle s'était trop éloignée du reste du hall pour être entendue ou secourue par hasard, de toute manière, elle ne se serait pas laissée aller à hurler, ce n'était pas digne de son rang.

Finalement, la solution avait été évidente, les toilettes étant richement décorée, Cassandra avait utilisé une plante pour faire exploser la serrure en la faisant grimper dedans et détruisant le mécanisme. N'ayant jamais été douée avec la délicatesse de la nature, elle avait fait un travail un peu brutal, mais elle espérait qu'on ne l'associerait jamais à cette dégradation du matériel.

Le souffle court de s'être dépêchée, Cassandra était enfin arrivée au milieu du bal. Elle reconnaissait autant de visage qu'elle en découvrait de nouveau, chaque année la saison social faisait éclore de nouveaux bourgeons et l'octogénaire se sentait dépassée. Il fallait vraiment qu'elle voyage plus et qu'elle découvre le monde. C'est là qu'elle voit la scène étrange, la Kozlov qu'elle a déjà rencontrée encore moins habillée qu'aujourd'hui - ce qui n'est pas aisé il faut le dire - et sa soeur qui semble désespérément avoir besoin d'aide. Elle s'accroche au bras de Despina et coupe la conversation sans la moindre politesse. « Ma chère soeur, puis-je vous emprunter quelques instants, Circé nous attend ! » Elle n'est pas bonne en mensonge donc elle n'en dit pas plus, mais il est vrai que Circé doit se trouver quelque part et que Circé ne dit jamais non pour les retrouver... soudain, ça lui revient en pleine face. Dans la précipitation, elle avait oublié, Circé, la trahison, son coeur sanglant. Elle s'accroche plus fortement au bras de sa soeur et regarde les deux diurnes qui l'entoure. « Je ne voudrais pas paraître malpolie, mais je n'ai pas vu ma soeur depuis si longtemps, nous excuseriez-vous ? » Elle sourit tendrement, espérant qu'elles ne s'offusquent pas de son ton pressée. « Miss Kozlov, et... » Elle se tourne vers le jeune homme qui doit être le cavalier de la nocturne, accoutrés comme ils le sont. « Messieurs, je vous prie de me pardonne mon ton pressée pour les retrouvailles sororales. » Elle salue d'un signe de tête le dernier nocturne qui n'a pas prononcé un mot.

Quelle tension ! Cassandra donne une impulsion dans le bras de sa cadette, espérant qu'elle comprenne que c'est elle qui mène la danse et que Cassandra la suivra au bout du monde si elle a besoin de prendre l'air.

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